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Revue Futuribles Mir@bel
Numéro no 459, mars-avril 2024
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  • Science et puissance des nations - Hugues de Jouvenel p. 3-4 accès libre
  • La France, encore un pays de science ? - Emmanuel Basset p. 5-20 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Alors que les lycéens français sont en train de finaliser, en ce mois de mars 2024, la liste de leurs vœux d'orientation post-baccalauréat (le fameux Parcoursup), quel diagnostic peut-on faire aujourd'hui du système français de recherche et d'enseignement supérieur ? Reste-t-il attractif, performant, en phase avec les enjeux d'avenir de notre société ? Pour répondre à cette question, Emmanuel Basset examine d'abord, dans cet article, la façon dont la France investit dans la recherche, en comparaison internationale. Il souligne ainsi le risque de décrochage du pays en raison d'un recul préoccupant de l'effort de recherche, encore plus marqué dans le secteur privé que du côté des investissements publics. Il montre aussi que les performances françaises en matière de recherche se situent certes dans la moyenne mondiale, mais témoignent d'une fragilisation du système et d'un certain déclin comparativement à d'autres pays.Enrayer ce déclin était l'objectif d'une série de réformes engagées depuis une quinzaine d'années en matière de politique scientifique, dont Emmanuel Basset rappelle ensuite l'impact qu'elles ont pu avoir, mais aussi les limites (dispersion des crédits, manque d'attractivité, complexité administrative…). Pour aller plus loin et inverser la tendance au recul scientifique du pays, trois conditions sont désormais nécessaires selon lui : enrayer la spirale du sous-investissement et financer davantage la recherche (notamment dans le secteur privé où les investissements sont à la traîne) ; continuer l'entreprise de réorganisation et simplification, en renforçant la culture stratégique (dans l'affectation des budgets, la coopération, l'évaluation des résultats…) ; et faire en sorte que les carrières dans la recherche redeviennent attractives. Il s'agit bien de provoquer un « choc culturel », selon l'auteur, pour prolonger et améliorer les efforts de réforme entrepris, et ainsi éviter de décrocher de manière plus définitive. S.D.
    March being the month when French secondary students formally finalize their post-school plans, the time seems right to ask how things stand with the French system of higher education and research. Is it still attractive, effective and keeping pace with our society's future needs? To address these questions, Emmanuel Basset examines first how France compares internationally in its levels of research investment. He goes on to stress the risk that the country may fall behind scientifically as a result of a worrying fall-off in its research funding, which is even more marked in the private than the public sector. He also shows that French research performance, while admittedly still within the global average range, points to the system weakening and already declining somewhat by comparison with other countries.It has been the aim of a series of science policy reforms undertaken over the last 15 years or so to counteract this decline. Emmanuel Basset traces both the impact and also the limits (fragmented funding, lack of attractiveness, administrative complexity etc.) of these measures. As he sees it, if progress is to be made and the trend towards scientific decline reversed, three conditions must be met: the spiral of underinvestment must be halted and more funding must go to research (particularly in the private sector where investment lags behind); there must be further reorganization and simplification, strengthening the strategic culture (in the allocation of funds, co-operation, the assessment of results etc.); and the appeal of careers in research needs to be restored. The aim must be to produce a ‘culture shock', Basset argues, to extend and improve on the reform efforts already begun and so avoid falling behind more irrevocably.
  • Innovations de rupture : la France dans la compétition mondiale : À propos de l'ouvrage de Sonia Bellit et Vincent Charlet sur l'innovation de rupture - Pierre Papon p. 21-28 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Dans un univers économique de plus en plus concurrentiel et face aux progrès fulgurants de certaines technologies (telle l'intelligence artificielle), les capacités de recherche-développement et d'innovation sont devenues des atouts stratégiques dans la compétition internationale. Parmi ces innovations, celles qui sont susceptibles de transformer radicalement un secteur, voire notre quotidien, occupent une place cruciale aux yeux des acteurs économiques. C'est pourquoi La Fabrique de l'industrie a réalisé une étude spécialement consacrée aux « innovations de rupture » et à la place de la France, à l'échelle mondiale, sur ce créneau. Reposant sur des témoignages et une analyse des données de brevets dans 12 domaines technologiques (dont huit en lien avec la transition écologique), l'ouvrage qui en a été tiré, dont Pierre Papon rend compte dans cet article, permet de saisir la dynamique d'innovation du pays, son positionnement technologique et le type d'institutions impliquées (organismes publics, start-ups, grandes entreprises…).Comme le souligne Pierre Papon, dans ces domaines de pointe particulièrement moteurs pour l'avenir, ce sont les pays asiatiques et les États-Unis qui mènent la danse. En Europe, à quelques exceptions près (dont l'Allemagne), la recherche est à la traîne et la France semble en perte de vitesse. L'auteur résume les indicateurs et enseignements livrés par cette enquête, ainsi que les recommandations proposées pour redynamiser la recherche et l'innovation du pays dans ces secteurs stratégiques.  S.D.
    In an increasingly competitive economic world, with some technologies (such as AI) making dazzling advances, R&D capacity and the ability to innovate have become strategic assets in international competition. Among these innovations, those capable of radically transforming a sector — and, indeed, our everyday lives — occupy a crucial place in the minds of economic actors. This is why ‘La Fabrique de l'industrie' has conducted a study devoted especially to ‘disruptive innovation' and France's ranking on a world scale in that area. Based on personal testimony and an analysis of the data on patents in 12 fields of technology (8 related to ecological transition), the publication drawn from that study, which Pierre Papon reviews in this article, affords an understanding of France's innovation dynamic, its technological positioning and the type of institution involved (public-sector organizations, start-ups, major corporations etc.).As Papon stresses, in these cutting-edge fields that are particularly key to driving the future the Asian countries and the USA lead the world. In Europe, with a few exceptions (including Germany), research lags behind, with France apparently losing momentum. He sums up the lessons and indicators provided by this study, together with its recommendations for lending renewed dynamism to French research and innovation in these strategic sectors.
  • Le réchauffement climatique dans les Alpes : Déclin des glaciers et de l'enneigement, et conséquences sur la ressource en eau - Bernard Francou p. 29-46 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    L'année 2023 a été la plus chaude jamais observée par l'Organisation météorologique mondiale depuis les premiers relevés de température et a été marquée par de nombreuses catastrophes climatiques de grande ampleur, notamment en France. Sécheresses et pénuries d'eau dans le Sud, inondations dantesques dans le Nord, effondrement de parois rocheuses dans les Alpes… : les manifestations du changement climatique redoutées et annoncées depuis des décennies par les scientifiques se multiplient. Dans cet article, Bernard Francou se penche sur le cas particulier des Alpes.Spécialiste de la haute montagne et notamment glaciologue, il propose une analyse concrète et détaillée de l'impact du changement climatique sur cette région cruciale sur le plan hydrologique. Il présente ainsi de multiples données scientifiques relatives à la température, au volume des glaciers, à l'enneigement, la pluviométrie, etc., et leur évolution sur longue période, qui montrent très clairement un déclin (qui s'accélère) des glaciers et de l'enneigement. Il indique également comment pourrait évoluer cette tendance en fonction des scénarios de hausse des températures planétaires, ainsi que les conséquences qui en découleraient pour la région alpine, mais aussi pour les bassins fluviaux situés en aval et l'hydrologie du pays. S.D.
    2023 was the hottest ever seen by the World Meteorological Organization since temperature records began, with multiple major climate catastrophes, particularly in France. With droughts and water shortages in the South of the country, flooding of biblical proportions in the North and landslides in the Alps, we are increasingly seeing the climate-change phenomena scientists have been predicting and fearing for decades. In this article, Bernard Francou focuses on the specific case of the Alps.Francou, a specialist in high mountain regions and a glaciologist, offers a detailed, concrete analysis of the impact of climate change on this region, which is crucial in hydrological terms. He cites a wealth of scientific findings on temperature, glacier volume, snow levels, rainfall figures etc., identifying the long-term trends in that data, which very clearly show an (accelerating) decline in snow cover and glacier size. He also points out how this trend could develop in scenarios in which planetary temperatures increase, as well as the knock-on effects not only for the Alpine region, but also for the river basins downstream from the Alps and for France's hydrology in general.
  • Sur l'empreinte carbone des Français : Une première enquête sur leurs comportements - Jérôme Boutang p. 47-62 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Nous avons fait écho à de nombreuses reprises, dans nos colonnes, à différents scénarios de transition écologique ou énergétique, réalisés par des organismes français ou internationaux (Agence internationale de l'énergie, Agence de la transition écologique, Réseau de transport d'électricité, etc.). La plupart de ces exercices prospectifs mettaient en avant le fait que pour tenter de limiter le changement climatique à l'horizon de la fin du siècle, les évolutions techniques ne suffiraient pas, ou n'interviendraient pas assez tôt, et qu'il fallait résolument miser sur des changements de comportements, de modes de vie. En d'autres termes, inciter à la sobriété écologique, au plus vite, constitue un levier indispensable pour préserver les conditions de vie planétaire des générations futures. Pour ce faire, il est essentiel de pouvoir s'appuyer sur des indicateurs montrant où se situent les marges de manœuvre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.C'est l'objectif de l'« empreinte carbone », qui mesure les émissions de tous les acteurs économiques, de manière assez précise. Dans cet article, Jérôme Boutang propose de regarder de manière plus détaillée l'empreinte carbone des Français telle qu'elle ressort d'une enquête qui les a interrogés sur leurs modes de vie et de consommation. Après avoir présenté la méthodologie et l'intérêt de cette enquête (qui part directement des comportements), il en détaille les grands enseignements : répartition de l'empreinte sur le territoire, par secteurs d'activité, caractéristiques socio-économiques (selon le niveau de revenu ou la profession), etc. Ce « profilage » détaillé permet ainsi de prendre conscience, à l'échelle individuelle, des gestes les plus émissifs et des actions possibles pour y remédier. Il permet également aux responsables politiques d'identifier les marges et leviers d'action pour développer des outils / incitations en faveur d'une plus grande sobriété collective. S.D.
    We have devoted many column inches in these pages to various scenarios for ecological or energy transition, drawn up by both French and international bodies (International Energy Agency, French Ecological Transition Agency, RTE / France's Transmission System Operator etc.). Most of these foresight exercises have highlighted the fact that technical developments alone would not be sufficient — or would not move fast enough — to curb climate change by the end of the century, and that there had to be decisive efforts to change behaviour and lifestyles. In other words, an essential driver for safeguarding the planetary living conditions of future generations was the urgent promotion of ecological self-restraint. To that end, it is essential to be able to draw on indicators showing precisely where there is scope for manœuvre for reducing greenhouse gas emissions. This is the aim of the ‘carbon footprint', which measures the emissions made by all economic actors with relative precision. In this article, Jérôme Boutang looks in a more detailed way at the carbon footprint of the French population as it emerges from a survey which enquired into people's lifestyles and consumption patterns. After outlining the methodology and the virtues of this survey (based directly on behaviour), he enumerates its main findings: the distribution of the footprint by geographical location, business sector or socio-economic characteristics (based on income level or occupation) etc. This detailed ‘profiling' enables us to see, at the individual level, the actions causing the highest emissions and to design remedial measures. It also allows policy-makers to identify the scope for action and possible levers for developing tools/incentives to promote greater collective energy sobriety.
  • Les contrôles policiers en Europe : Des contestations récurrentes, des réformes limitées - Jacques de Maillard, Mike Rowe p. 63-77 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    La question des violences policières, très prégnante dans le débat public aux États-Unis depuis très longtemps, s'est aussi installée dans les débats français et prend une place croissante, sous l'effet de la médiatisation d'incidents majeurs et de l'intervention d'associations ou citoyens pour porter ces problématiques. Parmi les sujets jugés préoccupants en la matière, les contrôles de police — qui sont parfois à l'origine de telles violences — figurent en bonne place ; ils constituent l'objet principal de cet article.S'appuyant sur un projet de recherche européen, Jacques de Maillard et Mike Rowe proposent une analyse des contrôles policiers en Europe, et de la façon dont le débat public et les décideurs politiques s'en emparent. Après un rappel des facteurs ayant conduit à porter la question des contrôles de police sur la place publique, ils examinent l'impact de cette présence accrue dans les débats sur la manière dont ces contrôles sont perçus, et plus ou moins encadrés, dans différents pays (Allemagne, Écosse, Espagne, Autriche, Finlande…) comparativement à la France, notamment en fonction du niveau de confiance prévalant entre la police et la société. Ils montrent ainsi les différentes évolutions qui ont pu se produire dans la pratique des contrôles et les politiques afférentes, en réponse aux questions soulevées dans les débats : modifications « incrémentales », un peu plus poussées voire significatives, versus inertie. Ils soulignent enfin la spécificité de la France où les réformes sont particulièrement difficiles à mettre en place et esquissent trois scénarios d'évolution possible pour le pays. S.D.
    The question of police violence, which has long been highly significant in the USA, is now also a subject of debate in France. It is becoming increasingly prominent as a result of media coverage of a number of major incidents and the intervention of citizens or groups uniting around the issue. Among the subjects regarded as troubling in this regard, police stops, which at times have led to violent incidents, are very much to the fore. They are the main focus of this article.Drawing on a Europe-wide research project, Jacques de Maillard and Mike Rowe offer an analysis of police stop-and-search practices in Europe and the way these are framed in public debate and by political decision-makers. After reminding us of the factors that have brought police stops into public focus, they examine the impact of that increased attention on the way these are carried out — and, to varying degrees, overseen — in a range of countries (Germany, Scotland, Spain, Austria, Finland etc.) by comparison with France, with particular reference to the level of trust between police and society. In this way, they show how stop-and-search practices and related policies have developed differently in response to the questions raised in the debates: with ‘incremental' changes, some a little more extensive and even significant, as opposed to inertia. Lastly, they stress the specificity of France, where reforms have been particularly difficult to implement, and outline three possible developmental scenarios for the country.
  • Financements européens, conditionnalité et respect des valeurs : L'Union européenne s'arme - Catherine Vieilledent p. 79-88 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Lors du sommet européen de décembre 2023, les États membres de l'Union européenne ont officiellement décidé de poursuivre l'élargissement de l'Union en ouvrant les négociations d'adhésion de l'Ukraine et la Moldavie. Comme lors des précédents élargissements, un certain nombre de conditions relatives au respect des traités de l'Union et de ses valeurs devront être remplies pour faire avancer le processus. Parmi elles, le respect de l'état de droit constitue un préalable. Or, ce préalable essentiel a été, ces dernières années, bousculé au sein même de l'Union, dont certains États membres (Hongrie, Pologne) ont pu remettre en cause des principes relevant de l'état de droit. Mais dans un contexte de vote à l'unanimité, il est très difficile de contraindre ces contrevenants à faire marche arrière, sauf à recourir à l'arme budgétaire. C'est donc par ce biais, par la mise en place d'un nouveau régime de « conditionnalité » des financements que les institutions européennes font pression sur les membres qui ne respectent pas les valeurs fondamentales de l'Union.Catherine Vieilledent présente ici ce régime de conditionnalité : comment il a émergé et a évolué, comment il est (difficilement) appliqué et les conséquences qui en découlent pour les États concernés. Sous une apparence un peu technique, cette question de la conditionnalité renvoie à des enjeux majeurs quant aux valeurs fondatrices de l'Union, dans un contexte où les rapports de forces entre partis démocratiques, versus partis populistes et extrémistes, évoluent plutôt en faveur des seconds.  S.D.
    At the December 2023 European summit, the EU member states officially decided to pursue enlargement of the Union by opening accession talks with Ukraine and Moldavia. As in previous enlargements, a number of conditions relating to compliance with the EU's treaties and values will have to be met before the process can advance. Among these, respect for the rule of law is an essential prerequisite. However, this has suffered in recent years within the EU itself, some of its member states (Hungary, Poland) having mounted a challenge to rule-of-law principles. However, in a situation where unanimous votes are required, it is very difficult to force these offending states to reverse their actions, except by employing funding as a weapon. It is therefore along those particular lines — by the establishment of new arrangements for the ‘conditionality' of funding — that the European institutions are exerting pressure on the members that do not respect the Union's fundamental values.Catherine Vieilledent explains here how this conditionality works: how it emerged and has developed; how it has been applied (with difficulty); and the consequences for the states concerned. Though somewhat technical in appearance, the question of conditionality bears on some major issues relating to the founding values of the EU, in a context where the power balance between democratic parties and populist, extremist ones is currently shifting somewhat in the latters' favour.
  • Chronique européenne

    • Quelles frontières pour l'Ukraine ? - Jean-François Drevet p. 89-96 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Mi-décembre 2023, dans un contexte de plus en plus difficile pour les Ukrainiens dans le conflit qui les oppose à la Russie sur leur sol, les États membres de l'Union européenne ont officiellement décidé d'ouvrir les négociations d'adhésion de l'Ukraine (et la Moldavie) à leur communauté. Accélérant un processus normalement bien plus long, l'Union envoie ainsi un signal fort, principalement à Moscou, quant à son soutien au gouvernement ukrainien et au refus de son révisionnisme territorial. Ce faisant, elle ouvre aussi une question épineuse s'agissant des frontières à prendre en compte pour le territoire ukrainien, dont certaines, par extension, seraient appelées à devenir les frontières extérieures de l'Union.Cette chronique de Jean-François Drevet examine cette question des frontières — leur définition, leur acceptation… —, à l'aune des évolutions historiques, de problèmes non encore résolus dans certains États membres ou pays candidats, des problématiques de l'autodétermination et des inquiétudes que cela peut engendrer en Europe. Si la construction européenne avait entre autres vocations celle d'abolir (autant que faire se peut) les différends territoriaux (et donc frontaliers) et y est plutôt bien parvenue, l'élargissement de l'Union vers l'est pourrait bien avoir l'effet inverse en attisant les débats (et les esprits) sur la définition des frontières — selon les choix qui seront opérés concernant celles de l'Ukraine. S.D.
      With the situation growing increasingly difficult for the Ukrainians in the war being waged on their own lands against Russia, the member states of the European Union decided officially in mid-December 2023 to open negotiations with Ukraine (and Moldavia) over EU accession. By speeding up what is normally a much longer process, the EU was sending a strong signal, mainly to Moscow, of its support for the Ukrainian government and its rejection of Russia's territorial revisionism. In doing so, it raised a thorny question about what Ukraine's borders should be, some of which would logically become the external frontiers of an expanded EU.In this Chronicle, Jean-François Drevet examines this issue of borders — how they are determined and agreed upon — in the light of historical developments, still unresolved problems in certain member states or candidate countries, issues of self-determination, and the concerns all of this may engender in Europe. While one of the aims of European construction was to put an end (as far as possible) to territorial and, hence, border disputes — something which has been more or less achieved — EU expansion toward the East might well have the opposite effect, depending on the decisions taken over the frontiers of Ukraine, by inflaming debate (and opinion) on the setting of territorial borders.
  • Actualités prospectives

  • Lu, vu, entendu