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Revue Revue d'études comparatives Est-Ouest Mir@bel
Numéro Vol. 19, 2, 1988
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Les pays en développement et le socialisme

    • L'Union Soviétique et le monde en développement : Thermidor dans la lutte révolutionnaire - Edward A. Kolodziej, Roger E. Kanet p. 5-22 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En tant que pouvoir révolutionnaire, l'Union soviétique s'est consacrée dès sa création à la transformation du système international conformément à sa conception d'un nouvel ordre socialiste. Cette intention doit être désormais tempérée par les contraintes venues d'un système international intraitable, qui résiste à la force et aux cajoleries soviétiques et par les succès mélangés que l'Union soviétique a obtenus en essayant de faire progresser ses intérêts et ses objectifs dans les pays en développement. Il est de plus en plus clair que les contraintes structurelles et les résultats décevants de l'Union soviétique dans le tiers monde sont, progressivement, même si c'est à contre-cœur, pris en compte dans les débats idéologiques ainsi que dans l'élaboration de la politique extérieure et dans le choix des priorités définies par les dirigeants soviétiques. La réalité, la prise de conscience de cette réalité et le faible espoir d'obtenir rapidement des succès importants dans le tiers monde étant convergents, leur impact sur le comportement soviétique est renforcé par la nécessité d'une amélioration des relations avec l'Occident, dérivée de la priorité absolue accordée par le régime de Gorbatchev au développement économique et technique. Ces facteurs s'additionnant, il serait judicieux d'organiser un Thermidor dans la lutte révolutionnaire. Dans les deux premières sections de cet article, on expose les limites de la puissance de l'Union soviétique et les sombres perspectives de sa politique à l'égard des pays en développement. Cette analyse est ensuite confrontée, dans la troisième section, aux tentatives des analystes et des dirigeants politiques soviétiques de réconcilier les objectifs révolutionnaires avec la rareté des ressources ; avec le contrepoids que constituent les autres États et le système économique dominant non socialiste, dont le bloc soviétique est de plus en plus dépendant ; avec le déclin du modèle soviétique en tant que voie à suivre pour la modernisation du tiers monde, et avec la nécessité d'une réforme et d'un développement internes en Union soviétique. Dans la dernière section, on circonscrit les principaux dilemmes auxquels seront confrontés les dirigeants soviétiques lorsqu'il faudra s'adapter à une période de Thermidor. En voulant réformer le système de l'intérieur, ils mettent en danger le régime soviétique lui-même (c'est de là que proviennent nombre de contraintes pesant sur le Kremlin), l'empire en Europe de l'Est et la viabilité des États inféodés du tiers monde. Mais, ainsi que l'a plusieurs fois observé le secrétaire général du parti, Mikhail Gorbatchev, le système soviétique est en crise ; les anciennes méthodes ne sont plus valables. Des solutions et des stratégies nouvelles doivent être élaborées, quels qu'en soient le risque et le coût, pour renforcer l'Union soviétique au niveau interne et accroître son influence à long terme sur le monde extérieur.
      The Soviet Union and the developing world : Thermidor in the revolutionary struggle As a revolutionary power, the Soviet Union has been committed since its inception to transforming the international system to fit its vision of a new socialist order. This vision has now to be tempered by the constraints imposed by an intractable international system resistant to Soviet coercion and blandishments and by the mixed experience of the Soviet Union in advancing its interests and aims in the developing world. There is growing evidence that these structural limits and the disappointing record of the Soviet Union in the Third World are gradually, if reluctantly, being internalized in the ideological debates and in the foreign-policy planning and priority-setting of Soviet leaders. As reality, perception, and diminished expectations of substantial gains in the near future in the developing world converge, their impact on Soviet behavior is reinforced by the imperative for better relations with the West arising from the overriding priority assigned by the Gorbachev regime to domestic techno-economic development and socio-political reform. Together these factors advise a Thermidor in the revolutionary struggle.
    • Les facteurs de la croissance dans les pays européens moins développés, 1960-1983 - Gabriele Tuitz p. 23-46 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'auteur entreprend une analyse comparative du développement macro-économique et de la croissance dans quatre pays capitalistes du Sud de l'Europe (Grèce, Portugal, Espagne, Turquie) et quatre pays socialistes du Sud-Est de l'Europe (Bulgarie, Hongrie, Roumanie, Yougoslavie). Cette étude a pour objectif d'évaluer les résultats obtenus par les différents systèmes pour dépasser leur retard économique. Alors qu'on ne décèle quasiment aucune différence dans la dynamique du développement économique des deux groupes de pays, il existe en revanche des écarts notables en matière d'inputs des facteurs, qu'il s'agisse de quantité ou d'efficacité. Du fait du fonctionnement spécifique des deux systèmes, les efforts d'investissement ont été plus importants dans les économies planifiées. En outre, leur coût, en terme d'input de capital nécessaire pour un accroissement du niveau de production (PIB) et de la productivité du travail a été également nettement plus élevé que dans les économies de marché. L'organisation planifiée d'une économie permet probablement à ces pays d'atteindre, en phase initiale et malgré de faibles revenus par tête, des taux d'investissements supérieurs à ceux d'une économie capitaliste. On montre que l'augmentation forcée de la part des investissements dans le revenu national et, par conséquent, le déclin de la part de la consommation constituent des éléments fondamentaux du développement économique. De cette manière, les économies planifiées ont réalisé un changement structurel dynamique, accompagné de taux de croissance relativement élevés, qui leur ont permis à toutes — la Yougoslavie exceptée — d'éviter le chômage massif des économies de marché. Cependant, cette forme extensive d'industrialisation a simultanément impliqué de lourdes pertes en termes d'efficacité économique globale. Par conséquent, cette étude ne permet nullement de conclure à la supériorité du système socialiste en tant qu'instrument de développement économique.
      Factors of growth in less developed European countries, 1960-1983 The author undertakes a comparative analysis of the macroeconomic development and growth processes in four South European capitalist countries (Greece, Portugal, Spain, Turkey) and four Southeast European socialist countries (Bulgaria, Hungary, Romania, Yugoslavia). The purpose of the study is to evaluate the achievements of the different systems in overcoming economic backwardness. While hardly any divergence concerning the dynamics of the two country groups' economic development is found, there are considerable differences in quantity and effectiveness of factor inputs. Resulting from the distinct functioning of the systems there are greater investment efforts on the part of the planned economies. However, their costs, in terms of capital input, needed for a rise of the production level (GDP) and of labour productivity were also markedly higher than in the market economies. The planned organization of an economy probably offers the advantage of enabling these countries at a very early stage, despite low per capita incomes, to achieve higher investment rates than can be achieved under a capitalist system. It is shown that the enforced increase of the investment share of national income and consequently declining share of consumption constitutes an important component of economic development. In this way the planned economies achieved dynamic structural change accompanied by relatively high growth rates, enabling them all — with the exception of Yugoslavia — to avoid the mass unemployment experienced by the market economies. Yet at the same time this extensive form of industrialization involved high losses in overall economic efficiency. Thus the results of the analysis do not bear out any claim of superiority for the socialist system as an instrument of economic development.
    • Ouverture et croissance interne en Chine depuis 1978 - Jean-Louis Pin p. 47-75 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'ouverture extérieure de la Chine constitue l'un des points importants de la Nouvelle Politique Économique (NEP) chinoise mise en œuvre depuis 1978. Les déficits de 1985 et 1986 sont là pour rappeler qu'une ouverture peut provoquer des déséquilibres, déséquilibres de plus en plus difficiles à réguler. A l'heure des bilans (les réformes chinoises survivront-elles à 1988 ?) on peut s'interroger sur l'impact de la politique chinoise d'ouverture et donc sur son avenir. L'ouverture a-t-elle répondu aux objectifs chinois, est-elle toujours (et dans quelle mesure) contrôlée, signifie-t-elle l'abandon des sacro-saints principes d'indépendance ? L'étude de l'articulation réforme — modernisation industrielle — ouverture peut permettre de répondre à ces questions. Comment la politique d'ouverture s'articule avec la politique économique, en quoi les résultats de cette politique sont à relier aux résultats économiques internes ? La Chine semble, depuis deux ans, avoir fait son bilan de l'ouverture, en décidant de s'endetter davantage à l'étranger. Cette décision devrait constituer un gage de durée pour cette nouvelle stratégie. Pour autant, les contraintes diverses, conjoncturelles (baisse du prix du pétrole) et structurelles (contraintes énergétiques, technologiques ...) n'ont pas disparu et la Chine doit davantage les subir. Des résultats évidents apparaissent au crédit de cette NEP (pénétration sur certains marchés) bien que des problèmes subsistent. Mais, qui peut prétendre se moderniser rapidement sans déséquilibres temporaires ?
      The opening-up of China, and its internal growth since 1978 The opening-up of China to the outside world is one of the key points of China's NEP (New Economic Policy) which has been in operation since 1978. The shortages of 1985 and 1986 serve as a reminder that the process of opening-up the country can bring about imbalances, which are increasingly difficult to correct. At a time of taking stock (will the Chinese reforms survive 1988 ?) the question arises as to the impact of the Chinese policy of opening-up, and therefore as to its future. How far has this policy answered to Chinese objectives, is it still (and to what extent) under supervision, does it piean that sacrosanct principles of independence have been abandoned ? Study of the reform-industrial modernization-opening-up chain of developement may provide an answer to these questions. How does the policy of opening-up the country to the outside world fit in with economic policy, how far can the results of this policy be related to internal economic results ? In the last two years, China seems to have taken stock of its opening-up policy, by deciding to take on more foreign debt. This decision would seem to offer a guarantee of durability for the new policy. For all that, the problems posed by various circumstan- cial and structural constraints, for example the drop in oil prices, and various technological and energy problems, have not gone away, and China has yet to undergo more of these. There are some obvious positive results to the credit of the NEP (the penetration of certain markets) although problems still persist. But can any country aim at rapid modernization without temporary desequilibria ?
    • L'évolution récente des relations économiques entre la Chine et l'U.R.S.S.(1982-1987) - Valérie Niquet-Cabestan p. 77-96 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis le début des années 1980 les relations économiques entre la Chine et l'U.R.S.S. ont connu un développement continu qui s'est accéléré avec l'arrivée de Mikhail Gorbatchev au pouvoir en 1985. Une certaine complémentarité des deux économies et la relative désillusion que la Chine a ressentie à l'égard du Japon et des pays occidentaux ont favorisé le développement des échanges et des transferts de technologie, en particulier dans les zones traditionnelles de contact que sont les provinces frontalières du Xinjiang, de la Mongolie intérieure et -du Heilongjiang. Cependant le volume des échanges entre les deux pays reste marginal et leur progression se trouve limitée par les problèmes économiques auxquels la Chine et l'U.R.S.S. ont chacune à faire face.
      Recent developments in economic relations between China and the USSR (1982-1987) Since the beginning of the 1980's, economic relations between China and the USSR have been marked by a continuous growth, which accelerated with the coming to power of Mikhail Gorbachev in 1985. A degree of complementarity in the two economies, and Chinese relative disillusionment with Japan and the countries of the West has favoured the development of trade and technology transfers, especially in such traditional areas of contact as the frontier provinces of Xinjiang, Inner Mongolia and Heilongjiang. However, the volume of trade between the two countries remains marginal, and progress in this respect is held back by the economic problem which China and the USSR each have to face.
    • L'économie cubaine sous l'angle de la Comptabilité Nationale - Christine Galavielle p. 97-129 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      A la lumière des différences fondamentales entre les systèmes comptables nationaux des pays socialistes et des pays à économie de marché, il est impératif de relever d'abord les divergences entre les concepts. En effet, le lecteur occidental non averti, qui apprend que les activités de services ne sont généralement pas considérées comme étant productives par les systèmes des pays socialistes, ne sera guère réconforté en apprenant que la distinction habituelle à l'Ouest entre secteurs et branches n'a pas de raison d'être dans un système comme celui de Cuba. Sur ces points et les suivants, l'auteur de cet article s'est donc efforcé d'exposer les distinctions, tout en analysant leurs origines. Or, il reste l'impérieuse nécessité de trouver des passerelles entre les systèmes, puisque sans elles toute comparaison resterait illusoire, parce qu'abstraite. C'est pourquoi la deuxième section de l'article retrace précisément les limites de la production pour le cas cubain, avant d'approfondir les modalités d'évaluation à l'intérieur de la sphère productive. Ainsi, les ajustements requis résultent progressivement des juxtapositions opérées. Les deux premières sections démontrent par ailleurs que les différences entre les systèmes (et donc les conversions requises) ne sont point essentiellement imputables à des volontés doctrinales ; elles sont plutôt le fruit des situations économiques et surtout de l'interprétation des besoins, au plan des deux groupes de pays. L'application pratique des analyses effectuées et des faits établis recourt obligatoirement à des agrégations importantes, sans que ceci porte néanmoins atteinte aux ordres de grandeur dégagés. L'étude de la Comptabilité Nationale cubaine permet en effet de situer l'économie du pays dans le contexte international, où sa place s'avère moins précaire que ce que l'on pourrait croire à la lecture d'autres études. Cette constatation positive ne saurait effacer les problèmes conjoncturels actuels, dûs à des récoltes sucrières médiocres et à l'effondrement du dollar, importante devise de facturation.
      The Cuban economy as reflected in the National Accounts Given the fundamental differences between the national accounting systems of socialist countries and the market economies, it is imperative to begin by identifying the differences between the two concepts. Indeed, an uninformed western reader, learning that service activities are not generally considered by the socialist countries as productive will scarcely be reassured when he learns that the customary western distinction between sectors and branches has no validity in a system such as Cuba's. On these, and the following points, the author of the present article endeavours to explain the distinctions, while at the same time analysing their origins. There is still the imperative need to identify points of contact between the two systems, otherwise any comparison would remain abstract, hence illusory. It is for this reason that the second section of the article delineates precisely the limits of production, in the Cuban example, before going on to an assessment of the modes of evaluation within the sphere of production. Thus the necessary statistical analyses are the result of successive adjustments. The first two sections, again, show that the differences between the systems (and therefore the conversions that are required) are in no way essentially the outcome of doctrinal attitudes, but are rather the product of economic circumstances, and above all of the interpretation of economic needs, within the context of the two groups of countries. The practical application of the analyses which are carried out, and the facts which are established, of necessity result in large-scale aggregations of data, without however endangering the orders of magnitude which have emerged. Study of the Cuban national accounts does indeed make it possible to place the country's economy in the international context, where its position turns out to be less uncertain than might be supposed from a reading of other studies on the subject. This positive statement does not, however, discount present predicaments, which have to do with poor sugar harvests, and the collapse of the dollar, which is an important accounting currency.
  • Le CAEM

    • La communauté socialiste et les projets de Gorbatchev - Kazimierz Grzybowski p. 131-144 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En 1971, le « Programme général d'intensification et de perfectionnement ultérieurs de la coopération et de développement de l'intégration économique socialiste », adopté par le CAEM, renonça à l'idée que le système économique socialiste constituait une entité à part. Depuis lors, les pays socialistes appartiennent, tout comme les économies de marché, au système économique mondial. A la suite de ces modifications, la question s'est posée d'une nouvelle approche de l'intégration des économies socialistes en tant que composante d'un processus d'intégration au niveau mondial. Le Programme a également adopté l'idée de relations directes entre les entreprises soviétiques et celles des pays satellites, ce qui serait un moyen indirect de réintroduire la planification économique conjointe. Le projet de Gorbatchev inclut cette forme d'intégration qui ferait partie de la coopération économique globale.
      Gorbachev's plans for the Socialist Commonwealth In 1972 the Comprehensive Program for Future Intensification and Improvement of Cooperation and Development of Socialist Economic Integration, announced by CMEA, dropped the notion that there is a separate socialist economic system. Instead socialist countries belong to the World Economic system together with market economies. This, of course, raised the question of a new approach to the integration of the socialist economies, which must proceed as a part of the worldwide integration. The Program also adopted the idea of direct links between Soviet and satellite enterprises, which would in an indirect way reintroduce joint economic planning. Gorbachev's plan includes that aspect of integration as a part of global economic cooperation.
    • L'endettement des pays européens du CAEM : les deux tournants des années 1980 - István Salgó p. 145-153 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'auteur analyse l'évolution des pays est-européens au cours de la période 1981-1985 du point de vue de l'économie extérieure. Après avoir rappelé les difficultés liées à la rareté de sources statistiques fiables, il choisit de fonder son analyse sur des estimations occidentales de l'endettement des pays de l'Est, elles aussi précaires. Il articule ensuite son article autour des deux tournants qu'il décèle dans la période considérée : 1982 (retour à l'équilibre des balances extérieures et diminution de i'endet- tement) et 1985 (détérioration de l'équilibre et nouvel essor de l'endettement compte tenu d'une amélioration des conditions sur les marchés financiers internationaux). Il estime, en conclusion, que la politique menée dans les pays européens du CAEM leur a permis, à court terme, de se dispenser d'un effort d'exportation au profit d'une stabilisation de la solvabilité. Et qu'ils ont pu, en définitive, grâce à l'amélioration des conditions extérieures, ajourner la réforme et la restructuration internes qui pourtant s'imposaient.
      Indebtedness of the European CMEA countries : the two turning points of the 1980's The author analyses the development of the countries of Eastern Europe during the period 1981-1985, from the point of view of their external economy. He begins by referring to the difficulties caused by the relative absence of reliable statistical sources, and chooses to base his analysis on Western estimates of East european indebtedness, themselves also uncertain. He then constructs his study around the two turning-points which he discerns in the period under consideration : 1982 (return to equilibrium in external balances, and reduction of indebtedness) and 1985 (loss of equilibrium and a fresh upswing in indebtedness, having regard to an improvement in conditions on the international financial markets). He concludes that the policy followed in the CMEA countries enabled them, in the short term, to dispense with an export effort in the interests of stabilising this solvency position, and that they have definitely been able, thanks to the improvement of external conditions, to put off the measures of internal reform and restructuralization which were nevertheless necessary.
  • Revue des livres

  • Résumés des articles - p. 161-168 accès libre