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Revue Politique étrangère Mir@bel
Numéro vol. 59, no 1, 1994
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Editorial - p. 5-6 accès libre
  • Les auteurs - p. 7-10 accès libre
  • Résumés. Abstracts - p. 11-21 accès libre
  • L'Est : le temps des nations

    avec résumé avec indexation
    Dossier qui met en exercice les principaux points de friction dans la nouvelle Europe, en ex-union soviétique et dans les Balkans, qui réfléchit sur les problèmes de la Hongrie et de la Pologne et fait le point sur la politique étrangère de ces pays.
    • Introduction - Hans Stark p. 23-28 accès libre
    • La Russie : une hégémonie eurasienne ? - Gerhard Simon p. 29-48 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'effondrement de l'Union soviétique et de l'idéologie communiste plonge la Russie dans une crise d'identité à la fois politique et nationale. Au niveau politique, force est de constater que la sortie du communisme n'a pas réussi à convaincre la majorité des électeurs russes de la nécessité d'engager au plus vite le pays sur la voie d'une démocratisation à l'occidentale. Pour une grande partie de la classe politique, l'occidentalisation du système politique impliquerait au contraire l'abandon de la spécificité russe et donc la perte de l'identité nationale, qu'elle ne pense pouvoir préserver que grâce à une fidélité sans faille de la Russie d'aujourd'hui à son passé séculaire, celui des empires russe et soviétique. D'où la quête, prônée par les communistes, les ultranationalistes et même une grande partie des démocrates, d'un rétablissement de l'hégémonie russe sur le territoire de l'ex-URSS et même au delà, une quête qui risque d'entraver la démocratisation de l'Etat et la consolidation de la nation russes.
      Russia : a Eurasian Hegemony ?, by Gerhard Simon The collapse of the Soviet Union and Communist ideology has plunged Russia into a political and national identity crisis. Politically speaking, it must be noted that the end of Communism has not succeeded in convincing the majority of Russian voters of the need for rapid western-style democratization. On the contrary, a large part of the political class believe that the westernization of the political system would imply the abandon of Russian specificity and thus the loss of national identity. This, they believe, can only be maintained through present-day Russia keeping total faith with its centuries-old past, that of the Russian and Soviet empires. This explains why communists, ultranationalists and even many democrats seek to reestablish Russian hegemony over and beyond the territory of the ex-Soviet Union. Such a quest risks hindering the democratization of the Russian state and the consolidation of the nation.
    • Le facteur russe dans la politique de sécurité ukrainienne - Olga Alexandrova p. 49-59 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le rôle séculaire de puissance impériale de la Russie, qu'elle a perdu après l'éclatement de l'URSS, reste au cœur des préoccupations de la plus grande partie de l'équipe dirigeante russe. A ce titre, elle considère la « défection » de l'Ukraine comme un événement inacceptable, auquel il faudra remédier d'une manière ou d'une autre. Cependant, s'il se trouve des forces politiques issues de l'ancienne nomenklatura, en particulier en Ukraine centrale et orientale, qui espèrent pouvoir retrouver leurs positions politiques et sociales d'antan par le biais d'un rapprochement avec la Russie et qui, par conséquent, préconisent la « réunification » avec Moscou comme l'unique moyen de surmonter les difficultés actuelles, la grande majorité des responsables politiques du jeune Etat perçoivent au contraire les velléités impériales qui se font de plus en plus jour en Russie comme une menace immédiate pour la nation ukrainienne.
      The Russian Factor in Ukrainian Security Policy, by Olga Alexandrova The Centuries-old role of Russian imperial power, lost after the break-up of the USSR, remains the main preoccupation of the majority of Russian leaders. This is why they consider the 'defection' of Ukraine as unacceptable, a situation which must be remedied one way or another. There are also, especially in Central and Eastern Ukraine, political forces remaining from the former nomenklatura who hope to regain their previous political and social positions through rapprochement with Russia and who advocate 'reunification' with Moscow as the only means of overcoming present difficulties. Nevertheless the vast majority of political leaders of the young State perceive the increasingly clear Russian imperial inclinations as a direct menace to the Ukrainian nation.
    • Caucase : le retour de la Russie - Stéphane Yérasimos p. 61-86 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      De la même façon que, pendant la période 1918-1921, la Russie, après s'être éclipsée dans le Caucase à partir de 1990, a opéré un retour en force, que l'on peut considérer comme pratiquement accompli à la fin de l'année 1993. Les deux périodes ont plus d'une similitude. Dans les deux cas, les puissances voisines, mais aussi les puissances occidentales ont cru pouvoir combler le vide qu'elle avait laissé, mais les premières ont dû reculer devant sa reprise en mains des peuples du Caucase et les autres se sont rendu compte des difficultés du maintien de l'ordre dans une région aussi turbulente que difficilement accessible, se résignant à laisser à la Russie le rôle de gendarme. Dans les deux cas également, les conflits interethniques régionaux, habilement utilisés par Moscou, ont été les instruments majeurs à travers lesquels s'est produit le retour.
      Caucasia : the Return of Russia, by Stéphane Yérasimos After its eclipse in Caucasia in 1990 Russia succeeded, by the end of 1993, in engineering an almost complete return to power in the area as it had similarly done between the years 1918 and 1921. During both these periods Western as well as neighbouring powers thought that they could filt the void left by Russia. However Russia's neighbours were forced back by the way in which Russia took control of the problems involved in maintening order in such a turbulent and poorly accessible country they resigned themselves to leaving the role of policeman to Russia. Moreover, in both periods Moscow skilfully used regional interethnic conflicts to achieve its return to power.
    • La politique étrangère des Etats baltes - Riina Ruth Kionka, Marie-Aude Cochez p. 87-98 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Au début de la période postcommuniste, la politique étrangère des pays Baltes s'orientait presque singulièrement vers une sécurité accrue. Cela signifiait surtout une normalisation des relations avec la Russie et une intégration dans les structures de l'Europe de l'Ouest. Les efforts baltiques ont été compliqués par la nécessité d'institutionnaliser la politique des nationalités et par un environnement externe extrêmement fluide. Ce dernier fut dominé par un accroissement du chaos en Russie et par une incertitude à l'Ouest quant à la forme d'une Europe postcommuniste. Les premiers résultats en matière de politique étrangère ont abouti, paradoxalement, à une intensification du dilemme de sécurité des pays Baltes vis-à-vis de la Russie ainsi qu'à une diminution de la pertinence du concept de « pays Baltes » en tant que catégorie politiquement honorable.
      The Foreign Policies of the Baltic States, by Riina Ruth Kionka During the initial post-Communist period, the foreign policies of the Baltic states were directea almost singularly toward enhancing security. Above ail, this meant normalizing relations with Russia and integrating into Western European structures. The Baltic efforts were complicated by an extremely fluid external environment — dominated by increasing chaos in Russia and evergreater uncertainty in the West over the shape of a post-Communist Europe — and by the need to institutionalize nationality policy at home. The primary results of this early phase of foreign policymaking were, paradoxically, a deepening of the security dilemma for the Baltic states vis-à-vis Russia as well as the decreasing relevance of the concept of « the Baltic states » as a politically useful category.
    • Les paradoxes de la politique étrangère polonaise - Jan Zielonka, Ewa Kulesza-Mietkowski p. 99-114 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Libérée de la tutelle soviétique, la Pologne éprouve des difficultés à affirmer sa nouvelle position internationale entre une Europe occidentale, de plus en plus intégrée mais repliée sur elle-même, et une Europe de l'Est en proie à la désintégration et à l'instabilité. Malgré sa croissance économique retrouvée, malgré la consolidation des institutions démocratiques et la réforme de ses forces armées, la Pologne n'a toujours pas réussi à atteindre ses deux principaux objectifs de politique étrangère : à savoir, son adhésion à l'Union européenne et à l'OTAN. Ses relations avec les nouveaux voisins de l'Est sont certes bien meilleures qu'à aucun autre moment de son histoire moderne, mais elles restent entravées par les rivalités politiques, les difficultés économiques, les conflits interethniques et le chaos qui règne en Europe orientale. L'Occident peut contribuer de manière significative au rétablissement de la paix et de la stabilité dans la région, en permettant aux pays du groupe de Visegrad de rejoindre l'Union européenne au plus tard en l'an 2000.
      Paradoxes of Polish Foreign Policy, by Jan Zielonka Poland, just released from the Soviet grip, is finding it difficult to assert her new international position between integrated but inward-looking Western Europe, and disintegrated and unstable Eastern Europe. Despite Poland's successes in generating economie growth, consolidating democracy and reforming the military, Poland's major foreign policy objectives — membership of the EU and NATO — are still distant prospects. Poland's relations with her Eastern neighbours are better than at any time in modem history, but they are nevertheless being hampered hy régional rivalities, economie difficultes, ethnie conflicts and political chaos. The West can make a serious contribution to peace and stability in Poland's part of Europe by allowing the Visegrad group to join the EU before the year 2000 or earlier.
    • La politique étrangère hongroise dans le contexte de l'Europe centrale - Mihály Fülöp p. 115-128 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La situation géopolitique de la Hongrie de Paprès-1989 soulève des questions relatives à sa politique de sécurité. Le gouvernement Antall a donc instauré des nouvelle bases pour la politique extérieure hongroise, parmi lesquelles figurent le rétablissement de la souveraineté totale du pays, l'élaboration d'une politique étrangère indépendante fondée sur ses intérêts nationaux, l'établissement de relations normales avec l'ensemble des Etats voisins et le rapprochement avec les pays occidentaux. Avec le projet de pacte de stabilité en Europe, la diplomatie hongroise pourra donner la priorité à deux objectifs : intégration militaire et économique à l'Ouest ; et protection des minorités hongroises, en évitant que cette question ne nuise à sa politique régionale.
      Hungarian Foreign Policy in the Context of Central Europe, by Mihály Fülöp The geopolitical situation of post-1989 Hungary raises questions concerning its security policy. The new inaependent Hungarian foreign policy, instigated by the Antall government, is based upon national interests. It aims to fully reestablish the country's own sovereignly, establish normal relations with all neighbouring states and improve relations with Western countries. With the projected pact for European stability Hungarian diplomacy will be able to give priority to two objectives : military and economic integration with the West and the protection of Hungarian minorities without ruining its regional policy.
    • Le conflit serbo-croate et l'éclatement de la Yougoslavie - Predrag Simic p. 129-144 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La guerre civile en Yougoslavie constitue une des plus sérieuses menaces à la sécurité de l'Europe depuis la fin de la guerre froide. Ce conflit est la conséquence d'une crise durable. La dissolution du communisme yougoslave a transformé les disputes ethniques, confessionnelles et territoriales entre les Yougoslaves en un conflit armé. Le plus important conflit qui ait marqué l'histoire de l'Etat depuis sa création en 1918, provient de la rivalité entre les deux nations slaves du Sud — les Serbes et les Croates. Comme le démembrement de la Yougoslavie a coïncidé avec les vastes changements géopolitiques en Europe, cette crise fut rapidement internationalisée. Les acteurs étrangers se sont rangés du côté des parties discordantes selon des similarités et des intérêts communs. La disparition de la Yougoslavie de la carte politique de l'Europe a ouvert le procès du « remaking » géopolitique des Balkans. Cette situation conduira plus vraisemblablement à une division des frontières confessionnelles entre le catholicisme, la religion orthodoxe et l'islam et transformera la région entière en une zone de crise et d'instabilité permanentes. L'alternative serait un rétablissement de la communauté yougoslave ou la création d'une communauté balkanique ; ainsi qu'une intégration de la région dans les structures européennes. Mais, actuellement, les acteurs nationaux ou internationaux ne montrent aucun intérêt pour de telles solutions.
      The Serb-Croat Conflict and Break-up of Yugoslavia, by Predrag Simic The civil war in Yugoslavia is one of the most serious security threats in Europe after the end of the cold war. Basically, this conflict is the consequence of the long-lasting crisis and the dissolution of Yugoslav communism that made the unresolved ethnie, confessional, territorial and other disputes among the Yugoslav peoples escalate into an armed conflict. By its significance, the most important among them is the rivalry between the two most numerous South Slav nations — the Serbs and Croats — that marked the history of the common state since it was created in 1918. As the break-up of Yugoslavia coincided with the broad geopolitical changes in Europe, this crisis was quickly internationalized while the foreign actors sided with the conflicting parties following cultural similarities and common interests. The disappearance of Yugoslavia from the political map of Europe opened the process of geopolitical « remaking of the Balkans », that will most likely lead to its division along the confessional boundaries between Catholicism, Orthodoxy and Islam. This will turn the whole region into an area of permanent crisis and instability. The alternative to this would be a reestablishment of the Yugoslav or creation of a Balkan community and a graduai integration of the region into the European structures, but at this moment either local or international actors show no interests in achieving such solution.
    • L'avenir incertain de la Croatie - Christopher Cviic, Marie-Aude Cochez p. 145-157 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Reconnue en 1992 par la communauté internationale, après sept mois de guerre sans merci contre les forces combinées de l'Armée fédérale yougoslave et des milices paramilitaires serbes, la Croatie affiche un bilan très lourd : dommages humains et matériels considérables, sans compter la perte d'un tiers de son territoire. L'accueil de réfugiés, en 1993, et les bombardements incessants ont aggravé l'économie du pays. Sur le plan politique, Franjo Trudjman est durement critiqué. Pour être un Etat démocratique viable, un Etat de droit, la Croatie doit changer. Son futur s'inscrit peut-être en tant que membre important d'un nouveau regroupement en Europe centrale. Toutefois, un remodelage du paysage régional, dans le cadre d'une coopération avec l'UE, reste tributaire de l'issue du conflit qui se poursuit en exYougoslavie, notamment en Bosnie.
      The Uncertain Future of Croatia, by Christopher Cviic Recognized in 1992 by the International Community, after a bitter seven-month-long war against the combined forces of the Yugoslav National Army and Serb paramilitaries, Croatia has suffered substantial human and material damage, as well as the loss of one third of its territory. The economie situation of the country has been adversely affected by the arrival, in 1993, of refugees and continued shelling. Politically speaking, Franjo Trudjman faces harsh criticism. To become a viable democratie state based on the rule of law, Croatia needs change. Perhaps its future lies in becoming an important member of a new Central European grouping. However, a constructive rebuilding of the region within the framework of cooperation with the European Union depends upon the outcome of the conflict that is still going on in the former Yugoslavia and in Bosnia in particular.
    • La Bosnie-Herzégovine : situation et perspectives - Faïk Dizdarevic p. 171-177 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La guerre de Bosnie a pour causes directes l'arrivée au pouvoir, en Serbie et en Croatie, de forces totalitaires et expansionnistes, leur accord sur le partage de la Bosnie, et enfin l'aval accordé à ce projet par les grandes puissances. L'évolution de la situation depuis 1992 a démontré que le partage de la Bosnie ne pouvait se faire qu'au prix d'immenses pertes humaines et de destructions sans précédent, d'une détérioration catastrophique de la situation dans l'ensemble de la région et de la remise en cause de la sécurité de l'Europe et de son avenir. Deux issues sont possibles : le démantèlement « définitif » de la Bosnie mais au prix d'une longue guerre, avec des conséquences imprévisibles pour la construction européenne, ou bien la reconstitution d'une Bosnie unifiée, démocratique, laïque et centralisée, dans le cadre un règlement régional global qui ne paraît possible que dans l'hypothèse de la démocratisation de la Serbie et de la Croatie, et d'un changement de la stratégie des grandes puissances.
      Bosnia-Herzegovina : Situation and Perspectives, by Faïk Dizdarevic The Bosnian war is a direct resuit of the coming to power of totalitarian and expansionist forces in Serbia and Croatia and their agreement to share out Bosnia between them, a project supported by the Major Powers. Since 1992 events have shown that this sharing-out could only be achieved at the cost of huge losses in human life, unprecedented destruction, a catastrophic détérioration in the situation throughout the region and a direct challenge to the actual and future security of Europe. There are two possible outcomes. The first is the « definitive » dismembering of Bosnia which would only be possible through a long war with unforseeable conséquences for European construction. The second consists of the reconstruction of a unified, democratie, laie and centalized Bosnia in the context of a global regional seulement. This outeome only seems possible in the event of a democratization of Serbia and Croatia accompanied by a change in the strategy of the Major Powers.
    • Une crise en gestation ? La Macédoine et ses voisins - Duncan M. Perry, Maureen Saint Georges Chaumet p. 179-207 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La politique étrangère de la Macédoine est entremêlée de façon inextricable de problèmes internes, politiques, économiques et sociaux. Ceux-ci la poussent en quête de garanties internationales pour sa sécurité. La Macédoine poursuit donc un programme pragmatique visant à protéger ses frontières et favoriser sa prospérité économique. Elle cherche également à obtenir une reconnaissance internationale plus grande tant pour améliorer sa sécurité que pour affirmer l'existence de son nouvel Etat et de sa nation et, ainsi, renforcer la cohésion nationale au sein de la société. Mais, en fin de compte, l'intransigeance grecque sur la question du nom, à laquelle s'ajoutent l'embargo des Nations Unies contre la petite Yougoslavie et les tensions ethniques internes en Macédoine, pourrait avoir raison du nouvel Etat.
      A Crisis in the Making ? Macedonia and its Neighbours, by Duncan M. Perry Macedonian foreign policy is inextricably mixed up with internal political, économie and social problems which force it to search for international security guarantees. Macedonia thus follows a pragmatic foreign policy, aiming to protect its frontiers and to favour its economie prosperity. It seeks wider international recognition not only to increase its security but also to affirm its new existence as state and nation thereby reinforcing internai national cohesion. Finally however, Greek intransigence over its name, added to the UN embargo of rump Yugoslavia and internal ethnie tensions in Macedonia, could get the better of the new State.
    • La question albanaise - Hans Stark p. 209-222 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Au sud de la péninsule balkanique, l'Albanie, seul pays européen à majorité musulmane, joue un rôle central dans un environnement hostile à dominante orthodoxe, où elle a longtemps servi d'Etat tampon entre les puissances. Ainsi, le tracé de ses frontières (traité de Londres de 1913) a résulté de considérations plus géopolitiques qu'ethniques. Les Albanais étant répartis sur cinq Etats, il paraît difficile que la volonté d'intégration du gouvernement de Ramiz Alia puisse, à elle seule, enrayer l'irrédentisme albanais. Aussi, tant que ne seront pas traitées les questions inextricables du Kosovo, de l'Epire du Nord et de ses minorités, et donc que ne se seront pas « normalisées » ses relations avec ses voisins, en particulier la Grèce et la Serbie, l'Albanie, pays le plus pauvre d'Europe, dont le taux de natalité est le plus élevé des Balkans, constituera un facteur de grande instabilité pour toute la région.
      The Albanian Question, by Hans Stark In the South of the Balkan Peninsula where it has long served as a buffer state between powers, Albania, the only European country with a Muslim majority, plays a central role in a dominantly Othodox and hostile environment. Albania's borders were drawn up (in the 1913 Treaty of London) according to geopolitical rather than ethnie criteria. With Albanians spread out over five states it seems unlikely that the simple désire of Ramiz Alia's government for integration will be sufficient to curb Albanese irredentism. Whilst the thorny question of Kosovo, Northern Epirus and minorities remain unanswered Albania's relations with its neighbours, especially Greece and Serbia, cannot be 'normalized'. In addition to being the poorest country in Europe, Albania has the highest birth rate in the Balkans and will, until these problems are solved, constitute an important factor of instability for the whole region.
  • Repères

    • La Grèce dans la nouvelle Europe - Yannis G. Valinakis p. 223-232 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Le gouvernement du PASOK assume la responsabilité de la présidence européenne à un moment critique, tant pour l'intégration européenne elle-même que pour la Grèce et son rôle régional. Depuis son adhésion à la CE en 1982, la Grèce, malgré des périodes de désaccord avec les Douze, n'a cessé d'affirmer sa vocation européenne. Mais ses partenaires n'ont pu atténuer son sentiment d'insécurité, d'une part, face à la Turquie — la menace turque constituant la base de la politique de défense grecque —, d'autre part, du fait de l'environnement régional, avec l'éclatement de la Fédération yougoslave, la guerre en Bosnie et l'indépendance de l'ancienne République yougoslave de Macédoine (FYROM). La Grèce peut renforcer son rôle de médiateur dans la région, à deux conditions : surmonter sa crispation face à un nouvel environnement régional et obtenir le soutien des Douze et la garantie de sa sécurité.
      Greece in the New Europe, by Yannis G. Valinakis The PASOK Governement takes over the presidency of the European Union at a moment that is crucial not only for European integration but also for Greece's régional role. Since it joined the EC in 1982, despite some periods of disagreement with the Twelve, Greece has never stopped affirming its European vocation. However its partners have not been able to overcome Greece's sensé of insecurity vis-à-vis Turkey (Greek defense policy is shaped by the Turkish threat) and the regional environment with the collapse of the Yugos-lav Federation, the war in Bosnia and the independence of the Former Yugoslav Republic of Macedonia (FYROM). Greece may reinforce its role as mediator in the region and overcome its state of tension regarding the new regional environment with support from the Twelve and security guarantees.
    • Economies et géopolitiques à l'Est - Ewa Kulesza-Mietkowski, Piotr Mietkowski p. 233-245 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      L'évolution contrastée des pays du Centre et de l'Est européen rend de plus en plus difficiles les comparaisons destinées à évaluer leurs chances respectives de réussir la « grande transformation » actuelle. Le passé communiste reste une référence commune ; les mécanismes généraux de la transition sont sensiblement les mêmes. Les facteurs spécifiques — héritages nationaux, choix de politiques économiques, appartenance à tel ou tel sous-ensemble régional — sont toutefois d'une importance primordiale. Etant donné qu'aucune « classification » ne peut être vraiment pertinente, cet article présente le degré effectif de mise en œuvre de réformes structurelles et les performances enregistrées par les différents pays en 1993, tout en réfléchissant sur le lien entre les résultats obtenus sur le plan économique et les nouvelles configurations géopolitiques de l'ancienne « Europe de l'Est ».
      Economies and Geopolitics in Eastern Europe, by Ewa Kulesza-Mietkowski and Piotr Mietkowski The very different ways in which Central and East European countries have developed make it increasingly difficult to evaluate their respective chances of achieving the present « great transformation ». They certainly have in common a shared experience of communism and the new challenges brought about by the period of transition. However, it is highly important to take into account that the situation of each country is affected by such specifie factors as national history, recent choices in economie policy or geographical location. This article recognizes that there is no satisfactory System of « classifying » post-communist countries. Hence, it aims to present the way in which structural reforms have been implemented so far and to assess the economie results of 1993. At the same time, the link between economie change and the new geopolitical configurations emerging in the region has been analyzed.
  • Libres propos

    • Sécurité : l'Europe livrée à elle-même - François Heisbourg p. 247-260 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Dans l'Europe de l'après-guerre froide, l'insécurité naît moins de la réémergence de grands blocs nationaux à l'instar de ce qui caractérisa la période d'avant 1914, que du processus de fragmentation sur des bases ethniques exacerbées. Face à ces phénomènes d'implosion, le risque existe qu'à leur tour les pays d'Europe occidentale cèdent à la tentation du repli sur soi et de la conduite de politiques divergentes de sécurité et de défense d'où pourraient naître, à terme, des conduites antagonistes. Dans ces conditions, les grandes institutions multilatérales héritières de la guerre froide contribueront d'autant plus efficacement à la sécurité qu'elles fourniront le cadre de légitimation et de promotion des principes et des logiques permettant d'échapper à la tentation du repli : ainsi, l'ouverture commerciale, l'élargissement organique par inclusion des nouvelles démocraties. Le mauvais départ que constitue l'incapacité de ces institutions et des Etats qui les composent face aux crises de l'ex-Yougoslavie renforce tant l'urgence d'un changement de portage que la nécessité de l'emploi dans certaines circonstances de la force comme proxima ratio et non comme ultime recours.
      Security : Europe Left to Its Own Devices, by François Heisbourg In post-cold War Europe, insecutrity is less a resuit of the reemergence of important national blocs, as it was the case in the period hefore 1914, as the process of fragmentation along exaggerated ethnie bases. Faced with these phenomena of countries looking inwards, there is a risk that Western European countries will be temptea to do likewise and follow divergent defence and security policies, a situation which could eventually lead to antagonistic behaviour. In these conditions the large multilateral instituitons inherited from the Cold War can most effectively enhance security by providing a legitimate framework for the promotion of the principles and logic that ivill enable the Western countries to avoid this temptation to withdraiv into themselves. The opening-up of trade and organic enlargement by the admittance of the new democraties will also help. The performance of these institutions and their member-states regarding the crisis in ex-Yugoslavia has been poor and urgently reinforces the need for a change of perspective so that the use of force in certain circumstances is a « proxima ratio » — an early recourse — rather than a last resort.
    • Après l'Europe ? - Dominique David p. 261-272 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      L'année 1993 a fait voler en éclats nos prévisions sur l'avenir de l'Europe. L'incertitude russe, plus lourde que jamais ; le désordre yougoslave qui affecte toutes les institutions de sécurité européennes ; les difficultés de l'Union européenne à progresser ; l'installation au sud de la Méditerranée de la zone de turbulence maghrébine : tous ces facteurs laissent peu de chance de réussite à une architecture unitaire de l'Europe telle que nous la concevions voici quatre ans. Il nous faut donc réviser l'ensemble de notre stratégie, en sachant que le continent européen ignorera sans doute pendant longtemps l'unité. Pour cette transition, dont nous ne pouvons connaître le terme, s'impose une nouvelle hiérarchisation de nos objectifs; redéfinition de nos buts vis-à-vis de la Russie, acceptation de la coexistence d'Europes multiples, renforcement de la construction européenne à l'Ouest, naissance une stratégie cohérente au Sud.
      After Europe ?, by Dominique David 1993 bas broken clown to pieces every prospect on the future of Europe. The heavy uncertainties on Russian future, the Yugoslav disorder that is undermining ail European security institutions, the problems facing any progress on European Union, the emergence of a zone of constant instability in the Maghreb : ail these factors do not leave many chances of success to the construction of a United Europe, as planned four years ago. We have to undergo a complete review of our strategy knowing that a united European continent will probably remain a dream for a long time. In this period of transition, new objectives have to be set. We have to redefine our relationship to Russia, accept and organize the coexistence of multiple Europes, reinforce the Western European construction, and build up a coherent strategy toward the South.
  • Passé-présent

    • L'0stpolitik de Weimar à Berlin - Daniel Vernet p. 273-281 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      L''Ostpolitik de Willy Brandt et de ses successeurs sociaux-démocrates comme chrétiens-démocrates à la chancellerie a consisté à prendre acte du statu quo avec le camp socialiste pour tenter d'augmenter la marge de manœuvre diplomatique de Bonn, de même que la politique d'intégration occidentale de Konrad Adenauer avait eu pour but de rendre à la République fédérale d'Allemagne une crédibilité internationale. Cette attitude se distingue radicalement des politiques menées sous la République de Weimar dont les dirigeants n'ont jamais réussi à choisir entre une réforme négociée de l'ordre d'après-guerre qui passait par son acceptation préalable, et une subversion conflictuelle de l'Europe de Versailles. Replacée au centre de l'Europe par la disparition du Mur, l'Allemagne réunifiée saura-t-elle persister dans son être occidental ? Ostpolitik from Weimar to Berlin, by Daniel Vernet
      Ostpolitik from Weimar to Berlin, by Daniel Vernet The Ostpolitik of Willy Brandt, his Social Democrat successors and the Christian Democrats at the Chancellery consisted in noting and reacting accordingly to the Socialist status quo in order to try and increase the margin of diplomatie manoeuvre available to Bonn. In the same way Konrad Adenauer policy of Western integration aimed to return international credibility to the Federal Republic of Germany. This position was radically différent to the policies of the Weimar Republic whose leaders never succeeded in choosing between a negotiated reform of the post-war order passed by prior agreement and a conflictual subversion of the Europe of Versailles. Once again, as a resuit of the disappearance of the Wall, Reunified Germany finds itself at the centre of Europe. Will it know how to retain its Western characteristics and orientation ?
  • Lectures

  • A travers les revues

  • Livres reçus par l'institut - p. 319-326 accès libre
  • Revues - p. 327-331 accès libre