Contenu du sommaire : La science-fiction, genre hybride et critique

Revue Germanica Mir@bel
Numéro no 72, 2023/1
Titre du numéro La science-fiction, genre hybride et critique
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  • Dossie. La science-fiction, genre hybride et critique

  • Dossier. La science-fiction, genre hybride et critique

    • Dietmar Daths Reflexionen über Literatur, besonders Science-Fiction - Hans Esselborn p. 15-30 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      ‪Dietmar Dath est un auteur intellectuel, tourné vers la connaissance, qui a beaucoup réfléchi à sa propre écriture. Il s'agit ici de retracer et d'éclairer sa conception de la littérature et plus précisément du genre qui est le sien, la science-fiction, en nous appuyant sur des citations parlantes, tirées principalement de ses propres écrits, Niegeschichte et Stehsatz ainsi que de son roman programmatique Feldeváye , Roman der letzten Künste. Je m'intéresserai tout d'abord aux caractéristiques que Dath attribue à la littérature en général et qu'il considère comme importantes pour sa propre écriture, puis aux caractéristiques propres au genre fantastique et plus spécialement à la science-fiction ; j'aborderai ensuite brièvement ses « leçons d'écriture », et pour finir, je me demanderai comment il convient de situer l'auteur. Il en ressort que Dath est un auteur réflexif qui pose des questions philosophiques et s'appuie sur la science, contrairement à ceux qui s'intéressent avant tout au divertissement, au suspense, aux aventures et à l'action. C'est pourquoi il s'inscrit dans la tendance du roman futuriste initiée par Kurd Laßwitz, et poursuivie par Alfred Döblin, Ernst Jünger, Arno Schmidt et Herbert W. Franke.‪
      ‪Dietmar Dath is an intellectual author oriented to cognition who has often thought about his own writing. This essay seeks to reconstruct and elucidate his view of literature and of his particular genre science fiction with meaningful quotations, particularly from his Niegeschichte (never story), Stehsatz ( printing set) and his programmatic Feldeváye, novel of the last artS. I will first discuss characteristics that Dath ascribes to literature in general and that are important to the author's own writing, then those that pertain to the fantastic and science fiction in particular; then briefly address his “Schreiblehre” (writing theory) and at the end draw conclusions for the classification of the author. It turns out that Dath is a reflective, philosophical, and science-oriented science fiction writer as opposed to those who are primarily interested in entertainment, suspense, adventure, and action. He therefore belongs in the line of German science fiction, which began with Kurd Laßwitz and was continued with, for example, Alfred Döblin, Ernst Jünger, Arno Schmidt and Herbert W. Franke.‪
    • L'expérience de pensée dans la science-fiction d'Andreas Eschbach - Françoise Willmann p. 31-46 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      On peut distinguer deux grandes tendances dans les romans d'A. Eschbach. Les uns, tel Freiheitsgeld, traitent avant tout d'un problème d'actualité, les autres, tel Eines Menschen Flügel relèvent davantage de la tendance classique de la science-fiction, créatrice de nouveaux mondes. Mais à un degré ou à un autre, tous correspondent à une démarche que l'on est tenté de qualifier d'expérience de pensée. Leur schéma plus ou moins apparent correspond à la question : que se passerait-il, si ? Par ex. si des humains s'installaient sur une autre planète pour recommencer l'histoire à zéro, en évitant notamment certains pièges des sciences et des techniques. On peut lire ces romans comme des explorations d'une ou plusieurs thématiques, visant une certaine rigueur, mais réintégrant aussi les perturbations, c'est-à-dire les hasards et les affects indissociables de la vie humaine. Ces constructions n'aboutissent pas à des réponses positives consensuelles, mais à des situations qui posent question, et favorisent un regard critique sur des techniques de plus en plus invasives. Notre thèse sera que sous les dehors d'une littérature facile, la science-fiction d'Eschbach ouvre un espace de réflexion et d'émotions indispensable à une maîtrise collective des technosciences.
      ‪Two main trends can be distinguished in the novels of A. Eschbach. Some, such as Freiheitsgeld, deal primarily with a current problem, while others, such as Eines Menschen Flügel, are more in line with the classic science fiction trend of creating new worlds. But to one degree or another, all of them correspond to an approach that one is tempted to describe as a thought experiment. Their more or less apparent pattern corresponds to the question: what would happen, if? For example, if humans settled on another planet to start history from scratch, avoiding in particular certain traps of science and technology. One can read these novels as explorations of one or several themes, aiming at a certain rigor, but also reintegrating the disturbances, i.e. the chances and the affects inseparable from human life. These constructions do not lead to consensual positive answers, but to situations that raise questions, and encourage a critical look at increasingly invasive techniques. Our thesis will be that under the exterior of an easy literature, Eschbach's science fiction opens a space of reflection and emotions essential to a collective mastery of technosciences.‪
    • Die SF-Ästhetik des 20. Jahrhunderts und die Frage nach der Harmonie am Beispiel von Paul Scheerbarts Lesabéndio (1913) und Wolfgang Hildesheimers Biosphärenklänge (1977) - Emanuela Ferragamo p. 47-63 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      ‪Dans son ouvrage Pour une poétique de la science-fiction, Darko Suvin fait remarquer que dans le terme « science-fiction », le mot science est plus proche du mot allemand Wissenschaft. De même que ce dernier englobe les sciences de la nature, de la culture et de la littérature, la science-fiction englobe tous les savoirs modernes. Quant à la question de savoir en quelle langue il convient d'exprimer un tel savoir, Paul Scheerbart (1863-1915) et Wolfgang Hildesheimer (1916-1991) apportent la même réponse : à l'aide de la musique. Le roman de Scheerbart Lesabéndio (1913) et la pièce radiophonique de Hildesheimer Biosphärenklänge (1977) sont des variations de la musique des sphères pythagoricienne et plus précisément de l‘affirmation selon laquelle les mouvements des corps célestes produiraient des sons harmonieux. Dans son « roman astral », Scheerbart imagine une musique nocturne résonnant au cœur d'une planète lointaine, Pallas ; en revanche, le son des biosphères de Hildesheimer annonçant la fin de toute vie sur terre est dissonant. Malgré leurs conceptions divergentes de la technique, les deux écrivains tentent de réfléchir à l'unité cosmique entre l'homme et la nature, à travers la langue de la musique – et de varier cette langue harmonique.‪
      ‪In Metamorphosis of Science-Fiction Darko Suvin claims that in „science fiction“, the word „science“ is close to the German „Wissenschaft“, which includes not only natural but also historical science. Similarly, Science Fiction expresses the whole knowledge of its times: The German writers Paul Scheerbart (1863-1915) and Wolfgang Hildesheimer (1916-1991) express that knowledge through the music. Scheerbart's novel Lesabéndio (1913) and Hildesheimers Audioplay Biosphärenklänge (1977) thematise the pythagoreean Musica Universalis, the theory stating that the planets emit a unique hum based on their orbital revolution. In his „Asteroid Novel“, Scheerbart imagines a harmonious music playing at night in the planet's recesses; for Hildesheimer the end of the word causes a dissonant tune, a biosphere-sound. Despite their different vision of technique, the authors reflect upon the cosmic joint between men and nature through music – and propose a variation upon the concept of harmony.‪
    • Das Residuale und die gegenwärtige deutschsprachige Science-Fiction - Anupam Siddharth p. 65-82 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      ‪La présente contribution étudie l'intérêt accru que porte au résiduel la science-fiction de langue allemande contemporaine. Pour ce faire, nous distinguerons deux catégories du résiduel, tout d'abord ce qui est absent, puis ce qui reste. Dans les œuvres étudiées, ces deux catégories servent d'une part à esquisser des mondes, d'autre part, elles suscitent une dialectique entre continuité et rupture. En nous rapportant aux théories de la science-fiction de Suvin et de Jameson, nous analyserons le fondement dialectique sur lequel s'appuient ces deux auteurs, tout en gardant à l'esprit l'assertion de Fukuyama de la « fin de l'histoire » et son impact sur la science-fiction et sa mission (à savoir la représentation d'une totalité). Enfin, cette contribution montrera, à partir de trois exemples ( Einladung an die Waghalsigen [Invitation aux audacieux] de Elmiger, Unternehmer [Entrepreneurs] de Nawrat et Serverland [Au pays des serveurs] de Riek) comment, en l'état actuel d'une histoire devenue effective, le résiduel peut susciter un nouvel axe historique et ce faisant rendre possible une totalité, elle-même fondée sur le résiduel.‪
      ‪This article examines the increased engagement with the residual in contemporary German-language science fiction. For this purpose, the residual is divided into two categories, first as the absent and second as the remnant. These two categories are on one hand deployed for world construction in the diegetic world; simultaneously they offer a dialectic between continuity and rupture. Keeping this in mind, a comparison is made with Suvin and Jameson's model of the genre, whereby the dialectical basis in the two theorist's conceptualisation is lensed in light of Fukuyama's claim of the “end of history” and its effect on the science fiction genre and its task of imagining a totality. Finally, with the help of three novels (Elmiger's Einladung an die Waghalsigen, Nawrat's Unternehmer und Rieks' Serverland) the article attempts to demonstrate how the residual can re-establish a historical axis in our present condition of realised history, and thus enable a totality based on the residual.‪
    • Reale, virtuelle und simulierte Räume im Science-Fiction Kriminalroman Drohnenland (2014) von Tom Hillenbrand - Simela Delianidou p. 83-103 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      ‪Le roman policier de Tom Hillenbrand Drohnenland [Le pays des drones] (2014) est un roman de science-fiction utopique-dystopique, un thriller politique néo-impérial à l'échelle de l'Union Européenne ; il correspond donc à un genre hybride : la « surveillance liquide », « le capitalisme de la surveillance » virtuel et total, la « dictature numérique » avec ses structures néoféodales et sa mise en œuvre d'une « psychopolitique » sont les thèmes sur lesquels le roman jette un regard critique. Son potentiel esthétique, politique et critique, repose en outre sur le fait que Drohnenland, comme cyberpunk, construit des espaces et des simulations virtuels générés par ordinateur qui, en tant qu'espaces possibles fictionnels, vont bien au-delà des espaces réels des récepteurs et réceptrices : les simulations gagnent l'espace « réel » de la fiction, vont jusqu'à rendre possibles des voyages dans l'espace et le temps, où s'esquisse une « hyperréalité » au sens de Jean Baudrillard, rendant obsolète la distinction entre original et copie, réalité et simulation. De plus, il se pratique dans Drohnenland un jeu ouvert, avec des simulations d'espaces et d'expériences de l'espace hybrides, car non seulement l'issue du roman est ouverte, mais les différentes expériences spatiales et subjectives des protagonistes le sont aussi : dans l'hyperréalité, en tant que « corps numériques », ils ne sont plus tributaires de la vérité d'un « corps de chair », ce qui nous renvoie de manière évidente aux sciences du jeu.‪
      ‪Tom Hillenbrand's crime novel Drohnenland (2014) [ Drone State] is a utopian-dystopian, neo-imperial, science fiction EU political thriller, thus representing a hybrid genre: "liquid surveillance", total virtual "surveillance capitalism", "smart dictatorship" with its neo-feudal structures and its use of "psychopolitics" are critically thematized. Its aesthetic and political-critical potential also lies in the fact that, as a cyberpunk novel, Drohnenland constructs computer-generated virtual spaces and simulations that, as fictional spaces of possibility, surpass the real spaces of the recipients' reality: simulations encroach on the "real" space of fiction and even enable space and time travel, in which a "hyperreality" in the sense of Jean Baudrillard is designed, where the distinction between original and copy, reality and simulation becomes obsolete. Moreover, in Drohnenland, an open-ended game of simulated hybrid spaces and spatial experiences is pursued, because not only the plot, but also the different spatial and subject experiences of the protagonists are open-ended: In the hyperreality, as "digital bodies", they are no longer dependent on the tangibility of a "flesh body"; a clear hint in the direction of Game Studies.‪
    • Le futur : une vieille histoire ? Quelques approches vidéoludiques allemandes récentes de la science-fiction, entre thèmes établis, renouveau et spécificités du média - Simon Hagemann p. 105-119 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      L'article étudie cinq jeux vidéo allemands de science-fiction sortis au cours des cinq dernières années, en vue d'identifier les tendances en matière de contenu et d'approches spécifiques du média vidéoludique. L'analyse se concentre sur quelques-uns des principaux thèmes établis de la science-fiction. La transformation du monde par les nouvelles technologies, la conquête de l'espace et la question de la place de l'homme dans le cosmos sont toujours des thèmes centraux, mais on note des évolutions de ces thèmes quand on entre dans les détails. L'article montre comment, d'une part, les approches traditionnelles de la science-fiction sont poursuivies et comment, d'autre part, de nouvelles perspectives sont développées et de nouveaux thèmes abordés, en particulier le changement climatique et les évolutions sociales induites par une intrusion toujours plus forte de l'intelligence artificielle. De plus, l'article aborde certaines particularités de la forme médiatique du jeu vidéo en rapport avec la thématique de la science-fiction.
      ‪The article examines five German science fiction video games released in the last five years and studies them to identify some important trends and media-specific approaches. The analysis focuses on some of the main classic themes of science fiction. It is noticeable that the transformation of the world by new technologies, the conquest of space and the question of man's place in the cosmos are still central themes, but that there are some changes in the details. The article shows how, on the one hand, traditional approaches to science fiction are continued and how, on the other hand, new perspectives are developed, and new themes are addressed, in particular climate change and the social evolutions brought about by the ever-increasing intrusion of AI. Although the thematic debate is in the foreground, the article also discusses some peculiarities of the video game media form in relation to the science fiction theme.‪
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