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Titre D'une assimilation à l'autre : la transition des politiques éducatives japonaises à celles de la République de Chine à Taïwan dans l'après-guerre
Auteur Vladimir Stolojan-filipesco
Mir@bel Revue Monde Chinois
Numéro no 58, 2019/2 Taïwan des années 1930 aux années 1950
Rubrique / Thématique
Dossier. Taïwan des années 1930 aux années 1950 : la naissance d'une société pluraliste
Page 42-52
Mots-clés (géographie)Chine Japon Taiwan
Mots-clés (matière)colonisation enseignement histoire politique de l'éducation
Résumé La modernité de Taïwan a été marquée dans l'après-guerre par la collusion de deux expériences historiques très différentes. Cédée par l'empire Qing au Japon en 1895, l'île de Taïwan a connu une stabilité qui tranche avec les troubles traversant la fin de l'ère impériale et les premières décennies de la République de Chine. Période charnière dans l'histoire insulaire, la colonisation japonaise associe forte croissance économique, profonds changements sociaux et discrimination du colonisé Taïwanais malgré un discours assimilateur aux accents pan-asiatiques. Les politiques éducatives sont une bonne illustration de cette contradiction entre l'objectif revendiqué par les colonisateurs (faire, à terme, de Taïwan une province à part entière de l'empire japonais) et la réalité insulaire (le maintien d'une distinction stricte entre Japonais et Taïwanais, au détriment de ces derniers). En effet, même après le passage de décrets promouvant une mixité scolaire, l'enseignement dispensé aux Taïwanais reste de qualité inférieure à celui destiné aux jeunes résidents japonais. Malgré la défaite du Japon et le rattachement de Taïwan à la République de Chine en 1945, les Taïwanais ne sont toujours pas considérés par leurs nouvelles autorités de tutelle comme des citoyens à part entière. Pour le KMT, les Taïwanais ont été trop marqués par l'occupation japonaise et il convient de les « re-siniser » avant qu'ils puissent accéder aux mêmes droits que les Chinois des autres provinces de la république. Différentes politiques assimilationnistes sont menées, qui se traduisent à nouveau par une discrimination des Taïwanais au profit, cette fois, des Chinois et des Taïwanais alors résidant en Chine continentale et venus sur l'île avec le nouveau régime. Au niveau scolaire, plutôt que la mise en place de mesures reconnaissant formellement une distinction entre Taïwanais et Chinois, le gouvernement s'inspire d'initiatives qu'il avait prises en Chine dans les années 1930 pour renforcer son emprise sur les écoles et campus. Cette politisation de l'enseignement public atteint son paroxysme après la retraite de 1949. L'anticommunisme est intégré à différentes matières, tandis que le régime met sur pied des associations pour l'encadrement politique de la jeunesse. Cette extrême politisation de l'éducation est une caractéristique fondamentale de la société taïwanaise des années 1950.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The Japanese colonization of Taiwan marks the beginning of the island's industrialization and the affirmation of a new society whose modernity contrasts with the traditional everyday life during the Qing era. Likewise, whereas the collapse of the imperial model and the early years of the Republican regime are characterized by a political instability, Taïwan is left unscathed by the troubles affecting China. If the Japanese colonial government contribute to the development of Taiwan, its policies are engineered only with the interests of the metropole in mind and Taiwanese are considered as second-class citizens, this despite the official discourse advocating their full assimilation into the Japanese empire. The implementation of a modern public education system is a good example of this contradiction between the official goal of the regime (to turn Taiwan into a province of the Japanese empire) and the everyday reality (a strict distinction between Japanese and Taiwanese, as well as the discrimination of the latter for the interests of the former). Despite the transfer of Taiwan from Japan to the Republic of China in 1945, the Taiwanese are still not considered by their new ruler as the equals of the other members of the national community. For Nankin, the Japanese colonization deeply influenced the local society and it is now necessary to “re-sinicize” the Taiwanese before granting them full citizenship. Several assimilationist policies are undertaken on the island, which, once again, lead to the marginalization of the Taiwanese for the benefit of the Chinese who came with the new regime and Taiwanese who lived in China before coming back in 1945. In term of education, rather than measures which would formally recognize a clear distinction between Taiwanese and Chinese, the government tries to enhance political socialization by strengthening its control of schools and campus. This process is intensified after the 1949 retreat. Anticommunism became a pillar of public education whereas, in the meanwhile, several groups dedicated to the youth are created by the Kuomintang as a mean to complete the political work made at school. This extreme politization of education is an essential characteristic of the Taiwanese society during the early 1950's.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=MOCHI_058_0042 (accès réservé)