Contenu du sommaire : Le Moyen Age 2023/1

Revue Le Moyen Age Mir@bel
Numéro tome 129, no 1, 2023
Titre du numéro Le Moyen Age 2023/1
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  • Articles

    • Griffon et cheval cornu dans Lyon et Florent (Lyon, Martin Havard, 1500) - Matthieu Marchal p. 11-32 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le Romanz d'Othevien, rédigé en octosyllabes probablement dans les années 1229–1244, a connu une réécriture en prose transmise uniquement par des imprimés anciens et intitulée Lyon et Florent. À travers une comparaison analytique entre le roman médiéval et l'édition princeps (Lyon, Martin Havard, 1500) de la mise en prose – à ce jour inédite –, le présent article envisage le traitement de la merveille dans des épisodes où interviennent un griffon et un cheval cornu (avatar médiéval de Bucéphale). L'étude de la représentation de ces animaux extraordinaires et de leur fonction symbolique au sein des deux textes tient compte de la tradition médiévale des bestiaires et convoque un corpus d'œuvres narratives, plus spécifiquement épiques, dans lesquelles des griffons et des chevaux fabuleux prennent part à l'action.
      The Romanz d'Othevien, written in octosyllables probably in the years 1229–1244, had a prose rewrite, entitled Lyon et Florent, which was handed down only in early printings. Through an analytical comparison between the medieval novel and the princeps edition (Lyon, Martin Havard, 1500) of this—still unpublished—prose setting, the present article considers the treatment of merveille in episodes involving a griffin and a horned horse (a medieval avatar of Bucephalus). The study of the representation of these extraordinary animals and their symbolic function within the two texts takes into account the medieval tradition of bestiaries and draws on a corpus of narrative works, more specifically epic works, in which griffins and mythical horses take part in the action.
    • Sorcellerie, Louis XI en transe à La Bassée, combats et baptême princier : quel membre de la cour de Bourgogne a rédigé le journal abrité dans la Cronicque inédite de Louis Brésin ? - Bertrand Haquette p. 33-52 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La Cronicque de Flandre et d'Artois, rédigée au xvie siècle par Louis Brésin, érudit flamand, passe pour être incomplète. Elle est en réalité entière et conservée dans deux bibliothèques grâce à deux manuscrits complémentaires. Les faits rapportés s'étalent de la période carolingienne à la bataille de Lépante. Le récit est de valeur inégale : c'est le fruit des matériaux de première main dont l'auteur a pu bénéficier ou non au cours de sa quête dans les bibliothèques des monastères de sa région. Les principats de Charles le Téméraire et de sa fille Marie de Bourgogne sont particulièrement bien documentés. La richesse du récit est telle que de nombreux faits inédits apparaissent. Louis Brésin a en réalité mis la main sur un journal inconnu, tenu par un clerc, membre de la chapelle des ducs de Bourgogne. Cet auteur mystérieux est identifiable. L'utilisation de ce journal avec le recul du mémorialiste qu'est Brésin fournit une source de grande qualité.
      The Cronicque de Flandre et d'Artois, written in the 16th century by Louis Brésin, a Flemish scholar, is considered incomplete. It is in fact complete and preserved in two libraries thanks to two complementary manuscripts. The reported facts extend from the Carolingian period to the battle of Lepanto. The narrative is of uneven value, varying according to the first-hand materials the author was able to access during his quest in the libraries of the monasteries in his region. The reigns of Charles the Bold and his daughter Marie de Bourgogne are particularly well documented. The richness of the story is such that many unpublished facts appear. Louis Brésin actually got his hands on an unknown diary, kept by a cleric, member of the chapel of the Dukes of Burgundy. This mysterious author is identifiable. The use of this diary with the hindsight of the memorialist Brésin provides a high quality source.
    • Descovrir la fin : les fausses apocalypses dans La Mort du roi Arthur - Louis-Patrick Bergot p. 53-71 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La Mort Artu est parfois perçue comme une œuvre d'inspiration apocalyptique par la critique arthurienne, bien que l'imaginaire apocalyptique (au sens strict) y tienne une part relativement réduite. Il est toutefois possible de mener une étude sur l'imaginaire apocalyptique de la Mort Artu en considérant le terme « apocalypse » dans un sens élargi. D'une part, la Mort Artu est un roman de la fin, qui insiste sur l'effet de clôture au sein du cycle arthurien : il s'apparente par conséquent à une apocalypse dans un sens eschatologique. D'autre part, si l'on repart du sens étymologique du terme « apocalypse », on peut lire la Mort Artu comme la révélation d'une vérité – la relation entre Lancelot et Guenièvre – qui ne serait pas transcendante, mais immanente : cette révélation, toute profane qu'elle soit, entraîne la chute du royaume arthurien, rejoignant ainsi l'interprétation catastrophiste du terme « apocalypse ».
      Arthurian critics sometimes consider the Mort Artu as a work of apocalyptic inspiration, although the apocalyptic imagination (in the strict sense) plays a relatively small part in it. It is possible, however, to conduct a study of the apocalyptic imaginary of the Mort Artu by considering the term “apocalypse” in a broader sense. On the one hand, the Mort Artu is a novel about the end, insisting on the effect of closure within the Arthurian cycle: it is therefore similar to an apocalypse in an eschatological sense. On the other hand, if we go back to the etymological meaning of the term “apocalypse,” we can read the Mort Artu as the revelation of a truth—the relationship between Lancelot and Guinevere—that would not be transcendent, but immanent. This revelation, however profane it may be, leads to the fall of the Arthurian kingdom, thus aligning with the catastrophist interpretation of the term “apocalypse”.
    • Archives monastiques et société féodale dans les Gaules (Xe et XVe siècles). Essai historiographique - Dominique Barthélemy p. 75-111 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Une enquête et une réflexion historiographiques sont nécessaires pour libérer l'histoire du Moyen Âge central de « paradigmes » importuns. On observe que le tableau de la société féodale esquissé par F. Guizot en 1823 sur la base de chroniques pourrait servir de référence, à condition que cette société soit aussi reconnue comme postcarolingienne. Les nombreuses publications d'archives ecclésiastiques ont fourni aux historiens depuis deux siècles des aperçus précieux mais depuis la thèse de G. Duby (1953) le caractère lacunaire et partiellement aléatoire de ces sources n'est plus assez reconnu. La théorie de la révolution féodale de l'an mil comme celle (il est vrai, moins fautive) du dominium ecclésial, initiée en 1980 par A. Guerreau dans un livre très théorique, découlent de ce déni. On propose ici, des dossiers provençaux et liégeois, une lecture plus ouverte que celles de M. Lauwers et F. Mazel, trop inspirée de la seconde.
      Historiographical investigation and reflection are needed to free the history of the Central Middle Ages from unwelcomed “paradigms.” We note that the picture of feudal society sketched by F. Guizot in 1823 on the basis of chronicles could serve as a reference, provided that this society is also recognized as post-Carolingian. Numerous publications from ecclesiastical archives have provided historians with valuable insights over the past two centuries, but since G. Duby's thesis (1953) the incomplete and partly random nature of these sources has not been sufficiently recognized. The theory of the feudal revolution of the year 1000, like that (admittedly, less faulty) of the ecclesiastical dominium, initiated in 1980 by A. Guerreau in a highly theoretical book, stems from this denial. We propose a more open reading of the Provençal and Liège files than those of M. Lauwers and F. Mazel, which are overly inspired by the latter.
    • Qu'est-ce que le dominium ecclésial ? Entre traditions historiographiques et bricolage conceptuel - Michel Lauwers p. 113-148 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Prenant prétexte des critiques adressées par D. Barthélemy aux historiens qui, au cours des dernières décennies, ont envisagé l'Église comme l'institution dominante de l'Occident médiéval, cet article replace une telle position, à laquelle il adhère, dans une perspective historiographique longue et discute un certain nombre de concepts élaborés pour en rendre compte : dominium et ecclesia, institution ecclésiale, système ecclésial, dominium ecclésial… Soutenues par des données nouvelles, qui relèvent aussi bien de l'archéologie que de la sémantique historique, les analyses que manifestent ces concepts, plus rigoureux que ne semblent le percevoir leurs détracteurs, s'inscrivent, d'un point de vue épistémologique, dans l'une ou l'autre des trois grandes traditions sociologiques qu'ont illustrées K. Marx, É. Durkheim et M. Weber. L'article esquisse un programme de travail visant à articuler l'hypothèse d'une logique ecclésiale du fonctionnement social (caractéristique d'un « long Moyen Âge ») et la reconnaissance d'une montée en puissance de l'institution ecclésiastique (qui s'est cristallisée entre le xie et le xiiie siècle). Les modèles théoriques développés autour de la question du dominium ecclésial ont assurément une forte valeur heuristique que masquent certaines caricatures actuelles.
      Taking as a pretext D. Barthélemy's criticism of historians who, in recent decades, have seen the Church as the dominant institution of the medieval West, this article sets this latter position, to which it adheres, in a long historiographical perspective. It discusses a number of concepts developed recently to account for the driving role of the Church in social structures: dominium and ecclesia, ecclesial institutions, ecclesial systems, ecclesial dominium… Supported by new data from both archaeology and historical semantics, the analyses manifested by these concepts, more rigorous than their detractors seem to perceive, fit, from an epistemological point of view, into one or other of the three great sociological traditions exemplified by K. Marx, É. Durkheim, and M. Weber. Finally, the article outlines a program of work aimed at articulating the hypothesis of an ecclesiastical logic of social functioning (characteristic of a « long Middle Ages ») and the recognition of a rise in power of the ecclesiastical institution (which crystallized between the 10th and 13th centuries). The theoretical models developed around the question of ecclesial dominium certainly have a strong heuristic value that is masked by current caricatures.
    • Le pangrégorianisme et ses excès. À propos d'une nouvelle histoire du Moyen Âge - Patrick Henriet p. 149-179 accès libre
    • Réforme grégorienne, écriture de l'histoire et renouvellement historiographique Réponse à quelques critiques de la Nouvelle histoire du Moyen Âge - Florian Mazel p. 181-213 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Derrière ce qui relève à première vue d'un banal conflit d'interprétations, les critiques formulées par D. Barthélemy et surtout P. Henriet à l'adresse de la Nouvelle Histoire du Moyen Âge (éd. F. Mazel, Paris, 2022) laissent voir de sérieuses divergences en matière d'écriture de l'histoire, d'épistémologie, de conception de l'historiographie et de rapport à l'Église et son histoire. Le présent article entend leur répondre de manière vigoureuse et argumentée. Pour cela, il envisage d'abord les questions rédactionnelles et éditoriales, avant d'interroger la place du religieux dans l'histoire, les enjeux de terminologie et, plus longuement, l'historiographie de la réforme grégorienne dans ses multiples dimensions. Il se conclut par quelques considérations plus générales sur la périodisation du Moyen Âge, la question des paradigmes interprétatifs et le rapport aux savoirs hérités.
      Behind what at first glance appears to be a banal conflict of interpretations, the criticisms leveled by D. Barthélemy and above all P. Henriet at the Nouvelle Histoire du Moyen Âge (edited by F. Mazel, Paris, 2022) reveal serious divergences in terms of historical writing, epistemology, conception of historiography, and relationship to the Church and its history. This article is a vigorous, well-argued response. It first considers editorial and publishing issues, before examining the place of religion in history, terminological issues and, at greater length, the historiography of the Gregorian reform in its many dimensions. It concludes with some more general considerations on the periodization of the Middle Ages, the question of interpretative paradigms, and the relationship with inherited knowledge.
  • Bibliographie

  • Comptes rendus