Contenu du sommaire : La mort au Parlement

Revue Parlement[s] Mir@bel
Numéro Hors-série no 16, 2021/2
Titre du numéro La mort au Parlement
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  • Introduction. Histoire de la mort, histoire politique : nouveaux croisements - Anne Carol p. 11-16 accès libre
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    • Assassiner un député, un crime de lèse-nation et/ou un parricide (1789-1795) ? - Michel Biard p. 19-35 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      À partir de 1789, les incriminations de lèse-majesté et de parricide servent avant tout des effets rhétoriques, comme lors des assassinats de deux membres de la Convention en 1793, Le Peletier et Marat. Il s'agit alors de présenter tout « attentat » contre un député comme un crime contre les « pères du peuple », donc contre la souveraineté nationale. Pourtant, au fil des épurations successives de cette Assemblée, les deux incriminations se font plus discrètes, avant de resurgir au printemps 1795 avec l'assassinat d'un député (Féraud) au sein même de la Convention. Ce viol de la représentation nationale déclenche une sévère répression ainsi qu'un retour au premier plan des deux incriminations, ce dont Louis-Philippe se souviendra en 1830.
      From 1789 onwards, the incriminations of “lèse-majesté” and “parricide” served above all rhetorical purposes, as during the murders of two members of the Convention in 1793, Le Peletier and Marat. The idea was to present any attack on a deputy as a crime against the “people's fathers”, and therefore against national sovereignty. However, with the successive purges of this Assembly, the two incriminations became more discreet, before resurfacing in the spring of 1795 with the murder of a deputy (Féraud) within the Convention itself. This violation of national representation triggered a severe repression and a return to the forefront of the two incriminations, which Louis-Philippe remembered in 1830.
    • Parlementaire et saint laïque. La mort publique de Carlo Poerio (Italie, 1867) - Pierre-Marie Delpu p. 37-54 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      L'article étudie la mise en martyr du parlementaire napolitain Carlo Poerio à l'occasion de ses funérailles intervenues en 1867, alors que sa mort interrompt son mandat de député. À partir de la documentation parlementaire, de la littérature d'hommage parue en son honneur et des archives municipales de Naples et de Florence, il s'agit de retracer le processus d'édification qui a conduit à reconnaître son statut de martyr du patriotisme italien. L'orchestration de ses funérailles, les traitements faits de sa dépouille sont révélateurs des constructions sacrales qui accompagnent le culte des grands hommes. Ils posent la question de son statut de saint laïque et du sens donné à cette identification, intégrée à la pédagogie politique du nouvel État italien.
      The article focuses on the tributes given to the Neapolitan parliamentarian Carlo Poerio at his funeral in 1867, when his death interrupted his mandate as a deputy. Using the parliamentary archives, the tribute literature published in his honour and the municipal archives of Naples and Florence, the paper aims to study the process of edification that led to the recognition of his status as a martyr of Italian patriotism. The orchestration of his funeral and the treatment given to his remains reveal the sacred constructions linked with the cult of illustrious men, which were part of the political pedagogy of the new Italian state.
    • Protéger le corps des morts : les parlementaires face aux atteintes à l'intégrité du cadavre - Amandine Malivin p. 55-73 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      En 1810, le délit de « violation de sépulture » est intégré au code pénal pour répondre à l'obligation morale de respect dû à la mémoire des morts. Mais son manque de précision se heurte à la réalité et montre son incapacité à assurer la protection du corps des morts. Le délit d'atteinte à l'intégrité du cadavre n'entre dans la loi qu'en 1992. L'examen des débats parlementaires montre les difficultés à faire coïncider loi et exigence morale quand il est question du corps mort.
      In 1810, the offence of “violation of burial” was integrated into the penal code to meet the moral obligation of respect due to the memory of the dead. But its lack of precision clashes with reality and shows its incapacity to ensure the protection of the body of the dead. The offence of violation of the integrity of the corpse only entered the law in 1992. The examination of the parliamentary debates shows the difficulties in making the law and the moral requirement coincide when it comes to the dead body.
    • Autopsie d'un grand homme. Gambetta, 2 janvier 1883 - Anne Carol p. 75-94 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Léon Gambetta meurt le 31 décembre 1882, au faîte de sa célébrité, à l'issue d'une maladie et d'une agonie fortement médiatisées. Délaissant les funérailles officielles, cet article étudie un moment particulier des séquences mortuaires qui succèdent immédiatement au décès, celui de l'autopsie, qui condense les tensions entre l'homme public et le sujet médical. Les gestes invasifs et les prélèvements pratiqués à cette occasion répondent en effet à des objectifs multiples, mêlant le politique et le scientifique ; ils suscitent des interprétations diverses et inaugurent des destins divergents pour ses dépouilles mortelles, dont le degré de dispersion n'est révélé que tardivement.
      Léon Gambetta died on 31 December 1882, at the height of his fame, after an illness and an agony that received extensive media coverage. Leaving aside the official funeral, this article examines a particular moment in the mortuary sequences immediately following the death, that of the autopsy, which condenses the tensions between the public man and the medical subject. The invasive gestures and the samples taken on this occasion serve multiple purposes, mixing the political and the scientific; they give rise to diverse interpretations and inaugurate divergent destinies for his mortal remains, the degree of dispersion of which is only belatedly revealed.
    • « Croyez-vous que cette date-là ne mérite pas d'être fêtée ? » Débats parlementaires sur la commémoration des morts de la Grande Guerre et de la victoire du 11 novembre 1918 - Christina Theodosiou p. 95-111 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      En France, les bases de la politique commémorative de la Grande Guerre sont jetées durant la période charnière de 1915-1916. Les premières initiatives législatives convergent vers une individualisation de la mort, par l'inscription des noms des victimes dans l'espace public, et vers la mise en valeur du deuil de masse. S'opposant au Sénat au sortir de la guerre, la Chambre cherche à relier la commémoration des morts à la victoire. Le débat parlementaire se réoriente alors vers la commémoration de l'armistice du 11 novembre 1918 avec l'Allemagne. À partir de 1920, sous l'impulsion notamment des députés anciens combattants, les projets de loi sur le 11 novembre mettent en exergue les sacrifices consentis par tous les artisans de la victoire. Au cours des débats, deux visions de la mort sacrificielle au combat se dégagent alors.
      The pivotal years of 1915-1916 laid the foundations for the French remembrance politics of the Great War. The first legislative initiatives asserted the need to individualize death in the battlefield by engraving public monuments with the names of fallen soldiers, as well as the will to honour mass bereavement. Unlike the Senate, the French Parliament sought, at the end of war, to associate the commemoration of the dead with the celebration of victory. The parliamentary debate was thus reoriented towards the commemoration of November 11th Armistice signed with Germany. After 1920, and under the growing influence of deputies who had fought during the war, bills pertaining to November 11th Armistice Day emphasized the value of the collective sacrifices and contributions of all the French soldiers to victory. From these debates, two different visions of sacrificial death on the field of battle emerged.
    • « Mort aux affameurs ! » La loi Farge de 1946 ou la peine capitale contre le marché noir - Nicolas Picard p. 113-132 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      S'appuyant sur les débats parlementaires et sur les procès-verbaux de la Commission du ravitaillement, cet article retrace la destinée du projet de loi proposé en 1946 par le ministre Yves Farge afin d'appliquer la peine de mort à certains trafiquants au marché noir, accusés d'attenter à la « santé de la nation ». Cette loi est votée dans un certain consensus, les discussions portant principalement sur l'étendue à donner à la répression.
      This paper describes the progression of the bill proposed in 1946 by Minister Yves Farge in order to enforce the death penalty for black market traffickers. The latter were then accused to starve the citizens and to attack the “health of the Nation”. Parliamentary debates and the minutes of the Committee on Food Supplies allow to understand why this bill was passed by consensus, the discussions focusing mostly on the extent of the repression and not on the principle of the death penalty.
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  • Lectures