Contenu du sommaire : Tiers lieux : une émancipation en actes ?
Revue | Sociologies pratiques |
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Numéro | no 38, avril 2019 |
Titre du numéro | Tiers lieux : une émancipation en actes ? |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Hommage à Jean-Daniel Reynaud - Philippe Bernoux p. 1
Avant-propos
- Dénouer l'écheveau des tiers lieux : tentatives généalogiques - Cynthia Colmellere, Delphine Corteel, Volny Fages, Stéphanie Lacour p. 3-10
Entretiens
- Entretien avec Matei Gheorghiu - Matei Gheorghiu, Delphine Corteel, Volny Fages p. 11-23
- Entretien avec Julien Bellanger - Julien Bellanger, Marie-Christine Bureau p. 25-30
- Entretien avec Évelyne Lhoste - Évelyne Lhoste, Cynthia Colmellere, Stéphanie Lacour p. 31-34
Réponses sociologiques
- Créer un fablab à l'université : enjeux humains et institutionnels - Jean-Marc Galan, Francesca Musiani p. 35-48 Le fablab de l'Université Paris-Diderot a ouvert ses portes fin 2016, dans un contexte institutionnel de déploiement d'une multitude de dispositifs liés au numérique, ayant pour objectif affiché de faire de Paris-Diderot une « université dans la ville » modèle. Comment ce discours institutionnel de développement du numérique dans l'enseignement supérieur se décline-t-il dans les pratiques quotidiennes qui ont donné lieu à la naissance et au développement du fablab de Paris-Diderot ? En explorant ses débuts, les enjeux institutionnels et humains qui ont informé sa création, nous souhaitons comprendre comment les acteurs se sont saisis de cet impératif et ont été en mesure de le détourner, ou encore ont dû céder à des contraintes hiérarchiques. Pour ce faire, l'article analyse un certain nombre de choix effectués par les fondateurs du lieu, et s'interroge sur leur fondement et leur devenir.The fablab of Paris-Diderot University first opened its doors at the end of 2016, within an institutional context aiming at promoting a number of digital devices and systems that would allow Paris-Diderot to become the ideal “university-in-the-city”. How did this institutional discourse of digital development in secondary education find its counterpart in the daily practices that gave birth to the Paris-Diderot, and influenced its development? By exploring this fablab's pioneering days, the institutional and human factors that shaped its creation, we seek to understand how actors made this imperative their own, were able to “hijack” it to some extent, or in some cases, had to yield to hierarchical constraints. To do so, the article analyses a number of choices made by the fablab founders and questions their reasons and their evolutions.
- Fablab à la campagne : régimes d'actions et articulations des investissements - Jérôme Lamy p. 49-58 Appuyée sur les catégories mises en évidence par la sociologie pragmatique des régimes d'action, notre étude du fablab rural de Parthenay dans les Deux-Sèvres permet de mettre au jour des régimes d'engagement dans l'action articulés de façon très hétérogènes et qui paraissent différents de ceux que l'on peut observer dans les fablabs de grands centres urbains, qui ont fait l'objet de davantage d'enquêtes sociologiques. Ces articulations hétérogènes peuvent s'expliquer par la disponibilité des ressources et des compétences locales. Au-delà des différences, potentiellement perçues comme des manques, que ces différences engendrent par rapport à l'idéal-type de l'engagement des acteurs des fablabs – illustré par l'expérience originelle du mit – elles mettent également en exergue la mobilisation de compétences originales jusqu'ici ignorées dans la littérature consacrée à ces lieux.Based on the categories highlighted by the pragmatic sociology of action regimes, our study of the rural Fablab of Parthenay in Deux-Sèvres reveals very heterogeneous regimes of engagement in action that appear different from those observed in the Fablabs of large urban centres, which have been the subject of more sociological surveys. These heterogeneous linkages can be explained by the availability of local resources and skills. Beyond the differences, potentially perceived as gaps, that these differences generate in relation to the standard ideal of engagement of Fablabs actors – illustrated by the original experience of mit – they also highlight the mobilization of original skills hitherto ignored in the literature devoted to these places.
- Du bidouilleur amateur à l'informaticien, apprendre le détournement : une étude de la socialisation au hacking informatique - Antoine Larribeau p. 59-70 Les hackers et autres bidouilleurs informatiques développent souvent un goût pour l'informatique et les usages détournés des dispositifs numériques. Ce travail s'appuie sur une enquête ethnographique au sein d'hackerspaces, ainsi que des entretiens avec des étudiants et professionnels de l'informatique impliqués dans le « monde hacker ». La fréquentation des hackerspaces leur permet de prolonger leur passion pour ces pratiques et d'y trouver des ressources appuis divers. Cet article se propose d'ouvrir des pistes de réflexion sur la socialisation des hackers, en questionnant les différences générationnelles ainsi que les multiples manières d'articuler exigences professionnelles et investissement au sein du hackerspace.Starting in adolescence, hackers develop an interest in computing and diverting the use of digital apparatus. What connections, complementarities, or tensions, exist between one's hacking activities and professional life? For the purpose of this research work, an ethnographic survey was conducted in French hackerspaces – together with interviews of students and computer experts involved in the “hacker culture”. Their socialization within these practices is nurtured through hackerspaces, giving them access to a variety of supports. Building on the analysis of singular courses, this contribution aims at raising questions on hacker socialization and on the means of harmonisation between occupational requirements and hackerspace activities.
- Créer un fablab à l'université : enjeux humains et institutionnels - Jean-Marc Galan, Francesca Musiani p. 35-48
Varia
- Le GEIQ Théâtre comme « tremplin » ? Trajectoires d'artistes du spectacle - Nicolas Roux p. 71-82 En se basant sur une enquête biographique et longitudinale auprès d'artistes du spectacle, l'article met d'abord en exergue la manière dont le « capital spécifique » structure les trajectoires professionnelles et met en jeu des inégalités liées à l'origine sociale, à la formation artistique et à la précocité avec laquelle la carrière a été commencée. Il s'intéresse ensuite au rôle d'un groupement d'employeurs pour l'insertion et la qualification (geiq) hors Île-de-France dans la socialisation professionnelle d'apprentis comédiens. S'il constitue un « tremplin » pour leur carrière, ils restent éloignés des établissements de production parisiens et nationaux les plus légitimes, rappelant ainsi les inégalités initiales qui les avaient dirigés vers ce dispositif.Based on a biographical and longitudinal investigation alongside performing artists, the article first highlights how “specific capital” structures career paths, giving rise to inequalities relating to social background, artistic training and early career ascension. Focus then shifts to the role of an Employers' Group for Integration and Qualification (geiq) outside the Île-de-France region, to examine the professional acclimation of apprentice actors from working-class backgrounds. While the geiq does effectively function as a “springboard” for their careers, these actors still have less chance of integrating, after the geiq, the most legitimate Parisian and national production companies. In this respect, the geiq does not suffice in overcoming initial inequalities.
- Le GEIQ Théâtre comme « tremplin » ? Trajectoires d'artistes du spectacle - Nicolas Roux p. 71-82
Le métier
- Enquêter sur ou enquêter avec ? Pour une pratique démocratique de la sociologie - Annick Madec, Sylvie Monchatre, Pinar Selek p. 83-95 Comment démocratiser l'exercice de la sociologie quand se développent la recherche sur commande et des politiques d'excellence qui majorent les risques d'une appropriation privative des résultats et d'une invisibilisation de la discipline dans l'espace public ? Nous nous demandons, dans cet article, comment rendre publiques les « conversations » que nous entretenons avec nos enquêtés, dans la perspective d'une poursuite des échanges au-delà de l'enquête. Sans prétendre apporter de réponse définitive à ces questions, nous présentons nos propres expériences de mise en forme de ces conversations par la voie du théâtre, de l'écriture et de l'engagement militant, l'enjeu étant pour nous, moins de faire une sociologie « pour » que de créer les conditions d'échanges sur pied d'égalité.How to democratize sociological practice when thrive contract research and policy of excellence that contribue to increase the chance of privative appropriation or invisibility for social sciences? In this article, we wonder how to release our “conversations” with interviewees, in order to persue them in a wider frame of exchanges. Without claiming to bring a final answer to this question, we present our own experiences in shaping theses “conversations” with the help of theater, literature and militant commitment. In our view, the issue is not to practice sociology “for” but it is to facilitate exchanges based on an equal footing.
- Enquêter sur ou enquêter avec ? Pour une pratique démocratique de la sociologie - Annick Madec, Sylvie Monchatre, Pinar Selek p. 83-95
Sociologie d'ailleurs
- Immersion dans le quotidien de travailleurs tchèques - Saša Uhlova, François Granier p. 97-106
Écho des colloques
Lectures
- Lectures - p. 115-126