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Revue Flux Mir@bel
Numéro no 133, 2023/3
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • L'impact du numérique sur l'ingénierie urbaine : recompositions sectorielles, intégration hors de portée - Gilles Jeannot, Anne Aguilera, Olivier Bonin, José-Frédéric Deroubaix p. 1-8 accès libre
  • Optimiser grâce aux algorithmes et aux données urbaines ? Promesses, caractéristiques et offre réelle des start-up pour la ville intelligente - Myrtille Picaud p. 9-23 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La ville dite intelligente a été étudiée à l'aune de ses discours, des grandes firmes qui la portaient et des politiques effectivement menées dans les collectivités. Si les start-up sont régulièrement citées comme des actrices centrales du développement économique de la ville numérique, elles ont pourtant peu été étudiées à cet égard. À distance des imaginaires, quelle est la contribution réelle des start-up à la ville intelligente ? Comment se saisissent-elles des opportunités économiques et techniques liées à la circulation des données urbaines ? Cet article étudie les caractéristiques de ces start-up, leurs discours sur la ville intelligente et l'offre réelle qu'elles proposent. Il s'appuie principalement sur la constitution d'une base de données de start-up en France et des entretiens. D'abord, le paysage diversifié de la ville numérique est présenté, révélant des start-up semblables à celles opérant dans les autres domaines. Ensuite, la logique modélisatrice qui sous-tend leur offre pour les collectivités territoriales, destinée à optimiser la gestion urbaine, voire à la prédire, est étudiée. Néanmoins, cette logique rencontre certaines limites car les données restent toujours insuffisantes. Leur offre porte alors plutôt sur la diffusion d'instruments (capteurs, données et modélisations) avec la promesse de rendre la ville modélisable, et donc intelligente – un horizon qui semble toujours reculer à mesure que se multiplient et se complexifient ces instruments.
    Discourses about the smart city have been studied, as well as the large firms promoting it and the digital policies actually implemented by local authorities. Although start-ups are regularly presented as playing a central role in the smart city's economic development, they have until now received scant attention. What do start-ups really contribute to the smart city? How do they build upon the economic and technical opportunities linked to the growing availability of urban data? This paper studies the start-ups' characteristics, their discourse on the smart city and the real services and products they offer. It mainly draws upon a tailor-made database of start-ups in France and on interviews. First, it gives an overview of the smart city start-ups, revealing that they resemble those in other fields. This sheds light on the modelling logic that underlies their offer for local governments: it is intended to optimize urban management, or even to predict it. Nevertheless, this logic has limitations, as the data continue to appear insufficient. This forces start-ups to reposition themselves: from optimizing the city, their offer has shifted to the development of devices (sensors, data and modelling), with the promise of quantifying and reducing the city to something that can be modelled, and therefore is smart – a goal that seems to recede continually as these devices multiply and become more complex.
  • L'émergence de l'intelligence artificielle dans les sciences de l'ingénieur pour le territoire : de la mise en cause de la modélisation à l'hybridation des méthodes. Le cas de l'École nationale des ponts et chaussées - Marion Maisonobe, Gilles Jeannot p. 24-39 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'article analyse les développements de l'intelligence artificielle dans le domaine des sciences de l'ingénieur et les relations avec les pratiques plus traditionnelles de modélisation, autour du cas de la recherche à l'École nationale des ponts et chaussées. Une analyse bibliométrique montre que les développements pour cette sphère se font, après 2015, plus particulièrement autour des méthodes d'apprentissage et à un rythme comparable à celui observé dans l'ensemble de la recherche française. Une enquête qualitative auprès de scientifiques de l'École, au début de cette phase de croissance, met en avant des formes d'hybridation entre les méthodes d'apprentissage machine et les modalités traditionnelles de modélisation.
    This article analyses the development of artificial intelligence in engineering and its relationship with more traditional modelling practices, based on the case of research at the École nationale des ponts et chaussées. A bibliometric analysis shows that, after 2015, developments in this sphere focused more specifically on machine learning methods, at a rate comparable to that observed in French research as a whole. A wave of interviews with scientists at the École, at the start of this growth phase, highlights forms of hybridisation between machine learning methods and traditional modelling methods.
  • Les pratiques des aménageurs à l'aune des dispositifs numériques. Enjeux de coordination et de contrôle des processus de production urbaine - Flavie Ferchaud, Joël Idt, Antoine Pauchon p. 40-56 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Si les relations entre ville et numérique font l'objet de nombreux travaux, peu de recherches s'intéressent à ce que font les dispositifs numériques aux acteurs qui pilotent la mise en œuvre opérationnelle de l'aménagement urbain, c'est-à-dire les aménageurs, dont une partie des pratiques s'inscrit dans le champ de l'ingénierie urbaine. Or les aménageurs ont recours à une multiplicité de dispositifs issus du développement des technologies numériques. L'article en propose une typologie dressée au prisme des pratiques des aménageurs et questionne leur portée à partir de matériaux recueillis dans le cadre d'une enquête menée auprès de 17 aménageurs publics en Île-de-France et dans de grandes métropoles régionales françaises en 2022. En mobilisant les méthodes de l'analyse de l'action collective organisée appliquée à l'usage des outils de gestion et du numérique, nous avons cherché à connaître les dispositifs mobilisés, leurs modes de conception, d'utilisation et de mobilisation par les professionnels dans leurs activités concrètes d'aménageurs. Nous montrons que ces dispositifs n'ont pas d'effet uniforme sur les pratiques de l'aménagement, dans la mesure où ils sont largement transformés par les aménageurs et par les usages qu'ils en font. Alors que les effets concrets sur les projets eux-mêmes semblent finalement réduits, les dispositifs bousculent parfois les organisations. Ils donnent également à voir les tensions et les ambivalences de la position d'aménageur dans les systèmes d'action, entre enjeux de coordination, mais aussi de pouvoir et de contrôle : le numérique constitue en cela un révélateur des évolutions contemporaines des métiers de l'aménagement urbain.
    The relationship between the city and digital technology has been the subject of a great deal of research but few studies have looked at what digital devices can do for the players who manage the operational implementation of urban development. Urban planners use a wide range of tools resulting from the development of digital technologies. This article proposes a typology based on the practices of planners and examines their scope, using material collected as part of a survey of 17 public planners in the Île-de-France region and in major French regional cities in 2022. Using methods from the analysis of organised collective action applied to the use of management tools and digital technology, we sought to identify the systems used, and the ways in which they are designed, used and mobilised by professionals in their actual activities as planners. We have shown that these digital tools do not have a uniform effect on planning practices, as they are largely transformed by the planners and their uses. While the concrete effects on the projects themselves seem to be limited, digital technology sometimes shake up organisations. They also reveal the tensions and ambivalence of the developer's position in the planning system. It brings up issues of coordination, but also of power and control: in this way, digital technology reveals the contemporary changes in urban development professions.
  • Le City Information Modelling (CIM) au service d'un projet urbain : retour d'expérience sur la première phase de mise en œuvre du CIM d'un quartier - Adeline Deprêtre, Alexandre Mielniczek, Florence Jacquinod p. 57-75 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    De plus en plus de modèles, peu importe leur échelle (bâtiment, espace public, quartier, ville) sont mobilisés dans l'aménagement et sont considérés comme des outils favorisant la durabilité des projets et la collaboration des acteurs. Souvent enrichis d'informations sémantiques, ils portent des appellations différentes et sont techniquement très hétérogènes. Dans cet article, nous explorons la littérature scientifique qui se développe fortement autour du concept de city information model (CIM) et la confrontons à un retour d'expérience réalisé sur une démarche CIM déployée sur une zone d'aménagement concertée (ZAC). Notre enquête est réalisée en collaboration avec les acteurs du projet et dans les premières phases de la ZAC, afin de travailler avec les aménageurs sur les utilisations possibles du CIM du projet à l'échelle urbaine. Les entretiens se concentrent sur les aspects techniques et de gouvernance de ces modèles ainsi que sur les échanges entre acteurs. La confrontation des deux approches souligne un décalage entre les discours sur les CIM et leur concrétisation dans un projet rassemblant un grand nombre d'intervenants. Nous mettons ainsi en évidence la complexité de la définition d'un CIM, la nécessité de préciser les usages visés et la difficulté de mise en œuvre opérationnelle de la collaboration. Des pistes de recherches sont proposées pour consolider les connaissances théoriques et pratiques des maquettes numériques urbaines, telles que la collecte de données empiriques et la prise en compte des besoins des acteurs impliqués.
    More and more models, whatever their scale (building, public space, district, city), are used in planning processes and are considered as tools to promote project sustainability and collaboration among actors. Often enriched with semantic information, they carry different names and are technically very heterogeneous. In this article, we explore the scientific literature strongly developing around the City Information Model (CIM) concept and confront it with a feedback on a CIM approach deployed on a concerted development zone (ZAC). Our investigation is performed in collaboration with stakeholders and in the early phases of the ZAC, in order to explore the possible uses of the CIM of the project at the urban scale. The interviews focused on the technical and governance aspects of these models and on the exchanges between actors. We highlight the gap between the discussions on CIM and their implementation in a project involving many contributors. We therefore point out the complexity of the CIM definition, the necessity to precisely describe CIM uses and the operational difficulties of collaboration among actors. We identify research areas to be investigated so as to consolidate the theoretical and practical knowledge of digital urban models, such as empirical data collection and the needs of involved actors.
  • Peut-on se passer de la voiture hors des centres urbains ?, Demoli (Yoann) (dir.), MSH Paris-Saclay Éditions, 2021, 256 p. - Marie Mangold p. 76-78 accès libre
  • Sous le feu numérique. Spatialité et énergies des data centers, Fanny Lopez et Cécile Diguet, Genève, MétisPresses, 2023, 142 p. - Paola Piras p. 79-81 accès libre