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Revue Métropoles Mir@bel
Numéro no 11, 2012
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Compétitivité économique et question sociale : les illusions des politiques de développement à Bruxelles - Gilles Van Hamme, Mathieu Van Criekingen accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    À partir des années 1980, les politiques urbaines se sont progressivement orientées vers un référentiel de type entrepreneurial donnant priorité à la valorisation compétitive du territoire à l'échelle internationale, à destination de fonctions économiques supérieures, touristes ou grands événements. De façon explicite ou implicite, les gouvernements urbains estiment qu'une croissance ainsi tirée « par le haut » est la condition nécessaire pour résoudre les difficultés sociales auxquelles les grandes villes sont confrontées. Dans cet article, nous montrons, d'une part, que ce modèle entrepreneurial d'action publique ne s'est imposé à Bruxelles qu'au cours des années 2000. Il est surimposé depuis lors à une rationalité politique de « revitalisation » urbaine, en place depuis la fin des années 1980 et centrée sur la promotion de l'attractivité résidentielle du territoire régional vis-à-vis de ses banlieues. Nous insistons d'autre part sur la faiblesse des fondements empiriques de l'hypothèse des retombées sociales positives du développement économique par en haut.
    Since the 1980s, urban policies have shifted toward an entrepreneurial paradigms aiming at reinforcing territorial competitiveness at international scale through the attraction of high level functions, tourism or large events. Either explicitly or implicitly, urban governments give priority to economic growth through the development of high level activities considered as a necessary condition to face social difficulties through “trickle down” effects. In this paper, on the one hand, we show that the entrepreneurial paradigm in urban policies has not emerged before the 2000s in Brussels. It then adds to policies of “urban regeneration”, dominant in Brussels until the 1980s, and centred on the residential attractiveness of the urban region versus its suburbs. On the other hand, we insist on the weak empirical evidences for a trickledown effect derived from “high level economic growth”.
  • Culture and Urban Policies: Dynamics and Effects of Cultural Third Sector Interventions in Barcelona - Nicolás Barbieri, Xavier Fina, Joan Subirats avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article aborde trois questions interdépendantes que nous considérons comme significatives dans le débat actuel sur le futur des villes. Qu'est-ce qu'une politique urbaine et quelles sont les variables principales qui la définissent ? Dans quelle mesure les politiques culturelles ont-elles adopté les caractéristiques centrales des politiques urbaines ? Et surtout, quel rôle joue le tiers secteur dans le processus de transformation des catégories d'organisation sociale associées aux politiques urbaines et culturelles ? À partir d'une étude de cas à Barcelone, cet article démontre que les organisations du tiers secteur occupent un rôle majeur dans le développement de politiques culturelles appréhendées en tant que politiques urbaines. Ce rôle s'explique essentiellement par le fait que ces organisations ont développé une logique propre, représentative d'un certain type d'action culturelle et urbaine. De ce point de vue, dans quelle mesure le facteur « proximité » peut-il être revalorisé comme axe des politiques culturelles et urbaines ?
    This article addresses three interrelated questions, which we consider to be significant in current debates surrounding the future of cities. What constitutes an urban policy and what are the main variables that characterise it ? To what extent have cultural policies adopted the core features of urban policies ? And above all, what part does the third sector play in transforming the categories of social organisation that sustain urban and cultural policies ? This article argues, via a Barcelona case study, that third sector organisations play a central role in the development of cultural policies as urban policies. This is essentially because these organisations have developed their own intervention logic, which is representative of a certain type of cultural and urban intervention. From this perspective, to what extent might the proximity factor regain value as a guide to cultural and urban policies ?
  • Au-delà et en deçà du Périphérique - Fabien Truong accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Au travers d'un travail ethnographique extensif, cet article illustre comment des lycéens de Seine-Saint-Denis circulent à travers la métropole parisienne. Il montre comment l'usage de l'espace, à la fois en tant que territoire et symbole, est socialement construit, remettant alors en cause la description médiatique d'adolescents de banlieue reclus, isolés et rechignant à quitter « leur quartier », ainsi que celle d'une jeunesse « non intégrée ». Observer où et comment les lycéens se déplacent – et ne se déplacent pas – à Paris, permet de comprendre la position ambivalente de ces jeunes dans la société française. L'analyse du rapport à leur lieu d'habitation met en valeur le poids du stigmate territorial et contribue au débat sociologique sur l'existence ou non de « ghettos » en France, en soulignant la connotation négative d'un terme rejeté et utilisé pour disqualifier le territoire « des autres » (le ghetto historique, le ghetto fictif, le ghetto américain et le ghetto voisin). L'article propose un idéal-type de la carte mentale et symbolique de Paris de ces jeunes (le Paris quotidien, le Paris poubelle et le blanc Paris) qui doit être lu en miroir de leur perception de leur propre lieu d'habitation. Cette relation donne à voir l'importance des processus de légitimation sociale, culturelle et “raciale” ainsi que les connections routinières et quotidiennes entre Paris et sa banlieue où processus d'intégration sociale et désir de mobilité sociale sont centraux.
    Through an intensive ethnographic fieldwork, this paper illustrates how teenagers from the Parisian northern banlieue navigate the Parisian Metropolis. It shows how the use of space - as a territory and as a symbol - is socially constructed and questions the medias perspective cliché of secluded banlieue teenagers who would never leave their relegated housing projects, as well as the depiction of an ‘unintegrated youth'. Observing how and where they go – and do not go - in Paris allows us to understand their ambivalent position in the French society. Questioning how they relate to where they live also highlights the weight of a potent collective territorial stigmata, it also contributes to the ‘ghetto or no ghetto' French sociological controversy by showing that the word “ghetto” is rejected and bears a highly negative connotation, being used to disqualify the territory of “the others” (the historical ghetto, the fictional ghetto, the American ghetto, the neighbourly ghetto). Finally, the paper addresses an idealtype of the mental and symbolic map of Paris (le Paris quotidien, le Paris poubelle and le blanc Paris) which highlights the power of social, cultural and racial legitimization and domination processes as well as the daily and routinized connections between Paris and the banlieues in which processes of social integration and desire for social mobility are crucial.
  • Immigration, entreprenariat et ethnicité - Antoine Pécoud accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La création d'entreprises au sein des populations d'origine immigrée est un processus socio-économique important, qui contribue à façonner leur incorporation dans les sociétés occidentales. Cet article analyse la manière dont ce type d'entreprenariat a été abordé par les sciences sociales, et en particulier le rôle qui a été attribué à la notion d'ethnicité pour comprendre l'émergence de ce qui est souvent qualifié d'économie ‘ethnique'. Sur la base d'une étude des activités entrepreneuriales au sein de la population d'origine turque à Berlin, il démontre que l'ethnicité est définie de manière souvent confuse et qu'elle ne saurait caractériser toutes les formes d'entreprises tenues par des immigrés. Trois facteurs sont identifiés, qui sont négligés dans l'approche de l'entreprenariat en termes d'ethnicité : la porosité des frontières entre groupes ; la diversité au sein des économies immigrées ; et le cadre légal et politique dans lequel ces activités économiques se développent.
    Business creation among immigrant minorities is an important socio-economic process that contributes to shape their incorporation in receiving societies. This article analyses the way this type of entrepreneurship has been addressed by social sciences, and in particular the role that has been attributed to the notion of ethnicity in understanding the development of what is often called ‘ethnic business'. On the basis of an analysis of Turkish entrepreneurship in Berlin, the article argues that ethnicity is defined in often contradictory manners and that it does not apply to all patterns of immigrant businesses. Three factors are identified, which are neglected in the ethnic approach to entrepreneurship: the porosity of group boundaries; the diversity within immigrant economies; and the legal and political context in which these economic activities take place.  
  • Variations sur un thème : Les manières d'habiter des enfants dans les quartiers gentrifiés à Paris, Londres et San Francisco - Jean-Yves Authier, Sonia Lehman-Frisch accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Si les rapports au quartier des adultes sont relativement bien étudiés par la littérature sur la gentrification, on ne peut pas en dire autant en ce qui concerne les enfants, qui, pourtant, constituent une population très visible de nombreux quartiers gentrifiés. Pour contribuer à combler cette lacune, cet article examine les représentations, les pratiques et les sociabilités d'enfants âgés de 9 à 11 ans dans trois quartiers gentrifiés de Paris, Londres et San Francisco. Les analyses présentées établissent que les quartiers gentrifiés (lorsqu'ils mettent en jeu des familles) sont des lieux pleinement habités par les enfants, qui pratiquent davantage « la mixité sociale » que leurs parents et, plus généralement, que les adultes qui résident dans ces quartiers. En même temps, l'article montre que les manières d'habiter et de cohabiter des enfants, dans les quartiers gentrifiés, sont traversées par de fortes différenciations, qui tiennent pour partie aux contextes dans lesquels ils résident, et pour partie aux caractéristiques sociales des enfants (milieu social, sexe, âge, position dans la fratrie…).
    The gentrification literature has developed a quite extensive knowledge of the neighborhood experience of adult residents. However the same is not true about children who are still understudied despite their visibility in many gentrified neighborhoods. This paper aims to fill this gap by examining the discourse, practice and sociability of children aged 9 to 11 in three gentrified neighborhood of Paris, London and San Francisco. It argues that the children fully invest the gentrified neighborhoods (which involve families) and that they are more exposed to “social diversity” than their parents and, more broadly, than the adults who live in these neighborhoods. Simultaneously the paper shows that the children's ways of living and of co-existing in gentrified neighborhoods are marked by important differences. This results partly from their residential geographies and partly from their own social characteristics (social class, gender, age, position within the siblings…).
  • Recensions