Contenu du sommaire : Le Risorgimento et la France

Le Risorgimento et la France

• Etudes

  • Pour une histoire du mouvement républicain dans l'Italie du XIXe siècle - Antonio De Francesco p. 231
    En accréditant la thèse d'un républicanisme mazzinien fortement spiritualiste, on s'est souvent interdit d'appréhender le mouvement républicain italien dans les termes d'une relation complexe entre l'histoire des idées et l'histoire politique : de telle sorte que l'on a fini par le priver de toute liaison avec la grande tradition de la démocratie française. La force révolutionnaire du message mazzinien reposait sur la capacité de placer la tradition démocratique italienne de la période napoléonienne à l'intérieur de l'adhésion à la pensée démocratique française des années trente

    By substantiating the view of mazzinian republicanism as strongly spriritualistic, many scholars did not allow themselves to comprehend the Italian republican movement in terms of complex relationships between the history of ideas and political history, eventually depriving it of any link with the grand tradition of French democracy. The revolutionary power of Mazzini's message rested upon its ability to bring the Italian democratic tradition of the Napoleonic period into line with the French democratic thinking of the thirties.
  • Sismondi entre républicanisme et Risorgimento - Jacques de Saint Victor p. 253
    L'oeuvre historique et juridique de Sismondi est aujourd'hui largement oubliée. Sa monumentale Histoire des Républiques Italiennes au Moyen Âge a pourtant contribué à « former l'esprit italien jusqu'à 1848 » (Carducci). Mais celui qui inspira à B. Constant l'idée que la liberté des Modernes n'est pas née en Angleterre mais dans les cités italiennes du xiiesiècle, entretient des liens particuliers avec les protagonistes du Risorgimento. Cet article met en lumière la singularité de la pensée de Sismondi dans la phase d'éveil du « processus risorgimental », ainsi que ses résistances face au mouvement nationaliste naissant.

    Sismondi's historical and juristic work has now been widely forgotten, although his imposing History of the Italian Republics in the Middle Ages contributed to the « fashioning of the Italian mind until 1848 » (Carducci). The man who inspired B. Constant's idea that the liberty of the Modern did not originate in England but in the twelfth-century Italian republics, entertains special connections with the protagonists of the Risorgimento. This paper lays emphasis on the peculiarities of Sismondi's views during the early phase of the « risorgimental process » and on his hesitancy about the emerging nationalist movement.
  • Giuseppe Garibaldi, la France et l'union des peuples européens - Leonardo La Puma p. 277
    L'attitude de Garibaldi à l'égard de la France ressort avec cohérence de ses écrits et de son parcours militant et politique. De la République romaine de 1849 à la République française de 1870, il lutte d'un côté pour la France (à qui est confiée la mission de promouvoir la confédération européenne) et avec le peuple (qui l'a élu dans cinq départements à l'Assemblée nationale de Bordeaux), de l'autre contre le règne dictatorial de Napoléon. Il ne se montre pas plus tendre envers la Commune de Paris dont il n'approuve ni la dérive égalitaire et autoritaire, ni l'internationalisme.

    Garibaldi's attitude towards France is coherently displayed by his writings and his political and militant trajectory. From the 1849 Roman republic to the French republic of 1870 he fought for France (endowed with the mission to promote the European confederacy) with the people (by whom he was elected five times at the National Assembly in Bordeaux), and, on the other side, against Napoleon's dictatorial reign. He did not show himself more kindly towards the Paris Commune, disapproving of its authoritarian excesses and its internationalism.
  • Tocqueville et la République romaine de 1849 : les apories du libéralisme - Laurent Reverso p. 299
    Tocqueville, dans La Démocratie en Amérique, avait critiqué le républicanisme hérité de l'expérience révolutionnaire de 1793. Devenu ministre des Affaires étrangères, il met en pratique ce républicanisme libéral et anti-jacobin lors des événements romains de 1849. La gestion diplomatique de l'intervention va consister dans la difficile conciliation entre sa vision libérale et les positions, entre elles radicalement différentes, du pape et des révolutionnaires romains. Le fait de penser que l'on peut dans le même temps « détruire la République romaine » et continuer à être « l'espérance de tout le libéralisme italien » est irréaliste.

    In his Democracy in America, Tocqueville had criticized the republicanism born of the 1793 revolutionary experience. Once Minister of Foreign Affairs he practiced this liberal, anti-Jacobin republicanism of his during the roman episode of 1849. The diplomatic management of the intervention involved a difficult conciliation of his liberal views with the radically diverging positions assumed by the pope and the roman revolutionaries. Thinking that one could at the same time « destroy the Roman Republic » and keep on standing as « the hope of the whole of Italian liberalism » was unrealistic.
  • Mazzini et les socialistes français : signification et enjeux de la polémique de l'année 1852 - Jean-Yves Frétigné p. 327
    La polémique opposant Mazzini aux socialistes français en 1852 a été souvent interprétée comme l'expression du raidissement idéologique du mazzinianisme, alors en perte d'influence sur les patriotes italiens. Restituée dans le contexte des débats au sein de l'émigration politique réfugiée à Londres, elle traduit l'effort doctrinal de Mazzini pour affirmer son leadership sur l'ensemble des démocrates européens. Loin de se limiter à une querelle de personnes, cette polémique comprend d'intéressantes réflexions sur le rôle du peuple dans la révolution, les liens entre questions politique et sociale et le rapport entre débat doctrinal et action.

    The polemic which opposed Mazzini to the French socialists in 1852 was frequently interpreted as an ideological hardening of mazzinism, which was then losing part of its influence on Italian patriots. Once replaced within the debates among the London political exiles, it expresses Mazzini's doctrinal endeavor to assume the leadership of all the European democrats. Far from being limited to mere personal bickering, this polemic inspires interesting reflections upon the role of the people in the revolution, the relations between political and social questions and between doctrinal debate and practical action.
  • Giuseppe Ferrari, le Risorgimento et la France - Gilda Manganaro-Favaretto p. 359
    L'essai reconstruit l'itinéraire intellectuel de Giuseppe Ferrari et sa position originelle quant à la constitution de l'État italien qu'il voulait essentiellement fédéraliste et anti-unitaire. Sa formation culturelle dans le milieu milanais et ses fréquentations des socialistes français expliquent les raisons d'une lecture du Risorgimento attentive à la question sociale plutôt qu'à l'aspect institutionnel préalable, ayant la faveur de ses compatriotes. D'où les incompréhensions dont il a été l'objet en Italie et en France mais aussi son rôle de conscience critique de son temps.

    This paper reconstitutes Giuseppe Ferrari's intellectual itinerary and his original position about the constitution of the Italian state, which he wanted to be essentially federalist and anti-unitary. His cultural formation in a Milanese environment and his frequent encounters with French socialists explain why his reading of the Risorgimento focuses more on the social question than on the institutional preconditions that drew his compatriots' attention. It explains also the misunderstandings he was subjected to in Italy and in France as well as his role of critical consciousness of his times.

• Documents

  • Introduction aux révolutions d'Italie de Quinet (extrait) - Marc Dufraisse p. 385
  • Carnet no 10 (extrait) - Pierre-Joseph Proudhon p. 405