Contenu du sommaire : Robinson Crusoe: a Gazetteer
Revue | Etudes anglaises |
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Numéro | Vol. 72, no 2, avril-juin 2019 |
Titre du numéro | Robinson Crusoe: a Gazetteer |
Texte intégral en ligne | Accès réservé |
- Daniel Defoe's Robinson Crusoe: A Gazetteer - Rebecca Bullard p. 131-134
Articles
- Of Seas, Slaves, and Colonies in Robinson Crusoe— Cartography, Strata, and Contrapuntal Reading - Claire Gallien p. 135-150 Cet article réinterprète la présence et les représentations de l'Afrique, de l'Amérique du Sud, de l'Atlantique, et des mers du Sud dans Robinson Crusoé à partir de la littérature de voyage vers l'Amérique du Sud publiée dans les années 1710, et les lettres, essais et articles de presse de Daniel Defoe. L'étude se donne pour objectif de libérer la géographie de la diégèse afin de recouvrer les territoires et réseaux économiques et coloniaux qui ne sont pas cartographiés par le récit ou sont volontairement cachés. Une fois dévoilée, cette géographie permet de relier des espaces construits comme séparés dans l'imaginaire du récit. Elle tisse sa propre narration qui peut renforcer, compléter mais aussi déplacer ou subvertir la manière dont le récit organise et pense l'espace. L'approche géo-critique développée ici permet une lecture de Robinson Crusoé en contre-point, qui rappelle le lien existant entre le roman, le capitalisme, l'esclavage et la colonisation.This article uses travel literature to South America published in the 1710s and Daniel Defoe's essays, journalism, and correspondence to reinterpret the presence and depiction of Africa and South America, the Atlantic and the South Seas in Robinson Crusoe. It unbinds geography from narrative and uncovers economic and colonial territories and networks that are not mapped or are kept hidden in the plot. This recovered geography intertwines territories which are diegetically constructed as discrete and it develops a line of narration that may support, complement, displace, or subvert the organization and function of space in the plot. This geo-critical approach allows a fresh contrapuntal reading of Robinson Crusoe that recalls the ties binding the novel to capitalism, slavery, and colonisation.
- From Mercantilist to Utilitarian Crusoe: the Transformative Impact of the Desert Island - Emmanuelle Peraldo p. 151-166 Cet article étudie l'interrelation entre géographie et économie dans Robinson Crusoé, en analysant plus particulièrement le topos de l'île déserte et sa relation avec le personnage de Crusoé comme agent économique double. En effet, Crusoé est à la fois empreint du capitalisme mercantiliste et colonial du début du XVIIIe siècle et d'une forme d'utilitarisme qui témoigne simultanément de sa modernité et de la conviction de Daniel Defoe que le commerce et la colonisation n'avaient pas pour but l'enrichissement et l'accumulation déraisonnés, mais plutôt le bien-être de la nation, et ce qu'il appelait le bien public. L'article interroge l'impact qu'a l'île comme utopie ou lieu de la colonisation sur le personnage de Crusoé.This article studies the interrelatedness of geography and economics in Robinson Crusoe, by analyzing the topos of the desert island and its relationship with the character of Crusoe as a double economic agent. Crusoe is imbued simultaneously with the mercantile and colonial capitalism of the beginning of the eighteenth century, and with a form of utilitarianism that reflects both his modernity and also Daniel Defoe's conviction that the ultimate goal of trade and colonization was not unreasonable enrichment and accumulation of capital, but rather the well-being of the nation, and what he called the public good. The article questions the impact that the desert island as a utopia or place to be colonized has on the character of Crusoe.
- Robinson Crusoe's Implausible Palisades: Privateering, Colonialism, Realism, Myth and the South-Sea Bubble - Robert Clark p. 167-181 La reconstruction par Daniel Defoe des expériences d'Alexandre Selkirk sur l'île de Juan Fernández représente l'histoire de la violence impériale comme un mélange de développement spirituel et matériel et de développement mercantile éhonté. Cette mythification a contribué à la « Bulle des Mers du Sud » qui, comme Defoe lui-même l'a remarqué, a séduit des milliers d'investisseurs qui rêvaient de richesse coloniale mais qui ont eu pour effet d'enrichir les financiers de la « South-Sea Company ». Le roman de Defoe — résolution imaginaire des contradictions entre les idéologies du « commerce honnête » et les vrais mobiles qui l'animaient — a fondé le discours du réalisme littéraire et normalisé la conception de « l'homme rationnel et économique » qui a légitimé la conversion des ressources des autres en capital financier privé. Robinson Crusoé est un récit réaliste dans la mesure où il représente le monde en termes de quantités qui peuvent être rationalisées en tant que marchandises, promouvant ainsi la mentalité mercantiliste et la formation de l'Empire britannique.Defoe's reimagining of Alexander Selkirk's experience of being marooned on the island of Juan Fernández represents a history of imperial violence as a mixture of spiritual and practical enlightenment and guiltless mercantile development. Defoe's production is deeply involved with the South-Sea Bubble which, as Defoe himself observed, deployed fantasies of colonial wealth to resolve funding problems for the British state and to enable financial fraud. Defoe's novel is thus understood as an imaginary solution to the contradiction between the ideology of honest trade and the real interests of finance capitalism. The novel, which has been seen as inventing literary realism, and which constructed in Crusoe an ideal-type of “rational economic man,” worked to legitimate the conversion of “native” resources into privatised finance capital. Crusoe is realist to the extent that it represents the world as quantities ready to be rationalised into commodity form, thus promoting the mercantilist view and the formation of the British empire.
- Robinson Crusoe and the Natural Mechanick - Paddy Bullard p. 182-195 Des études récentes de Robinson Crusoé ont fait apparaître un regain d'intérêt pour la culture matérielle du roman de Defoe — la façon dont il traite des objets fabriqués, des constructions et des habitations, de l'environnement matériel de l'île déserte. Ces analyses ont de manière générale conclu à une attitude positive de Defoe à l'égard des représentations matérielles. Cet article s'interroge sur cette lecture de plus en plus consensuelle de Crusoe comme homo faber et technicien de la nature. À l'inverse, il révèle une ironie qui traverse tous les commentaires de Defoe sur les processus mécaniques et les cultures de la fabrication artisanale. Il suggère également une raison au scepticisme de Defoe. Celui-ci propose une conception de la production matérielle où les éléments fondamentaux de la fabrication des objets — le travail, les matières premières, les buts instrumentaux, le temps — sont parfaitement lisibles et déductibles par le raisonnement de l'observateur. Par conséquent, il doit s'assurer qu'aucune intervention d'un savoir personnel, d'un quelconque mystère, métier ou ornement artisanal, ne puisse contrarier sa version conjecturale de l'histoire.In recent studies of Robinson Crusoe there has been a revival of interest in the material culture of Defoe's novel—its handling of crafted objects, of building and dwelling, of desert island things. These responses have tended to find a positive attitude in Defoe's material representations. This essay questions the increasingly received reading of Crusoe as homo faber and complete natural technologist. It finds instead a sustained strand of irony running through all of Defoe's commentaries on mechanical processes and cultures of manufacture. It also suggests a positive reason for Defoe's scepticism. He presents a scheme of material production in which the basic components of manufacture—labour, raw materials, instrumental ends, time—are perfectly legible and deducible to the reasoning observer. Consequently he must make sure that there is no intervening layer of personal knowledge, of artisanal mystery or ornament, that might obscure this conjectural vision.
- Crusoe's Crusade: Defoe, Genocide, and Imperialism - Nicholas Seager p. 196-212 Cet article revient sur l'appel fait par Robinson Crusoé à tous les chrétiens, dans Serious Reflections, de lancer une croisade contre païens et musulmans — croisade à la fois évangélique et militaire, visant à convertir tous les volontaires à la foi chrétienne, et à éliminer les païens récalcitrants. Comme le montrent les deux premiers volumes de ses aventures, Crusoé (et avec lui Defoe) ne doutait pas de pouvoir convertir les habitants des Amériques et de l'Afrique sub-saharienne, mais l'Asie et l'Afrique du nord lui paraissaient cause perdue. Defoe croyait-il réellement à cette proposition qu'il fait énoncer à Crusoé, incarnation de l'esprit rationnel et pragmatique de l'Angleterre protestante ? L'écrivain tolérant qu'était Defoe cherchait-il à dénoncer le fanatisme affleurant sous les sages méditations spirituelles de Crusoé et sous ses positions coloniales supposément « bienveillantes » ? En s'appuyant sur l'ouvrage de Claude Rawson sur les contradictions de la rhétorique génocidaire de la première modernité, et en prenant en compte les changements d'attitude face à la notion de guerre sainte (y compris dans les écrits de Defoe lui-même sur la violence coloniale), cet article montre que la croisade proposée par Defoe peut s'interpréter comme réel effort de sa part pour saisir les problèmes religieux dans le monde. La proposition génocidaire de Crusoé révèle la peur profonde de Defoe de voir la chrétienté menacée ; mais son expression sous forme d'un récit de fiction indique aussi les réticences de l'auteur quant à la mise en pratique d'un tel plan.This essay reassesses Robinson Crusoe's advocacy in Serious Reflections of a pan-Christian crusade against the pagan and Muslim worlds, a mission in part evangelical and in part military, to convert to Christ those who are receptive and to cut down recalcitrant heathens. As Crusoe's experiences in The Life and Strange Surprizing Adventures and The Farther Adventures indicate, Crusoe (and Defoe) was confident of winning converts in the Americas and sub-Saharan Africa, whereas Asia and north Africa seemed to be beyond reclamation. How sincere is Defoe in putting such a scheme in the mouth of Crusoe, that level-headed and pragmatic embodiment of Protestant Englishness? Is a broadly tolerant Defoe exposing the fanaticism that lurks just beneath the surface of Crusoe's staid religious musings and “benevolent” colonial attitudes? Using Claude Rawson's work on the instability of early modern genocidal rhetoric, and reading Crusoe's crusade in the light of shifting historical attitudes to holy war, including Defoe's own writings on colonial violence, the essay takes the proposed crusade seriously as Defoe's effort to understand the religious predicament of the world at large. Crusoe's genocidal proposal reveals the extent of Defoe's fear that Christianity was imperilled, but its articulation within a fictitious narrative indicates Defoe's latent reservations about the propriety as much as the practicability of the idea.
- Eurocentric Crusoe: The Farther Adventures of Robinson Crusoe - John Richetti p. 213-224 Cet article analyse les différences frappantes entre, d'une part, les interactions réfléchies et parfois éclairées de Crusoe avec les sauvages et les cannibales de la première partie de The Farther Adventures of Robinson Crusoe, ainsi qu'avec les Espagnols dans les parties I et II, et d'autre part, ses rencontres eurocentriques et racistes avec les Asiatiques, Chinois et Tartares de la deuxième partie. Il se demande pourquoi le Crusoe réfléchi sur son île cède la place, dans une certaine mesure, au marchand avide et à l'explorateur dédaigneux de l'Asie dans les Farther Adventures.This essay discusses the striking differences between Crusoe's thoughtful and often enlightened interactions with the Savages and Cannibals in Part I, as well as with the Spaniards in Parts I and II, and his Eurocentric and racist encounters with East Asians, Chinese, and Tartars in Part II. It asks why the thoughtful Crusoe on his island should give way to some extent to the rapacious merchant and disdainful explorer of Asia in Farther Adventures.
- Robinson Crusoe and the Aesthetic of Survival - Sophie Vasset p. 225-240 L'île déserte est un lieu commun dans la culture occidentale qui permet d'évoquer une situation de survie fantasmée, mobilisée pour parler de nos valeurs et de nos références : le livre ou le disque que l'on emmènerait sur une île déserte sont ceux dont on ne peut se lasser. Les récits d'une situation de survie permettent ainsi d'explorer nos priorités et nos besoins, ou de reconnaître notre savoir-faire. Le succès des guides, des films et de la télé-réalité de la culture survivaliste contemporaine confirme cette fascination du monde occidental pour la survie. Depuis 1719, Robinson Crusoé est devenu une référence incontournable. Ce récit fondateur émarge à toutes les fonctions du scénario de survie : en redécouvrant son livre, la Bible, le héros redéfinit ses valeurs ; il explore ses compétences et mesure la diversité des savoir-faire de sa propre civilisation en découvrant tous les métiers nécessaires à la vie humaine tels que la cuisine, la couture, la poterie ou la fabrication des armes. Mais Robinson Crusoé n'est pas le seul récit de Defoe où les personnages sont dans une situation où leur survie dépend de leur propre capacité de choisir et d'agir : la survie sous-tend l'action des nombreuses fictions écrites et publiées par Defoe de 1719 à 1724. Cet article suit la manière dont l'intrigue de la survie réapparaît dans Capitaine Singleton, Journal de l'année de la peste, Colonel Jack, Moll Flanders, et Roxana. Il s'agit d'exposer les raisons historiques et esthétiques qui font de la possibilité de s'échouer sur une île, d'être laissé seul dans une ville pestilentielle, ou d'être isolé dans le désert sans eau potable un plaisir de lecture tant apprécié au dix-huitième siècle. Ces récits posent les structures d'une esthétique de la survie dont les formes nouvelles, au-delà des Robinsonnades, sont tant prisées par les survivalistes, trois cent ans après la publication de Robinson Crusoé.“If I were stranded on a desert island, I would bring this book with me…” this hackneyed expression at the heart of the BBC show “Desert Island Discs” doesn't mean that the speaker ever considers being stranded on an island. It refers to a common trope in Western culture which I call the fantasy of survival. Survival is often addressed as a way to explore one's priorities and necessities and one's know-how. The success of the guidebooks, movies, and reality-TV of the contemporary survivalist culture confirms this fascination for survival. In all cases, Robinson Crusoe is a major reference to exemplify all these aspects of the survival scenario: he re-discovers his favourite book, the Bible, he explores human skills and know-how by discovering all the crafts necessary to human life, such as cooking, sewing, pottery, weapon making. This article will investigate the notion of survival by examining the prevalence of this plot in many of Defoe's works of fiction: Captain Singleton, Journal of the Plague Year, Colonel Jack, Moll Flanders, Roxana. I explore the historical and aesthetic reasons which make the possibilities of being stranded on an island, left alone in a pestilential city, or stuck in the desert with no freshwater provide pleasure to the early modern, and contemporary, readers.
- Of Seas, Slaves, and Colonies in Robinson Crusoe— Cartography, Strata, and Contrapuntal Reading - Claire Gallien p. 135-150
Compte rendus
- Comptes rendus - p. 241-250