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Revue | Communication & Langages |
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Numéro | no 2, juin 1969 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Linguistique
- Les mots en réserve d'emploi : éloge de la redondance - Jean Feller p. 9 pages Acceptées dans un sens trop étroit, prises au pied de la lettre, certaines formules, certaines définitions risquent d'être mal comprises et par là même de déformer les problèmes qu'elles avaient pour but de cerner. Le mot redondance a désormais deux sens : l'un commun, traditionnel, l'autre scientifique, nouveau, qui, ayant l'air de se recouvrir, peuvent prêter à confusion. Dans le premier cas, la redondance désigne la répétition des mots, les phrases creuses, les images inutiles qui résultent d'un manque de pensée originale ou du souci, pour un auteur, de tirer à la ligne. Dans le second cas, il désigne tout ce qui, dans un message, n'est pas chargé d'information, sans être pour autant dénué de signification. Il ne faut pas s'y méprendre : un mot de plus n'est pas forcément un mot de trop.
- Comment le marxisme a pénétré dans le langage - Dominique Desanti p. 7 pages II est patent qu'il existe un vocabulaire spécifiquement marxiste dont l'emploi classait naguère son utilisateur sinon comme membre du parti communiste, du moins comme sympathisant. Il n'en est plus de même depuis une vingtaine d'années. Nombre de mots, d'expressions sont passés dans le langage courant. Comment, pourquoi, c'est ce qu'explique ici Dominique Desanti, s'appuyant sur un ouvrage d'Annie Kriegel. Cette dernière, dans les Communistes français , remarque que le langage communiste est double : très concret au moment où, sous la pression des événements, l'action passe au premier plan ; très abstrait lorsque le temps de l'action est révolu. Les mots qui se sont évadés du vocabulaire communiste pour s'implanter dans le vocabulaire quotidien appartiennent à l'un et à l'autre niveau.
- Les mots en réserve d'emploi : éloge de la redondance - Jean Feller p. 9 pages
Informatique
- Zipf, créateur de la linguistique statistique - Philippe Bully p. 6 pages George Kingsley Zipf est né à Freeport dans l'Illinois le 7 janvier 1902. Il poursuit ses études au collège Harvard, qu'il quitte en 1924 pour aller étudier à Bonn et à Berlin. En 1930, il passe un doctorat de philologie comparée puis enseigne l'allemand jusqu'à sa mort, le 25 septembre 1950. Zipf est presque entièrement inconnu du public français. Aucun des ouvrages dont il est l'auteur, pas même son oeuvre maîtresse. Human Behavior and the Principle of Least Effort, n'a fait en France l'objet d'une traduction. Quant au Grand Larousse, il ignore purement et simplement l'homme et son œuvre. Aujourd'hui, seuls les linguistes et quelques théoriciens de l'information savent le rôle de pionnier qu'il a joué dans le domaine de la linguistique statistique.
- L'ordinateur et l'art - Jean Oulif p. 8 pages L'ère des ordinateurs n'ouvre pas forcément et uniquement sur un monde mécanisé, comptabilisé et prévisible à long terme. L'ordinateur appliqué à la création artistique réserve peut-être, dans un avenir plus ou moins éloigné, quelques surprises. L'introduction de la cybernétique dans le domaine de l'art, c'est, en effet, l'utilisation systématique du hasard dans le processus créatif. Le hasard n'est-il qu'une somme de facteurs inconnus ou mal connus ? Ou "un coup de dés jamais n'abolira le hasard" ? Quoi qu'il en soit, les réalisations artistiques par le moyen des ordinateurs sont déjà nombreuses. Jacques de Panafieu en examine ici quelques-unes et se pose le problème de leur signification.
- Zipf, créateur de la linguistique statistique - Philippe Bully p. 6 pages
Pédagogie
- A propos des enfants sourds : la pensée sans langage - Jacques Mousseau p. 9 pages Le problème de la source de la pensée humaine oriente la recherche contemporaine dans plusieurs disciplines : linguistique, philosophie, pédagogie, épistémologie, etc. Un professeur américain, Mr. Hans G. Furth, a publié récemment les résultats de longues et patientes expériences sur les enfants sourds. Son livre, "Thinking without language" (1), n'a pas encore été traduit en français. Les travaux du professeur Furth portaient à l'origine sur les méthodes pédagogiques et leur adaptation à l'éducation des jeunes sourds-muets. Mais ils l'ont rapidement conduit à s'interroger sur l'origine et les conditions de la pensée humaine. Jacques Mousseau examine ici, particulièrement, cet aspect de l'ouvrage du savant américain.
- L'expression plastique remplace le dessin - Arlette Peltant p. 8 pages A l'Ecole alsacienne, l'enseignement du dessin est pratiqué suivant des conceptions nouvelles. Ce sont deux peintres, Albert Chaminade et Michel Carrade, qui les ont mises sur pied et les appliquent. Il ne s'agit pas d'une méthode, les promoteurs eux-mêmes récusent le terme, mais bien plutôt d'un état d'esprit, d'une ambiance dans laquelle ils placent leurs jeunes élèves en cours d'exercices, rigoureusement élaborés. Les résultats se révèlent déjà surprenants ; on l'a vu lors d'une exposition des dessins réalisés par les élèves qui s'est tenue au musée d'Art moderne de la Ville de Paris.
- A propos des enfants sourds : la pensée sans langage - Jacques Mousseau p. 9 pages
Graphisme
- J.-C. Averty : l'héritage de la page imprimée - Gérard Blanchard p. 7 pages II y a un phénomène Averty. Les réalisateurs de télévision se contentaient pour la plupart d'adapter le style et les procédés du cinéma à la télévision, comme le cinéma en ses débuts croyait pouvoir copier le théâtre. Alors arrive Averty, comme était arrivé Méliès. Et tout change. Gérard Blanchard expose ici la technique nouvelle créée par Averty. Josette Poinssac de son côté montre en quoi le phénomène Averty est une "révolution Averty".
- J.-C. Averty : la vision simultanée - Josette Poinssac p. 4 pages
- Un nouvel indicateur de réseau aérien - Adrian Frutiger, Bruno Pfäffli p. 11 pages Adrian Frutiger est essentiellement un dessinateur de caractères. Pour l'imprimerie, il en a créé plusieurs types dont le plus important est la famille Univers, qu'il a adapté à tous les procédés de compositions en plomb et photographique. Après avoir travaillé dans la fonderie Deberny-Peignot, il a créé en 1961 un Atelier d'études et de conseils typographiques, spécialisé dans tous problèmes concernant l'écriture. Les travaux de cet Atelier sont de deux ordres différents : d'une part, la création de nouveaux alphabets et leur adaptation aux multiples exigences techniques des différents modes de composition. D'autre part, les applications typographiques, qui vont de la création de marques et de graphismes à l'imprimé administratif, et aux prospectus et catalogues. Adrian Frutiger et son collaborateur Bruno Pfâffli ont donné à leur Atelier comme ligne de conduite la seule utilisation de moyens typographiques pour leurs réalisations, c'est-à-dire en excluant toute illustration dessinée. Ils ont donc adopté la spécialisation de l'élément lettre pure comme moyen de construction bi-dimensionnel Par ailleurs, l'enseignement dans la sections Arts graphiques, à l'Ecole nationale des Arts décoratifs ainsi qu'au National Institute of Design à Ahmedabad (Inde), a pris une place importante dans les préoccupations de Adrian Frutiger et Bruno Pfäffli.
- J.-C. Averty : l'héritage de la page imprimée - Gérard Blanchard p. 7 pages
Sociologie
- Faut-il publier les sondages préélectoraux ? - Michel Brulé p. 7 pages Les sondages préélectoraux ont acquis une large notoriété, en France, depuis les élections présidentielles de 1965, qui virent les premières publications systématiques, dans les semaines précédant le scrutin, des résultats concernant les intentions de vote des Français. Les élections législatives de mars 1967, puis celles de juin 1968 puis le référendum du 27 avril 1969 ont achevé de les faire entrer dans nos mœurs. Cependant, comme cela avait été le cas dans le passé aux Etats-Unis, où la pratique des sondages préélectoraux remonte à l'avant-guerre, certains ont mis en question l'opportunité de leur publication. Un parlementaire, le sénateur Bonnefous, a même adressé au gouvernement au mois de mars 1967, une question écrite, dans laquelle il demandait : "1. Si le gouvernement envisage de réglementer désormais plus strictement le statut des organismes habilités à procéder à des sondages d'opinion" "2. S'il envisage d'interdire la divulgation des sondages réalisés en période électorale" De telles réactions conduisent à s'interroger sur ce que sont les sondages préélectoraux, sur les réactions du public à leur égard et sur leur rôle dans une société démocratique.
- Faut-il publier les sondages préélectoraux ? - Michel Brulé p. 7 pages
Mass media
- Entretien avec McLuhan : "Je n'explique rien, j'explore" - Marshall McLuhan p. 12 pages Marshall McLuhan, encore inconnu en Europe il y a deux ans à peine, est considéré par beaucoup aujourd'hui comme un prophète. Ses trois livres fondamentaux, la Galaxie Gutenberg, Pour comprendre les média, Message et Massage, font figure de Bible de l'âge électronique. Mais il rencontre des détracteurs nombreux qui contestent sa thèse principale : les moyens de communication modifient par eux-mêmes l'être humain indépendamment du message qu'ils transmettent, le contenu du message étant moins important que le support ou le canal qui. le diffuse. Le texte dont nous publions ici les passages essentiels est la conclusion d'un recueil de trente articles rassemblés et publiés par Gerald Emmanuel Stearn sur le thème : "Pour ou contre McLuhan". Il se présente sous la forme d'un entretien entre McLuhan et Gerald Emmanuel Stearn enregistré au cours de deux conversations à bâtons rompus qui ont duré une vingtaine d'heures. McLuhan dans ses propos devait, en principe, réfuter les critiques qui lui étaient adressées. Mais ce fut moins pour lui l'occasion de répondre à ses détracteurs que de se divertir au jeu de ses propres idées, dont certaines ne sont exposées dans aucun de ses ouvrages.
- Entretien avec McLuhan : "Je n'explique rien, j'explore" - Marshall McLuhan p. 12 pages
Publicité
- Loterie nationale : mythes et symboles - Jean Boniface p. 8 pages La publicité, en France, est souvent l'objet de débats passionnels : on est violemment "pour" ou "contre". Les professionnels de l'I.P.A.C. (Institut pour la promotion de l'action commerciale) plaident éloquemment leur cause sur les murs de Paris : "Ceux qui, aujourd'hui, ne croient pas à la publicité sont ceux qui, en 1880, ne croyaient pas à l'automobile"... Oui, mais l'automobile, précisément, à côté de quelques avantages, présente beaucoup d'inconvénients. Sans compter les critiques idéologiques qui, par exemple, constestent telle affiche callipyge pour des sous-vêtements féminins par une inscription infamante : "Le c... au service du capital". Pour Jean Boniface, les affiches de la Loterie nationale, qu'il analyse avec finesse et délectation, sont l'expression d'un art populaire et moderne que les esthètes ont tort de dédaigner. D'accord avec lui sur ce principe très général, nous ne partageons pas tous ses jugements de valeur. Notre esthétique, nos goûts, nos préjugés, sans doute, ne sont pas exactement les siens. Mais sa position, où l'art et le commerce cessent d'être antinomiques, n'en est pas moins intéressante, ne serait-ce que pour l'esthétisation et la qualité culturelle de la publicité.
- Le prétesting en télévision - Udolpho van de Sandt p. 7 pages Les méthodes pour mesurer l'influence de la publicité sur le public sont assez vagues. Elles sont presque toutes à posteriori : elles peuvent déterminer les résultats d'une campagne terminée ; elles ne permettent pas d'analyser à l'avance le pouvoir d'une argumentation. Or, l'important serait, avant de lancer une campagne, d'apprécier quantitativement la valeur des éléments qui la composent. La méthode que J. E. Clucas a mise au point en matière de publicité à la télévision est une tentative, dont l'efficacité semble déjà éprouvée, d'établir de telles mesures et la possibilité, donc, de modifier tout un matériel publicitaire avant de le lancer dans un large public.
- Les mots en réserve d'emploi : éloge de la redondance - Jean Feller p. 5-13
- Comment le marxisme a pénétré dans le langage - Dominique Desanti p. 15-21
- Zipf, créateur de la linguistique statistique - Philippe Bully p. 23-28
- L'ordinateur et l'art - Jacques de Panafieu p. 29-36
- A propos des enfants sourds : la pensée sans langage - Jacques Mousseau p. 39-47
- L'expression plastique remplace le dessin - Arlette Peltant p. 48-55
- J.-C. Averty : l'héritage de la page imprimée - Gérard Blanchard p. 59-65
- J.-C. Averty : la vision simultanée - Josette Poinssac p. 65-68
- Un nouvel indicateur de réseau aérien - Bruno Pfäffli, Adrian Frutiger p. 69-79
- Faut-il publier les sondages préélectoraux ? - Michel Brulé p. 81-87
- Entretien avec McLuhan : "Je n'explique rien, j'explore" - p. 89-100
- Loterie nationale : mythes et symboles - Jean Boniface p. 103-110
- Le prétesting en télévision - Udolpho van de Sandt p. 111-117
- Loterie nationale : mythes et symboles - Jean Boniface p. 8 pages