Contenu du sommaire : Europe/États-Unis : 50 nuances de dépendance
Revue | Politique étrangère |
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Numéro | no 3, automne 2021 |
Titre du numéro | Europe/États-Unis : 50 nuances de dépendance |
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- Éditorial - p. 6-8
Dossier. Europe/États-Unis : 50 nuances de dépendance
- "Americans First" : la géopolitique de l'administration Biden - Pierre Mélandri p. 11-24 La géopolitique de l'administration Biden commence à être perçue. Elle entend s'appuyer sur une nation réconciliée, et acceptant de voir dans les objectifs de politique étrangère la défense de ses propres intérêts. Elle cible la Chine comme défi prioritaire, suivant en cela l'administration précédente. Et mise sur les alliés pour reprendre un leadership des nations démocratiques. L'enjeu interne reste ouvert et la nécessaire réconciliation politique pourrait s'avérer difficile à atteindre.The Biden administration's geopolitics is beginning to be noticed. It aims to build on a reconciled nation willing to see its foreign policy objectives as a defense of its own interests. It is making China a high priority in keeping with the previous administration's example, and banking on its allies to re-establish leadership of the democratic nations. The domestic issue remains unresolved, and the necessary political reconciliation could prove difficult to accomplish.
- L'Union européenne, entre États-Unis et Chine - Hans Dietmar Schweisgut p. 25-37 États-Unis et Union européenne (UE) convergent désormais pour considérer la Chine, longtemps vue avec une certaine bienveillance, comme un rival systémique dans l'ordre international. En dépit de cette convergence, leurs intérêts vis-à-vis de Pékin diffèrent, l'Union européenne entendant garder une certaine dimension partenariale dans ses relations avec la Chine. Mais l'UE ne pèsera dans l'Indo-Pacifique que si elle y développe des stratégies de long terme, appuyées sur des moyens concrets.The United States and the European Union (EU) are now both in agreement regarding China, long viewed benevolently, as a systemic rival in the international order. Despite this consensus, their interests differ with regard to Beijing, with the European Union intending to maintain a degree of a partnership approach in its relations with China. However, the EU will only have an impact in Indo-Pacific if it develops long-term strategies there, backed up by tangible means.
- Sanctions secondaires américaines : du vieux vin dans des outres neuves ? - Sophie Marineau p. 39-50 La pratique des sanctions secondaires par les États-Unis n'est pas récente, mais Donald Trump l'a portée à un niveau inégalé. Le président républicain a fait preuve d'une grande défiance à l'égard des alliés traditionnels de Washington, qui s'est particulièrement fait ressentir sur les dossiers russe et iranien. Les Européens ont mis en place un nouveau mécanisme – baptisé INSTEX – pour tenter de contourner les sanctions américaines, mais il a rapidement montré ses limites.The use of secondary sanctions by the United States is not new, but Donald Trump has taken it to an unprecedented level. The Republican President has shown a great deal of defiance towards Washington's traditional allies, that has been particularly evident with regard to the Russian and Iranian issues. The Europeans have introduced a new mechanism – called INSTEX – to try to bypass US sanctions, but this has quickly shown its limits.
- L'Europe reste-t-elle une « colonie numérique » des États-Unis ? - Julien Nocetti p. 51-63 Les révélations d'Edward Snowden, l'affaire Cambridge Analytica et la transformation numérique accélérée par la crise du Covid-19 ont agi comme des révélateurs de la dépendance technologique de l'Europe à l'égard de puissances étrangères. La Commission européenne se veut le fer de lance de la « décolonisation numérique », mais les capacités d'investissement sur le Vieux Continent sont bien moindres qu'aux États-Unis et en Chine. L'Europe a néanmoins quelques atouts à faire valoir.Edward Snowden's revelations, the Cambridge Analytica affair and the digital transformation accelerated by the Covid-19 crisis have all shown Europe's technological dependence on foreign powers. The European Commission wants to be the leader in “digital decolonization”, but investment capacity in the Old Continent is much lower than in the United States and China. Nevertheless, Europe has some advantages it can exploit.
- "Americans First" : la géopolitique de l'administration Biden - Pierre Mélandri p. 11-24
Contrechamps. L'économie contre le climat ?
- Climat et commerce international : le choc des puissances - Carole Mathieu p. 67-78 La bataille pour le climat a une dimension économique majeure. Avec la neutralité climatique comme nouvel horizon, les grandes puissances misent sur la politique industrielle verte et tentent de contenir les émissions associées à leurs importations. Cette approche renforce le soutien domestique aux engagements climatiques, mais elle porte le risque d'attiser les confrontations et donc de ralentir la transition globale, sauf à s'entendre sur de nouvelles règles du jeu commercial international.The fight against climate change has a major economic dimension. With climate neutrality as their new objective, the major powers are counting on green industrial policy, and trying to contain the emissions related to their imports. This approach increases domestic support for climate commitments, but it risks stirring up conflicts and therefore slowing down the global transition, unless new rules in international trade are agreed upon.
- La finance durable, nouvel enjeu de la compétition économique mondiale - Guillaume Cravero, Patricia Crifo p. 79-92 Les sommes investies dans la finance durable – ou Investissement socialement responsable (ISR) – ne cessent de croître. Elles devraient permettre de financer la transition énergétique nécessaire à l'atténuation des effets du changement climatique. Toutefois, son développement suit des modèles différents selon les régions du monde et la bataille des normes extra-financières fait rage. Un véritable schisme dans la finance internationale ne peut être exclu à défaut de leadership et de coopération.The amount of money invested in sustainable finance – or Socially Responsible Investment (SRI) – is constantly increasing. It should help to finance the energy transition necessary to mitigate the effects of climate change. However, its development proceeds along different models in various parts of the world, and the battle over extra-financial norms is raging on. A real schism in international finance cannot be excluded in the absence of leadership and cooperation.
- Climat et commerce international : le choc des puissances - Carole Mathieu p. 67-78
Actualités
- Politique étrangère allemande : entre multilatéralisme et "Germany First" - Hans Stark p. 95-107 Sous des discours engagés au service d'un ordre multilatéral, l'Allemagne assume une politique qui semble pour l'essentiel structurée par ses intérêts nationaux. Qu'il s'agisse de l'approvisionnement énergétique auprès de la Russie, des exportations vers la Chine, des excédents commerciaux avec les États-Unis ou les Européens, ou de la faiblesse de ses budgets militaires, Berlin semble assez loin de l'image qu'elle veut donner d'elle-même d'une puissance guidée par les règles.Underneath the rhetoric of commitment to a multilateral order, Germany's policy seems to be mainly structured around its national interests. Whether it is a question of energy supply from Russia, exports to China, trade surpluses with the United States or the Europeans, or the inadequacy of its military budgets, Berlin seems fairly far from the image that it wants to project of a power guided by rules.
- Allemagne/Union européenne : l'héritage ambigu d'Angela Merkel - Paul Maurice p. 109-119 Angela Merkel achève son quatrième mandat à la tête de l'Allemagne. Si elle a fait de nombreuses déclarations prouvant son attachement au projet européen, son bilan en la matière paraît néanmoins contrasté. Au moment de la crise du Covid-19, elle a contribué à maintenir la cohésion de l'Union européenne (UE) et a accepté le principe d'une dette commune. Mais il lui a manqué une grande vision et des leviers d'action qui auraient permis de faire de l'UE un acteur plus fort sur la scène internationale.Angela Merkel is ending her fourth term as German Chancellor. Although she has made a number of statements demonstrating her commitment to the European project, her record in this area nevertheless appears to be mixed. During the Covid-19 crisis, she helped maintain the European Union's (EU) cohesion and accepted the principle of a common debt, but it lacked a broad vision and the leverage that would have made the EU a stronger actor on the world stage.
- Quel rôle pour la Bundeswehr ? - Stephan Martens p. 121-133 Le poids de la Seconde Guerre mondiale continue de peser sur l'Allemagne. L'utilisation de la puissance militaire y est considérée avec circonspection, tant par les élites politiques que par une partie importante de la population. La dégradation du contexte stratégique incite toutefois les dirigeants à repenser le rôle de la Bundeswehr. Le budget de la Défense augmente et les effectifs des armées sont amenés à croître significativement dans les prochaines années.The effect of the Second World War continues to have an impact on Germany. The use of military force is viewed with caution, both by the political elite and by a large part of the public. However, the worsening strategic context is prompting leaders to rethink the Bundeswehr's role. The defense budget is increasing, and the number of armed forces personnel is expected to grow considerably in the coming years.
- Politique étrangère allemande : entre multilatéralisme et "Germany First" - Hans Stark p. 95-107
Repères
- Vers la fin de vingt ans de guerre contre le terrorisme ? - Élie Tenenbaum p. 137-147 Vingt ans après le 11 Septembre, le bilan de la « guerre contre le terrorisme » est contrasté : lourd coût financier et humain, affaiblissement des « centrales » mais diffusion des implantations, fatigue des guerres sans fin… Les puissances occidentales n'ont jamais pu traiter les problèmes politiques qui survivaient à leurs succès militaires. Une nouvelle hiérarchie des défis sécuritaires semble devoir remettre le terrorisme à sa juste place : un problème stratégique parmi de nombreux autres.Twenty years after 9/11, the assessment of the “War on Terror” is mixed: heavy financial and human costs, weakening of Al-Qaeda central and the Islamic State in the Levant, but creation of affiliates in different locations, fatigue of endless wars, etc. The Western powers have never been able to deal with the political problems that persisted after their military successes. A new hierarchy of security challenges seems to have put terrorism in its rightful place: a strategic problem among many others.
- Les premiers pas du président Biden au Moyen-Orient - Rachid Chaker p. 149-159 Joe Biden a démarré son mandat de président des États-Unis avec la ferme intention de rompre avec les pratiques de son prédécesseur Donald Trump. Au Moyen-Orient, cette posture est particulièrement visible sur le dossier du nucléaire iranien, dans le conflit israélo-palestinien et sur les relations avec les États arabes du Golfe. La nouvelle administration démocrate semble accorder davantage d'importance à la stabilité régionale et au respect des droits de l'homme.Joe Biden began his term as President of the United States with the firm intention of breaking with his predecessor, Donald Trump's, practices. In the Middle East, this stance is particularly evident with regard to the Iranian nuclear issue, the Israeli-Palestinian conflict and relations with the Arab states of the Persian Gulf. The new Democrat administration seems to be placing greater emphasis on regional stability and respect for human rights.
- Le mouvement barelvi : du soufisme au terrorisme - Olivia Hyvrier p. 161-172 Le barelvisme a été créé au début du XXe siècle par Ahmad Riza Khan. Il s'agissait à l'origine d'un mouvement religieux soufi qui s'est peu à peu politisé. Ses membres militent pour l'islamisation de la société, tout en s'opposant à d'autres groupes inspirés du wahhabisme. Après les attentats du 11 Septembre, le soufisme a été présenté comme une alternative à l'islam radical. Néanmoins, une fraction des barelvis a elle-même basculé dans le terrorisme et cette violence a fini par toucher l'Europe.Barelvism was founded in the early 20th century by Ahmad Riza Khan. Originally, it was a Sufi religious movement that has gradually become politicized. Its members advocated for the Islamization of society, while opposing other Wahhabi-inspired groups. After the 9/11 attacks, Sufism was presented as an alternative to radical Islam. Nevertheless, a minority of Barelvis turned to terrorism and this violence eventually affected Europe.
- Vers la fin de vingt ans de guerre contre le terrorisme ? - Élie Tenenbaum p. 137-147
Libres propos
- La Géorgie et son occupation - Gilles Carasso p. 175-184 Les élites géorgiennes voient la Russie comme un ennemi qui, depuis la guerre de 2008, occupe une partie de leur pays. Pour faire face à cette menace, elles cherchent à renforcer sans cesse l'ancrage euro-atlantique de la Géorgie. La rationalité de cette posture victimaire mérite néanmoins d'être questionnée. Le pays gagnerait sans doute à développer une relation plus apaisée avec Moscou, tout en conservant des liens forts avec l'Occident.The Georgian elites see Russia as an enemy that has occupied part of their country since the 2008 war. They are constantly trying to strengthen Georgia's European-Atlantic connections to deal with this threat. Nevertheless, the rationale of this victimization stance deserves to be questioned. The country would undoubtedly benefit from developing a more peaceful relationship with Moscow, while maintaining strong ties with the West.
- La Géorgie et son occupation - Gilles Carasso p. 175-184
Lectures
- Lectures - Isabelle Saint-Mézard... p. 188-211