Contenu du sommaire : La malnutrition de l'enfant : fait culturel, effet de la pauvreté ou du changement social ?

Résumé. La prévalence de la malnutrition reste préoccupante dans la ville où des activités de lutte sont pourtant organisées. Parmi les déterminants de cette situation, seules les représentations traditionnelles des symptômes de la malnutrition sont envisagées ici. L'analyse porte sur 71 entretiens menés, à leur domicile, avec des mères d'enfants recrutés dans un centre de santé. Deux points retiennent particulièrement l'attention : - la maigreur d'un enfant est rarement vécue comme un signe de morbidité. Lorsque les symptômes de la malnutrition sont néanmoins ressentis, ils ne sont qu'exceptionnellement associés à des carences nutritionnelles ; - quels que soient l'ethnie et le niveau socio-économique des mères, les symptômes de la malnutrition sont, le plus souvent, associés à deux entités traditionnelles, le sere et le sogo. Le sogo concerne les enfants de la naissance à l'âge de 4-5 mois. Transmis de la femme enceinte au fœtus, le sogo se traite traditionnellement. Les enfants concernés sont tenus à l'écart des formations sanitaires. Le sere, qui touche les enfants plus âgés, est souvent traduit par grossesses rapprochées alors que sont incriminées, beaucoup plus largement, les relations sexuelles se produisant dans certains contextes précis. Si quasiment toutes les femmes mettent en cause la grossesse de la mère, 27 % considèrent que les relations sexuelles, même non suivies d'une grossesse, provoquent le sere. Grossesse et rapports sexuels « salissent » et réchauffent le lait maternel et le corps de la mère qui deviennent pathogènes. Plus de 9 femmes sur 10 pensent que le sevrage est indispensable lorsque survient une grossesse. Les représentations étudiées s'inscrivent à la fois comme obstacles et comme objets des programmes de lutte contre la malnutrition.

Résumé. À Niamey, on peut estimer le nombre d'enfants malnutris aux environs de 6 950 cas. Cependant, l'ensemble des formations sanitaires de cette communauté urbaine n'a déclaré que 4 500 cas. Dans le service de pédiatrie de l'hôpital de Niamey, 33 % des enfants décèdent, dont 55 % dans les premières heures. De même, 37 % des enfants soignés décèdent dans les six mois qui suivent leur sortie de l'hôpital. Face à ces chiffres, il est légitime de se demander si la représentation de cette maladie constitue un facteur de risque pour l'enfant. L'étude porte sur cent enfants hospitalisés et montre de nombreuses dissonances entre le diagnostic médical et l'interprétation populaire de la maladie. Les pathologies sont notamment attribuées à une peur de l'enfant et non à un déficit alimentaire. D'autres raisons, concernant les risques ressentis, les préventions populaires, le statut de l'aliment et la complexité de la maladie, constituent un dispositif susceptible d'expliquer les difficultés de prise en charge des malades.

Résumé. Considérée jusque-là comme due essentiellement à des facteurs socio-économiques, la malnutrition infantile est traitée en Afrique par la biomédecine. Des services spécifiques, les centres de récupération et d'éducation nutritionnelle, associent le soin et la prévention par l'intervention éducative et sociale auprès des mères. Depuis l'émergence épidémiologique du sida, un nombre croissant d'enfants malnutris pris en charge dans les CREN sont atteints par le VIH. L'impact du sida sur le traitement de ces enfants et sur le fonctionnement de ces services a été examiné à Bobo-Dioulasso (Burkina Faso). Son analyse montre que l'approche actuelle du traitement du sida pédiatrique remet en cause ces structures sanitaires en provoquant une médicalisation de la malnutrition infantile.

Résumé. Cet article présente l'intérêt théorique et pratique de l'approche relationnelle de la malnutrition infantile, dont l'objectif consiste à mieux percevoir le lien entre les symptômes de l'enfant et une éventuelle altération de ses interactions avec l'entourage familial, et sa mère en particulier. Il s'agit plus précisément de cerner certaines spécificités comportementales et alimentaires, caractéristiques de la situation de l'enfant malnutri, au moment de l'observation dans son cadre de vie habituel. Une synthèse de ce type d'observations menées au Mexique, en Inde, au Népal, au Cameroun et au Mali, d'une part, et les résultats de certaines études longitudinales, d'autre part, nous ont incité à envisager l'hypothèse selon laquelle l'apparition et/ou l'aggravation de la malnutrition de l'enfant en milieu tropical pourraient provenir, dans certaines circonstances psychologiques et socioculturelles particulières, d'une perturbation relationnelle déjà engagée au sein de la dyade mère-enfant.