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Titre L'altérité et le tourisme : construction du soi et d'une identité sociale
Auteur Anne-Marie d'Hauteserre
Mir@bel Revue Espace Populations Sociétés
Numéro no 2, 2009
Rubrique / Thématique
Varia
Page 279-291
Résumé Cet article examine une des raisons pour lesquelles l'altérité du tiers-monde est un des moteurs du tourisme. Que recherchent les voyageurs qui se rendent sur ces lieux lointains ? Cette question fut soulevée lors d'une visite dans un village érigé par le gouvernement du Myanmar où on peut photographier des femmes aux pratiques culturelles exotiques. Les paysages, autant que les espaces, y compris ceux des destinations touristiques, sont construits socialement pour permettre à ceux qui les traversent d'affirmer leur subjectivité. Un examen des attitudes et des pratiques des touristes ainsi que des voyagistes nous permet d'explorer comment les paysages, exotiques ou ordinaires, deviennent porteurs d'identité sélective et soutiennent une hiérarchie de différenciations sociales. Les touristes ne recherchent pas une véritable altérité, mais plutôt la possibilité de flirter avec son mystère romantique dont la mise en scène est agencée de façon familière. L'exotisme cultivé par le tourisme n'est qu'un pauvre reflet des voyages d'exploration des siècles passés. Cela permet cependant aux touristes qui ne disposent que de courtes vacances, de construire leur capital culturel tout en maintenant leur position hiérarchique par rapport aux résidents locaux et autres visiteurs. Loin d'appréhender l'autre, la construction de son altérité sert à la construction de soi et à justifier ses pratiques. Les pratiques des touristes, quelles que soient leurs origines, demeurent cependant contraintes par leur habitus social et culturel ainsi que par les décisions du capitalisme international.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais This article examines one of the reasons why third world alterity is one of the motors of tourism. What do travelers seek when they visit those remote sites? A stop in a village built by the government of Myanmar where women with exotic cultural practices can be photographed led me to raise this question. Landscapes as much as spaces, including tourist destinations, are socially constructed to enable those who cross them to confirm their subjectivity. Looking at attitudes and practices of tourists and tour operators allows us to explore how exotic or everyday landscapes support selective self-identities and a hierarchy of social differentiations. Tourists do not look for true alterity but rather for the possibility of encountering its romantic mystery whose staging makes more familiar. The form of exoticism marketed by tourism is but a pale imitation of voyages of exploration of past centuries. However, it permits tourists who enjoy only short holidays, to construct some cultural capital while they work on maintaining their social hierarchical position relative to local residents and other visitors. Far from leading to an understanding of others, the staging of their alterity is used for self-identity construction and to justify such practices. These practices do remain constrained, however, by the social and cultural habitus of tourists, whatever their origins, and by the demands of international capital.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://eps.revues.org/3693