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Revue Revue d'études comparatives Est-Ouest Mir@bel
Numéro vol 23, no 1, mars 1992
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • La Chine à la recherche du néo-autoritarisme ou la revanche de Zhao Ziyang - Jean-Pierre Cabestan p. 5 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    En janvier 1992, Deng Xiaoping est sorti de sa semi-retraite pour lancer une offensive qui avait pour but de reprendre les réformes économiques et politiques entreprises dans les années quatre-vingt. Le programme proposé ne paraît guère différent de celui mis en œuvre par Zhao Ziyang avant le massacre du 4 juin 1989. Transition vers l'économie de marche et « néo-autoritarisme » politique, tels sont les deux aspects de la stratégie de Deng à quelques mois de la tenue du XIVe congrès du PC qui doit fixer les grandes orientations du pays pour le reste de la décennie actuelle, et peut-être le début de l'après Deng. Sur fond de lutte pour la succession de celui qui reste l'homme fort du régime, cette offensive réformiste a remporté un certain nombre de succès. Mais ceux-ci semblent à bien des égards précaires non seulement en raison des résistances du camp conservateur mais surtout à cause des menaces qu'un approfondissement des réformes fait courir au régime communiste. C'est pourquoi les réformistes ont pour le moment choisi de maintenir la société chinoise sous le joug d'une puissante dictature politique.
    China on the way to neo-authoritarianism, or the revenge of Zhao Ziyang. In January 1992, Deng Xiaoping emerged from his semi-retirement to launch an offensive aimed at revitalizing the political and economic reforms which have been introduced in the eighties. The suggested programme does not indeed appear very different from that initiated by Zhao Ziyang before the massacre of 4th June 1989. Transition to a market economy and political neo-authoritarianism are the two aspects of Deng's strategy some months before the XlVth Congress of the Communist Party which will establish the main lines of development for the country during the rest of the present decade and possibly for the onset of the post-Deng period. Against a background of struggle for the succession to the personality who is still the strong man of the regime, this reformist offensive has scored a certain number of successes. But these, from several points of view, seem insecure, not only on the grounds of opposition from the conservative camp, but particularly because of the threat which intensified reform poses to the communist regime. This is why the reformers have, for the moment, chosen to keep Chinese society under the control of a powerful political dictatorship.
  • La débâcle de l'expérience soviétique. De la tentative de réformer l'irréformable à la " thérapie de choc " - Serge Métais p. 29 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'auteur montre comment la dynamique de la perestroïka était mortelle pour le système soviétique. La compatibilité du « retour à Lénine », d'un communisme rénové avec la démocratie et le respect des principes humanistes, tout comme la transition d'un socialisme bureaucratique fonctionnant tant bien que mal sur les injonctions du parti vers le « socialisme de marché », n'ont jamais été sérieusement pensés par les réformateurs gorbatchéviens. Mais pouvaient-ils l'être ? En tout état de cause, ceux-ci ont fait œuvre utile : ils ont contribue à accélérer la décomposition de l'ordre soviétique. L'équipe du président Eltsine s'attaque courageusement, depuis le début de 1992, à la liquidation de l'expérience soviétique. L'entreprise est titanesque, socialement douloureuse. Les moyens employés avec la « thérapie de choc » sont ceux qui s'imposent. Le processus de « commercialisation » ne pouvait être engagé que pour la réduction brutale des subventions et l'« ouverture » de l'inflation. Il faudra certainement beaucoup de temps pour parvenir à une économie « normale » (comme disent les Russes pour parler de l'économie de marché) : on ne change pas les mentalités et les structures sociales en quelques mois. Les premiers résultats obtenus par le gouvernement Gaïdar, concernant la monnaie et le budget sont encourageants.
    The collapse of the Soviet system. From the attempt to reform the unreformable to « shock therapy ». The author shows how the dynamics of perestroïka were fatal for the Soviet system. The compatibility of a « return to Lenin », of a regenerated communism, with democracy and respect for humanist principles, just as the transition from a bureaucratic socialism, operating more or less on party directives, to « market socialism », were never seriously envisaged by Gorbachev's reformers. But could they have been ? However that may have been, the reformers performed a useful task : they helped to speed up the breakdown of the Soviet regime. Since the beginning of 1992, president Yeltsin's team have manfully set about dismantling the Soviet system. It is a colossal undertaking, and socially painful. The means used, including «shock therapy» are such as the circumstances dictate. The process of « commercialization » could not be set in motion other then by the abrupt cutting of subsidies and opening the way to inflation. It will certainly take a long time to achieve a « normal » economy (as the Russians speak of a market economy) : attitudes and social structures cannot be changed in a few months. The first results obtained by Gaidar's government, relating to money and the budget, are encouraging.
  • Un modèle simple de la relation ministère-entreprise en conditions d'approvisionnement incertain - Giacomo Corneo p. 61 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Dans cet article on étudie l'instabilité des plans de l'input fixés au niveau ministériel. La révision des plans est vue comme un équilibre qui résulte d'un jeu entre ministère et entreprise, en presence d'une pénurie aléatoire d'input observée seulement au niveau local. Le ministère peut choisir de réviser le plan et l'entreprise décide de l'intensité du travail, sans être observée par le ministère. On montre que la relation entre la révision et la pénurie anticipée n'est pas nécessairement monotone. Par ailleurs, bien que la révision puisse contrebalancer la pénurie sectorielle, elle ne constitue pas pour autant une procédure de régulation optimale.
    A simple model of relations between Ministry and enterprise in uncertain supply conditions. This article considers the instability of input plans determined at ministerial level. Revision of plans is seen as the result of a balancing act between ministry and enterprise, in the presence of an uncertain shortage of input seen only at local level. The ministry can choose to revise the plan, and the enterprise decides on the rate of intensity of work, without being overseen by the ministry. It is shown that the relationship between revision and expected shortage is not necessarily straightforward. Moreover, while plan revision may serve to counterbalance sectoral shortage, it does not thereby constitute an optimal regulatory procedure.
  • La libéralisation des relations économiques extérieures en Hongrie, Pologne et Tchécoslovaquie - Petr Hanel p. 77 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Après avoir retracé l'organisation du commerce extérieur dans le système socialiste et ses conséquences indésirables pour la transition vers une économie de marché, l'auteur rappelle comment les particularités de l'organisation du commerce des pays socialistes et les impératifs géopolitiques les ont amenés à créer le Conseil d'Aide Économique Mutuelle (CAEM). Il présente les études qui montrent qu'au lieu de créer les échanges, le CAEM les a en fait diminué. Elles montrent aussi que les distorsions des termes de l'échange à l'intérieur du CAEM ont favorisé les trois pays en leur permettant d'importer le pétrole soviétique à bas prix en échange d'exportations de biens manufacturés de mauvaise qualité. L'auteur soutient que la séparation des prix intra-CAEM des prix mondiaux a causé des tensions croissantes au sein du CAEM qui ont fini par provoquer sa disparition. Dans la deuxième partie de l'article, l'auteur présente d'abord les principaux objectifs des réformes dans les relations économiques extérieures. Après un bref survol des conditions économiques dans les trois pays avant 1990, il effectue une comparaison de l'approche graduelle (Hongrie) et radicale (Pologne et Tchécoslovaquie) à la réforme économique. Les difficultés d'une transition à une économie de marché sont exacerbées par les chocs extérieurs. L'auteur en discute les plus importants tels que l'effondrement de l'économie soviétique, l'impact budgétaire des nouvelles règles de fonctionnement du CAEM, l'unification de l'Allemagne et le protectionnisme des pays industrialisés. Il dégage ensuite les conséquences des contraintes extérieures et présente les premiers résultats de la libéralisation dans les trois pays et leurs perspectives pour l'avenir.
    The liberalization of foreign economic relations in Hungary, Poland and Czechoslovakia. The authors describes first the organization of foreign trade under socialism and its undesirable consequences for the transition to market economy. He then shows how the peculiarities of socialist foreign trade system and the geopolitic imperatives led to creation of the CMEA. The author surveys studies that show that instead of creating trade, CMEA was, in fact, destroying it. They also demonstrate that since the seventies, the terms of trade favoured the three countries importing relatively cheap raw materials from the USSR in exchange for expensive, low quality manufactured goods. The separation of intra-CMEA prices from the world prices was among the main reasons of the increasing strain in intra-CMEA relations leading to its demise. In the second part of the article, the author presents the main objectives of foreign trade and payments liberalization. After briefly surveying the economic situation in the three countries before 1990, he then compares the gradualist (Hungary) and the radical (Poland and Czechoslovakia) approaches to reform. The difficulties of transition to market economy are compounded by external shocks. They include the collapse of the Soviet economy, the budgetary impact of the transition to world prices for imports of Soviet petroleum, German unification and continuing protectionism of industrialized nations. The article ends by an overview of the initial results of foreign trade liberalization in the three countries and presents the perspectives for the future.
  • Les capitaux étrangers à l'Est - Patricia Lormeau p. 109 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le bilan des investissements étrangers en Europe centrale fait apparaître une nette avance de la Hongrie par rapport à ses voisins polonais et tchécoslovaques. Si les investisseurs l'ont d'abord choisie pour l'image rassurante qu'elle offre depuis le socialisme du goulasch, c'est surtout grâce à ses réformes structurelles profondes qu'elle a maintenu son avance. La Tchécoslovaquie, plus lente à effectuer son ouverture, a privilégié l'assainissement économique et la mise en place d'infrastructures nécessaires à l'établissement des capitaux étrangers. Au contraire, la Pologne a immédiatement choisi l'ouverture maximale mais la thérapie de choc n'a pas eu l'effet escompté sur des investisseurs encore très prudents.
    Foreign investments in Central Europe. An analysis of the outcome of foreign investments in Central Europe shows a clear lead by Hungary over its Polish and Czech neighbours. Investors may have chosen Hungary in the first place for the reassuring image it offers, ever since so-called goulash socialism, but it is mainly thanks to its deep-seated structural reforms that it has preserved its lead. Czechoslovakia has been slower to open up to foreign investment, and has given priority to bringing the economy back to health, and to setting-up the infrastructures necessary for the placing of foreign capital. Poland, on the contrary, immediately threw open its doors to foreign investment, but the shock therapy has not had the expected effect on investors, who are still very cautious.
  • La " révolution des prix " et l'effondrement de la production dans le secteur d'État en Pologne, 1990-1991 - Adam Lipowski& Krystyna Szymkiewicz p. 123 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'article propose une explication des mécanismes de l'inflation et de la récession en Pologne, observées au cours des deux premières années d'application du programme de stabilisation. L'expérience des pays qui ont réalisé des programmes de stabilisation avant la Pologne montre que ceux-ci permettent de freiner l'inflation mais, en même temps, provoquent une recession plus ou moins grave. Bien que les mêmes phénomènes se manifestent actuellement en Pologne, ont-ils pour autant les mêmes causes et sont-ils de même nature que ceux observés dans les pays à économie de marché ou dans des pays à économie mixte, soumis aux règles de marché ? Les auteurs partent de l'hypothèse que la nature de l'inflation et de la récession polonaises ne peut pas être analysée en faisant abstraction du statut et des prérogatives des entreprises d'État, toujours majoritaires en Pologne. Ainsi, le point de depart de leur analyse est le comportement des entreprises publiques en matière de prix. Il s'agit donc d l'une approche microéconomique, rare dans les études parues jusqu'à présent sur ce sujet. Les auteurs pensent qu'elle se justifie par la spécificité d'une économie qui sort à peine du « socialisme réel ».
    The « price revolution » and the collapse of production in the state sector in Poland, 1990-1991. The article offers an explanation of the mechanics of inflation and recession in Poland, as observed during the first two years' implementation of the stabilization programme. The experience of countries which carried out stabilization programmes prior to Poland has shown that such programmes enable a brake to be put on inflation, but at the same time bring about a more or less serious recession. While the same phenomena are at present evident in Poland, can it be said that they have the same causes, and are of the same nature, as those to be seen in countries with a market economy, or mixed economy countries which follow the rules of the market ? The authors start of with the argument that the nature of the Polish inflation and recession cannot be analysed without taking account of the status and roles of state enterprises, which continue to be in the majority in Poland. The present analysis, therefore, begins by studying the behaviour of public enterprises in relation to prices. Thus we have a microeconomic approach, which is unusual in studies on this subject which have appeared up till now. The authors consider that such an approach is justified, given the specific nature of an economy which is only just emerging from « real socialism ».
  • Chronique

    • Chronique d'une métamorphose I (1985-1989) - Dominique Pianelli p. 137 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      A voir s'affronter, en ce début d'avril 1992, parlement et gouvernement russes sur un programme dont les orientations économiques ont besoin de l'aval du FMI, on oublierait presque qu'il y a moins de six ans encore les animateurs des groupes de surveillance des accords d'Helsinki n'étaient toujours pas libres, les Pays baltes étaient soviétiques, les dirigeants est-européens, pour certains en place depuis plus de trente ans, avaient pour nom Jivkov, Kadar, Jaruzelski, Ceausescu et Husak, l'U.R.S.S. était une et l'Allemagne double. Savoir si la révolution est terminée ou pas reste une interrogation, qui rejoint les multiples incertitudes que développent les événements. Tous les possibles ont reculé, reléguant les probables a un avenir encore lointain. Peut-être est-ce justement le moment de relire les faits. Tel est l'objectif de cette première chronique, 1985-1989.
      Chronicle of a metamorphis I (1985-1989). Witnessing the confrontation between the Russian parliament and government, as of the beginning of April 1992, over a programme whose economic intentions are in need of support from the IMF, one could almost forget that, barely six years ago, the organizers of the watchdog groups on the Helsinki agreements were still not free, the Baltic countries were Soviet, and the leadership of Eastern Europe, some of whom had been in office for more than thirty years, had names like Zhivkov, Kadar, Jaruzelski, Ceausescu, and Husak, the USSR was one country, and Germany two. Knowing whether the revolution is over, or not, is still a question, one more uncertainty among the many that are thrown up by the times. All the possible scenarios have faded out, leaving the probable ones to a still distant future. Perhaps this is precisely the time to take another look at the facts, and such is the aim of the first chronicle, 1985-1989.
  • Revue des livres