Contenu du sommaire : Développements récents de l'analyse économique (46è congrès annuel de l'Association française de science économique, 1997)

Peut-on toujours redistribuer les gains à la spécialisation et à l'échange ? Un retour en pointillé sur Ricardo et Heckscher-Ohlin On explore les relations entre les problèmes d'efficacité et de redistribution dans la théorie du commerce international. D'abord, dans une version dynamique du modèle de Ricardo, l'analyse d'un cas très stylisé montre que des effets d'apprentissage par l'expérience peuvent induire des spécialisations avantageuses qui appellent des transferts compensatoires internationaux de grande ampleur. On montre ensuite que dans le modèle de Heckscher-Ohlin, en l'absence d'outils redistributifs suffisamment efficaces, la conciliation des considérations d'équité et d'efficacité conduit à adopter des politiques économiques fortement contre-intuitives.

Commerce intra-firme, coûts de production aléatoires et barrières aux échanges T. Horst [1971] a montré que l'existence de barrières aux échanges (droits de douane, coûts de transport, etc.) justifie, en environnement certain, l'existence des échanges intra-firme et ce, pour un grand nombre de configurations technologiques. Dans cet article, on étend son analyse à un environnement incertain. En particulier, nous analysons l'influence de l'incertitude relative aux coûts de production sur l'existence et l'ampleur des échanges intra-firme. Nous montrons que, dans ce contexte, les exportations et la production à l'étranger des firmes multinationales peuvent être complémentaires.

Investissement direct à l'étranger et commerce international. Le cas français L'analyse microéconomique considère l'investissement direct à l'étranger et l'exportation comme des formes alternatives de pénétration des marchés étrangers. Pourtant, les séries macroéconomiques laissent augurer de la complémentarité entre ces deux modalités de globalisation de l'économie mondiale. Après avoir rappelé l'importance de l'implantation française à l'étranger, cet article identifie les liens existant entre investissement direct et commerce de biens, dans une perspective bilatérale. Une estimation en panel sur données françaises met en évidence une forte complémentarité entre flux d'investissement à l'étranger et commerce, transitant largement par des effets de débordement intersectoriels. Une seconde estimation, sur données de stocks, nuance ce premier résultat. Il apparaît toutefois qu'une part non négligeable des performances commerciales françaises peut être attribuée aux implantations françaises à l'étranger.

Investissement direct à l'étranger et entrée séquentielle sur le marché Le modèle proposé envisage l'arbitrage entre exportation et Investissement direct en tenant explicitement compte du décalage dans le temps des décisions des rivaux. Malgré des taxes à l'importation élevées, le caractère crédible de l'engagement en capital que représente l'investissement peut autoriser, dans cer­tains cas, la firme qui s'installe en premier à dissuader l'implantation surplace de son concurrent. Dans la situation où plusieurs oligopoleurs se font concurrence pour la conquête d'un marché étranger, une implantation rapide localement appa­raît dès lors fondamentale.

Implantation à l'étranger et performance à l'exportation. Une analyse empirique sur les implantations des firmes françaises Dans le cadre des débats concernant la substitution-complémentarité entre investissements directs à l'étranger et exportations, l'objectif de l'analyse est de comparer les performances à l'exportation des entreprises françaises selon la zone géographique d'implantation à l'étranger. Les résultats montrent globalement un impact positif entre les investissements directs à l'étranger et les exportations des entreprises. De façon plus précise, il apparaît qu'en fonction des zones consi­dérées l'ampleur de cet effet varie fortement.

Stratégies de politique monétaire. Quelques enseignements du passé récent et pistes pour l'avenir On tire quelques enseignements des politiques d'objectifs des Banques centrales depuis une dizaine d'années : convergence sur l'objectif final de stabilité des prix ; a contrario, divergences sur les objectifs intermédiaires allant de pair avec un plus grand pragmatisme. Dans l'optique de la stratégie monétaire du SEBC, on peut envisager une approche combinant des éléments des deux stratégies aujourd'hui dominantes, objectif intermédiaire monétaire et cible d'inflation. À plus long terme, les Banques centrales seront conduites à renouveler leurs stratégies, du fait de l'évolution des concepts de monnaie ou même de stabilité des prix et de l'intégration de nouveaux types d'indicateurs.

Quel objectif pour une Banque centrale ? La plupart des banques centrales ont un objectif intermédiaire de croissance de la masse monétaire. Pourtant, certaines ont abandonné cet objectif pour contrôler directement l'inflation. Nous avons procédé à une comparaison théorique des différents objectifs ou modes d'intervention d'une Banque centrale : règle basée sur les taux d'intérêt, objectif intermédiaire d'évolution de la masse monétaire, objectif intermédiaire d'inflation ou de production. Nous avons supposé qu'une Banque centrale disposait d'informations plus complètes que le public, ce qui nous a permis d'établir une comparaison entre « règles conditionnelles », dépendantes de l'information dont dispose la Banque centrale, et « règles inconditionnelles », uniquement dépendantes de l'information également accessible au public. Les critères retenus sont au nombre de trois : l'efficacité, c'est-à-dire le degré de coïncidence entre l'objectif final et sa réalisation ; la transparence, la stabilité de l'instrument, les taux d'intérêt ne pouvant être excessivement volatils.

Nous étudions dans un cadre dynamique le conflit entre l'État et la Banque centrale selon le régime de change et les critères de convergence, tel le ratio dette publique/PIB. La méthode consiste à calculer des équilibres de Nash parfaits et à modéliser les coordinations internes et externes par des procédures Nash-Bargaining dynamiques. Gérer la dette publique pour obtenir un ratio dette publique/PIB soulève un problème intertemporel de politique économique : réduire la dette publique signifie mettre en œuvre une politique mixte restrictive à court terme et réduire le taux d'intérêt à long terme pour qu'elle soit acceptée par les agents privés. Mais il n'existe aucun mécanisme naturel qui permette cet ajustement.

Règles de politique monétaire et objectif de PIB nominal. Application au cas français Pour atteindre l'objectif final de stabilité des prix, plusieurs règles de politique monétaire sont envisageables. Une attention croissante est portée aujourd'hui à la solution proposée par McCallum, reposant sur un objectif intermédiaire de PIB nominal. Cet article se propose de rappeler les justifications théoriques d'une telle règle, puis d'en tester les performances dans le cas français. Il s'agit alors de comparer les résultats que la mise en œuvre de cette règle aurait pu engendrer, avec ceux obtenus par la politique monétaire effectivement menée, entre 1978 et 1996. Malgré toutes ses limites, l'étude économétrique indique qu'en France ce type de règle pourrait sans doute permettre d'assurer la stabilité des prix, tout en limitant les fluctuations du PIB réel.

Cash-in-advance constraints in the overlapping generations model : neutrality of monetary policies and macro-dynamics This article is concerned with the role of money in an O.L.G. model. Money is introduced through a cash-in-advance constraint. We show that money is super-neutral if the structure of money repartition does not depend on the money growth rate. We study the dynamics, and the influence of money transfers on capital accumulation.

Cet article cherche à évaluer la manière dont les ménages réagissent dans leur plan de consommation aux variations de la dette publique et du niveau des impôts auxquels ils sont soumis. Les résultats obtenus à partir de variables trimestrielles sur les pays du G7 au cours des dernières décennies montrent, à l'instar de Dalamagas [1993], que plus le ratio dette/PIB est important, moins l'illusion de la dette et l'illusion fiscale sont fortes. Une illustration est donnée pour la France et l'Italie.

Participations bancaires dans le capital des PME et cycles réels Un modèle théorique Cet article met en évidence différents effets que peut avoir la participation de banques dans le capital des PME. Dans le modèle proposé, les participations bancaires vont stimuler l'investissement et la production, permettre de réduire la sensibilité des entreprises aux chocs de conjoncture et exercer un effet contra-cyclique.

Flexibilité des changes et asymétries des chocs Cet article étudie les relations entre variations de change et mouvements des agrégats macroéconomiques dans le cadre d'un modèle d'équilibre général afin d'évaluer les propriétés autarciques d'un régime de changes flexibles. Nous nous attachons plus particulièrement à mettre en évidence les canaux de transmission internationale des chocs. La prise en compte des effets de richesse entraîne une non-neutralité même à long terme des politiques monétaires et fiscales, domestiques et étrangères.

Pourquoi l'euro sera fort. Une approche par les taux de change d'équilibre Le modèle de taux de change d'équilibre proposé ici prend en compte l'effet Balassa et la soutenabilité de la position extérieure nette, compte tenu de la compétitivité hors-prix. Les tests sur trois monnaies européennes : mark, franc, et lire contre dollar montrent l'existence d'une relation de coïntégration entre les taux de change réels observés et les variables fondamentales du modèle. L'agrégation de ces trois monnaies selon leur poids dans l'ECU permet de construire un proxy du taux de change d'équilibre de l'euro contre dollar. Les contributions des diffé­rentes variables sont analysées afin de mieux comprendre leurs implications sur le taux de change d'équilibre de l'euro.

L'euro et la stabilité des taux de change. Une analyse théorique À l'aide d'un modèle théorique à trois pays, cet article montre que l'unification monétaire européenne pourrait entraîner une variabilité accrue du dollar vis-à-vis de l'ensemble des monnaies européennes, par comparaison avec un régime de flottement généralisé. En comparaison avec un régime de change fixe en Europe, l'accroissement de l'instabilité du dollar dépendra du degré d'asymétrie des chocs et de la proportion de chocs spéculatifs corrélés en Europe.

Les jeux répétés. Un instrument de décision pour les autorités concurrentielles Face à des ententes secrètes et tacites, les autorités concurrentielles ne peuvent plus se satisfaire des moyens d'investigation classiques ; elles doivent s'appuyer sur l'analyse économique. À partir de la théorie des jeux répétés, nous établissons quelques principes d'action en matière de lutte contre la collusion. Ces principes sont confrontés aux positions de la Commission européenne dans des affaires d'échanges d'information et de concertations.

Dissuasion de la collusion et efficacité de deux systèmes d'amendes Dans le cadre d'un modèle Principal-Agent, nous caractérisons la politique optimale des autorités de la concurrence (Principal) faisant face à une industrie (Agent). Pour cela, nous considérons une situation d'information asymétrique où les autorités ne disposent que d'un a priori sur les coûts de production de l'indus­trie. De plus, nous considérons deux systèmes d'amendes utilisés en pratique. Dans le premier système, l'amende est égale à un pourcentage donné du chiffre d'affaires. Dans le second, l'amende est égale à un multiple du profit engendré par la collusion. Nous comparons les deux systèmes en termes de niveaux de dissuasion et d'efficacité.

Faut-il interdire la discrimination dans les marchés publics ? Les politiques préférentielles d'attribution des marchés de l'État sont des pra­tiques courantes que les accords commerciaux internationaux cherchent à éliminer. Cet article considère le problème de la discrimination d'un point de vue normatif du point de vue d'un acheteur public préférant les profits nationaux aux profits étrangers et faisant face à des fournisseurs a priori différents. Il apparaît alors que la non-discrimination n'est la politique optimale que dans des situations particulières. L'article met par ailleurs en évidence la complexité des règles concrètes qui pourraient mettre en œuvre cette politique et démontre que le sens de la politique discriminatoire n'est pas remis en cause par la prise en compte de la possibilité de réduction du coût par un effort non observable.

Offres publiques d'achat. Dissuasion ou prix minimal, offre hostile ou négociée Les offres publiques sont modélisées comme un jeu d'enchère dans lequel est intégrée la possibilité de négocier directement avec la cible. Deux types d'acquéreurs sont distingués, en fonction des synergies élevées ou faibles. Le modèle montre que l'acquéreur à fortes synergies a intérêt à lancer une offre amicale qui lui permet d'obtenir à un meilleur prix la société visée. Ce n'est qu'en cas d'échec des négociations qu'il entreprend une offre hostile pour laquelle la stratégie dissuasive qui décourage toute surenchère est plus profitable que l'offre à prix mini­mal qui génère simplement l'accord des actionnaires. L'acquéreur à faibles synergies ne peut payer le prix dissuasif et, selon les cas, engage une négociation ou une offre hostile à prix minimal.

Équilibration et dépendance du contexte. Une évaluation expérimentale du jeu de négociation sous ultimatum La justice réciproque apparaît dans le jeu de la négociation sous ultimatum comme un mobile robuste qui conditionne par un processus d'équilibration les comportements des joueurs vers une issue qui ne correspond pas au seul équilibre de Nash parfait en sous-jeu. Prasnikar et Roth [1992] ont montré que la justice réciproque pouvait être dominé par d'autres mobiles psychologiques. Cette étude examine les conditions où, après une phase de compétition entre les joueurs, la justice réciproque regagne de l'influence dans la détermination des comportements. Ce résultat confirme que l'apprentissage comportemental dépend autant du contexte où les joueurs interagissent que du passé des joueurs.

The effect of matching procedures on trades The trading systems used on financial markets differ in terms of matching procedures, selected norms to write contracts, existence or not of intermediaries to ensure liquidity, market transparency... We are interested in measuring the direct effect on market specifics of a matching procedure modification namely, the matching frequency and the choice of a unique or multiple prices for the contracts concluded simultaneously.

Insurance and health care : a micro-econometric analysis based on the 1991-92 french health survey The 1991-92 French Health Survey is used to study the links between insurance, health and health care consumption. There is little empirical evidence of self-selection with respect to supplemental coverage : insured and uninsured people have similar health status and, among insured people, those who have a compulsory supplemental coverage and those who have an optional one have similar health care consumption. Moral hazard is much more important : insurance affects the decision to initiate an episode of health care rather than the quantity of care by episode. However, the link between insurance and health care can not only be analysed in strategic terms, since among insured people, a better coverage is associated with less health care consumption.

Monopole d'assurance informé et discrimination des risques Nous modélisons une situation où le monopole d'assurance sait mieux estimer les risques que les assurés eux-mêmes. Nous donnons une caractérisation complète des équilibres de ce jeu de signaux multidimensionnels. Nous les comparons avec les prédictions des modèles classiques d'antisélection. Nous faisons une analyse de la valeur de l'information lorsque la discrimination est permise.

L'objet de cette contribution est de proposer un modèle convexe d'équilibre général dynamisé avec croissance endogène par accumulation de capital humain dans un secteur public d'éducation. Le point nodal de l'axiomatique permettant cette croissance auto-entretenue est une hypothèse de substituabilité entre travail qualifié et travail non qualifié. Les simulations de ce modèle montrent l'impact positif des dépenses publiques d'éducation sur le taux de croissance du PIB de long terme de l'économie.

Croissance de la productivité et efficacité technique dans l'industrie manufacturière des États de l'Inde. Le rôle des infrastructures Nous présentons des estimations en données de panel de l'effet productif des infrastructures physiques, économiques et sociales dans le cas des branches manufacturières des États de l'Inde. En utilisant l'analyse en composantes principales, nous élaborons un indicateur composite de la disponibilité d'infrastructures à partir de douze indicateurs désagrégés. Les différences régionales de niveau d'infrastructures sont à l'origine d'écarts régionaux à la fois de productivité globale des facteurs et d'efficacité technique dans la quasi totalité des branches manufacturières.

À partir d'une réflexion sur les apports récents des théories de la croissance et de la géographie économique, cette contribution met en avant que les mécanismes essentiels des processus de croissance et de concentration/dispersion géographique résident dans la compréhension de la coordination en déséquilibre des économies. Une tentative rudimentaire de compréhension et d'analyse des déterminants et caractéristiques d'une telle coordination est proposée dans la dernière section.

Déterminants des évolutions de salaire. Une analyse sur la période 1982-1992 Alors que la variance des niveaux de salaire s'explique aux deux tiers environ par les caractéristiques du salarié et de son emploi, la variance de l'évolution individuelle de salaire sur dix ans n'est expliquée que très partiellement par ces mêmes caractéristiques (sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, secteur d'acti­vité, taille de l'établissement et localisation). Sur la période 1982-1992, où la mobilité salariale a été moins importante que par le passé, ces évolutions décennales de salaire tendent à ramener en partie vers la norme les salariés qui avaient, en 1982, des salaires très inférieurs ou très supérieurs à ceux de leur catégorie, ce qui traduit l'absence de divergence des trajectoires salariales sur la période.

Cette étude, essentiellement descriptive, cherche à caractériser les transformations de la mobilité salariale en France entre 1967 et 1987. La forte baisse de cette mobilité constitue notre résultat principal et robuste. Comme aux États-Unis, les probabilités de rester dans le même décile de salaire se sont accrues, particulièrement au bas de la distribution. L'analyse des cohortes successives révèle la situation privilégiée des cohortes les plus anciennes ainsi que la détérioration des positions initiales des cohortes les plus récentes, sauf pour les diplômés de l'enseignement supérieur.

Impact de la formation des salaires sur la structure résidentielle La gestion de la main-d'œuvre est étudiée en information complète et en information asymétrique lorsque le travail est hétérogène. Dans le premier cas, les travailleurs bénéficiant du meilleur appariement obtiennent les salaires les plus élevés ; dans le second, ce sont ceux qui ont le pouvoir de négociation le plus fort qui se garantissent les rémunérations les plus hautes, quand bien même leur appariement est le moins bon. Cette différence entre salaires se reflète au sein de la structure résidentielle : les travailleurs les mieux payés se localisent à proximité des entreprises car leurs enchères foncières sont plus élevées. La structure rési­dentielle dépend donc des modalités de la formation des salaires.

Capital humain et mobilité hiérarchique des salaires. Une approche par les modèles de comptage La mobilité d'un individu à l'intérieur de la hiérarchie des salaires, sa carrière salariale, est analysée ici comme résultant d'une décision individuelle d'accumulation, alors que les déplacements de la hiérarchie résultent de l'évolution de la conjoncture. Cette hypothèse de « casting » est testée sur données françaises en mettant en œuvre les techniques économétriques des données de comptage. Les résultats obtenus confirment le rôle du capital humain dans l'explication de la trajectoire individuelle, tout en préservant l'hétérogénéité des effets des variables individuelles au sein de la hiérarchie. La conjoncture globale ne semble pas influer significativement sur le déroulement de ces parcours.

Vingt ans après le premier choc pétrolier, notre compréhension des causes de la persistance de taux de chômage élevés en Europe reste limitée. L'évolution observée s'explique t-elle par une dérive du taux de chômage d'équilibre ou par la lenteur et la complexité des dynamiques d'ajustement enclenchées par une succession de chocs négatifs ? L'objectif de ce texte n'est pas d'offrir une réponse à ces questions. Il est plus modestement de faire apparaître les éléments principaux du débat et de clarifier la nature des questions posées en s'efforçant de les mettre en perspective. La discussion est organisée autour du lien entre courbe de Phillips et taux de chômage d'équilibre.

Le chômage d'équilibre en France. Une évaluation Ce texte tente d'explorer - sous les angles théorique et empirique - l'hypothèse selon laquelle le taux d'intérêt réel pourrait avoir un effet durable sur le taux de chômage d'équilibre. L'analyse s'appuie sur un modèle de négociations salariales augmenté d'une demande de capital, et donc d'un processus endogène d'accumulation du capital, qui permet notamment d'évaluer les rôles respectifs de la productivité du travail et du taux d'intérêt réel dans la montée du taux de chômage d'équilibre en France depuis vingt ans. Les résultats obtenus à l'aide d'une stratégie d'estimation multivariée montrent que ce modèle semble compatible avec les données dans le cas français. À l'issue de ce travail, il apparaît que la hausse du taux de chômage d'équilibre depuis 1974, qui s'établirait aujourd'hui autour de 10 %, trouverait son origine dans l'élévation régulière du prélèvement fiscalo-social et des taux d'intérêt réels depuis le début des années quatre-vingt.

Courbe de Phillips et modèle WS-PS. Quelques réflexions Rompant avec la pratique empirique des courbes de Phillips caractérisées par une influence négative du taux de chômage sur le taux de croissance des salaires, les « nouvelles théories du chômage » ont voulu refonder le concept de taux de chômage d'équilibre à partir de courbes WS-PS, basées sur des modèles théoriques, où le taux de chômage joue négativement sur le niveau des salaires. Elles ambitionnent d'expliquer ainsi la croissance et la persistance du chômage de masse en Europe depuis vingt-cinq ans. Toutefois, l'existence et les déterminants d'une cible de long terme de salaire réel posent de délicats problèmes théoriques et empiriques ; aussi, les divers travaux de cette école fournissent-ils des explications contradictoires de la hausse du chômage.