Titre | La base de données des personnes décédées pour saisir les trajectoires résidentielles sur le temps long, une démonstration pour la Corse | |
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Auteur | Luc Merchez | |
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Revue | Espace Populations Sociétés |
Numéro | no 2024/2-3 Populations insulaires | |
Rubrique / Thématique | II - La mobilité des populations insulaires |
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Résumé |
Migrations et mobilités constituent l'une des clés de lecture majeures des territoires insulaires, et l'on pointe fréquemment soit le relatif enclavement de leurs populations, soit au contraire des circulations de population remarquables et singulières eu égard à l'isolement du territoire.La Corse n'échappe pas à la règle, et on se propose ici de revisiter en quoi sur une vaste période contemporaine (du XXe siècle à aujourd'hui) les trajectoires résidentielles ont pu évoluer, et en quoi elles s'éloignent ou se rapprochent (en direction, en volume, en distance) des trajectoires observées en France continentale. Si l'on s'en tient à ses caractéristiques démographiques actuelles, la Corse occupe visiblement une place singulière parmi les régions françaises. Depuis le début des années 2010, c'est la région métropolitaine avec la plus forte croissance démographique (environ 1 % par an), celle-ci s'expliquant exclusivement par son solde migratoire apparent, en lien notamment avec des départs peu importants. L'objectif est de saisir ce qui pourrait ou non constituer une spécificité corse dans l'analyse spatio-temporelle des trajectoires de vie de ses habitants, en s'appuyant sur des données individuelles encore peu utilisées pour la France, à savoir les données nominatives des personnes décédées depuis 1970 (plus de 27 millions de décès jusque 2023). L'analyse des trajectoires lieu de naissance – lieu de décès fait bien état d'une relative singularité corse pour certains indicateurs (augmentation de la part des individus décédés dans leur département de naissance, allongement des trajectoires extra-insulaires mais raccourcissement des trajectoires internes à l'île). Sans négliger les effets d'une médicalisation croissante des débuts et fins de vie, avec une concentration spatiale des lieux de naissance et de décès qui touche tout le territoire français, l'insularité apparait comme un argument trompe-l'œil, du moins insuffisant pour expliquer les spécificités des trajectoires spatiales de la population corse. Celles-ci résultent en effet davantage de processus durablement à l'œuvre comme la rétention de la population native de l'île conjuguée à l'arrivée massive de populations extérieures, ou bien la polarisation croissante du territoire insulaire par les agglomérations d'Ajaccio et Bastia. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
Migrations and mobilities constitute one of the major lenses through which island territories can be understood, often highlighting either the relative isolation of their populations or, on the contrary, remarkable and unique population movements given the territory's isolation. Corsica is no exception, and here we aim to revisit how migrations flows have evolved over a wide-ranging period (from the 20th century to the present) and how they diverge from or converge (in direction, scale, distance) with migration trajectories observed in mainland France. Based on its current demographic characteristics, Corsica is clearly in a class of its own among the French regions. Since the early 2010s, it has been the metropolitan region with the strongest population growth (around 1% per year), which is explained exclusively by its apparent migratory balance, notably due to low levels of departures.The purpose of this article is to understand what may or may not be specific to Corsica in the spatio-temporal analysis of its inhabitants' life trajectories, relying on individual data that are still rarely used for France, namely nominative individual-relative data of deceased persons since 1970 (more than 27 million deaths up to 2023).The analysis of birthplace-deathplace trajectories indeed reveals a relative Corsican singularity for some indicators (increase in the proportion of individuals who died in their department of birth, lengthening of trajectories outside the island but shortening of trajectories within the island). Without neglecting the effects of the increasing medicalisation at the beginning and end of life, leading to a spatial concentration of birthplaces and deathplaces for the whole French territory, insularity appears as a misleading argument, at least insufficient to explain the specific features of the corsican's spatial trajectories. These are more the result of long-term processes such as the retention of the island's native population combined with the massive arrival of people from outside, or the increasing polarisation of the island territory by the conurbations of Ajaccio and Bastia. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | https://journals.openedition.org/eps/15422 |