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Revue | Revue d'économie industrielle |
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Numéro | no 173, 1er trimestre 2021 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- L'impact des industries culturelles et créatives sur la richesse des régions européennes - Brice Barois, Michel Dimou, Alexandra Schaffar p. 11-42 En utilisant des données régionales d'Eurostat sur la période 2006-2013 et en mobilisant un modèle empirique et un panel d'outils économétriques, cet article propose d'étudier l'impact direct et indirect des industries culturelles et créatives sur la richesse des régions européennes. Bien que de nombreux travaux existent dans ce domaine, il n'y a pas, à notre connaissance, d'étude qui propose une analyse économétrique du rôle de ces industries dans la richesse économique des 226 régions européennes. Ce travail montre que l'emploi dans les industries culturelles et créatives n'est guère impacté par la crise économique de 2008. Il montre également que ces industries captent en partie l'effet capital humain régional. Il montre enfin que lorsque l'on tient compte des effets d'autocorrélation spatiale, l'impact de ces industries sur la richesse des régions européennes est plus contrasté et peut, dans certains cas, creuser les disparités.This work builds an empirical model and uses Eurostat data for the period from 2006 to 2013 to study the effects of the cultural and creative industries on the economic performance of the 226 regions of the European Union. This work shows firstly that these industries have not been affected by the economic crisis of 2008. Secondly, it shows that these industries capture the regional human capital effect. Thirdly, it shows that, when taking into account spatial autocorrelation effects, the impact of these industries on regional economic wealth is more ambivalent and may, in some circumstances, lead to higher income disparities between the European regions.
- Les activités de transfert de technologie des universités influencent-elles les performances locales d'innovation ? Le cas de l'Italie - Laura Ciucci p. 43-77 Ce travail étudie les effets que les activités de transfert de technologie (TT) des universités peuvent avoir sur les performances locales d'innovation. Pour ce faire, le modèle des doubles différences en panel a été appliqué à l'échelle des provinces italiennes (NUTS3) de 1999 à 2012. Les résultats suggèrent que la présence d'une université ayant établi une stratégie de TT stimule les performances d'innovation locales. L'amplitude de cet effet varie en fonction de la qualité de la recherche effectuée par l'université. Enfin, nous nous intéressons aux conditions dans lesquelles l'institutionnalisation du TT, à travers la création d'une structure ad hoc, peut avoir un effet marginal significatif. Des tests d'endogénéité et d'autocorrélation spatiale confirment la robustesse des résultats.This paper explores the effects that universities' technology transfer (TT) activities can have on local innovation performance. To do so, the panel data model of difference-in-differences was applied at the level of the Italian provinces (NUTS3) for the period 1999–2012. The results suggest that the presence of a university with a TT strategy boosts local innovation performance. The magnitude of this effect varies according to the quality of the research carried out by the university. Finally, we look at the conditions under which the institutionalization of TT, through the creation of an ad hoc structure, can have a significant marginal effect. Endogeneity and spatial autocorrelation tests confirm the robustness of the results.
- External growth strategy and performance: An empirical study of French SMEs - Vivien Lefebvre, Anaïs Hamelin p. 79-105 Nous étudions l'impact d'une stratégie de croissance externe sur la performance d'un échantillon de PME françaises s'étant introduites en bourse entre 2006 et 2014. A l'aide d'une approche en différence dans les différences, nous montrons que les entreprises qui réalisent des acquisitions obtiennent des performances plus élevées que celles qui ont recours à d'autres modes de croissance. Néanmoins, nous n'observons pas d'effet des opérations d'acquisitions sur la croissance du chiffre d'affaires. Nos résultats sont robustes à plusieurs approches économétriques, dont le propensity-score matching. Nos résultats sont cohérents avec l'idée selon laquelle les opérations d'acquisitions correspondent davantage à des changements organisationnels stratégiques qu'à des opérations de « croissance » au sens strict. De plus, nous apportons un éclairage empirique sur l'importance des stratégies de croissance externe pour les PME.We examine the impact of small firms' external growth strategy on their performance using unique data on all French small firms that went public between 2006 and 2014. Using a difference-in-differences approach, we find that small firms conducting acquisitions experience higher profitability than small firms relying on other growth modes. However, we observe no effect of acquisitions on sales growth. The results are robust to different robustness checks, including propensity-score matching. Our findings support the idea that acquisitions are strategic organizational changes more than “growth” operations. Furthermore, we provide empirical insights on the importance of external growth strategies for SMEs
- Adoption d'innovations et productivité des entreprises en Afrique subsaharienne francophone : cas du Cameroun, de la Côte d'Ivoire et du Sénégal - André Dumas Tsambou, Benjamin Fomba Kamga p. 107-160 L'objectif de ce travail est de mettre en évidence l'impact de l'adoption d'innovations sur la productivité des entreprises, en insistant sur l'adoption simultanée d'innovations technologiques et d'innovations non technologiques. Ce travail utilise une méthodologie constituée de deux blocs d'équations à structure récurrente, appliquée aux microdonnées de 1897 entreprises du Cameroun, de la Côte d'Ivoire et du Sénégal. En estimant ces équations par la méthode Probit bivariée et les doubles moindres carrés, l'étude trouve que les innovations technologique et non technologique sont complémentaires et ont des effets importants sur la productivité des entreprises. Cette complémentarité est une preuve que l'innovation technologique contribue plus à la productivité lorsqu'elle est accompagnée par l'innovation non technologique et vice versa. L'introduction de nouveaux produits (ou services), accompagnée par de nouvelles méthodes d'organisation et de commercialisation, a un effet plus important sur la productivité des entreprises.The objective of this work is to highlight the impact of innovation adoption on the productivity of firms, with an emphasis on the simultaneous adoption of technological and non-technological innovations. This work uses a methodology consisting of two blocks of recursively structured equations applied to micro-data from 1,897 firms in Cameroon, Côte d'Ivoire, and Senegal. By estimating these equations using the bivariate probit method and two-stage least squares, the study finds that technological and non-technological innovations are complementary and have significant effects on the productivity of firms. This complementarity is evidence that technological innovation contributes more to productivity when it is accompanied by non-technological innovation and vice versa. The introduction of new products (or services), accompanied by new methods of organization and marketing, has a greater effect on the productivity of firms.
- The Limits of Money in Daily Ridesharing: Evidence from a Field Experiment in Rural France - Dianzhuo Zhu p. 161-202 Porté par la vague de l'économie du partage, le covoiturage est devenu, ces dernières années, un secteur en pleine croissance, offrant un potentiel pour relever de multiples défis environnementaux et sociétaux liés à la mobilité du quotidien. La difficulté pour démocratiser la pratique du covoiturage reste à mobiliser les conducteurs et les passagers d'y recourir. Comprendre les motivations et les barrières des utilisateurs devient vital pour le développement de ce secteur. Nous avons mené une expérience de terrain avec une start-up française du covoiturage pour comprendre les motivations des conducteurs. Plus spécifiquement, nous souhaitons mesurer si l'augmentation de l'incitation monétaire peut engendrer des effets de crowding-out ou de crowding-in sur les motivations intrinsèques. Nous avons recruté des testeurs pour lancer les demandes de covoiturage en tant que passagers. Les conducteurs peuvent voir ces demandes sur leur chemin et décider en temps réel s'ils veulent s'arrêter ou non. Nous attribuons, de manière aléatoire, deux niveaux de compensation à chaque trajet, 3 euros ou 7 euros. La compensation est affichée au moment de la demande du covoiturage. Après le trajet, les conducteurs peuvent décider de l'encaisser ou non. En cas d'encaissement, nous les invitons à jouer « un jeu de dictateur » avec une association caritative comme bénéficiaire. Au total, nous avons collecté 128 observations au cours de l'été 2017. Les résultats montrent que les conducteurs se comportent de manière similaire sur l'encaissement et le partage de la compensation qu'elle soit de 3 euros ou de 7 euros. On en déduit donc une ressemblance de distribution de profils de motivations dans les deux groupes. L'augmentation de l'incitation monétaire n'a ni l'effet crowding-out ni l'effet crowding-in. Nos résultats soulignent des implications sur la politique du covoiturage. Il en ressort que, au lieu de se focaliser uniquement sur les incitations monétaires, les décideurs tant au sein de l'état que des entreprises pourraient réfléchir aux stratégies qui inciteraient à des motivations intrinsèques des utilisateurs afin de favoriser leur participation au covoiturage, dans le même cadre budgétaire voire encore moins.Ridesharing, as part of the sharing economy, is a rapidly growing sector and has the potential to solve major environmental and societal challenges related to daily transportation. The main obstacle in expanding ridesharing is motivating drivers and passengers to participate. We conducted a field experiment, in collaboration with a French ridesharing provider, to investigate whether extrinsic monetary incentives have motivation crowding effects for drivers in a real time ridesharing service. For each passenger rideshare request, we randomly assigned 3 euros or 7 euros as the compensation amount to drivers. This amount was shown simultaneously with the ridesharing request, so when the drivers saw the rideshare requests whilst driving, they could decide in real time whether or not to stop to pick up the passengers. After the trip has been completed, the drivers could choose to redeem their gains, and if they did so, we would invite them to a dictator game in which they were able to split their gains between themselves and a charity. The results from 128 rideshares during the northern summer 2017 show that the drivers' redemption and money split decisions are similar for the 3 euros and 7 euros groups, indicating that there are similar motivation profiles in both groups. Thus, increasing the monetary incentive levels has neither crowding-out nor crowding-in effects. Our results offer crucial policy insights to ridesharing providers. Instead of solely deploying monetary incentives to increase user participation, they could be better served, without having to resort to increased budget outlays, by considering non-monetary incentives which trigger the intrinsic pro-social motivations of the users of a rural ridesharing service.