Contenu du sommaire : Presse en ligne

Voilà quinze ans que les premiers sites web de journaux ont vu le jour, questionnant peu à peu les études de sciences sociales sur le journalisme. Cet article propose une revue de littérature internationale de ces travaux, en faisant apparaître à la fois les continuités historiques des activités journalistiques et les ruptures à l'œuvre. Six questionnements se dégagent de l'ensemble des recherches : l'innovation technique dans la presse ; la production de l'information en ligne ; la contribution des internautes au travail de l'information ; la recomposition des identités professionnelles ; les modèles économiques de la presse en ligne ; les usages de l'information sur internet.

Cet article analyse les logiques de production des informations « chaudes » (hard news) et « froides » (soft news) à travers une ethnographie de la rédaction de l'un des sites de presse majeurs de l'Amérique du Sud et du monde hispanophone : le site argentin Clarín.com. Afin de répondre aux attentes supposées d'individus consultant les informations pendant les heures de travail, la rédaction s'est divisée en deux secteurs : l'un est chargé de couvrir l'actualité immédiate tandis que l'autre produit des informations de type magazine. L'analyse comparée de ces deux secteurs donne à voir l'évolution du travail journalistique sur internet, à travers des routines, des ambiances, des temporalités et des rôles professionnels marqués par de profondes différences.

La presse d'information en ligne ne se déploie pas dans un univers immatériel. La production des contenus et leur mise à la disposition des internautes se fondent sur des dispositifs techniques spécifiques, qui sont mobilisés par les professionnels et servent de supports d'actions comme de cadres contraignants. Le cas du site leParisien.fr montre que les journalistes se servent de ces dispositifs pour coordonner leurs actions et favoriser l'articulation entre différents mondes sociaux (sources d'informations, marketing, internautes, rédaction papier et web). Mais les usages de la technique ne sont que partiellement fixés et restent largement soumis aux conditions organisationnelles et pratiques du travail journalistique.

Depuis quelques années, les contenus audiovisuels se généralisent sur les sites de presse en ligne, sous la forme de vidéos, diaporamas sonores ou reportages web. Cet article tire parti de ce phénomène pour étudier les dynamiques de l'innovation dans les formats journalistiques sur internet. Les particularités sociotechniques de la publication sur le web donnent-elles lieu à une rénovation profonde de formats qui présentaient une certaine permanence dans la presse imprimée ? À partir d'un corpus portant sur quatre sites (LeMonde.fr, Libération.fr, 20minutes.fr, Rue89.com) et d'entretiens auprès de journalistes et responsables techniques, nous montrons de quelle manière les professionnels arrangent des formats de presse traditionnels et explorent les modalités de leur inscription sociotechnique.

Cet article s'intéresse aux régies publicitaires des sites de presse sur internet. Nous décrivons tout d'abord leur inscription organisationnelle dans les entreprises de presse. Nous étudions ensuite leur positionnement sur le marché de la publicité graphique en ligne (display), en soulignant le déséquilibre global des rapports de forces entre offreurs (régies) et demandeurs (agences media). Nous montrons enfin qu'il existe deux conventions concurrentes de qualification des produits publicitaires, une convention « traditionnelle » valorisant bien les produits des sites de presse, et une convention de « performance » moins favorable. La prolifération des équipements de la convention de performance fait qu'une partie des produits des régies de la presse sont soumis à un processus de déqualification-requalification, qui se traduit par une baisse des prix.

Au-delà des médias existants (presse, radio, télévision), plusieurs catégories d'acteurs interviennent dans la filière de l'information en ligne. Parmi eux, les infomédiaires occupent une position centrale, à mi-chemin entre édition et diffusion. Leur analyse socio-économique, à travers trois études de cas (Google Actualités, Wikio, Paperblog), fait apparaître une fonction pivot dans l'orientation des flux d'audience et des revenus publicitaires. En situation de « coopétition » vis-à-vis des éditeurs professionnels, les infomédiaires ne participent pas directement au financement de la création journalistique. De façon plus générale, leurs relations avec les producteurs de contenus influent sur le type d'information, professionnelle ou amateur, dominante ou alternative, mise à disposition des internautes.

Résumé« Contourner » le journalisme professionnel sur internet renvoie, le plus souvent, à l'avènement d'un journalisme « participatif », ou encore à la multiplication de productions « citoyennes » ou « ordinaires ». À partir d'une analyse du site journalistique Médiapart, nous voudrions montrer ici que « contourner » le journalisme, c'est également composer avec la prolifération des échanges entre journalistes et lecteurs, permise par le web 2.0, pour redimensionner, affirmer et raffermir les frontières de cette profession. Médiapart, par son projet politique, son modèle économique, la structure de sa plate-forme technique, et par la multiplication des débats qu'il rend possible et contribue à animer, invite en effet à examiner comment se conteste mais aussi se rétablit la distance entre le professionnel et l'amateur.

Ces dernières années, l'offre informationnelle s'est étendue sous l'effet du développement conséquent de la presse quotidienne gratuite et plus encore des contenus liés à la télévision et internet. L'écosystème médiatique se complexifie tant en amont (production, diffusion), qu'en aval (réception) et se trouve structurellement fragmenté. À la profusion des programmes et des contenus viennent se greffer de nouveaux usages qui tendent à déplacer les routines et les expériences informationnelles et à faire bifurquer les trajectoires d'usages des individus. Notre hypothèse est, ici, que la gamme étendue des sources médiatiques ainsi que l'évolution dans les manières de s'informer reconfigurent le rapport que les citoyens entretiennent aux contenus d'actualité et à leurs « utilités sociales ».

La presse écrite imprimée apparaît gravement fragilisée. La mutation de l'ensemble des médias à laquelle elle est confrontée amène à formuler deux hypothèses principales d'évolutions pour celle-ci. Dans chacune de ces voies de transformation, l'édition d'information en ligne joue un rôle essentiel, bien qu'assez différent. Au regard de l'observation d'un échantillon représentatif des sites d'information français, comment se dessinent les contenus, les modes d'organisation des rédactions, les pratiques journalistiques, mais également les différentes dimensions du modèle économique de l'une des composantes privilégiées de l'information politique et générale sur les différents supports numériques ?