Contenu du sommaire : "Estimation du niveau de vie et de la pauvreté en France et en Russie"

Revue Revue d'études comparatives Est-Ouest Mir@bel
Numéro vol 37, no 2, juin 2006
Titre du numéro "Estimation du niveau de vie et de la pauvreté en France et en Russie"
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • "Estimation du niveau de vie et de la pauvreté en France et en Russie"

    - Coordonnateurs : Patrick Festy et Lidia Prokofieva
    • Avant-propos - p. 5 accès libre
    • Le système des indicateurs de niveau de vie en France : expérience et enseignements pour la mesure de la pauvreté en Russie - Fabien Dell et Daniel Verger p. 13 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article tente de comparer les problèmes méthodologiques qui surgissent quand l'on mesure la pauvreté dans des contextes très différents : la France et la Russie. Nous présentons les bonnes pratiques de mesure de la pauvreté multi- dimensionnelle en France, telles qu'elles sont utilisées de manière régulière par l'INSEE. Par ailleurs, nous tâchons de réfléchir à la manière dont ces méthodes pourraient être adaptées au contexte russe pour permettre des comparaisons convaincantes des niveaux et de la nature de la pauvreté. Nous concluons que l'harmonisation doit être réalisée au niveau des principes qui sous-tendent le choix d'un outil de mesure particulier.
      Living standard indicators in France: The lessons for measuring poverty in Russia This comparison of the methodological problems of measuring poverty in quite different contexts, namely France and Russia, presents the best tools regularly used by the French National Institute of Statistics (INSEE) for a multi-dimensional assessment of poverty. How to adapt these practices to Russia so as to obtain a convincing comparison of the level and nature of poverty in both countries? Harmonization should be achieved on the basis of the principles underlying the choice of a particular measuring device.
    • Définition, niveau et facteurs de pauvreté dans la Russie actuelle - Lilia Ovtcharova p. 33 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article est consacré aux questions de mesure de la pauvreté et aux principales causes économiques et sociales de son accroissement en Russie pendant les cinq premières années de l'économie de marché. Cette période a été marquée par des baisses massives des revenus réels de la population suivies d'un recul de la pauvreté lors des phases de reprise économique. La définition officielle de la pauvreté est fondée, en Russie, sur une approche méthodologique différente de celle en usage dans les pays européens, tant du point du calcul du seuil de pauvreté que de l'évaluation des revenus monétaires de la population. C'est pourquoi, les spéficités de l'évaluation russe officielle du niveau et de l'ampleur de la pauvreté sont l'un des thèmes centraux de ce texte. Parmi les causes de la pauvreté, nous avons recherché celles de la population en âge de travailler et étudié l'impact des transferts sociaux sur l'inégalité et la pauvreté. La faiblesse des revenus a été identifiée comme la cause principale de la pauvreté alors que les transferts sociaux, à l'exception des pensions et retraites, n'ont pas vraiment amélioré le sort des milieux défavorisés. La Russie est connue pour le grand nombre de ses transferts sociaux en nature, essentiellement accessibles aux catégories moyennes de la population. En conclusion, nous présentons les mesures de politique sociale susceptibles de réduire la pauvreté et indiquons les limites de l'analyse et de la mesure de la pauvreté fondée sur l'approche russe officielle, qui ne tient pas compte des formes non monétaires de la pauvreté.
      Definition, level and factors of poverty in contemporary Russia How to measure poverty? And what are the major economic and social factors that favored its growth in Russia during the first five years of the market economy? This period was marked by a massive decline in the population's real income followed by a decrease in poverty during episodes of economic growth. The official definition of poverty in Russia is based on a methodological approach that differs from the one used in European countries in terms both of the calculation of the poverty threshold and of the appraisal of the population's monetary income. For this reason, the particularities of official calculations of the level and scope of poverty is a central theme herein. Special attention is paid to the causes of poverty among the working-age population and to the impact of social transfers on inequality and poverty. Low incomes are identified as the principal cause of poverty whereas social transfers, apart from old-age pensions, have not really improved the living standard of the underprivileged. Russia is well known for the large number of social transfers in kind, which are mainly available to persons with middle-range incomes. In conclusion, social policies that might reduce poverty are presented; and the limits of an analysis and measure of poverty based on the official approach, which does not take into account nonmonetary forms of poverty, are pointed out.
    • Les revenus et les dépenses des ménages comme indicateurs de bien-être - Irina Kortchaguina p. 59 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article est consacré aux revenus et aux dépenses des ménages selon des données issues d'une vaste enquête portant sur le niveau de vie de la population dans la Fédération de Russie. Après un examen de chacun des indicateurs, de leurs avantages et de leurs inconvénients, leur pertinence respective fait l'objet d'une comparaison. Les revenus et les dépenses constituent les deux faces du bien- être économique où deux processus entre en jeu : la formation des revenus et leur utilisation. Ils devraient en principe aboutir à l'équilibre dans chacun des ménages concernés. Cependant, les données de l'enquête révèlent que les dépenses de certains ménages sont supérieures à leurs revenus tandis que, dans d'autres ménages, les revenus sont supérieurs aux dépenses. En conséquences, des ménages considérés comme pauvres sous l'angle des revenus apparaissent comme non pauvres du point de vue des dépenses tandis que, à l'opposé, des ménages pauvres eu égard aux dépenses ne le sont pas du point de vue des revenus. L'analyse montre en définitive que le critère le plus pertinent est celui qui tient simultanément compte des revenus et des dépenses des ménages.
      Household income and expenditures as indicators of well-being Incomes and expenditures are two aspects of well-being based on the formation and use of income that, in principle, should be balanced in each household. However data from a vast survey on the standard of living in the Russian Federation reveal that, in some households, expenditures overshoot incomes whereas, in others, the opposite is true. As a consequence, households might be considered poor in terms of income but not of expenditures; and vice-versa. Poverty should not be seen in relation to one of these aspects alone. The most relevant criterion combines a household's income and expenditures in order to assess well-being and poverty.
    • La difficile prise en compte de la production domestique dans la mesure de l'inégalité et de la pauvreté : problèmes conceptuels et empiriques - Daniel Verger p. 81 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La contribution de la production domestique au niveau de vie est loin d'être négligeable : dans un pays comme la France, le nombre d'heures consacrées au travail domestique, travail que l'on accomplit pour soi ou ses proches, dépasse le nombre d'heures de travail professionnel. Les pays en transition économique récente comme la Russie se caractérisent tous par une fraction importante de la richesse nationale qui échappe à la mesure : économie souterraine, travail au noir, mais aussi production domestique parfaitement légale. Quel que soit le pays, la prise en compte de cette composante pose de nombreux problèmes conceptuels et de mesure : la définition, fondée sur la notion de délégabilité, suscite d'abondantes discussions ; il n'y a pas de consensus quant au champ des activités à retenir, le temps consacré est difficile à mesurer et plusieurs options théoriques aux résultats contrastés s'opposent quand il s'agit de proposer une valorisation (salaire potentiel, valeur au prix du marché du produit obtenu, prix qu'il aurait fallu payer pour faire faire). Or quelles que soient les options retenues, la production domestique se traduit par d'importantes conséquences microéconomiques. En France, elle engendre une réduction notable de l'inégalité, bien qu'avec une incidence modeste sur la pauvreté car elle concerne surtout les classes moyennes. Le constat serait sans doute différent en Russie, mais il reste à faire.
      The difficulty of taking household production into account when measuring inequality and poverty: Conceptual and empirical problems Household production has a far from negligible impact on living standards. In a country like France, more hours are devoted to home work than to an outside job. A characteristic of all the countries undergoing an economic transition, including Russia, is that a major portion of national wealth is left unmeasured: the underground economy, undeclared jobs and, too, the perfectly legal activities of household production. Whatever the country, taking this factor into account raises several conceptual and empirical problems. Although a definition based on the notion of "delegability" has been widely discussed, there is no consensus about the activities to retain, and it is hard to measure the time devoted to household production. Moreover, several theoretical options yield contrasting results depending on how this phenomenon is quantified (potential wages, the market value of the products obtained, the price that would have been paid to have the work done). Regardless of the option retained, household production has major microeconomic effects. In France, it significantly reduces inequality but has slight impact on poverty, since it mainly concerns the middle classes. Observations in Russia would probably differ, but they are yet to be made.
    • La pauvreté et l'évolution des structures familiales en Russie depuis 1990 - Patrick Festy et Lidia Prokofieva p. 109 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Au cours des quinze dernières années, la famille en Russie a sensiblement évolué, faisant apparaître des tendances partagées avec les pays occidentaux (mise en cause du mariage, développement des unions informelles) mais accentuant aussi des tendances propres (cohabitation intergénérationnelle). Ces transformations se sont accompagnées de modifications significatives du périmètre de la pauvreté des familles, autrefois cantonné au cas des mères élevant seules leurs enfants, aujourd'hui étendu à l'ensemble des couples avec enfants. Des rapports unissent ces deux évolutions : autrefois, le divorce était une voie vers l'appauvrissement des mères mais la politique sociale en modérait la rigueur ; aujourd'hui, la famille en général est fragilisée et renvoyée à elle-même pour faire face aux rigueurs économiques.
      Poverty and family changes in Russia since 1990 The Russian family has undergone major change over the past fifteen years. Some trends resemble those in the West (the decline of marriage and growth of consensual unions) whereas others set Russia apart (intergenerational cohabitation). In parallel, the extent of poverty among families has significantly changed, a phenomenon no longer limited to single mothers with children but now encompassing couples with children. These two trends are related. In the past, divorce tended to plunge mothers into poverty, even though social policies limited its negative impact whereas, nowadays, families are fragile and have to cope with economic hardships alone.
    • Dynamiques de pauvreté en Russie : une analyse en termes d'entrées et de sorties - Matthieu Clément p. 135 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La pauvreté en Russie est un phénomène principalement transitoire, signifiant par là-même l'existence de nombreux mouvements d'entrées et sorties dans/de la pauvreté. L'analyse des dynamiques de pauvreté requiert par conséquent d'évaluer des probabilités de transition. Cet article utilise les données longitudinales des enquêtes Russian Longitudinal Monitoring Survey afin d'étudier les transitions de pauvreté en Russie entre 1994 et 2000 à l'aide des modèles de durée. Dans un premier temps, le recours à une méthode non paramétrique permet d'estimer les taux de sortie, d'entrée et de retour de/dans la pauvreté, qui dépendent de la durée des épisodes de pauvreté ou de non-pauvreté. Dans un second temps, nous estimons des modèles logistiques à temps discret, séparément pour les sorties et les entrées, afin d'identifier les facteurs associés aux transitions de pauvreté. À cette occasion, nous introduisons dans les modèles des variables censées rendre compte de l'influence du comportement stratégique des ménages et insistons sur la distinction entre stratégies de promotion (visant à s'extraire de la pauvreté) et stratégies de prévention (visant à se protéger d'une entrée dans la pauvreté).
      The dynamics of poverty in Russia: An analysis in terms of exit and entry Since poverty in Russia is mainly a transitory phenomenon, with many movements in and out, analyzing it necessitates evaluating transition probabilities. Data from the Russian Longitudinal Monitoring Survey and duration models are used to study poverty transitions in Russia between 1994 and 2000. A nonpara- metric method estimates poverty exit, entry and re-entry rates, which depend on how long spells of poverty and nonpoverty last. Logistic discrete-time models are then estimated separately for exits and entries so as to identify the factors associated with poverty transitions. Variables are introduced for taking into account strategic household behaviors; and emphasis is laid on the distinction between promotion and prevention strategies with the aims, respectively, of exiting from, or preventing an entry into, poverty.
  • Le droit de la propriété industrielle en Russie post-soviétique et la lutte contre la contrefaçon - Barbara Pick p. 169
  • Quelques réflexions sur l'économie cubaine - Rémy Herrera p. 199 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Après une très brève présentation de la situation du pays avant 1959, cet article dresse un bilan des avancées majeures, mais aussi des insuffisances réelles, de la révolution cubaine dans le domaine économique jusqu'à la toute récente dé- dollarisation. L'accent est placé sur les défis économiques que doit affronter Cuba en ce début du XXIe siècle, comme sur ses atouts internes et ses opportunités externes face à ces défis. Les développements proposés se fondent sur de nombreuses données statistiques, rassemblées ou construites par l'auteur, pour l'essentiel en séries chronologiques (notamment, les taux de croissance du produit intérieur brut de Cuba de 1959 à 2005), mais également en coupes transversales (pour une comparaison d'indicateurs économiques et sociaux avec les autres économies planifiées en 1988). La « période spéciale », qui suivit la crise consécutive à l'effondrement du bloc soviétique, est tout particulièrement examinée, de même que les ressorts principaux du redressement de l'économie depuis 1994-1995. Une comparaison des effets des ajustements à cette crise extrêmement sérieuse des années 1990 en Russie et à Cuba est aussi proposée. Finalement, ce sont les questions du passage de la dollarisation à la dé-dollarisation et de la souveraineté monétaire qui sont approfondies.
    A few thoughts on the Cuban economy Following a very brief presentation of the pre-1959 situation in Cuba, an assessment is made of the Cuban revolution's major advances and real shortcomings in the economy up till the recent dedollarization. Emphasis is laid on the economic challenges, as well as on the internal advantages and external opportunities related to them, with which the island has to cope at the start of the 21st century. Proposals are based on several sources of statistics, mainly time series (in particular, GDP growth rates from 1959 to 2005) and period analyses (for comparing economic and social indicators with those in other planned economies in 1988). Close attention is paid to the "Special Period" consecutive to the breakup of the Soviet bloc and to the major factors that have enabled the economy to bounce back since 1994-1995. The effects are compared of the adjustments made to the extremely serious crisis during the 1990s in Russia and Cuba. Questions about the switch to dedollarization and monetary sovereignty are examined.