Contenu du sommaire
Revue | Revue d'études comparatives Est-Ouest |
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Numéro | vol 25, no 1, mars 1994 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- La résolution des conflits : le rôle de la Fédération de Russie - Roger E. Kanet p. 5 Les changements révolutionnaires de ces dernières années, qui ont abouti à la fin de la guerre froide, à l'effondrement de l'empire soviétique en Europe centrale et orientale et, enfin, à la désintégration de TÉtat soviétique, ont eu d'énormes répercussions sur la Fédération de Russie, principal État successeur de l'U.R.S.S., et son approche des conflits régionaux. Sur fond d'opposition interne croissante, le président Eltsine et le ministre des Affaires étrangères, M. Kozyrev, ont axé leur doctrine de politique étrangère sur la coopération avec l'Occident, comme moyen essentiel d'entrer dans la communauté des nations « civilisées » et de faciliter la démocratisation et la transition vers le marché en Russie. Cette ligne politique a, du moins officiellement, poussé le gouvernement russe à privilégier la négociation et la coopération pour tenter de résoudre les conflits ayant éclaté dans le « proche étranger » (les États non russes ayant succédé aux anciennes républiques soviétiques). Ailleurs, par exemple en ex- Yougoslavie et dans le monde en développement, la Fédération de Russie a joué un rôle plus modeste dans la résolution des conflits locaux et, en règle générale, a soutenu les initiatives occidentales. L'attitude future de la Russie à l'égard des conflits dépendra pour une large part de l'issue de la lutte interne pour le pouvoir qui y sévit. Même les éléments libéraux et démocratiques, formant le gouvernement actuel, ont souvent du mal à traiter leurs nouveaux voisins en égaux, en États souverains à part entière. Et cela d'autant plus que la conception de l'intérêt national russe, qui est en train de se forger, tend à se heurter aux intérêts des nouveaux pays bordant la Russie. Si une équipe gouvernementale plus nationaliste accédait au pouvoir à Moscou, elle serait certainement plus affirmée, voire aggressive, dans son approche des conflits régionaux survenant au « proche étranger » et moins coopérative avec l'Occident quant aux conflits éclatant dans d'autres régions du monde.Coping with conflict : the role of the Russian Federation. The revolutionary changes of recent years that resulted in the end of the cold war, the collapse of the Soviet empire in East-Central Europe and, finally, in the very dissolution of the Soviet state have had a major impact on the role of the Russian Federation, as the major successor state to the USSR, in coping with regional conflict. Against growing domestic opposition, the current Russian leadership of President El'tsin and Foreign Minister Kozyrev has emphasized a general foreign policy of cooperation with the West as an essential element of joining the « civilized » community of nations and supporting domestic democratization and marketization. This overall policy has resulted, officially at least, in efforts by the Russian government to emphasize negotiations and cooperation in dealing with the conflicts that have broken out in the « near abroad » - the non-Russian successor states of the former USSR. Elsewhere, in former Yugoslavia and the developing world for example, the Russian Federation has tended to play a modest direct role in regional conflict management, but a role that has generally been supportive of Western policy initiatives. The future policy of Russia in coping with regional conflict will depend, to a substantial degree, on the outcome of the domestic power struggles in Russia. Even the liberal democratic elements represented by the present government have often found it difficult to deal with its new neighbors on the basis of sovereign equality. This is especially true because the emerging view of Russian national interests tends to conflict with the interests of the new states on Russia's borders. A more nationalist leadership in Moscow would likely be much more assertive - even aggressive - in dealing with regional conflicts in the « near abroad » and less cooperative with the West in responding to regional conflicts elsewhere in the world.
Economie et transitions
- L'Accord de libre-échange centre-européen : un projet d'intégration non viable pour quatre économies en transition - Marta Margolis p. 33 Depuis l'effondrement du communisme en Europe centrale et orientale, associé à une grave dépression économique, certains spécialistes se font l'avocat de projets d'intégration économique pour aider le processus de transition. L'Accord de libre-échange centre-européen (ALECE), signé entre la Hongrie, la Pologne et les républiques Tchèque et Slovaque est l'un de ces projets. Mais l'intégration de ces divers pays constitue- t-elle un objectif réaliste et mûrement réfléchi ? L'auteur commence par présenter l'ALECE avant de se demander (1) si le libre- échange est vraiment susceptible d'accroître le bien-être dans la région et (2) si l'Accord en tant que tel pourra véritablement conduire au libre-échange ? Cette approche de l'ALECE lui permet de tirer plusieurs leçons, valables pour la théorie de l'intégration en général et pour son application à l'étude de la transition. L'article comprend trois sections : I. L'ALECE, II. L'analyse de ses effets sur le bien-être et de sa faisabilité et III. Conclusions.The Central European Free Trade Area : a stillborn integration project for four economies in transition. With the collapse of communism in Central and Eastern Europe, and the accompanying economic depression, some economists are advocating economic integration projects in order to aid the process of transition. The Central European Free Trade Agreement (CEFTA), signed between Hungary, Poland, and the Czech and the Slovak Republic is one such project. But is integration among these economies a realistic and well-considered goal ? In this paper, I shall introduce the CEFTA, and put it to two tests : First, would free trade in the region really improve welfare ? And second, can the agreement itself actually bring free trade ? From this treatment of the CEFTA, several lessons emerge for integration theory in general, and for its application to the study of the transition. The paper is divided into three sections : I) The CEFTA, II) Analysis of welfare effects and feasibility and III) Conclusions.
- La bourse dans la transition : l'expérience de Varsovie - Paul H. Dembinski et Patrick Vauthey p. 59 Le présent document fait le point sur l'expérience tirée des 30 mois de vie de la bourse de Varsovie et montre que le marché de capitaux est encore trop étroit pour que l'État se désintéresse de son évolution et se réfugie dans une attitude de laisser faire. La performance de la bourse de Varsovie est analysée dans la perspective de sa place dans le système financier naissant et de sa contribution à la stabilité financière, à la privatisation et à la restructuration des entreprises. Cette analyse conduit à identifier les conditions nécessaires pour qu'un marché des titres contribue de façon sensible à la transition. Après avoir passé en revue plusieurs facteurs, il apparaît que le nombre des titres cotés est déterminant pour le développement harmonieux de la bourse. Par conséquent, si les pays post-communistes recherchent effectivement la stabilité de leur système financier et s'attendent à ce que la bourse en devienne un élément important, les gouvernements concernés doivent étendre considérablement l'offre de titres, même si cela exige que les évaluations de la valeur des entreprises à privatiser en soient modifiées.The stock exchange in transition : the Warsaw experience. The present paper turns its attention to the experience derived from the 30 months' existence of the Warsaw stock exchange, and shows that the capital market is still too restricted for the State to abandon interest in its development, and fall back on a laissez- faire attitude. The performance of the Warsaw stock exchange is analysed in relationship to its place in the new financial system and its contribution to financial stability, to the privatisation and restructuring of businesses. This analysis helps to identify the conditions which are required for a stock market to make a meaningful contribution to the economic transition. After consideration of various factors, it appears that the number of stocks quoted is a determining factor in the well-regulated development of the stock exchange. Consequently, if post-communist countries are seriously aiming at stability in their financial system, and expect the stock exchange to become an important component of the latter, the governments concerned will have to increase substantially the number of stocks on offer, even if this forces changes in estimates of the value of enterprises which are to be privatized.
- Les avancées et les obstacles sur la voie de la transition vers l'économie de marché : le cas de la Bulgarie - Lawrence W. Nowicki p. 81 Cet article cherche à démontrer qu'il n'existe pas de règles économiques spécifiques s'appliquant à l'analyse des pays post-communistes. Un modèle à quatre variables-clés est proposé pour mesurer à la fois les avancées et les obstacles sur le chemin de la transition vers l'économie de marché, la croissance et le développement économique. Ces variables comprennent la stabilisation macroéconomique ; un environnement microéconomique concurrentiel assurant le respect des contrats et la défense du droit de propriété ; une ouverture sur l'extérieur en matière de commerce et d'investissement ; et, enfin, une intervention de l'État qui se concentre essentiellement sur l'amélioration du capital humain (éducation et formation, santé) et la création d'infrastructures modernes. Ce modèle est ici appliqué à la situation de la Bulgarie.Progress and problems in the transition toward a market economy : the case of Bulgaria. Rejecting the argument that special rules must apply to the study of post-communist countries, this article proposes a model with four key variables for measuring both the advances and the obstacles on the road to a market economy : macroeconomic stability, a micro-competitive economy able to protect basic property rights, open borders for trade and investment flows, and finally state intervention focused upon building human capital (education, health) and basic physical infrastructure. This model is then applied to the Bulgarian situation.
- Les déséquilibres à géométrie variable dans les économies en transition : le cas roumain - Daniel Daianu p. 105 La politique de stabilisation et de transformation, menée depuis décembre 1989 en Roumanie, est considérée dans cet article sous l'angle du (dés)équilibre. Dans la première partie, l'auteur examine les (dés)équilibres en général et tente, dans la seconde, de définir une combinaison optimale entre déséquilibres externe et interne, ce dernier étant compris au sens large. Il présente ensuite l'ajustement forcé de la balance roumaine des paiements au cours des années quatre-vingt en prologue à l'étude de la politique de changement. Les résultats et les dilemmes du programme de stabilisation au cours des trois premières années de transition en Roumanie post-communiste (jusqu'à la fin de 1992) sont analysés dans la quatrième partie. La suivante évoque les (dés)équilibres dans les économies en mutation en essayant de mieux cerner le problème sur le plan théorique. Enfin, une série de remarques viennent clore l'article.The changing mix of (dis)equilibria in transforming economies : the case of Romania. The stabilization and transformation policy in Romania after December 1989 is studied in this paper from the point of view of (dis)equilibrium. Part one refers to (dis)equilibria in general, and is followed by an attempt to define an optimal mix between external and internal disequilibrium, the latter seen in a broad sense. Part three presents the forced adjustment of the balance of payments in Romania in the 1980s as a prologue to the analysis of transformation policy. Results and dilemmas of stabilization policy during the first three years of transformation in post-communist Romania (till the end of 1 992) are presented in section four. The next part is devoted to (dis)equilibria in transforming economies by providing some insights into this problématique. The paper ends with concluding remarks.
- Sur-emploi et chômage déguisé dans les économies planifiées et en transition : une interprétation néo-classique - Daniel Linotte p. 139 Le paradoxe de l'emploi des économies centralement planifiées - c'est-à-dire la coexistence d'un fort chômage déguisé dans les entreprises et d'une pénurie de travail sur les marchés - peut s'expliquer dans un cadre néo-classique, même si l'équilibre d'« inflation réprimée » de Barro et Grossman n'est pas la référence qui s'impose. La transition du plan vers le marché crée du chômage ouvert. Toutefois, un important chômage déguisé est encore fréquemment dénoncé. Pour pouvoir être véritablement conclusif sur la rétention de main-d'œuvre au niveau de l'entreprise, plus d'informations sur son comportement nous paraissent nécessaires.Over-full and hidden unemployment in command and transition economies : a neo-classical perspective. The employment paradox in command economies - i.e. the coexistence of hidden unemployment at the enterprise level and shortages of labour at the macroeconomic level - can be explained within a neo-classical framework, even if the Barro-Grossman « repressed inflation » case does not seem to be the relevant reference. Transition from the plan to the market creates open unemployment. However, hidden unemployment seems to remain the rule in enterprises. On the whole, more information about enterprise behaviour is needed to be conclusive about labour hoardings.
- L'Accord de libre-échange centre-européen : un projet d'intégration non viable pour quatre économies en transition - Marta Margolis p. 33
Chronique
- Chronique d'une métamorphose. IV. L'imbroglio géorgien (1990-1993) - Dominique Pianelli p. 157 Dans cette quatrième chronique, l'auteur s'efforce de clarifier ce qu'elle qualifie fort justement d'imbroglio, l'évolution de la Géorgie depuis son accession à l'indépendance, le 9 avril 1991, ayant été particulièrement agitée et néfaste pour le pays : mouvements sécessionnistes en Ossétie du sud et en Abkhazie, guerre civile, lutte acharnée pour le pouvoir entre le président élu Z. Gamsakhourdia et son successeur E. Chevard- nadze, avec, à l'arrière plan, la Fédération de Russie dont le jeu n'a nullement contribué à éclaircir la situation. A la mi-octobre 1993, l'Abkhazie avait vaincu les troupes gouvernementales et Chevardnadze, acculé, a signé l'adhésion de la Géorgie à la CEI, bénéficiant en retour de l'aide russe dans sa lutte contre les partisans de Gamsakhourdia et sa tentative de redresser un pays exsangue et en pleine débâcle économique.Chronicles of a metamorphosis. IV. The Georgian imbroglio (1990-1993). In this fourth chronicle, the author tries to cast some light on what she rightly describes as an imbroglio, i.e. the development of the Georgian situation, from the acquisition of indépendance, on the 9th of April, 1991, this having been particularly perturbed and disastrous for the country : secessionist movements in Southern Ossetia and Abkhazia, civil war, a fierce struggle for power between the elected president Z. Gamsakhur- dia ans his successor E. Shevardnadze, with the activities of the Russian Federation in the background in no way helping to dispel obscurity. In the middle of October 1993, Abkhazia had beaten the government forces and Shevardnadze, with his back to the wall, signed Georgia's membership of the CIS, receiving in return Russian assistance in his struggle against Gamsakhurdia's partisans, and his efforts to restore an exhausted country in a state of total economic collapse.
- Chronique d'une métamorphose. IV. L'imbroglio géorgien (1990-1993) - Dominique Pianelli p. 157
Revue des livres
- Alec Nove (sous la direction de). The Stalin Phenomenon - Marie Lavigne p. 165
- Hubert Morelle et Daniel Pineye (sous la direction de). - Après l'U.R.S.S. - Inventaire pour un drame - Alain Blum p. 167
- Guy Durandin, L'information, la désinformation et la réalité - Georges Mond p. 169