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Revue Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Mir@bel
Numéro no 179, 2022
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Protéger l'emploi et lutter contre la dégradation du revenu des ménages : Un bilan des principales politiques sociales engagées en europe face à la crise sanitaire - Solal Chardon-Boucaud p. 5-48 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article étudie les politiques de sauvegarde de l'emploi et de préservation du revenu des ménages déployées dans plusieurs pays européens (France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Espagne, Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, Suède, Portugal, Irlande) pour faire face à la crise sanitaire.Nous dressons un bilan des mesures d'urgence (chômage partiel, aides exceptionnelles…) mises en place par les États en les rapportant aux évolutions d'indicateurs de performances sociales (taux de chômage, pouvoir d'achat des ménages…). Nous montrons que les politiques déployées ont jusqu'à présent globalement permis d'éviter une forte augmentation du chômage et une dégradation trop marquée du revenu des ménages. Dans l'ensemble, les politiques de protection sociale qui semblent générer les meilleurs résultats sont celles qui ont associé un dispositif d'activité partielle de grande ampleur avec des aides exceptionnelles ciblées sur les foyers les plus précaires.Nous mettons aussi en perspective, via une élaboration de faits stylisés, les réformes ou projets de réformes qui visent à pallier les faiblesses des systèmes de protection sociale européens mises en exergue par la pandémie. Nous montrons que des efforts conséquents sont engagés pour améliorer la couverture de certaines populations à risque (indépendants, jeunes…), accroître la prise en charge des risques emploi et exclusion sociale et améliorer les services fournis aux citoyens dans les secteurs de la santé et des soins de longue durée.
    This article studies the policies for safeguarding employment and preserving household income that have been deployed in several European countries (France, Germany, the United Kingdom, Italy, Spain, the Netherlands, Belgium, Luxembourg, Sweden, Portugal, Ireland) to deal with the Covid-19 crisis.We evaluate the emergency measures (short-time work schemes, exceptional aids, etc.) by comparing them with the changes observed in social performance indicators (unemployment rate, household purchasing power, etc.). We show that the policies deployed so far have prevented a surge in unemployment and an excessive decline in household income. Overall, the social protection policies that seem to generate the best results are those that have combined a large-scale short-time work scheme with exceptional aid targeted at the most precarious households.We also put in perspective, through an elaboration of stylized facts, the reforms or reform projects that aim to remedy the weaknesses of European social protection systems that have been highlighted by the pandemic. We show that significant efforts are being made to improve coverage of at-risk populations (self-employed, young people, etc.), to broaden coverage of employment and social exclusion risks and to improve services provided to citizens in the health and long-term care sectors.
  • Les dépenses publiques et leurs déterminants : Revue de la littérature et mise en perspective dans le contexte institutionnel européen - Arnaud Lechevalier, Léo Vigny p. 49-101 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Si les dépenses publiques ont donné lieu à des débats nourris sur leurs finalités, leur efficacité, leur impact sur le solde budgétaire des administrations publiques, particulièrement dans le contexte européen, ou encore leurs effets sur la dynamique macroéconomique, l'examen de leurs déterminants a été peu présent dans le débat économique national. Pour y remédier, nous proposons une revue critique de la littérature de ces déterminants à l'échelle internationale. Depuis la fin du XIXe siècle, la croissance économique, la configuration des systèmes politiques, le mouvement de démocratisation des sociétés et les demandes sociales conflictuelles qui en résultent, plus récemment, les conséquences de l'internationalisation croissante des économies, ont été autant de déterminants majeurs mis en avant pour expliquer les évolutions des dépenses publiques. Cependant, les résultats économétriques qui ressortent des comparaisons internationales sont souvent contradictoires et ne permettent pas de trancher sur l'importance respective des variables explicatives. Pour sortir de cette impasse, nous proposons une démarche alternative appliquée aux économies européennes. Dans le cadre d'une approche socio-économique attentive au rôle de l'histoire et des institutions, nous mettons en avant, dans un premier temps, l'importance des complémentarités institutionnelles constitutives des modèles de croissance nationaux en Europe et le rôle qu'y jouent les dépenses publiques. Puis, dans un second temps, nous réinscrivons ces dynamiques dans le cadre des processus spécifiques d'intégration à l'œuvre au sein de l'Union économique et monétaire susceptibles de rendre compte des déterminants, au cours des deux dernières décennies, des trajectoires des dépenses publiques des États qui en sont membres.
    While public spending has aroused great debate about its purpose, effectiveness, and impact on the general government budget balance, particularly in the European context, and its effects on macroeconomic dynamics, there has been little examination of its determinants in the national economic debate. To remedy this, we propose a critical review of the literature on these determinants at the international level. Since the end of the 19th century, economic growth, the configuration of political systems, the democratisation of societies and the consequent conflicting social demands, and more recently, the ramifications of increasing economic internationalisation, have all been major determinants put forward to explain trends in public spending. However, the econometric results that emerge from international comparisons are often contradictory and do not allow us to determine the respective importance of the explanatory variables. To overcome this impasse, we propose an alternative approach that we have applied to European economies. Using a socio-economic approach that takes account of the role of history and institutions, we begin by highlighting the importance of the institutional complementarities that make up national growth models in Europe, and the role played by public spending. Second, we situate these dynamics in the context of the specific processes of integration at work within the Economic and Monetary Union, which are likely to explain the determinants of the trajectories of public spending in the member states.
  • La dette publique peut-elle rester indolore? - Vivien Levy-Garboua, Gérard Maarek p. 103-141 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les grands pays industrialisés semblent s'accommoder d'un niveau de dette publique sans cesse croissant. Une fois revenue au plein-emploi, une économie peut-elle sans dommage supporter un endettement public de plus en plus élevé ? Les modalités de financement de la dépense publique, impôt vs endettement, obligations d'État vs émission monétaire, sont-elles sans incidence sur la dynamique de long terme de l'économie ? Les modèles décrivant l'évolution de la dette donnent les conditions de sa soutenabilité, en fonction du taux d'intérêt et du taux de croissance de l'économie. La spécificité de notre modèle réside dans la prise en compte du comportement des prêteurs, qui n'acceptent de détenir une quantité croissante de titres publics, qu'à condition de percevoir une rémunération plus élevée au regard du rendement du capital productif. L'équilibre macroéconomique s'en trouve affecté. À persister dans une séquence de déficits publics croissants, on risque des déboires, (i) l'éviction de la dépense publique par les charges d'intérêt (ii) le retour à la rigueur budgétaire (iii) ou le réveil de l'inflation.
    We build a balanced growth model, using “non-Ricardian” behavior in the private sector, and a set of both risky (capital) and safe assets (money and government debt), and examine the consequences of a sharp increase of the budget deficit, when r < g. In a non-monetary model (with no inflation), the real interest rate must rise, and a crowding out occurs: the primary budget must fall to leave room to the interest rate charge of mounting debt and higher rates. As the debt ratio increases, the primary deficit describes a “Laffer curve”, going through a maximum and then decreasing. There is no way of avoiding an austerity phase. In a monetary version of the model, the scenarios are contrasted. If the money supply is endogenous or the interest rate constant, the economy converges to a new equilibrium where inflation must fall to enable the rise in the real interest rate. If the Central bank follows a monetary target (a given increase of the stock of money), it controls the inflation rate and leaves the interest rate to adjust. A financial repression policy enables a depreciation of the public debt and a surge of inflation, with a reduction of the real interest rate.
  • The “Baqaee-Farhi approach” and a russian gas embargo - François Geerolf p. 143-165 accès libre avec résumé en anglais
    In a controversial policy paper, Bachmann et al. (2022) argued back in March 2022 that the economic effects for Germany of a complete immediate stop of energy imports from Russia would be small, with a loss of between 0.5% and 3% of GDP. A few weeks later, Baqaee et al. (2022) even presented a 0.3% GDP loss in the case of an embargo as the headline number, in a follow-up report for the French Council of Economic Analysis (CAE). This note argues that these estimates are both problematic from a scientific point of view and also strongly biased towards finding small effects of a gas embargo: this is true of the (so-called) “Baqaee-Farhi approach”, arriving at 0.2-0.3% of GDP, the “production function approach” arriving at 1.5% to 2.3% of GDP, as well as the “sufficient statistics approach” (also based on Baqaee-Farhi), arriving at 1% of GDP. This note argues that Olaf Scholz was correct in saying that the mathematical models that were used “don't really work” here, and tries to explain why. In any case, these models do not permit such categorical statements.