Contenu du sommaire : Société civile et Internet en Chine et Asie Orientale
Revue | Hermès (Cognition, Communication, Politique) |
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Numéro | no 55, 2009 |
Titre du numéro | Société civile et Internet en Chine et Asie Orientale |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Société civile et Internet en Chine et Asie Orientale
- Numéro coordonné par Olivier Arifon, Liu Chang et Éric Sautedé- Introduction - Olivier Arifon, Liu Chang et Éric Sautedé p. 9-14
I. L'irruption de l'individu
- Quand les internautes chinois prennent la parole : les nouveaux repères de l'identité - Séverine Arsène p. 17-22 Les internautes chinois investissent avec enthousiasme tous les outils de présentation de soi proposés sur Internet. Ils racontent par exemple leur histoire personnelle sur leur blog, se présentent au travers d'un avatar sur la messagerie instantanée QQ, et commentent sur les forums les embûches qu'ils rencontrent dans la vie quotidienne. Ils ont donc la possibilité d'affirmer leur identité et leurs goûts de manière extrêmement personnalisée. Sur la base de ces goûts, ils s'insèrent dans des réseaux sociaux choisis, beaucoup plus souples que leurs attaches familiales ou professionnelles, et dans lesquels l'individu est central. Cela fait d'Internet un support privilégié pour l'irruption de l'individu, dépouillé de certaines allégeances traditionnelles, mais également assujetti à de nouvelles normes sociales. En effet les internautes chinois se donnent comme référence un mode de vie « moderne », sur le modèle duquel ils peuvent affirmer une certaine « distinction ». Je rends compte de cette ambivalence sur la base d'entretiens approfondis effectués en 2006 et 2007 avec cinquante internautes pékinois « ordinaires ».Speaking Out through the Web in China: New References to Assert New Identities
Chinese web users are taking up the Internet's many tools for self-expression with great enthusiasm. They tell their personal histories in their blogs, create avatars to communicate through QQ instant messaging and talk about the hassles of day-to-day living in forums – all of which gives them a chance to assert their identities and tastes in a highly personalised way. Based on their different tastes, they choose and join social networks that offer far more flexibility than their family or professional relationships, and where the individual is central. The Internet has thus become a primary medium for individuality to break out, unencumbered by traditional allegiances, but also subject to new social norms. The reference for Chinese web users is the “modern” lifestyle, a model that allows them to assert their distinctiveness. This ambivalence is reflected here in a series of in-depth interviews conducted in 2006 and 2007 with fifty “ordinary” web users in Beijing. - Les Japonais en ligne : le prisme des générations et des classes sociales - Mito Akiyoshi p. 23-29 Cet article rend compte des modes d'utilisation et d'accès aux TIC au Japon, sous l'angle des controverses et des défis qui se présentent aux différentes générations. Pour les parents, il s'agit d'assurer un environnement informatique sans risque tout en aidant leurs enfants à découvrir des informations en ligne et à en tirer le meilleur parti. Quant aux adultes en général, les inégalités existantes déterminent la nature et les modes d'utilisation des TIC. En conclusion, l'article suggère qu'Internet présente non pas un moyen d'expression transparent à une société civile pré-existante, mais soulève au contraire des problématiques classiques dans la société civile japonaise, ayant trait par exemple à l'égalité, à l'intégration et à la participation aux délibérations civiques.Japan Online: Through the Prism of Generations and Social Classes
This paper looks at patterns of ICT use and access in Japan, with a focus on the controversies and challenges facing each generation. For parents, the dilemma is to have safe media environments while helping their children to explore online materials and use them to best advantage. For adults in general, existing forms of inequality determine types and patterns of ICT use. By way of a conclusion, the paper suggests that the Internet, rather than acting as a transparent medium for the expression of a pre-existing civil society, in effect brings classic civil society issues in Japan to the fore, such as equality, inclusiveness and participation in civic deliberations. - L'appropriation culturelle de la téléphonie mobile en Corée - Kim Sung-do p. 31-37 Cet article présente une esquisse du paysage culturel de la téléphonie mobile en Corée et il évoque l'uniformisation croissante des comportements verbaux et gestuels provoqués par cette technologie. En introduction, la distinction entre trois niveaux d'analyse, l'anthropologique, le global et le local, permet de construire le cadre de l'étude. La section suivante décrit brièvement l'état actuel de l'usage de la téléphonie mobile dans le « Pays du matin calme » et elle fournit des hypothèses afin d'expliquer le goût des Coréens pour la technologie. Dans la troisième section, trois traits culturels sont convoqués pour caractériser la téléphonie mobile en Corée : le féminisme, le techno-nationalisme et l'ambivalence des valeurs (post) modernes et traditionnelles, en particulier la persistance de ces dernières.Korea's Appropriation of the Cell Phone Culture
This paper offers a review of the social and cultural cell phone landscape in Korea. First of all, we highlight a strong tendency to adopt uniform patterns in gestures and verbal expression, which are triggered by the new technology and have become manifest across the entire planet. After describing the three levels of analysis – anthropological, global and local – that provide a framework for our analysis, we briefly review the current status of cell phone use in the “Land of the Morning Calm”, offering hypotheses that might explain the reasons for the Korean population's fascination with new technologies. The third section examines three cultural traits characterising the cell phone culture in Korea : feminism, techno-nationalism, and the ambivalence of (post) modern and traditional values. - Robots et mondes virtuels : les nouveaux alliés des Japonais - Karyn Poupée p. 39-45 Sorti exsangue de la Seconde Guerre mondiale, le Japon s'est superbement redressé grâce à ses innovations techniques, d'abord destinées à améliorer le quotidien du peuple. Aujourd'hui, face à de nouveaux maux sociaux, dont l'inéluctable vieillissement rapide de la population et l'anxiété croissante face à un monde chamboulé, le recours à des solutions scientifiques et techniques est, pour les Japonais, une évidence. À tort ou à raison, les machines ne leur font pas peur. Mieux, elles les émerveillent. Et lorsque les Japonais usent de moyens de télécommunications toujours plus puissants et omniprésents, ou fréquentent des mondes irréels, n'est-ce pas un moyen d'éviter la confrontation directe avec autrui ou soi-même, en choisissant la représentation virtuelle de l'être idolâtré ou en se recréant sous une forme idéalisée ?Robots and Virtual Worlds: Japan's New Allies
Bled white by the Second World War, Japan made a spectacular recovery thanks to technical innovations that were primarily aimed at improving day-to-day life for its population. Today, as the country battles with new social ills, such as a rapidly and inexorably aging population and deepening anxiety before a world in turmoil, to the Japanese, science and technology are the obvious solutions. Rightly or wrongly, they have no fear of machines – indeed, they are a source of fascination. As they use ever more powerful and ubiquitous means of telecommunication and move around in unreal worlds, could the Japanese be using them as a way of avoiding direct confrontation with others, or with themselves, choosing instead a virtual representation of an idealised being or recreating themselves in an ideal form? - Les narcissiques et les mobs : deux styles extrêmes parmi les inernautes chinois - Liu Chang p. 47-54
II. Les formes de la société civile
- 2008 en Chine : une année d'évolution dans les pratiques de communication - Olivier Arifon p. 57-63 En Chine, médias et technologies de l'information et de la communication sont revendiqués par le pouvoir comme vecteurs de développement économique, de connaissance et de communication. Des analystes occidentaux et chinois qualifient cette situation de « société de divertissement », signifiant que les messages principaux des médias sont orientés vers la consommation et le divertissement. Cependant, des possibilités d'expression pour les citoyens et plus largement la société civile existent de plus en plus. À travers trois grands événements de l'année 2008 en Chine – tempête de neige, émeutes au Tibet et tremblement de terre – cet article explore les évolutions de l'usage d'Internet et des médias par le gouvernement et par une société civile encore fortement contrôlée2008 in China: a Watershed Year for Communication Systems and their Use
The Chinese authorities see the media and ITC as means of furthering development, knowledge and communication. To Chinese and Western analysts, this has produced an “entertainment society”, meaning that the main messages in the media are geared to consumption and entertainment. Nevertheless, new means of expression through ICT and the media are increasingly available to individuals and civil society in general. Drawing on three major events in China in 2008 – blizzards, riots in Tibet and the earthquake in Sichuan – this article explores changes in patterns of Internet and media use by the government and by a civil society that is still under strict control. - Les avocats chinois, promoteurs d'un réseau juridique virtuel - Anna Zyw p. 65-70 De nos jours, les avocats et les juristes chinois sont très friands d'Internet. Pourtant, leur utilisation de la Toile n'a pas encore été l'objet de recherches. Cet article veut apporter un regard nouveau sur le lien entre avocats, internautes et société civile chinoise. Les juristes ont trouvé en Internet, en particulier sur les blogs, un lieu d'information et d'échange où ils peuvent se dédier aux sujets qui les intéressent (questions d'actualité, affaires judiciaires emblématiques, nouvelles législations). Les multiples démarches qu'ils ont initiées au sein du Réseau ont abouti à une mobilisation des moyens numériques, permettant de mieux communiquer et informer sur le système légal et judiciaire chinois. Leur utilisation d'Internet a-t-elle catalysé l'initiative personnelle des utilisateurs et mobilisé l'opinion publique ? Cet article s'attache à démontrer comment par le biais d'Internet les avocats ont pu être des acteurs du développement de la société civile et participer ainsi à l'émergence d'une « communauté de critères » relevant du droit.Chinese Lawyers as Advocates of a Virtual Legal Network
Members of the legal profession in China have become enthusiastic Internet users, but this recent development has not been researched to date. This article offers a new perspective on relationships between lawyers, Internet users and Chinese civil society. The Internet, and blogs in particular, has provided lawyers with a forum for finding and exchanging information, where they can focus on matters of professional concern (topical legal issues, important court cases, new legislation, etc.). The many initiatives they have launched on the Internet have mobilised digital media that are improving communication and information on the legal and judicial system in China. This article seeks to determine whether Internet use by lawyers in China has significantly contributed to the development of civil society and thus to the emergence of a “community of principles” based on law. - L'internet chinois dans le texte, avec traduction et notes critiques (entretien avec Éric Sautedé) - Roland Soong p. 71-79 Roland Soong anime depuis 2003 le plus important blog de langue anglaise sur les heurs et malheurs de la société chinoise contemporaine, EastSouthWestNorth. Depuis Hong Kong, et sur une base quasi quotidienne, il décrypte une histoire ou un événement marquant de l'actualité qu'il choisit au gré de ses virées incessantes sur la toile chinoise. Son travail de traducteur et de « passeur » d'information s'accompagne d'analyses toujours pertinentes et souvent satiriques. Pillé par les journalistes et les observateurs étrangers, son travail obéit à deux objectifs : conduire à ce que chacun se forme sa propre opinion ; révéler la sophistication toujours plus poussée des internautes chinois, en dépit des contraintes qui pèsent sur eux.The Internet in China in the Original, and with Translations and Critical Observations
Since 2003, Roland Soong has been publishing China's foremost English-language blog on the blessings and misfortunes of contemporary Chinese society, called EastSouthWestNorth. From Hong Kong, and virtually on a daily basis, he deciphers stories or outstanding events in the news, tirelessly surfing China's Web to pick out material. He translates information and passes it on, always with his own highly pertinent and often satirical analysis. While foreign journalists and observers help themselves to his work, Soong's aims never falter : to make sure everyone can form their own opinion and to show the ever-increasing sophistication of China's Internet users, despite the constraints that weigh heavily upon them. - L'émergence des opinions parallèles (encadré) - Xu Tiebing p. 80-82 Cet article montre comment dans la société chinoise les forums et les blogs constituent à la fois des espaces d'expression et des espaces révélant des formes de dérégulation sociale, considérés ici comme facteurs de déstabilisation. En effet, Internet est considéré comme un espace favorisant des pratiques qui, sous couvert d'anonymat et d'expression libre, peuvent conduire des jeunes, dont la formation idéologique est incertaine, vers l'individualisme plutôt que vers le sentiment collectif, voire national.The Emergence Of Parallel opinions
This article shows how Internet forums and blogs in Chinese society are a means of expression that also reflect patterns of social deregulation, which are considered here as factors of destabilisation. The Internet is seen as fostering practices that, under the cover of anonymity and freedom of expression, may lead young people with uncertain ideological training to individualism rather than to a sense of collective or national belonging. - Une ancienne députée de Hong Kong sur la Toile : le site "Civic Exchange" (entretien avec Éric Sautedé) - Christine Loh p. 83-88 Créé en 2000, l'ONG hongkongaise « Civic Exchange » est un think tank non partisan s'occupant de définir et d'examiner les politiques publiques. Au cœur de ses thématiques : la gouvernance et le développement durable. Dans cet entretien, Christine Loh, ancienne députée de Hong Kong et l'une des deux fondatrices de l'ONG, montre en quoi les ressources du Net ont abondamment profité aux efforts de l'association, tant pour l'information que pour la mobilisation d'un public citoyen de plus en plus large.An Interview on Hong Kong's “Civic Exchange” NGO, with Former MP Christine Loh“Civic Exchange”, a Hong-Kong NGO created in 2000, is a non-partisan think-tank concerned with defining and analysing public policies, with a focus on governance and sustainable development as core issues. In this interview, Christine Loh, a former Hong-Kong MP and one of the two founders of the NGO, shows how the Internet resources have greatly benefited the association's work, in terms of both information and the ability to reach out to an ever-wider audience.
- Internet dans la société civile : premier bilan au Japon, en Corée et en Chine (1997-2007) - Yutaka Tsujinaka et Leslie M. Tkach-Kawasaki p. 89-96 Ces dix dernières années, les organisations de la société civile ont bénéficié de l'utilisation d'Internet qui leur a permis de rationaliser leurs processus d'organisation interne, d'offrir des informations au public et d'étendre leurs bases d'adhérents. Pourtant, l'utilisation d'Internet par les groupes de la société civile est inégale selon les secteurs. D'après les résultats de l'enquête de 1997 du J-JIGS 1 (Étude des groupes d'intérêts au Japon), à la fin des années 1990, seuls 16 % des groupes japonais de la société civile dans les régions considérées utilisaient l'email, et seulement 12 % de ces groupes possédaient des sites Internet. En 2006-07, l'enquête du J-JIGS 2 (Étude des groupes d'intérêts [et associations sociales] au Japon – n? 2) constatait que ces chiffres avaient atteint 77,3 % pour l'utilisation des emails, que 26,3 % des groupes étudiés possédaient un site Internet destiné à leurs membres et que 52 % avaient des sites Internet destinés au public. Une enquête sur les organisations de la société civile en Corée (Étude des groupes d'intérêts en Corée, ou K-JIGS), également menée en 1997, montrait que 31,2 % d'entre elles utilisaient les emails et que 15,2 % diffusaient des informations sur des sites Internet. En Chine, des enquêtes menées en 2001-04 (Étude des groupes d'intérêts et [organisations sociales] en Chine ou C-JIGS) démontraient que l'utilisation des emails était généralisée parmi les organisations chinoises de la société civile (45,3 %), alors que le développement des sites Internet était relativement faible (18,4 %). Notre comparaison de l'utilisation des emails et des sites Internet par les groupes de la société civile dans certains secteurs met en évidence les différentes structures de la société civile dans ces trois pays.Internet Use by Civil Society in Japan, Korea and China (1997-2007): Weighing the Consequences
In the past decade, the Internet has greatly benefited civil society organisations as a means of streamlining their internal organisational processes, providing information to the public, and expanding their membership. But Internet use has been uneven among civil society groups in certain sectors. According to the results of the 1997 J-JIGS 1 (Japan Interest Group Study) survey, only 16 % of Japanese civil society groups in the selected regions were using email in the late 1990s and only 12 % of these groups were maintaining websites. By 2006-07, the 2006-07 J-JIGS 2 (Japan Interest Group [Social Association] Study 2) found that these figures had risen to 77.3 % for email use, with 26.3 % of the surveyed groups maintaining websites aimed at members and 52.0 % maintaining websites aimed at the public. A survey of Korean civil society organizations (Korean Interest Group Survey or K-JIGS) also conducted in 1997 indicated that 31.2 % were using email and 15.2 % were disseminating information through websites. In China, surveys conducted in 2001-04 (Chinese Interest Group [Social Organization] Survey or C-JIGS) found that email use was prevalent among Chinese civil society organizations at 45.3 %, but that website development was rather low at only 18.4 %. Our comparison of the use of email and websites by civil society groups in certain sectors highlights differences in the structure of civil society in these three countries. - Internet et les nouveaux mouvements sociaux à Taïwan - Julia Chiung-wen Hsu p. 97-105 L'émergence des TIC et deux changements politiques successifs ont amené une troisième vague de mouvements sociaux à Taïwan. Ces mouvements ont commencé à s'affranchir des partis politiques ; ils se préoccupent de problèmes sociaux et mobilisent différents modes de participation à la base. Cependant, les TIC ne peuvent à elles seules garantir leur succès. La plupart des études sur les nouveaux mouvements sociaux suggèrent que les TIC accroissent l'adhésion à ces mouvements parmi la population, ce qui facilite leur extension. Cette étude analyse deux mouvements récents au sein de la société civile taïwanaise et conclut que ni la théorie de la mobilisation des ressources ni la théorie des nouveaux mouvements sociaux ne montrent comment les TIC seraient suffisantes pour structurer les mouvements de la société civile. En l'absence d'organisation concrète et réelle de la société civile, la participation purement virtuelle de la base risque d'en compromettre le leadership, la mobilisation, les prises de décision et les liens au niveau international.Internet and the New Civil Society Movements in Taiwan
The emergence of ICTs and two successive political changes have brought a third wave of civil society movements in Taiwan. These third-wave movements have started to assert their autonomy from political parties ; they are focused on social problems and have different kinds of grassroots participation. However, ICT alone does not guarantee their success. Most research on new social movements (NSM) suggests that ICT brings more grassroots participation, which facilitates social movements. This study analyzes two recent civil society movements in Taiwan and claims that neither RMT (Resource Mobilization Theory) nor NSMs can explain how ICTs alone would give an effective structure to social movements. If no real civil society organization exists, purely virtual grassroots participation can jeopardize their leadership, mobilization, decision-making, and international connections. - Les nouveaux médias dans les transformations politiques de la Malaysia - Elina Noor p. 107-114 Lors des dernières élections de mars 2008, le parti au pouvoir a perdu sa majorité des deux tiers pour la première fois depuis 1969. Ce phénomène qualifié de « tsunami politique » selon les critères locaux a été attribué entre autres à la montée des nouveaux médias. Ceci, ajouté à la libéralisation de l'espace démocratique dans le pays, s'est traduit par la prolifération de blogs politiques et de portails d'informations parallèles, et par l'usage des nouvelles technologies dans la campagne électorale de l'opposition. Cela devrait avoir des implications significatives dans les prochaines élections alors que la Malaysia accueillera quatre millions de nouveaux électeurs. Une grande partie de cet électorat est non seulement jeune mais également urbain, plus exigeant et critique par rapport aux médias traditionnels et aux anciennes modes politiques.The New Media and Political Change in Malaysia
The loss by the ruling front (Barisan Nasional) of its two-thirds majority in Malaysia's last general elections in March 2008 for the first time since 1969 – a “political tsunami” by local standards – was attributed, among other things, to the rise of the “new media”. This, coupled with liberalisation of the democratic sphere in the country, saw a proliferation of political blogs, alternative news portals, and tech-savvy campaigning by the Opposition in the run-up to the elections. This is likely to have significant implications for the next general elections in Malaysia as 4 million first-time voters head for the polls, many of whom will not only be young but also urban, more demanding, and sceptical of the mainstream media and “old-style politics”. - "Labornet Japan" et le renouveau syndical par le Net (entretien avec Paul Jobin) - Akira Matsubara p. 115-123 Le réseau Labornet a été créé en Californie en 1991 par des syndicalistes, pour donner un nouveau souffle au mouvement ouvrier. Il est aujourd'hui présent dans une dizaine de pays industrialisés, en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. La branche japonaise, Labornet Japan, est née en 2001 avec l'aide des militants coréens. À travers une série d'événements annuels comme la Labor Fiesta ou la campagne Union, Yes !, la diffusion de vidéos sur Union-Tube, le réseau Labornet Japan a su développer une nouvelle culture militante qui dépasse les vieux clivages politiques et syndicaux. En dépit de la multiplication des contrats précaires, il attire de nombreux jeunes vers l'action collective.“Labornet Japan” and the Revival of Trade Unions through the Net
The “Labornet network” was created in California in 1991 by union organisers, in a bid to revitalise the labor movement. It has now spread to about ten industrialised countries in North America, Europe and Asia. The Japanese branch, “Labornet Japan”, was established in 2001 with the help of Korean activists. Through a series of annual events such as the “Labor Fiesta” or the “Union, Yes !” campaign and through videos broadcast on “Union-Tube”, the Labornet Japan network has succeeded in developing a new form of militancy that cuts across conventional political and unionist divisions. Despite the increasing prevalence of short-term work contracts, it is attracting many young people to collective action. - Quand l'audiance est le média : les limites du modèle coréen "OhmyNews" - Ghislain Deslandes et Jocelyn Maixent p. 125-129
III. Le retour des états : entre prédation et régulation
- Pour en finir avec les "technologies de la libération" : Internet, société civile et politique en Chine - Éric Sautedé p. 133-140 Le développement d'Internet constitue tout à la fois un redoutable défi pour l'État-parti unique qui gouverne la Chine et un formidable outil de contrôle et de régulation dans un contexte où les valeurs d'ordre et d'harmonie triomphent après plus de vingt années d'enrichissement effréné du pays. Tant l'invalidation de l'idéologie totalitaire que l'explosion des nouvelles technologies de l'information ont certes favorisé le développement d'une société civile moins corsetée, mais sans que jamais les moyens de contrôle étatiques soient vraiment pris en défaut. Plus encore, le gouvernement chinois utilise aujourd'hui les ressources « consultatives » et « participatives » de ces technologies au profit d'un mode de gouvernance qui permet de faire l'impasse sur une réforme politique qui donnerait réellement au citoyen sa place centrale.Down with “Liberation Technologies”The development of Internet is both a formidable challenge for China's single-party State and a powerful means of control and regulation, in a context where order and harmony are values that have triumphed over more than twenty years of frenetic pursuit of wealth. While the disqualification of the totalitarian ideology and the explosion of the new information technologies have clearly helped to loosen former restraints on civil society, the State's means of control have never been seriously put to the test. In fact, the Chinese government is now using the “consultative” and “participatory” resources of these technologies to reinforce a system of governance that is allowing it to sideline political reforms that would effectively place citizens at the heart of the matter.
- Taïwan, ou De la difficulté à faire entendre sa voix à l'heure d'Internet (encadré) - Philippe Ricaud p. 141-144 Malgré une démocratisation réussie, une économie florissante et un libre accès à Internet, Taïwan reste largement absent de l'espace public international. Cette absence résulte de la politique subtile menée par la Chine. La stratégie de Pékin consiste à concentrer l'attention des acteurs internationaux et dans le même temps à effacer toute trace de Taïwan dans l'espace public en tant que pays indépendant (dans les organisations internationales comme dans les médias). L'article suggère que Taïwan ne renforcera sa position que par l'intensification des négociations directes avec la Chine continentale. L'exemple taïwanais éclaire un peu plus les stratégies régulatrices des États en réponse aux efforts déployés par les groupes politiques dominés dans leur combat pour se faire entendre à l'heure d'Internet.Can Anybody Hear Us? Taiwan and Internet
Despite its successful drive for democracy, a flourishing economy and free Internet access, Taiwan is still virtually absent from the international public sphere. This is the result of a subtle policy driven by China, which consists of drawing the international community's full attention to itself while at the same time blanking out any mention of Taiwan in the public sphere as an independent country (membership of international organizations, appearance in international media, etc.). This paper suggests that Taiwan can only strengthen its political position by intensifying its negotiating activities with continental China. The example of Taiwan sheds light on strategies implemented by states in response to the efforts of minority groups to make their voices heard. - À la recherche d'un mode de délibération à la coréenne : le NEIS - Lee Jin-rang p. 145-153 La communication sur le projet d'informatisation dans le secteur de l'éducation, le National Education Information System (NEIS) montre comment la société civile en Corée du Sud a réussi à faire valoir ses revendications, bien qu'elle soit souvent exclue du processus institutionnel de décision politique. Les trois principaux acteurs (les deux syndicats KTEW et KFTA, et le ministère de l'Éducation), à la recherche d'un compromis, ont débattu sur la protection des données personnelles et sur l'efficacité administrative en utilisant de multiples moyens de communication.NEIS: In Search of Governance, Korean Style
Social communication through South Korea's National Education Information System (NEIS) shows how civil society, though often excluded from the decision making process, is managing to voice its demands. The three main players (KTEW, KFTA and the Ministry of Education) have been seeking a compromise between privacy rights and administrative efficiency through debates using different means of communication. - Les diverses facettes du contrôle d'Internet en Chine (encadré) - Olivier Arifon p. 155-158
- La gouvernance électronique en Asie : bilan, impact et réduction de la fracture interne - Adegboyega Ojo, Mohamed Shareef et Tomasz Janowski p. 159-167 Le concept de « gouvernance électronique » visant à une administration publique moderne et à la bonne gouvernance, s'est développé grâce aux technologies de l'information et de la communication (TIC). Cette e-gouvernance est bien établie et acceptée par les gouvernements – quels que soient leur niveau de développement et leur région. Il existe actuellement de nombreux rapports internationaux de référence sur le paysage de l'e-gouvernance globale. Mais ces études fournissent rarement une image détaillée ou des analyses de pays et régions spécifiques, qui permettraient aux politiques et décideurs de mener des actions concrètes. Cet article tente d'apporter une vision plus précise du paysage de l'e-gouvernance dans la région asiatique. Il dresse tout d'abord le bilan de l'e-gouvernance en Asie – compétitivité régionale et performances intra-régionales. Il analyse ensuite la structure de la fracture de l'e-gouvernance dans la région, en distinguant le niveau subrégional, et le niveau national. Cet article s'intéresse dans un troisième temps à l'impact que peut avoir l'e-gouvernance sur la qualité de la gouvernance en termes de participation et responsabilisation des populations, et d'efficacité des administrations concernées.Nos résultats montrent une fracture significative entre les sous-régions, notamment pour l'e-participation. Ils révèlent également une forte corrélation positive entre les indices d'e-préparation et les indicateurs d'efficacité du gouvernement des pays de la région. Aucune relation ne peut cependant être établie entre les indices d'e-participation et les indicateurs de participation et responsabilisation pour ces pays. Pour réduire la fracture et développer la capacité régionale d'e-gouvernance, nous proposons donc des stratégies concrètes, en partie inspirées des stratégies des pays moteurs de la région. Enfin, pour favoriser le partage des connaissances au sein de la région et les actions collectives des pays asiatiques dans le domaine de l'e-gouvernance, nous suggérons la promotion de « communautés d'intérêts » constituées de pays ayant un niveau de développement similaire, les mêmes défis et priorités. Ceci permettrait de renforcer les habituelles actions top-down régionales et subrégionales.Reviewing the Impacts of Electronic Governance in Asia: Bridging the Internal Divide
The concept of “Electronic Governance” using ICT to modernise public administration and foster good governance is now well established and accepted by governments, regardless of their development status and region. Various international benchmark reports have been published on the global e-governance landscape, but they seldom provide a detailed picture or analysis of any specific country or region that would encourage politicians and decision-makers to adopt practical measures. This paper offers a more detailed view of the e-government landscape in Asia. We first report on the state of e-governance in Asia, in terms of regional competitiveness and intra-regional performance. Secondly, we determine the structure of the existing e-governance divide in the region from two different perspectives, at sub-regional and country levels. Thirdly, we investigate the possible impact of e-governance on the quality of governance in terms of civil society participation, accountability and government effectiveness in the region. Our results show a significant divide between sub-regions, particularly in terms of e-participation. They also reveal a high positive correlation between e-readiness indices and indicators of government effectiveness in the countries of the region. However, no relationship could be established between the e-participation indices and the voice and accountability indicators for these countries. To address the divide issue and overall e-governance capacity in the region, we propose practical strategies, drawing partly on the strategies of leading countries in the region. Finally, to encourage intra-regional knowledge sharing and collective e-governance action by Asian countries, we suggest that “communities of interest” should be fostered between countries with similar development status and facing the same challenges and priorities. This would help to strengthen the usual top-down regional and sub-regional actions. Varia
- Choc des civilisations, choc des représentations et ruses de la raison médiatique - Richard Labévière p. 171-176
- Al Jazira, CNN et les autres chaînes d'info en continu : le défi de la mondialisation - Lina Zakhour p. 177-182
Hommage
- James Graham Ballard (1930-2009) - par Thierry Paquot p. 185-189
Lectures
- p. 191-203- Florian Charvolin, André Micoud et Lynn K. Nyhart, Des sciences citoyennes? La question de l'amateur dans les sciences naturalistes, La Tour d'Aigues, Éd. de l'Aube, 2007 - par Alix Cosquer p. 191
- Lorenzo Vilches (dir.), Mercados globales, historias nacionales, Barcelone, Gedisa, 2009 - par Bruno Ollivier p. 193
- Jacques Noyer, Quand la télévision donne la parole au public. La médiation de l'information dans l'Hebdo du médiateur, Lille, Presses universitaires du Septentrion, 2009 - par Guy Lochard p. 194
- Stéphane Olivési (dir.), Introduction à la recherche en SIC, Presses universitaires de Grenoble, 2007 - par Éric Dacheux p. 195
- Nick Davies, Flat Earth News, Londres, Vintage Books, 2008 - par François Heinderyckx p. 197
- Thomas Rid, Marc Hecker, War 2.0. - Irregular Warfare in the Information Age, Westport, Praeger Security International, 2009 - par Jacques Perriault p. 199