Contenu du sommaire : Nouvelles recherches : de l'Europe à l'Afrique
Revue | Relations internationales |
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Numéro | no 142, été 2010 |
Titre du numéro | Nouvelles recherches : de l'Europe à l'Afrique |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction - Marès Antoine p. 3-4
- Expertise et négociations fiscales à la Société des Nations (1923-1939) - Farquet Christophe p. 5-21 À travers l'analyse du comité fiscal de la Société des Nations, cet article aborde la question de l'autonomie et de l'influence des organismes économiques multilatéraux instaurés après la Première Guerre mondiale. Il démontre ainsi comment ce comité abandonne progressivement son statut initial de négociations intergouvernementales pour se transformer en une réunion de praticiens fiscaux qui défendent des intérêts propres. Mais l'étude du cas suisse met également en évidence l'impact de plus en plus limité de ces discussions multilatérales sur les politiques nationales et les relations bilatérales. Dès le milieu des années 1920, les débats genevois ne font en effet plus contrepoids à la politique d'attraction fiscale de la Suisse.Expertise and fiscal negotiations at the League of Nations (1923-1939).This article considers the autonomy and the influence of multilateral economic organisations during the inter-war years through the study of the League of Nations' fiscal committee. It shows that this committee gradually discarded intergovernmental negotiations and became a tax practitioners' club that defended its own interest. But a look at the Swiss case also demonstrates that the impact of these multilateral discussions on national policies and bilateral relations quickly decreased. From the middle of the 1920s, the debates in Geneva no longer hampered the fiscal attractiveness of Switzerland as a tax haven.
- La « Croix-Rouge de Mussolini » et les internés militaires italiens (1943-1945) - Foppiani Oreste p. 23-36 Suite à l'armistice de l'Italie avec les Alliés, la Péninsule fut divisée en deux États : la République de Salò et le Royaume du Sud. Les Allemands déportèrent dans le Reich ou dans ses satellites environ 700 000 soldats appartenant aux anciennes Forces armées royales italiennes. La plupart de ces hommes, qui n'étaient ni prisonniers de guerre ni ennemis, furent considérés comme Internés militaires italiens (imi) et traités comme esclaves par l'okw et les autres organisations du travail afin de répondre à toutes les exigences de l'industrie de guerre allemande. La « Croix-Rouge de Mussolini » chercha à secourir moralement et matériellement ces militaires par le biais d'un réseau interministériel de secours, dont les éléments principaux étaient le Servizio Assistenza Internati (sai) à Berlin et une branche spécifique de la Croix-Rouge italienne (cri-aie) à Milan.« Mussolini's Red Cross » and Italian military internees (1943-1945). As a consequence of the armistice between Italy and the Allies, the Peninsula was divided into two states: the Salò Republic and the Southern Kingdom. The Germans deported to the Reich, or to its satellites, around 700,000 troops belonging to the former Italian Royal Armed Forces. Most of these men, who were neither pows nor enemies, were classified as Italian Military Internees (imis) and treated like slaves by the okw and other labour organisations to meet the needs of the German war industry. « Mussolini's Red Cross » tried to assist these soldiers both morally and materially, through an inter-departmental relief network whose main elements were the Servizio Assistenza Internati (sai) in Berlin, and a specific branch of the Italian Red Cross (cri-aie) in Milan.
- La décision française dans l'affaire de l'Exodus. Retour sur un malentendu historique - Schillo Frédérique p. 37-51 L'affaire de l'Exodus fut plus qu'un chapitre de l'histoire anglo-sioniste écrit en France. Elle doit aussi se lire comme une contre-offensive britannique contre la France, coupable d'avoir permis aux responsables de l'immigration clandestine d'investir le territoire français jusqu'aux plus hautes sphères de l'État. Analysant la réponse française au défi britannique dans une nouvelle perspective de recherche, en se fondant sur des archives inédites, il apparaît que la décision française doit être réévaluée dans sa nature, sa portée et son sens. Ainsi envisagée à l'aune du politique, et non plus de la morale, dans ce qui fut pour la France une crise majeure, l'affaire de l'Exodus marque par ses malentendus mêmes un tournant dans la position française sur la question de Palestine.The French decision on the Exodus Affair
The Exodus Affair was more than a chapter of the Anglo-Zionist history written in France. It has also to be read as a British counter-offensive against France, guilty of having allowed those responsible for clandestine immigration to invest French territory up to the highest spheres of influence of the state. Analysing the French answer to the British challenge from a new research perspective, based on original archives, it appears that the French decision must be re-evaluated in its nature, its scope and its meaning. Thus understood according to political criterion, and no longer according to moral criterion, during what was a major crisis for France, the Exodus Affair is by its very misunderstandings a turning point in the French position on the question of Palestine. - Les organisations Freies Deutschland en France et en Suisse : nouveaux partenaires allemands à la fin de la Seconde Guerre mondiale ? - Heiniger Alix p. 53-69 Cet article analyse le processus qui mène à la légalisation des organisations Freies Deutschland en France et en Suisse. Celles-ci ont été fondées en automne 1943, à la suite du National Komitee « Freies Deutschland », leur organisation mère créée par des prisonniers de guerre de la Wehrmacht et des réfugiés politiques allemands. Le but de ces organisations est d'abattre le régime nazi et de rassembler les exilés et militaires allemands qui partagent ses buts. L'article analyse également comment les gouvernements français et suisse ont reçu ces organisations et dans quelle mesure ils leur ont permis d'exister et de développer leurs activités dans les deux pays. Leurs réactions face à ces organisations sont en grande partie déterminées par leur propre politique dans les domaines dans lesquels Freies Deutschland se propose également d'intervenir.
Freies Deutschland organizations in France and Switzerland: new German partners at the end of the Second World War?
This article analyses the process leading to the legalization of Freies Deutschland organizations in France and Switzerland. They were founded in the autumn of 1943 following the creation of the mother organization – the National Komitee « Freies Deutschland » – by Wehrmacht prisoners of war and German political refugees. These organizations aimed to bring down the Nazi regime and to gather together German refugees and soldiers who shared the same goals. The article also analyses the reception of these organizations by the French and Swiss governments, and examines to what extent they allowed them to exist and to develop their activities in both countries. Their reaction to these organizations was mainly determined by their own policies in the fields in which Freies Deutschland also wanted to intervene. - Persécutions d'exil. La répression politique des républicains espagnols en France (1937-1951) - Guixé Jordi p. 71-86 Persécutions d'exil est un travail de recherche qui analyse la répression d'État, policière et officieuse, contre les exilés de la Seconde République espagnole en France, une continuité répressive qui découlait d'une guerre civile et s'étend jusqu'aux opérations de « chasse aux sorcières » qui eurent lieu en France en 1950 (à travers trois guerres : la Guerre civile espagnole, la Seconde Guerre mondiale et la guerre froide) ; une persécution et répression des exilés, qui affecta les hauts responsables jusqu'aux déportés et exterminés les plus humbles. Les États espagnol et français furent les acteurs de ces politiques diplomatiques et géostratégiques. Les sources primaires évaluent lesdites politiques de « répression extraterritoriale » du franquisme, dure et fanatique, et obsessionnelle contre l'exil républicain.Persecution of exile
Persecution of exile is a research project that analyses state, police and unofficial repression of exiles of the Second Spanish Republic in France. This continuous repression originated in the Civil War, stretching to the « witch hunt » operations in France in 1950 (through three wars: the Spanish Civil War, the Second World War and the Cold War). The persecution and repression of Republican exiles affected everyone, from senior officials to the most humble exiles who were deported and exterminated. The Spanish and French states played their part in the entire process, and in the different diplomatic and geostrategic expectations. Working on primary sources gives us insight into these « repressive extraterritorial » policies of Franco's Regime, hard, fanatical and obsessed with the « extraterritorial repression » of the republican exile. - Jean Mauricheau-Beaupré : de Fontaine à Mathurin, jmb au service du Général - Bat Jean-Pierre, Geneste Pascal p. 87-100 Ombre portée de Jacques Foccart sur le continent africain, archétype de la barbouze française, amateur de « coups », Jean Mauricheau-Beaupré a alimenté beaucoup de fantasmes sur les « réseaux Foccart », dont il aurait été l'une des chevilles ouvrières essentielles. Ce fervent gaulliste aime jouer les hommes de l'ombre : il est tour à tour « Fontaine » dans la Résistance, rédacteur anonyme du Courrier de la Colère, « Monsieur Jean » pour les mercenaires du Biafra et « Mathurin » dans cette même crise. Figure du missus dominicus du secrétaire général pour les Affaires africaines de l'Élysée, Mauricheau incarne une certaine idée de la France en Afrique, qui triomphe entre 1960 et 1974. À travers la dénonciation de cet agent d'un « secret du Roi » gaulliste, c'est surtout la politique africaine conduite par le général de Gaulle et Georges Pompidou que ses adversaires cherchent à atteindre.Jean Mauricheau-Beaupré: from Fontaine to Mathurin, jmb at the General's service
A Jacques Foccart doppelgänger on the African continent, an archetype of the French secret agent, a fervent « coup » enthusiast, Jean Mauricheau-Beaupré has been the target of many a fantasised statement on the « Foccart networks » of which he allegedly was an essential element. This keen supporter of De Gaulle enjoyed his place in the shadows. Before working as an anonymous author for the Courrier de la Colère, he was known as « Fontaine » when engaged in the Resistance, and later became, in turn, « Monsieur Jean » for the mercenaries in Biafra, and « Mathurin » during the war of secession. As an envoy of Jacques Foccart when the latter was General Secretary for African Affairs, Mauricheau endorsed and represented a certain vision of France in Africa, a vision which dominated the years from 1960 to 1974. By targeting him as an agent of France's secret diplomacy, his detractors were mostly hoping to undermine the African policy carried out by De Gaulle and Georges Pompidou. - Cavalier seul : la France contre les interventions multilatérales durant la crise congolaise, 1960-1963 - Mukanya Jean-Bruno, Saul Samir p. 101-118 L'indépendance du Congo en juin 1960 est suivie d'une mutinerie de l'armée et de la sécession de la riche province du Katanga. Sous prétexte de protéger ses citoyens et d'assurer l'ordre public, la Belgique envahit son ex-colonie. Le Congo sollicite l'aide de l'onu, laquelle autorise la première opération de maintien de paix en Afrique. De son côté, la cee souhaite poursuivre la coopération avec le nouvel État afin de se l'associer. Toutefois, la France, en quête d'une formule pour la réalisation de ses objectifs, émet des réserves à l'égard de ces interventions multilatérales, perçues comme supra étatiques et dangereuses pour les puissances coloniales, alors que se poursuit la guerre en Algérie. Plutôt qu'un conflit international, la France qualifie la situation congolaise de conflit intérieur entre Lumumba et Tshombé. Elle mise sur l'établissement de relations bilatérales avec le Congo, perspective dont le résultat sera mitigé.Lone rider: France against multilateral intervention during the Congo crisis (1960-1963)Within days of the Congo's independence in June 1960, the army mutinied and the rich province of Katanga seceded. Belgium invaded its former colony under the pretext of protecting its citizens and maintaining public order. The Congo sought aid from the United Nations, which set up its first peacekeeping mission in Africa. The eec, for its part, wished to pursue cooperation with the new state and aimed to associate it with Europe. Nevertheless, in search of a way to achieve its objective, France expressed reservations about multilateral interventions. It perceived them as supranational and dangerous for colonial powers, being itself at war in Algeria. France viewed the situation in the Congo less as an international conflict than as an internal one between Lumumba and Tshombé. It counted on the establishment of bilateral relations with the Congo, but results were limited.
- Nouvel acteur et nouveau phénomène transnationaux : Terre des Hommes et l'adoption internationale (1960-1980) - Denéchère Yves p. 119-136 Dans les années 1960 et 1970, l'adoption internationale devient un phénomène de société transnational, notamment en raison de l'engagement de mouvements comme Terre des Hommes. L'étude de ce nouvel acteur et de ce nouveau phénomène permet d'évaluer les relations entre acteurs transnationaux et États. Les États de départ des enfants comme la Corée du Sud, le Vietnam en guerre ou la Colombie ne consentent aux organisations comme tdh que l'espace minimum nécessaire à leur action. En France, l'État mène une politique de régulation qui s'appuie sur le débat dont l'adoption internationale est l'objet. Confrontée à l'évolution du phénomène et à des dissensions internes, Terre des Hommes révise sa position sur cette forme d'aide particulière au Tiers-monde et passe de l'engagement au renoncement.New transnational actor and new phenomenon: Terre des Hommes and international adoption (1960-1980)In the 1960s and 1970s, international adoption became a transnational social phenomenon, largely due to the commitment of organizations like Terre des Hommes. The study of this new international player and nascent phenomenon allows us to assess the relationship between states and transnational actors. The governments of the children's countries of origin, for example South Korea, wartime Vietnam or Colombia, granted organizations like Terre des Hommes little more than the minimum sphere necessary to carry out their work. In France, the government developed a regulatory environment in accordance with the ongoing debate on international adoption. As a result of the evolving philosophy towards this social phenomenon, together with dissension within the organization itself, Terre des Hommes revised its position on this form of aid to the Third World, moving from involvement to renunciation.