Contenu du sommaire : Italie : la présence du passé

Revue 20 & 21. Revue d'histoire Mir@bel
Titre à cette date : Vingtième siècle, revue d'histoire
Numéro no 100, octobre-décembre 2008
Titre du numéro Italie : la présence du passé
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Italie : la présence du passé

    • Introduction - Marc Lazar accès libre
    • Trois bilans historiographiques
      • L'historiographie politique de l'Italie républicaine - Maurizio Ridolfi p. 11 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Le débat historiographique en cours en Italie, depuis au moins quinze ans, a investi non seulement les structures du système politique (le Parlement et les partis, l'opinion publique et les médias), mais aussi la culture des historiens de l'époque contemporaine. On assiste à une réinvention des compétences et de la sensibilité, également imposée par l'extension des sources à utiliser. Dans l'histoire politique de l'Italie républicaine, apparaissent des courants interprétatifs interdisciplinaires permettant de faire de plus en plus émerger de nouvelles questions sur les fondements de l'identité nationale, sur les caractères et les transformations de la démocratie républicaine. Les interprétations renouvelées, entre un révisionnisme déclaré et un retour à la « longue » histoire nationale, ont présenté un fort intérêt pour la crise des institutions républicaines, la décadence des partis traditionnels et la délégitimation de la classe politique, rivalisant pour faire de l'Italie non tant une « anomalie » européenne qu'un « laboratoire » de la mutation vers les démocraties d'opinion actuelles.
        The historiographic debate that has been going on in Italy for at least fifteen years has encroached upon not only the structures of the political system (Parliament and the parties, public opinion and the media), but also the culture of contemporary historians. We attend a reinvention of skills and sensitivity, also required by the increase of available sources. In the political history of Republican Italy, interdisciplinary currents have appeared enabling new questions on the foundations of national identity and the characteristics and transformations of republican democracy to come to the fore. Renewed interpretations, between a declared revisionism and a return to the “long” national history, show a strong interest in the crisis of republican institutions, the decadence of traditional parties and the delegitimization of politicians vying for making Italy not a European anomaly but a “laboratory” of mutation towards present day public opinion democracies.
      • Une histoire sociale à l'italienne ? - Mariuccia Salvati p. 21 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        L'article est divisé en trois parties : la première dresse un tableau de la situation de l'histoire sociale depuis la fin de la seconde guerre mondiale, soit depuis la fin du fascisme et de son hostilité radicale à l'égard des sciences sociales. Dans les années 1940-1950, la reprise des études sur la société se fait sous le signe du marxisme et du parti communiste. Cependant, en dehors des partis et des universités, des travaux originaux sont menés par des écrivains et des sociologues, qui s'engagent dans une recherche sur la société se voulant être aussi un rendez-vous civil. La deuxième partie, consacrée aux années 1970, suit le débat sur l'histoire sociale, dans ses deux versions, labour history et microstoria. La troisième partie fait rapidement le tour de la production en histoire sociale dans les années 1980-1990, tant sur le versant de la microstoria que sur celui de la labour history, soulignant une sorte d'influence réciproque pour la période contemporaine, influence jamais admise mais évidente vu le déplacement des centres d'intérêts vers les territoires et vers le rôle de la société dans l'histoire des institutions. Même si les tendances internationales prédominent aujourd'hui, le territoire et la microstoria restent les traits particuliers de l'histoire sociale italienne, car ils sont très proches de ses spécificités géographiques et historiques.
        This article is divided into three parts: the first shows the situation of social history since the end of the Second World War, i.e. since the end of fascism and its radical hostility towards social sciences. In the 1940s, the study of the society was done under marxism and the communist party. However, outside of parties and universities, original works were carried out by writers and sociologists who took up research on the society as a civil rendez-vous. The second part, devoted to the 1970s, follows the debate on social history in its two versions, labor history and microstoria. The third part briskly studies production in social history in the 1980s as much on the microstoria side as that on labor history, underlining a kind of reciprocal influence for the contemporary period, an influence that is never admitted but that is obvious when looking at the displacement of centers of interest towards the territories and towards the role of society in the history of institutions. Even if international trends predominate today, the territory and microstoria remain the particular characteristics of Italian social history because they are very close to its geographical and historical specificities.
      • L'histoire culturelle en Italie Aperçu historiographique et idée de culture - Michela Nacci p. 33 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Cet article est divisé en sept parties, chacune d'elles faisant le point sur un thème central de l'histoire culturelle en Italie. Notre intention est de mettre au jour l'origine des polémiques et des courants de pensées actuels ; de repérer les idées d'hier qui ont, directement ou indirectement, engendré les idées d'aujourd'hui ; d'identifier les mots clés, les débats, les individus qui jouèrent un rôle de premier plan en histoire culturelle. La problématique tourne autour d'un axe central : à la suite de Benedetto Croce, Giovanni Gentile, Eugenio Garin et Norberto Bobbio, on parle de la culture avec un C majuscule, en sous-estimant les mutations que celle-ci a connues. Les matériaux auxquels la « culture » fait aujourd'hui référence diffèrent de ceux du passé (des chansons à la mode aux voyages) ; les personnes qui la produisent comme ceux qui la consomment ont changé (les travailleurs en situation de précarité, un public divisé en génération et en genre, etc.). Il s'agit donc de proposer un bilan qui traite à la fois des idées développées par Gramsci et de la culture pop, du positivisme et de l'immatériel.
        This article is divided into seven parts, each one dealing with a central theme of Italian cultural history. Our aim is to clarify the origin of today's polemics and schools of thought; to trace yesterday's ideas that directly or indirectly brought out today's. The problematic revolves around a central axe: following Benedetto Croce, Giovanni Gentile, Eugenio Garin and Norberto Bobbio, culture is discussed with a capital C, underplaying the mutations that it has gone through. The material “culture” refers to today differs from that of the past (from popular songs to travel); the people who produced it like those who consume it have changed (workers in precarious situations, an audience divided by generation and gender, etc.) The idea is to suggest a picture that deals both with ideas developed by Gramsci and pop culture, with positivism and the immaterial.
    • Sept dialogues franco-italiens
      • L'héritage fasciste entre mémoire et historiographie Les origines du refoulement du totalitarisme dans l'analyse du fascisme - Emilio Gentile p. 51 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        L'article explique comment, à la fin de la deuxième guerre mondiale, la tendance à banaliser le fascisme a dominé dans la culture italienne. Il fut présenté comme un régime de quatre sous qui s'était effondré comme un château de cartes, avait fondu comme neige au soleil, car il n'était fondé sur rien. La conséquence la plus grave de la banalisation du fascisme fut la « défascisation rétroactive » de l'expérience fasciste et l'exclusion du problème du totalitarisme au sein de l'analyse du régime fasciste. Le résultat de cette tendance, à laquelle contribuèrent les cultures néo- et antifascistes, fut le retard avec lequel l'historiographie italienne affronta sérieusement la réalité effective de l'expérience totalitaire fasciste ainsi que son héritage. Depuis quelques dizaines d'années, une nouvelle historiographie a ramené le problème du totalitarisme au cœur de l'analyse du fascisme, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives de recherche et de réflexion sur l'héritage fasciste dans la politique et la société italienne.
        This article explains how, at the end of World War II, the tendency to make fascism ordinary dominated in Italian culture. It was presented as a two-bit regime that collapsed like a house of cards, melted like snow in the sun because it was founded on nothing. The most serious consequence of this banalization of fascism was the retroactive “de-fascization” of the fascist experience and the exclusion of the problem of totalitarianism within the analysis of the fascist regime. The result of this tendency that the neo- and antifascist cultures contributed to was that Italian historiography was late in seriously confronting the reality of the fascist totalitarian experience as well as its heritage. For the last few decades, a new historiography has brought the problem of totalitarianism back to the heart of the analysis of fascism, opening up new research paths on the fascist heritage in Italian politics and society.
      • Le totalitarisme fasciste, illusion ou expérience interrompue ? - Pierre Milza p. 63 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        L'auteur s'interroge, en écho à l'article d'Emilio Gentile, sur les raisons qui font que la notion de totalitarisme, appliquée au fascisme italien, a rencontré moins de détracteurs parmi les historiens français que dans les rangs de leurs collègues transalpins. En France, le refus de relier le phénomène totalitaire à la dictature nationaliste instaurée par Mussolini, ne serait-ce que parce que l'on considère le concept de totalitarisme comme trop fluctuant et idéologiquement marqué, relève essentiellement d'une interprétation marxiste ou apparentée, immanquablement fondée sur le principe de la lutte des classes comme moteur principal, sinon exclusif, de l'histoire. En Italie, et jusqu'à une date récente, les adversaires de la thèse totalitaire ont, eux, formé une coalition réunissant historiens de droite et historiens de gauche, ex-fascistes et antifascistes, marxistes et libéraux, unanimes (ou presque) à considérer le fascisme comme une « nullité historique » et à considérer ceux qui professaient une opinion contraire comme faisant l'apologie du régime mussolinien.
        The author, in echo to Emilio Gentile's article, questions the reasons that the notion of totalitarianism, applied to Italian fascism, met with fewer detractors among French historians than in the ranks of their transalpine colleagues. In France, refusing to link the totalitarian phenomenon to the nationalist dictatorship installed by Mussolini if only because the concept of totalitarianism was considered as too fluctuating and ideologically connoted has to do essentially with a Marxist or similar interpretation, inevitably based on the principal of class conflict being the main or only driver of history. In Italy and until recently adversaries of the totalitarian thesis created a coalition among right- and left-wing historians, ex- and antifascists, marxists and free-marketers, (almost) unanimous in considering fascism as “historically worthless” and considering those who professed a contrary opinion as apologizing for the Mussolini regime.
      • Formes et fonctions de l'antifascisme dans la vie politique italienne Légitimité ou légitimation ? - Ernesto Galli della Loggia p. 69 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        En 1945, l'antifascisme était le seul moyen de légitimation à la disposition du nouveau régime politique de l'Italie et de sa nouvelle élite politique. Ce fut l'idéologie nouvelle de la République nouvellement née et il fut au début utilisé dans ce but. Mais très tôt, et de plus en plus, l'antifascisme devint un simple outil de parti communiste dans sa lutte contre ses ennemis, périodiquement accusés d'œuvrer au rétablissement d'un régime autoritaire. De cette façon, et en raison de la force de la gauche tout au cours de l'après-guerre, la perpétuation de l'opposition fasciste/antifasciste devint une caractéristique permanente de la vie culturelle et politique italienne. Et les mêmes raisons alimentèrent l'image mythique d'une Résistance comme grande rébellion du peuple. Cet article examine les formes et les phases de cette subtile opération idéologique visant à apporter au parti communiste à la fois la légitimation démocratique et nationale dont il avait si radicalement besoin et une influence hégémonique dans le milieu intellectuel.
        In 1945 antifascism was the only means of legitimization at disposal of Italy's new political regime and of its new political élite. It was the new ideology of the newly born Republic, and it was used for this purpose at the beginning. But very soon, and more and more, it became a mere tool of the communist party in its struggle against his enemies, periodically accused of aiming at reinstating an authoritarian régime. This way, and because of the Left's strength during the entire after-war, the continuation of the opposition fascism/antifascism became a permanent feature of Italian cultural and political life. And the same reasons nourished the mythic image of a Resistance as a great people's rebellion. The article examines the forms and phases of this subtle ideological operation aiming at providing the communist party with both the democratic and national legitimization which it so dramatically needed, and an hegemonic influence in the intellectual milieu.
      • Reconsidérer le poids de l'antifascisme dans l'Italie républicaine ? Remarques sur l'article d'Ernesto Galli della Loggia - Éric Vial p. 79 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Dans les limites d'une réponse à Ernesto Galli della Loggia, cet article expose des divergences quant à plusieurs moments de l'histoire italienne depuis 1943, à la légitimation de la République et au fonctionnement des références à l'antifascisme. Celles-ci peuvent être considérées comme plus sectorielles dans les années 1950 que ce qui a été affirmé. Elles furent souvent aberrantes mais marginales dans les années 1970 et en particulier assez peu utilisées dans le débat politique par le parti communiste italien, puis tombèrent presque en désuétude dans les années 1980. De toute façon, depuis 1992, après la grande recomposition du paysage politique italien et la bipolarisation gauche/droite, elles ont été relayées par d'autres clivages où les héritiers du fascisme, désormais convertis à la démocratie, sont loin d'être les cibles privilégiées de la gauche. Reste qu'il s'agit d'un sujet des plus ouverts, que ne sauraient épuiser deux textes trop courts pour ne pas sembler péremptoires.
        Within the confines of a response to Ernesto Galli della Loggia, this article develops the divergences regarding several moments of Italian history since 1943 concerning the legitimacy of the Republic and the functioning of antifascist references. They can be considered more sectoral in the 1950s than what was stated. They were often aberrant but marginal in the 1970s and in particular not much used by the Italian communist party in the political debate and then practically fell out of use in the 1980s. In any case, since 1992, after the major recomposition of the Italian political landscape and the left/right bipolarization, they were carried on by other divisions in which the heirs of fascism, then converted to democracy, were far from being the left's favorite targets. It remains that the subject is wide open and could not exhaust the two texts too short not to seem peremptory.
      • Régimes politiques, État et nation en Italie - Piero Craveri p. 87 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Dans l'histoire politique de l'unité italienne, soit depuis 1860, le système politique du pays s'est toujours distingué du système constitutionnel. Les constitutionnalistes italiens ont forgé l'expression « Constitution matérielle », qui décrit la commixtion hybride entre pouvoir politique et constitutionnalisme démocratique. Sous le régime libéral préfasciste, de façon plus explicite encore pendant la période fasciste et de nouveau sous la République, le système italien est resté privé d'alternatives de gouvernements et dominé par une nomenclature politique et sociale ayant connu des moments de rupture. 1994 a marqué le début d'une phase d'alternance qui continue néanmoins de poser des problèmes au niveau à la fois constitutionnel et politique.
        In the political history of Italian unity, i.e. since 1860, the country's political system has always distinguished itself from the constitutional system. Italian constitutionalists forged the expression “material Constitution” that describes the hybrid mixture of political power and democratic constitutionalism. In the pre-fascist free-market regime, and even more explicitly during the fascist period and once again in the republican regime, the Italian system remained without governmental alternatives and dominated by a political and social nomenclature that had experienced moments of rupture. The year 1994 marked the beginning of a phase of alternation that nevertheless continues to pose both constitutional and political problems.
      • L'Italie contemporaine est-elle née et a-t-elle grandi contre les Italiens ? - Gilles Pécout p. 97 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        À partir des réflexions de Piero Craveri sur les rapports entre État et nation dans l'Italie contemporaine, cet article propose une lecture critique de la parabole de l'inadéquation entre « pays réel » et « pays légal ». Sont d'abord rappelées les grandes étapes de la difficile rencontre entre l'État et la société depuis l'Unité : la période libérale marquée par le primat d'une oligarchie clientélaire, le « moment » giolittien de rencontre réussie entre une administration efficace et une société davantage prise en compte dans ses réalités, l'illusion fasciste d'une réconciliation entre État et société et les faillites successives de la République. La discussion reprend l'interprétation générale de cette inadéquation, puis ses modalités historiques précises à travers l'acte de naissance de l'Italie contemporaine comme fondement de l'examen critique de la vie politique actuelle. N'est-il pas légitime de revenir sur l'héritage de l'Italie libérale et celui de toutes les subcultures radicales et subversives dans la politisation des Italiens pour dépasser l'adéquation entre antipolitique et anti-Risorgimento ?
        Beginning with Piero Craveri's thinking on the relations between State and nation in contemporary Italy, this article suggests a critical reading of the parable of the mismatch between the “real” and “legal” country. First, the main stages of the difficult meeting between the State and the society since Unity: the free-market period marked by the primacy of a clientelist oligarchy, the Giolittian “moment” of the successful meeting between an efficient administration and a society considered in its realities, the fascist illusion of a reconciliation between State and society and the successive failures of the Republic. The discussion takes up the general interpretation of this mismatch, and then its precise historical arrangements through the birth of contemporary Italy as the basis of a critical examination of current political life. Isn't it legitimate to go back over the heritage of free-market Italy and that of all the radical and subversive subcultures in the politization of the Italians to go beyond the correspondence between antipolitical and anti-Risorgimento ?
      • Les transformations de la société italienne - Guido Crainz p. 103 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        L'article rend compte des étapes de la transformation sociale de l'Italie : un long et difficile après-guerre ; un « miracle économique » entre la fin des années 1950 et le début des années 1960, qui a eu un impact particulier en raison du faible niveau initial et qui a connu des processus inédits d'industrialisation, de scolarisation de masse et, de manière générale, de modernisation ; enfin, la phase caractérisée par le mouvement étudiant de 1968 et par l'intense mobilisation ouvrière de 1969 qui se prolongent dans les années suivantes et s'étendent à de nombreuses couches de la société. Les années 1980 sont marquées par la dissolution du modèle fordiste dans le domaine économique et par un changement plus en profondeur des mentalités et des comportements : abandon croissant des modèles collectifs et prévalence de formes individuelles d'affirmation et de promotion sociale, dans l'indifférence ou au mépris de l'intérêt général. L'article tente en outre de mettre en relation ces processus avec les différentes phases du conflit politique ainsi qu'avec une histoire longue. Il souligne finalement l'absence d'une orientation générale dans la transformation de l'Italie.
        This article deals with the stages of social transformation in Italy: a long and difficult post war; an “economic miracle” between the late 1950s and the early 1960s, which had a particular impact because of the low initial level that then went through unknown processes of industrialization, mass schooling, and in general, modernization; finally, the phase characterized by the 1968 student movement and the intense 1969 worker mobilization that continued in the following years stretching into many levels of society. The 1980s were marked by the dissolution of the fordist model in the economic field and by a deeper change in mentalities and behaviors: collective models were abandoned and individual forms of affirmation and social promotion came into being without any concern for the general interest. The article also tries to relate these processes to the different phases of political conflict as well as with a long history. Lastly, it stresses the absence of a general orientation in the transformation of Italy.
      • La société italienne, des voies originales entre tradition et modernité - Marco Oberti p. 115 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Les transformations de la société italienne depuis la deuxième guerre mondiale ont souvent été interprétées en termes d'anomalie, voire de retard, ou encore de modernisation inachevée. Sans nier les apports de ces interprétations tout comme les fortes spécificités de cette société, nous préférons insister sur la voie originale empruntée par les sociétés italiennes dans leur façon d'agencer tradition et modernité tout en maintenant de fortes diversités socio-territoriales. Cela conduit à replacer la question du développement économique, de l'État providence, de la famille, des traditions locales et des classes sociales dans une perspective structurelle qui permet de montrer comment « désordre public » et « dynamisme privé » interagissent et produisent une cohérence sociétale complexe que l'on ne peut réduire à une « anomalie » ou un retard dans le développement.
        Social changes in Italy since the Second World War have been often interpreted in terms of anomaly, even delay, or unachieved modernization. Without denying the contributions of these interpretations as well as the strong specificities of this society, we prefer insist on the original path taken by the Italian societies in their way to combine tradition and modernity while maintaining strong socio-territorial diversity. This lead to replace the question of economic development, welfare state, family, local traditions and social classes in structural perspective, which allows to show how “public disorder” interacts with “private dynamism” and produces a complex societal coherence that can not be reduce to an “anomaly” or a delay in the development.
      • Miracles et défaillances de l'économie italienne - Luciano Segreto p. 121 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        De combien de miracles économiques un pays est-il capable ? La question est moins rhétorique et évidente qu'elle peut paraître, en particulier dans le cas de l'Italie. L'économie du pays des exceptions (tant d'un point de vue négatif que positif) est examinée pour évaluer dans quelle mesure l'Italie peut répondre aux nouveaux défis de la concurrence mondiale, en tenant compte de son retard historique, de ses sous-estimations et de ses erreurs, principaux éléments de son passé lointain comme plus récent.
        How many economic miracles can a country perform? The question is less rhetorical and obvious than it may appear, especially in the case of Italy. The economy of the country of exceptions (both from a negative and a positive point of view) is scrutinized to assess to what extent Italy can address the new challenges of global competition, under the weight of its historical backwardness, its undervaluations, and its mistakes, that are the main elements of its distant as well as more recent past.
      • L'économie italienne, du miracle à la banalité dans l'Europe - Jacques Le Cacheux p. 131 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        L'économie italienne, dont les taux de croissance ont été remarquablement élevés pendant les années 1950-1960, est devenue, en ce début du 21e siècle, la lanterne rouge de la zone euro. Cette médiocre performance est, en grande partie, attribuable à l'incompatibilité entre une régulation macro-économique nationale dont la redistribution, en particulier entre le Nord et le Sud, a longtemps constitué un moteur essentiel, et les choix européens que l'Italie a faits, notamment en matière monétaire, à partir de 1979. En effet, le financement de cette redistribution interrégionale n'a longtemps été possible que grâce à l'inflation et à la dépréciation externe de la monnaie, puis à l'augmentation de l'endettement public. Avec l'adoption de l'euro et des règles de finances publiques européennes, de tels expédients sont désormais proscrits.
        The Italian economy with its remarkably high growth levels in the 1950s is now bringing up the euro-zone rear in the 21st century. This mediocre result is largely attributable to the incompatibility between national macro-economic regulation whose redistribution, particularly between North and South, was considered an essential locomotive for a long time, and the European choices Italy made, particularly in monetary policy, as of 1979. The financing of this interregional redistribution had been possible for a long time only thanks to inflation and foreign depreciation of the currency, and then to the increase in public debt. With the adoption of the euro and European public finance regulation such expedients are now off limits.
      • Un manque de culture civique en Italie ? - Salvatore Lupo p. 137 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        L'auteur de cet article se demande si la culture civique manque réellement en Italie, comme le soutient une solide tradition. Il appelle à critiquer le radicalisme interprétatif qui conduit à qualifier de « culturels » des problèmes qu'il conviendrait plutôt de définir comme « politiques ». Les Italiens proposent régulièrement une réflexion autocritique centrée sur les défauts de leur « caractère » national. Cependant, dans une large mesure, le problème réside justement dans le fait de se poser éternellement cette même question rhétorique. Ceci empêche de percevoir les changements historiques et d'adopter une attitude positive en vue de trouver une solution à des problèmes concrets.
        The author of this article wonders if civic culture is really missing in Italy, as a solid tradition says. It calls for criticism of interpretative radicalism that tends to qualify as “cultural” problems it would be better to define as “political”. Italians are always putting forward autocriticism on the defects of their national “character”. But generally speaking, the problem lies in the fact that this same rhetorical question is constantly being asked. This prevents one from seeing historical changes and adopting a positive attitude so as to find a solution to concrete problems.
      • Culture italienne, culture de masse, culture civique - Frédéric Attal p. 147 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        La culture italienne s'est considérablement diversifiée au cours de ces soixante dernières années. Longtemps prisonnière soit de modèles étrangers, soit d'une forme d'instrumentalisation politique, soit encore d'un système universitaire en construction, elle a conquis son autonomie en se lançant à la découverte des Italiens dans leur diversité régionale et sociale, et leurs comportements. Du roman au cinéma, en passant par les revues, la culture italienne a enrichi la connaissance de la société dont elle est l'émanation. La culture de masse a participé à cette quête de soi, tout en accélérant la modernisation et la nationalisation des Italiens sans rompre avec les racines de la culture populaire. Culture des élites et culture de masse qui se sont rapprochées voient leur lien commun avec la politique resté fort. Enfin, le réveil supposé de la société civile et le nouveau civisme italien fait l'objet de multiples débats et enquêtes.
        Italian culture has greatly diversified itself over the last sixty years. For a long time it was a prisoner of foreign models, of a form of political instrumentalization, or of a university system in construction, but it gained its autonomy by discovering Italians in their regional and social diversity and in their behavior. From the novel to the cinema, and in magazines, Italian culture has enriched the knowledge of the society it comes from. Mass culture was part of this identity while speeding up the modernization and nationalization of the Italians without breaking off from the roots of popular culture. Elite and mass culture have come closer and see their common link with politics. Lastly, the supposed awakening of civil society and new Italian civism are the subject of many debates and studies.
      • Les métamorphoses du religieux dans l'Italie républicaine - Daniele Menozzi p. 155 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        La dimension religieuse dans l'Italie d'aujourd'hui est encore caractérisée par la présence hégémonique de l'Église catholique, ce qui offre l'opportunité d'examiner les métamorphoses du catholicisme pendant les cinquante dernières années. Trois phases peuvent être envisagées. Premièrement, l'aspiration à la reconstruction d'un ordre social chrétien et d'un État catholique et l'échec de cette perspective ; deuxièmement, le vain effort d'un renouveau religieux sous la direction de Paul VI, qui chercha à transformer un catholicisme italien largement pratiqué par conformisme social en une attitude de foi fondée, à un niveau individuel, sur une solide formation spirituelle et capable, à un niveau collectif, de contribuer à l'amélioration de la vie sociale ; troisièmement, l'élaboration, sous l'impulsion de Jean Paul II, d'un projet de néochrétienté qui, en soulignant les caractères identitaires du catholicisme pour la nation italienne, réclame un nouveau rôle public pour l'institution ecclésiastique en tant que dépositaire des droits de l'homme devant structurer la communauté politique. Dans les métamorphoses du catholicisme italien, bien réelles, on constate ainsi des éléments de continuité.
        The religious dimension in Italy today is still characterized by the hegemonic presence of the Catholic Church, which provides the opportunity of examining the metamorphoses of Catholicism over the last fifty years. There are three phases: first, the hope for the reconstruction of a christian social order and of a catholic State and the failure of this possibility; second, the unsuccessful effort of a religious renewal under Paul VI, who tried to transform Italian catholicism largely characterized by social conformism in an attitude of faith founded, on the individual level, on a solid spiritual formation, and able, on a collective level, to contribute to the improvement of social life; thirdly, the elaboration, under Jean-Paul II, of a neochristian project that, while emphasizing the identity of catholicism for the Italian nation, demanded a new public role for the ecclesiastic institution as depositary of human rights that have to structure a political community.
      • « L'aventure fascinante de l'Église en Italie » - Jean-Dominique Durand p. 167 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        L'étude du fait religieux en Italie révèle un pays très éloigné de la France et même de bien d'autres pays européens : présence sociale, dynamisme des engagements, vigueur des pratiques populaires, rôle politique de l'Église catholique entretiennent une singularité qui surprend de prime abord l'observateur. Celle-ci se confirme dès lors que l'on analyse de plus près les réalités quotidiennes et les tendances de fond des évolutions. La longue histoire du christianisme depuis les martyres de Pierre et de Paul donne à l'Italie un rapport particulier à la religion malgré les vicissitudes de la construction de l'État national imposée à l'Église et les progrès de la sécularisation de la société. Rome capitale de l'État italien, et capitale de la catholicité, impose un rapport profondément original entre Église et État, un rapport réglé par le régime concordataire intégré dans la Constitution républicaine, mais qui va au-delà des règles juridiques, pour créer, non sans tensions parfois, une sorte d'osmose entre le spirituel et le temporel.
        The study of religion in Italy reveals a country far removed from France and even of other European countries: social presence, dynamism of commitment, strength of popular practices, political role of the Catholic Church promote a singularity that first surprises the observer. This is confirmed when one analyzes more closely the daily realities and deeper tendencies of change. The long history of christianism since the martyrs of Peter and Paul gave Italy a particular relation to religion in spite of the vicissitudes of the construction of the national State imposed on the Church and the progress of society's secularization. Rome capital of the Italian state and capital of catholicity imposes a profoundly original relation between Church and State, a relation regulated by the concordat regime integrated into the republican Constitution but that goes beyond the juridical rules to create, not without some tensions, a sort of osmosis between spiritual and temporal.
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