Contenu du sommaire
Revue | Revue d'études comparatives Est-Ouest |
---|---|
Numéro | vol 27, no 1, mars 1996 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Les échanges extérieurs des PECO avec les pays de la Communauté européenne, de l'AELE et du Bassin méditerranéen - Daniel Labaronne p. 5
- La trajectoire tchèque de transformation économique post-socialiste : une approche par la complexité - Éric Magnin p. 39 Cet article se propose d'esquisser une caractérisation stylisée de la trajectoire tchèque de transformation post-socialiste dans le cadre d'une approche par la complexité. Cette dernière permet de penser ensemble, de façon cohérente, un ensemble de notions pertinentes pour l'étude des transformations économiques en Europe centrale et orientale, notions apparaissant dans la littérature de manière le plus souvent isolée : système complexe, auto-organisation, émergence, trajectoire, "path-dependence", "lock- in", dynamique non linéaire, irréversibilité. L'auto-réorganisation des quatre sous-systèmes économiques repérés et de leurs interrelations, le système productif, le système financier, le compromis socio-économique et l'État, entraîne l'émergence de formes institutionnelles et organisationnelles hybrides de transition post-socialiste, notamment : une forme de propriété enchevêtrée (entre banques, entreprises et État) quasi privée, des formes organisationnelles post-socialistes originales, un marché financier multiple, un pacte social managers/employés implicite, une forme de paternalisme de marché de l'État. A court terme, cette configuration semble soutenir un modèle tchèque de croissance, dont la dynamique à moyen terme n'est pas assurée.The Czech course of post-socialist economic transformation : a complexity-based approach. The purpose of this article is to offer a stylized description of the course of post- socialist changes in the Czech Republic, using a complexity-based approach. This should make it possible to assemble a coherent body of ideas relating to the study of economic change in Central and Eastern Europe, ideas which in most writings on the subject tend to emerge in isolation, thus : complex system, self-organization, emergence, trajectory, path dependence, lock-in, non-linear dynamics, irreversibility. Self-reorganization of the four economic sub-systems identified, and of their interrelations, i.e. the system of production, the financial system, the socio-economic compromise and the State, leads to the appearance of hybrid institutional and organizational forms in the post-socialist transitional phase, in particular : a complex form of quasi-private ownership (involving banks, enterprises and the State), original post- socialist organisational bodies, a multiple financial market, an implicit manager/employee social pact, a form of State market paternalism. In the short term, this general configuration appears to underpin a Czech growth model whose dynamic in the middle term is uncertain.
- Anciennes et nouvelles inégalités économiques : le cas tchèque - Jiri Vecernik p. 81 Durant la période de transition, la question des inégalités économiques prend, pour diverses raisons, une importance et un sens nouveaux. Nombreux sont ceux pour qui la réforme économique engendre de considérables difficultés financières, voire la pauvreté. En même temps, la privatisation, la restitution des biens et 1'entrepreneurial privé créent de la richesse ; ils remettent ainsi en cause l'option antérieure de "prétendue égalité" et posent la question de leur légitimité. Dans les conditions de liberté politique nouvellement acquises, le problème de l'inégalité peut être ouvertement discuté et un traitement politique lui être réservé. Dans cet article, l'on entend analyser les racines de la situation actuelle et inventorier les changements récents tels qu'ils transparaissent des diverses manifestations du phénomène de l'inégalité. La première partie concerne l'héritage de la société communiste, laquelle combinait égalité et privilèges. La seconde se rapporte à l'ordre du marché qu'il faut concevoir plus largement qu'un système fondamentalement homogène, qui se contenterait de remplacer une égalité inéquitable par une inégalité équitable. La troisième partie est consacrée aux nouvelles sources de richesse et de pauvreté et à leur impact sur la société. Enfin, on comparera les changements objectivement survenus en matière d'inégalité économique et la perception que les gens en ont. On recensera pour conclure la situation et les problèmes spécifiques de la République tchèque par rapport aux autres pays de l'Europe centrale et orientale.Economie inequalities, old and new : the Czech experience. During the period of transition, the question of economic inequalities takes on, for a variety of reasons, a new importance and a new significance. There are a good many people for whom economic reform has meant considerable financial difficulty, or indeed poverty. At the same time, privatization, the restitution of property and the existence of private business undertakings create wealth : consequently, these factors call into question the earlier option of "supposed equality", and their legitimacy is challenged. In conditions of newly acquired political freedom, the problem of inequality can be openly discussed, and handled as a political issue. In the present article, the intention is to analyse the root causes of the existing situation, and to list recent changes as they are reflected in the various forms of the phenomenon of inequality. The first part deals with the legacy of communist society, which was a mixture of equality and privilege. The second has to do with the order of the market, which has to be defined more broadly then as a fundamentally homogeneous system, satisfied with replacing an inequitable equality with an equitable inequality. The third part is concerned with new sources of wealth and poverty, and their impact on society. Finally, there is a comparison of the changes that have objectively come about in the context of economic inequality, and the view which people have of them. In conclusion, there will be an analysis of the situation and specific problems of the Czech Republic in relation to the other countries of Eastern Europe.
- La recomposition du paysage politique est-allemand après 1989 - Catherine Perron p. 109 Les problèmes relatifs à la construction d'un ordre démocratique et au passage à l'économie de marché ne sont certes pas spécifiques à l'Allemagne de l'Est, mais ont la particularité d'être étroitement liés à ceux de l'unification de ce pays. La R.D.A. passa d'un camp à l'autre plus rapidement que tous les autres pays d'Europe centrale et orientale. Elle subit le passage à l'économie de marché et les réformes politiques les plus brutales, aucun gradualisme ne venant atténuer la violence du choc provoqué par les mesures d'assainissement économique et les transformations politiques. Si en Allemagne de l'Est les problèmes furent en fin de compte de même nature que dans les autres pays post-communistes, ils y eurent cependant une intensité différente et furent doublés par des problèmes issus de l'intégration de la R.D.A. au système politique, économique, administratif et social ouest-allemand. Et ce n'est finalement que quatre années après la réunification qu'émerge dans les cinq nouveaux Lànder allemands un paysage politique original, différent de celui de l'Ouest. Quelles conclusions tirer de l'apparition de différences au sein du paysage politique est-allemand, alors que l'unification des deux parties du pays progresse constamment dans les autres domaines ? Retrouve-t-on là la marque des effets pervers, voire de l'échec d'une unification trop brutale, ou bien s'agit-il d'une réaction d'adaptation de société post-communiste, semblable à celles que l'on retrouve dans les autres pays de l'ancien bloc socialiste, réaction qui n'aurait été différée que dans le temps du fait de l'unification ? L'étude de la formation du paysage politique à la suite de la révolution de l'automne 1989, ainsi que l'analyse de la pratique de l'unification politique et de ses conséquences en Allemagne de l'Est fournissent de précieux indices en la matière.Reconstruction of the political landscape of East Germany post-1989. The problems involved in the building of a democratic régime, and transition to a market economy, are certainly not specific to East Germany, but their special nature is to be closely bound up with the problems of German reunification. The GDR moved from one camp to the other more speedily than all the other countries of Central and Eastern Europe. It underwent transition to a market economy, and the most violent political reforms without the benefit of any degree of gradualism to alleviate the violence of the shock engendered by economic stabilization measures and political changes. In the end, East Germany's problems may not have differed widely from those experienced by other post-communist countries, but they nevertheless differed in intensity, and were compounded by the problems arising from the integration of the GDR into the political, economic, social and administrative system of West Germany. And after all, it is only four years after reunification that, out of the five new German Lander, an original political lanscape, different from that of the West, is taking shape. What conclusions, then, should be drawn from the emergence of differences on the East German political scene, while the unification of the two parts of the country is proceeding in an orderly fashion in other sectors ? Are we witnessing the ill effects of unhealthy processes, for example the failure of an over-abrupt attempt at reunification, or perhaps we are seeing the reaction of a post-communist society in the effort to adapt, a reaction similar to those met within other former socialist-bloc countries, a reaction which, owing to the fact of reunification, has been displaced in its timing ? A study of the shaping of the political landscape, following on the revolution of Autumn 1989, together with an analysis of the implementation of political unification and its consequences in East Germany, affords valuable insights on the subject.
- Essai d'interprétation du nouveau nationalisme post-communiste : le cas yougoslave - Catherine Lutard p. 133 Le cas yougoslave est un cas de nationalisme post-communiste parmi tous les autres pays communistes qui n'ont pas su résoudre la question nationale, dirigés par une classe politique avide de pouvoir. Le nationalisme post-communiste rencontré est nouveau, tout en faisant référence au système politique précédent qui, par différentes mesures, l'a rendu possible. L'équipe titiste avait préparé le terrain à l'idéologie nationaliste. En situation d'anomie, les acteurs sociaux, sans État, se construisent un nouvel État-Nation sur de nouvelles bases, essayant de faire table rase du passé. Cependant, la définition de la nation reste un problème épineux, favorisant toutes les spéculations possibles. Différents critères communs sont retenus (langue, religion, histoire, territoire, etc.) sans toutefois être pleinement satisfaisants. Il s'agit de critères avant tout politiques, le projet étant de créer une unité organique. Le nationalisme post-communiste se construit en opposition à l'Autre, dans un schéma régressif. L'idéologie du nationalisme post-communiste est présente chez tous les groupes nationaux, avec des rapports de force (notamment militaires) fondamentalement différents entre les divers groupes concernés. Il n'y a pas lieu de se montrer optimiste, l'analyse de ce phénomène en extension ne laissant présager à court terme aucune évolution favorable de la situation dans cette partie de l'Europe. L'absence d'affinités particulières pour la démocratie promet encore de beaux jours aux conflits guerriers nationalistes.Towards an interpretation of the new post-communist nationalism : the case of Yugoslavia. The Yugoslav case is one of post-communist nationalism, among all the other communist countries which have been unable to resolve the nationalist question, driven by a power-hungry political class. The post-communist nationalism being encountered is a new phenomenon, though still having links with the preceding political system which, through different policies, made it possible. Tito's men prepared the ground for the growth of nationalist ideology. In a confused situation, the active elements in society, in the absence of a State, set about creating a new Nation-State, on new foundations, in an effort to make a clean break with the past. However, finding a definition for the nation remains a thorny problem, leaving the options open to every possible theory. Various common criteria are applied (language, religion, history, territory, etc.), none of them proving entirely satisfactory. The criteria involved are primarily political, the aim being to create an organic entity. Post-communist nationalism is built in opposition to the Other, along regressive lines. The ideology of post-communist nationalism is inherent within all nationalist groups, with fundamentally different power relationships (particularly military) among the various groups in question. There are few grounds for optimism, since extended analysis of this manifestation holds out little hope of any favourable short-term development in the situation in this part of Europe. The absence of special affinities with democracy offers a fair prospect of nationalist hostilities still to come.
- Projet léniniste et héritage russe - Joseph Boumendil p. 167 Le retard accumulé par la Russie en 1917, aussi lourd soit-il, ne peut être traité seulement comme un legs encombrant de l'ancien régime, dont le renversement aurait, selon une opinion répandue, provoqué une rupture franche dans le continuum historique du pays. Il est l'un des paramètres de la nouvelle société qui s'instaure après la révolution et qui se définit, avant tout, à travers le nouveau mode de rapports qu'elle entretient avec le pouvoir. Le propos ici n'est pas d'analyser le retard en tant que tel, c'est-à-dire les données statistiques et économiques qui le sous-tendent, mais de comprendre la fonction que ce concept occupe dans le discours léniniste. De même, ce n'est pas en tant que legs matériel (économique et institutionnel) que l'héritage russe est abordé. L'auteur centre son analyse sur le poids de cet héritage dans l'idéologie bolchevique et cherche à mettre en valeur les éléments de continuité, qui, par delà la rupture, relient le nouveau régime à l'ancien. En conclusion, il estime que, s'il y a eu rupture au plan idéologique et politique (malgré la pérennisation de la tradition "autoritaire"), au plan économique c'est la continuité qui prime.Leninist project and Russian heritage. By the year 1917, Russia's accumulated backwardness, burdensome though it might be, cannot be regarded simply as a hindrance bequeathed by the old régime, whose overthrow was widely held to have caused an abrupt break in the country's historical continuity. It is one of the parameters of the new society which took shape after the revolution, and which is defined primarily by the new kind of relationship which is maintained with the government. The purpose of the present study is not to analyse this state of backwardness as such, in other words, with its attendant statistical and economic data, but rather to understand the part played by this concept in the Leninist dialogue. By the same token, one cannot approach the Russian heritage in terms of its material (economic and institutional) legacy. The author concentrates his analysis on the weight carried by this heritage in Bolshevik ideology, and tries to emphasize the elements of continuity which, regardless of the break, bind the new régime to the old. His conclusion is that, while there may have been a break ideologically and politically (despite the persistence of the "authoritarian" tradition), economically it is continuity which prevails.
Revue des livres
- Chantal Kourilsky-Augeven (sous la direction de) - "les Femmes et la Famille en Russie", in Droit et Cultures - Daniel Bertaux p. 199
- Ella Maillart - Parmi la jeunesse russe - Jean-Robert Raviot p. 204
- Catherine Wihtol de Wenden et Anne de Tinguy (sous la dir. de) - L'Europe et toutes ses migrations - Alain Blum p. 209
- Edmé Dominguez R., Ed. - The Soviet Union's Latin American Policy : A retrospective Analysis - Roger E. Kanet et Nouray V. Ibryamova p. 211