Contenu du sommaire : Les villes russes après une décennie de réformes...

Revue Revue d'études comparatives Est-Ouest Mir@bel
Numéro vol 32, no 4, décembre 2001
Titre du numéro Les villes russes après une décennie de réformes...
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Les villes russes après une décennie de réformes. Aspects politico-administratifs et implications sociales

    - Coordonné par Anne Gazier avec la collaboration de Dominique de Lapparent
    • I. Les villes et la réforme du pouvoir local
      • Le statut juridique et les institutions des villes russes face aux réformes décentralisatrices : une complexité croissante - Anne Gazier p. 9
      • La coopération intermunicipale : problèmes de conceptualisation juridique et d'utilisation de l'expérience étrangère (à partir de l'exemple de la coopération entre les villes de la région d'Irkoutsk) - Elena Gricenko p. 35 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Le droit à la coopération est un élément important du droit de l'auto-administration locale. Pour mieux faire comprendre comment les villes réalisent ce droit, il est indispensable de mettre en lumière les spécificités de leur statut juridique en tant que sujets du droit à l'auto-administration locale dans la législation fédérale et régionale russe. À partir de l'exemple des villes de la région d'Irkoutsk, sont analysés les fondements juridiques de la coopération inter-municipale et l'efficacité des relations qui en résultent. Les associations de formations municipales sont également étudiées en prenant pour sources le statut des associations municipales de la région d'Irkoutsk, le statut des associations interrégionales (à travers l'exemple de l'Association des villes sibériennes et d'Extrême-Orient) et de niveau fédéral. L'utilisation de l'expérience étrangère (notamment allemande) dans le processus d'évolution et de développement des relations inter-municipales en Russie se voit accorder une place particulière et des recommandations sont émises dans le but de perfectionner la législation et d'améliorer l'efficacité de la coopération inter-municipale.
        Cooperation is a major point in the rights about local self-administration in the Russian Federation. To better understand how cities implement this aspect of the law, light must be shed on their specific legal status as entities recognized by federal and regional legislation. Cities in the Irkutsk Region are used as examples for analyzing the legal grounds for inter-municipal cooperation and its effectiveness. The status of municipal associations in this region, of the inter-regional association of Siberian and Far Eastern cities, and of associations at the federal level are also examined. Foreign experiences - in particular the German one - have been used to develop inter-municipal relations in Russia, and recommendations have been made with the aim to improve both legislation and the effectiveness of cooperation between cities.
      • Dix ans de conflit. Les autorités municipales face à l'administration régionale à Omsk - Anne Le Huerou p. 61 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        De nombreux conflits ont depuis dix ans jalonné l'histoire des relations entre les régions (oblasti) et les grandes villes de Russie : rivalités personnelles, conflits d'intérêts dans le partage des fruits de la privatisation, luttes pour le contrôle des ressources économiques et financières du développement régional. Cette chronique d'une décennie, qui prend appui sur la région d'Omsk en Sibérie occidentale, reflète également les évolutions dans les relations entre le centre fédéral et les régions et les malentendus institutionnels et politiques sur la nature de l'auto-administration locale, principale perdante de la configuration des pouvoirs qui s'est mise en place.
        During the past ten years, several conflicts have marked the relations between regions (oblasti) and big cities in Russia: personal rivalries, conflicts of interest over privatization, struggles to control the economic and financial resources for regional development. The chronicles of this decade in the Omsk Region (western Siberia) reflects changes in the relations between the federal center and regions, and sheds light on institutional and political misunderstandings about local self-administration, which has lost out in the configuration of powers that has emerged.
      • Construction du politique et fabrication du patrimoine dans un quartier de Moscou : le Soviet d'autogestion de la cité-jardin "Sokol” - Sarah Carton de Grammont p. 91 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Pour comprendre l'émergence et l'institutionnalisation, depuis douze ans, d'un Soviet d'autogestion dans la cité-jardin moscovite de Sokol, il faut plonger dans la période soviétique et croiser l'histoire de la gestion du logement et l'histoire sociale de ce quartier particulier. On constatera ainsi que ce qui se donne à lire aujourd'hui comme les retrouvailles avec des traditions d'autogestion originelles est largement tributaire de l'antagonisme entre une structure administrative d'Etat de gestion des logements (le Bureau d'exploitation du logement ou JEK) et une structure créée dans les années soixante par un groupe d'habitants (des "bourgeois soviétiques") en passe d'être déclassés (le Comité d'immeuble ou Domkom).
        To understand the emergence and institutionalisation over the past twelve years of self-management in the Sokol Garden City in Moscow, we must go back to Communist times and bear in mind both the history of housing and the social history of this particular neighbourhood. What now seems to be interprétable as the rediscovery of original traditions of self-management has very much to do with the antagonism between a state administrative structure (the JEK) for managing housing and a structure (the Domkom) set up in the 1960s by a group of inhabitants ("Soviet bourgeoisie") who were in danger of losing social status.
    • II. Les villes et les privatisations : la gestion du social et le logement
      • La municipalisation complexe de la "sphère sociale” des entreprises russes : un aspect important et méconnu de la transition économique et sociale - Cécile Lefèvre p. 125
      • La privatisation des logements urbains : un processus complexe et en évolution. Le cas de Saint-Pétersbourg - Isabelle Amestoy p. 153 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Depuis 1992, la réforme institutionnelle et économique menée en Russie porte sur un axe majeur : la politique de privatisation gratuite du parc de logements. La remise en cause du régime socialiste soviétique a donc annoncé de profonds bouleversements sociaux, économiques et politiques. Cependant, le transfert de propriété du parc public vers la sphère privée est d'ores et déjà lancé sous Mikhaïl Gorbatchev et, en 1992, il s'agit bien plus d'impulser une dynamique nouvelle à ce processus que de renier un passé proche. Au moment où l'État fédéral russe transmet la pleine et entière propriété du parc aux organes locaux, la privatisation gratuite, pensée comme le changement de propriété et le développement d'un secteur privé dominant, devient le facteur-clé nécessaire à la "réformation" de la politique publique et à l'instauration de nouvelles "relations dans l'habitat". Or, malgré les conditions très avantageuses mises en place, la privatisation s'essouffle et les difficultés de la gestion publique persistent. Le cas de Saint-Pétersbourg est de ce point de vue exemplaire. Car si l'essor de la propriété privée est réel lors des deux premières années de "transition", le net ralentissement enregistré depuis pose question : certes, le schéma politique adopté au début des années 1990 témoigne de la prise en compte des expériences passées et de la volonté d'imprimer une dynamique au transfert de propriété, mais il semble plus que jamais nécessaire de tenir compte de la logique patrimoniale d'une population appelée à gérer seule ses conditions de logement. Le gradualisme du processus, tel qu'il se dégage de la politique de privatisation, dépend en effet du degré d'implication de la population et du sentiment d'appropriation censé émerger depuis 1989.
        Since 1992, the institutional and economic reform conducted in Russia has a major axis: the policy of the free privatization of housing. The collapse of the Soviet system has set off deep changes in society, the economy and politics. The transfer of property from the public toward the private sphere started under Gorbachev. In 1992, the intention was to relaunch this process rather than deny a not so distant past. Even as the Russian Federal government was transferring full ownership of public housing to local authorities, this free privatization - intended to signal a shift in property and the development of a dominant private sector - became the key factor necessary for reforming public policy and developing new "relations in the habitat". Despite its quite advantageous conditions, this privatization is wearing out; and the difficulties of public management persist. Saint Petersburg provides an exemplary case. Although private ownership thrived during the first two years under this transition, this trend has slowed down significantly since then. Even though the policy adopted in the early 1990s did try to avoid overlooking past experiences and did seek to stimulate shifts in ownership, it seems more necessary than ever to take into account the "patrimonial logic" of a population who has to manage its housing by itself. This process's evolutionary nature, as it ensues from the privatization policy, depends on the population's degree of implication and on the sense of ownership that has supposedly arisen since 1989.
      • La « question du logement », l'appartement communautaire et la privatisation de l'habitat à Moscou. - Katerina Azarova p. 185 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Au cours de l'époque soviétique, les caractéristiques essentielles de l'économie socialiste influencent les formes de l'habitat et leurs fonctions. La plus typique de ces formes - l'appartement communautaire, organisé dans les années vingt pour combler temporairement le manque de logement - devient permanente et très largement répandue dans les villes. Malgré les tentatives des gouvernements successifs de supprimer ce type de logement, ce n'est qu'avec la fin du régime soviétique et la restauration de la propriété privée que commence la décollectivisation massive des logements communautaires, déclenchée notamment par l'apparition d'une demande de grands logements prestigieux pour la nouvelle élite. Les formes soviétiques de l'habitat s'adaptent ainsi aux nouvelles conditions en suivant des modèles identifiés comme occidentaux. Par ailleurs, le besoin d'appartements de grand standing va rapidement épuiser les possibilités de logement existantes et déterminer l'apparition d'un parc immobilier nouveau. La publicité pour ces nouveaux logements destinés à l'élite semble mettre en scène une utopie hédoniste, qui se veut à la fois conforme aux standards européens et tout à fait inédite.
        During the Soviet era, the socialized economy had an impact on the types of housing and their functions. Organized in the 1920s as a stopgap measure for coping with the housing shortage, the "community apartment" became a permanent type widely spread throughout Soviet cities. Despite successive governments' attempts to do away with this type of housing, the massive decollectivization of community apartments only started once the Soviet system collapsed and private property was restored. This trend was fueled by a growing demand for luxury housing for the new elite. Soviet types of housing adapted to the new conditions by following models identified as Western. However, the demand for apartments with standing soon exhausted the existing supply, and has led to a new stock of housing units. Advertising for these new units destined for the elite presents a hedonistic Utopia, intended both to be on a par with European standards and to represent something entirely new.
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