Contenu du sommaire : Élections françaises 2022 (II)

L'élection présidentielle et les élections législatives françaises de 2022 ont entériné les transformations larges et brutales des rapports de force électoraux identifiables depuis la victoire d'Emmanuel Macron en 2017, en particulier l'effondrement des deux anciens grands partis de gouvernement. En replaçant ces élections dans leur contexte historique et en utilisant le cadre de la théorie des réalignements, cet article montre que 2022 constitue très probablement le moment de consolidation d'un nouvel ordre électoral qui s'est cristallisé dans la séquence de 2017-2019. Les contours exacts de ce nouvel ordre électoral restent encore largement inconnus – seul le passage du temps permettra de les identifier.

Cet article examine l'impact des crises liées à la pandémie de Covid-19 et au déclenchement de la guerre en Ukraine sur le vote pour Emmanuel Macron au premier tour de l'élection présidentielle de 2022. Pour cela, il met à l'épreuve empirique deux théories établies des conséquences électorales des crises internationales : le vote rétrospectif et l'effet de ralliement au drapeau. Au moyen de données panélisées, cette contribution démontre la pertinence de ces deux mécanismes dans le contexte français de 2022. Bien que la pandémie de Covid-19 ait débuté plus de deux ans avant l'élection présidentielle, l'évaluation des politiques de gestion sanitaire et économique de cette crise reste déterminante pour comprendre le succès du président sortant. De plus, celui-ci a bien bénéficié électoralement – mais dans une moindre mesure – d'un effet drapeau lié à la guerre en Ukraine.

Si l'utilisation des médias sociaux en période électorale a déjà fait l'objet de nombreuses études, il apparaît pertinent de prolonger ces recherches en raison notamment de l'émergence de nouvelles plateformes. À ce titre, nous proposons d'analyser, à partir d'une enquête post-électorale spécifique, les profils des citoyens qui utilisent les différents médias sociaux pour s'informer ou être actifs politiquement à l'occasion de la campagne présidentielle française de 2022. Nous montrons que les usages politiques des réseaux sociaux restent relativement minoritaires et dépendants tant de variables sociodémographiques que politiques, mais qu'il existe une certaine différenciation de ces usages en fonction des plateformes et des pratiques.

Cet article analyse les facteurs et les motivations qui ont conduit les différentes catégories d'élus à parrainer ou non un candidat à l'élection présidentielle de 2022. À partir d'une enquête par questionnaires administrés aux élus habilités à parrainer, nos résultats révèlent que le refus du parrainage, en particulier chez les maires des petites communes, s'analyse d'abord comme l'expression d'une distance au champ politique partisan. Tandis que les candidats soutenus par les partis politiques traditionnels collectent leurs parrainages en s'appuyant sur la loyauté d'un vivier d'élus, les autres candidats se voient dans l'obligation de déployer d'importants efforts pour convaincre des élus réticents à afficher un soutien politique. La campagne des parrainages révèle, en creux, les inégalités de ressources mobilisables par les différents candidats.