Contenu du sommaire
Revue | Revue historique |
---|---|
Numéro | no 653, janvier 2010 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Les anciens Pays-Bas : nouvelles approches. La noblesse et l'unification des Pays-Bas. Naissance d'une noblesse bourguignonne à la fin du Moyen Âge ? - Buylaert Frederik p. 3-25 Le présent article s'inspire d'une idée de l'historiographie selon laquelle l'unification des Pays-Bas, fin XIVe et XVe siècles, aurait entraîné celle des diverses noblesses régionales qui se seraient fondues en une seule « noblesse néerlandaise ». Une analyse de l'immigration noble entre 1350 et 1500 dans le comté de Flandre oblige à réviser cette idée. S'il est vrai que l'État naissant a influencé les réseaux interrégionaux de la noblesse, il est loin de les avoir créés. Le phénomène des réseaux entre les noblesses régionales est déjà ancien et tient avant tout au désir de respecter la norme de l'endogamie sociale. La genèse d'une « noblesse néerlandaise » à la fin du Moyen Âge se définit moins en termes de processus social que comme une évolution politique et idéologique des mentalités.This article discusses the historiographical assumption that the unification of the Low Countries in the fourteenth and fifteenth century caused the nobility of the involved principalities to merge to a ‘Dutch nobility.'An analysis of noble immigration in the county of Flanders between 1350 and 1500 shows that this perspective does not hold up to close scrutin y. The nobility already cultivated interregional networks long before the rise of the Burgundian-Habsburgh state in the Low Countries. Those networks were influenced by state formation, but they were first and foremost the result of the tendency towards social endogamy among noble elites. As such, the birth of the ‘Dutch nobility' in the later Middle Ages should be considered as an ideological process, rather than a social one.
- Diffusion et application des méthodes culturales flamandes dans les anciens Pays-Bas méridionaux au xviiie siècle. Le témoignage de Jean-Baptiste Mondez, fermier en Hainaut autrichien - Delleaux Fulgence p. 27-58 L'objectif de cet article est de montrer concrètement, à partir du témoignage direct d'un fermier du Hainaut autrichien, la diffusion et l'application des méthodes culturales flamandes dans les anciens Pays-Bas méridionaux au XVIIIe siècle. Ce type de document renvoie une image plus proche de la réalité que les habituelles sources administratives. Il permet alors de pondérer l'idée, toujours présente dans certains travaux, d'une stagnation des rendements céréaliers au sein des grandes exploitations et d'une influence dérisoire des agronomes sur les pratiques paysannes dans l'Europe du nord-ouest au XVIIIe siècle.The purpose of this article is to show in practical terms, from a direct testimony written by a farmer from Austrian Hainaut, dissemination and application of cultural Flemish methods in ancient Southern Netherlands in the xviiith century. This kind of document reflects the image closer to the reality than usual administrative sources. It allows then to balance the idea, with a strong presence in a certain number of essays, of a stagnation of cereal yields within the agricol farms and a trivial influence from the agronomists on peasant practices in Europe of the northwest in the xviiith century.
- Foi, politique et information en Champagne au xve siècle - Briand Julien p. 59-97 La guerre civile du premier tiers du XVe siècle entre Armagnacs et Bourguignons a des répercussions profondes sur les pratiques du gouvernement urbain, contribuant notamment à nouer des liens étroits entre foi, politique et information. Au cœur de ces trois notions figure le « faire croire », c'est-à-dire les moyens religieux de la persuasion utilisés par les autorités urbaines pour informer et s'informer. L'objet du présent article est de proposer, à partir du cas champenois, une réflexion sur la signification complexe de ces interférences et de leurs enjeux en matières politique, sociale et religieuse. Dans un contexte de phobie du complot et de la trahison, les autorités urbaines utilisent les ecclésiastiques, évêques comme frères mendiants, pour diffuser l'information officielle auprès de la population, notamment lors des sermons et des processions. Strictement encadrée, cette parole est placée au service de la politique municipale et royale, au nom de la « chose publique ». Le pouvoir municipal en ressort sursacralisé, et la guerre civile se présente comme un moment important de cristallisation du champ d'application de la notion de bien commun dans le cadre urbain.The civil war occurring during the first third of the xvth century between the Armagnacs and Burgundians had deep impact on the behaviours of the urban government. It particularly contributed to build up tight bonds between faith, politics and information. In the heart of those three notions, there is the « make believe », in other words the religious means of persuasion used by the urban authorities to inform and to be informed. This article starts from the case in the Champagne province and aims at suggesting a way of thinking on the complicated meaning`np pagenum="097"/b of the previous interferences and their stakes in political, social and religious subjects. In a situation of phobia about plot and betrayal, the urban authorities used clergymen, bishops as well as mendicant friars, to spread the official information among the population, particularly at the time of sermons and processions. Strictly supervised, the information was dedicated to the local and royal politics, in the name of the « public thing ». Thus municipal power get an extra of sacrality and the civil war played a significant role in establishing the idea of public good in the urban framework.
- Le Sommeil de la Raison - Higonnet Patrice p. 99-159 La terreur de l'An II n'était pas dans l'aboutissement du jacobinisme mais dans son échec. C'est par le poids de ses contradictions entre surtout une citoyenneté universaliste et la défense de la propriété, comme l'avait compris le jeune Marx, mais aussi entre le nationalisme et l'internationalisme, entre un roi des français et une République française, entre le féminisme et l'anti-féminisme, entre une économie de marché et une économie dirigée, entre un état de droit et la mise en marche de « mesures extrêmes », que le jacobinisme sombra dans une incohérence que les Jacobins tentèrent – vainement – de résoudre par la force d'abord, par la terreur ensuite.The causes of the Terror of 1793-1794 were not primarily ideological, material or circumstantial. They were, as the young Marx so clearly grasped, in the contradictory nature of the Jacobins' goals, torn as these actors were between – inter alia – the claims of universalizing citizenship and the defense of property. Unable as they were, of course, to understand their historical situation between caste and class, the Jacobins chose to resolve their unexpected dilemmas by denouncing supposed conspiracies and by relying on what they thought would be the momentary use of force. In this endeavor, they inevitably failed.
- Comptes rendus - p. 161-248