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Revue Revue d'études comparatives Est-Ouest Mir@bel
Numéro vol 22, no 3, septembre 1991
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Articles

    • La stratégie des cadres en Russie pour contrer les accusations de crime économique : de Brejnev à Gorbatchev - Luc Duhamel p. 5 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En Russie, la criminalité économique est étendue parmi les responsables. Ces derniers ont mis au point un système de défense pour éviter la répression du pouvoir. Comment ce système fonctionne-t-il lorsqu'un responsable est sous le coup d'accusations ? Diverses formes de résistance existent, adaptées aux circonstances. L'efficacité de la résistance varie, enfin, suivant certains facteurs tels l'attitude des dirigeants du Kremlin, les groupes sociaux et les régions.
      Executive's strategy in Russia in order to avoid repression by the government : from Brejnev to Gorbachev. In Russia, economic criminality is widespread among the Executives. The Executives have created a system of defence in order to avoid repression by the government. How does this system work when an accusation is brought against the cadre ? Different forms of resistance exist, adapted to circumstances. Effectiveness of resistance differ, finally, due to some factors such as the type of leadership in the Kremlin, social groups and regions.
    • L'après-communisme : les relations entre la Pologne et l'Union soviétique - Roger E. Kanet & Brian V. Souders p. 23 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article entend expliquer l'effondrement du communisme en Europe centrale et orientale, l'acceptation de cet effondrement par l'Union soviétique, le rôle de la Pologne dans ce processus et la nature probable des futures relations entre la Pologne et TU.R.S.S. Les révolutions est-européennes de 1989 ont des racines communes, à savoir l'incapacité des régimes communistes d'asseoir leur légitimité ou de répondre aux revendications de leurs populations, soucieuses de participer davantage à la vie politique et de voir le niveau de vie s'accroître. En outre, l'évolution de la politique soviétique, associée à la « nouvelle pensée », a encouragé le changement de régime et empêché toute intervention soviétique directe lorsque les événements sont allés bien au-delà des prévisions de Moscou. Les événements survenus en Pologne à partir de la fin des années soixante-dix ont jeté les bases de la révolution de 1989 en démontrant que le POUP était incapable de résoudre les problèmes du pays tandis que se multipliaient des groupements politiques indépendants. Malgré l'instauration de la loi martiale, le général Jaruzelski n'a pu éradiquer l'opposition ou appliquer de véritables réformes. Finalement, au début de 1989, Jaruzelski a dû se résigner à associer Solidarité à l'application des réformes. En dépit d'un système électoral conçu pour maintenir la domination du POUP, Solidarité est sorti vainqueur des élections de juin et a joué le premier rôle dans le gouvernement formé en septembre 1989. Durant les premiers seize mois, ce gouvernement a introduit des réformes économiques et politiques radicales. A l'automne 1990, Solidarité a éclaté en factions rivales, Lech Walesa représentant l'élément syndical et le premier ministre, Tadeusz Mazowiecki, l'intelligentsia. Après son accession à la présidence de la République en décembre, Walesa a gardé dans son équipe la plupart de ceux qui dans le gouvernement Mazowiecki étaient partisans des réformes économiques radicales. La Pologne indépendante a également entièrement réorienté sa politique étrangère. Elle s'est dégagée de ses liens avec TU.R.S.S., a renforcé ses relations politiques et économiques avec l'Europe occidentale et a joué un grand rôle dans la dissolution du Pacte de Varsovie et du Comecon. La chute brutale du commerce extérieur — essentiellement due à l'incapacité des Soviétiques de satisfaire leurs obligations d'exportation — a créé de sérieux problèmes dans les relations entre les deux pays en 1990. Malgré des siècles de conflit entre la Pologne et la Russie/U.R.S.S., il y a tout lieu de croire que les relations pourront être normalisées. Bien qu'ils aient mis l'accent sur l'indépensance de leur pays, les nouveaux dirigeants polonais ont proclamé leur désir de coopérer avec l'Union soviétique et d'instaurer des relations enfin mutuellement profitables.
      Poland and the Soviet Union : the post-communist relationship. The purpose of this article is to explain the collapse of communism in East-Central Europe, tne willingness of the USSR to accept that collapse, the role of Poland in this process, and the likely nature of future relations between Poland and the USSR. The East European revolutions of 1989 had common roots in the failure of communist regimes to gain legitimacy or to respond effectively to the growth of popular demands for political participation and increased economic welfare. Also, the shifts in Soviet policy associated with « new thinking » encouraged reform in the regime and, when events went far beyond anything envisaged in Moscow, precluded direct Soviet intervention. Developments in Poland after the late 1970 set the stage for the revolution of 1989 by demonstrating the PUWP's inability to resolve problems and by witnessing the growth of independent political groupings. Despite martial law General Jaruzelski was unable to suppress opposition or to implement successful reforms. Finally, in early 1989, Jaruzelski had to accept Solidarity as a partner in reform. Despite an electoral system expected to continue PUWP control, Solidarity emerged victorious in the June elections and dominated the government established in September 1989. During its first sixteen months in office the new gouvernment introduced radical economic and political reforms. By fall 1990 Solidarity split into competing factions, with Lech Walesa representing the labor union elements within Solidarity and Prime Minister Tadeusz Mazowiecki the intelligentsia. After his victory in the presidential elections in early December Walesa retained most of those within the Mazowiecki government who had been committed to radical economic reform. Independent Poland has introduced changes in its foreign policy as wide-ranging as those in the domestic sphere. It has emphasized its autonomy from the USSR, focused on strengthening political and economic ties with Western Europe, and played an important role in the demise of both the Warsaw Pact and Comecon. The drastic drop in trade — primarily as a result of Soviet inability to meet export commitments — introduced a serious problem in relations in 1990. Despite centuries of conflict between Poland and Russia/USSR, there are many reasons to hope that future relations between the two countries can be normalized. To this point, though they have asserted their independence from the dominance of the USSR, the new Polish leaders have made clear their desire to work with the USSR to establish relations that are indeed mutually beneficial.
    • Les causes structurelles de la pénurie de biens de consommation : schémas de production et structure du commerce extérieur - Elisabeth Diane Winiecki p. 45 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'auteur s'intéresse à l'une de ces énigmes qui caractérisent les économies de type soviétique (ETS), à savoir la persistance d'une demande fortement excédentaire sur le marché des biens de consommation. Elle cherche un élément d'explication du côté des structures de la production et du commerce extérieur. Dés les débuts de la période d'industrialisation forcée, on a pu noter dans les ETS des similarités structurelles avec les économies de marché (EM) hautement développées : la part des industries légères (notamment celles qui produisent des biens de consommation) y était faible. Cette part était inférieure (et même très inférieure après élimination des biais statistiques) à celle qu'on relevait dans les EM moyennement développées en fondant la comparaison sur le PNB des ETS par tête. Par conséquent, les marchés des biens de consommation n'ont pas été approvisionnés par des sources internes dans la même proportion que dans les autres pays à niveau de développement égal (toujours sur la base du PNB par tête). Cette différence structurelle a été renforcée par les structures du commerce extérieur en vigueur dans les ETS. Contrairement aux EM hautement développées, où la part des industries légères était tout aussi faible, les ETS ne satisfaisaient pas les besoins des consommateurs par le biais de l'importation. Par conséquent, elles différaient des deux autres types d'économies puisqu'elles ne satisfaisaient les besoins ni par la production interne, grâce à un secteur de l'industrie légère particulièrement fort (comme dans les EM moyennement développées), ni par l'importation directe (comme dans les EM hautement développées et donc beaucoup plus riches).
      Structural causes of consumer goods shortages : production and foreign trade patterns. The article deals with one of the puzzles of the Soviet-type economy (STE), namely the persistent excess demand on the consumer goods market. The authoress points to the distortions in the output and foreign trade structures as an explanation of the puzzle. STEs from their early years of forced industrialization displayed structural similarity with highly developed market economies (MEs) in that they had low shares of light (mostly consumer goods producing) industries in their industrial structures. These shares were lower (and — if statistical distortions are removed — much lower) than those in middle developed MEs at STEs' GNP per capita levels. Therefore consumer goods market has not been supplied from domestic sources to the extent it has been in other countries at their level of development (on GNP per capita basis). This structural gap has been reinforced by STEs' foreign trade structures. In contrast with highly developed MEs, characterized by similarly low shares of light industries, STEs did not satisfy consumer needs through direct imports. In consequence, they differed from both groups, satisfying consumer needs neither through domestic production of a much larger light industry sector (as do middle-developed MEs), nor through direct imports (as do much richer highly developed MEs).
    • Premier bilan des réformes économiques au Vietnam - Marie-Agnès Crosnier & Edith Lhomel p. 59 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      A la fin de 1986, le Vietnam, contraint par une détérioration rapide de la situation, a entrepris une réorganisation économique majeure fondée sur le développement du secteur privé et l'appel au capital étranger. Un décret du 26 novembre 1986 a autorisé la création d'entreprises privées dans l'agriculture, l'élevage, l'artisanat, la petite industrie et les services. Encouragées à trouver leurs propres sources de financement, les entreprises d'État ont désormais le droit de vendre sur le marché libre tout ce qu'elles produisent au-delà du quota des livraisons obligatoires. De plus, en 1988, certaines de ces entreprises ont pu émettre des obligations afin d'accroître leur capital. Dans l'agriculture, les mesures adoptées doivent pousser les exploitants à augmenter leurs ventes à l'État ou au marché libre. De nouvelles mesures, prises en 1987, étaient destinées à encourager la création de sociétés mixtes dans certains secteurs hautement prioritaires, la participation étrangère pouvant aller jusqu'à 100% du capital. Où va l'économie vietnamienne ? Ces réformes s'inspirent-elles du modèle chinois ou de la perestroïka soviétique ? Tout en rappelant que les autorités n'avaient pas encore tranché, en 1989, la question de l'étendue et du rythme des réformes, nous examinons l'application des diverses mesures introduites et en dressons un premier bilan.
      The economic reform in Vietnam : a first appraisal. Towards the end of 1986, pressured by a rapidly deteriorating situation, Vietnam undertook a major economic reorganization based on : development of the private sector ; attraction of foreign capital. A decree issued on November 26 1986, authorized the creation of private enterprises in farming and agriculture, handicrafts, small industries and in the service sector. Encouraged to seek their own sources of financement, state enterprises now have the right to sell on the free market all they produce above and beyond their State-required allotments ; further in 1988, some of these enterprises were authorized to issue bonds in order to increase their capital. In agriculture, the measures aim to spur the farmers on to increase their sales of products either to the State or on the free market. New policies, adopted in 1987, aimed at encouraging the creation in certain high-priority sectors of joint ventures in which foreign participation can represent up to 100 % of the capital. Where, then, is Vietnam's economy going ? Are these reforms based on the Chinese model or that of Soviet perestroïka ? While keeping in mind that in 1989 the leadership remains divided on the question of the scope and rythm of the reforms, our paper will examine the application of the measures outlined above and their initial impact.
    • Les réformes économiques et la politique de la "porte ouverte " en Corée du Nord - Kie-Young Lee p. 69 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      II est exact que la plupart des membres de l'élite gouvernementale nord-coréenne sont des radicaux. Mais on peut tout de même distinguer une amorce de tendance à la réforme. L'un des signes les plus probants est la participation progressive de technocrates modérés et pratiques aux décisions politiques et économiques. Un autre indice est l'atmosphère pacifique de plus en plus perceptible en Asie extrême-orientale lors d'événements d'ordre international. Enfin, les difficultés économiques de la Corée du Nord vont nécessairement l'obliger à changer de stratégie et à choisir une politique de porte ouverte et de réforme.
      Economie reforms and the « open door » policy in North Korea. The economic development of North Korea has slowed down during the 70's. The major reasons for this tendency are the following : lack of investment resources and manpower, utilization of a large portion of resources for reinforcement of the national defence, temporarily interruption of the economic aid and technological assistance from China and the Soviet Union, etc. From the late 70's, North Korea has tried to transform the economic development strategy from the extensive to the intensive growth model ; industrial modernization and downward regulation of planned goals, etc. Since 1984, North Korea has attempted some economic reforms : partial authorization of a permanent free market in the rural and urban areas, partial permission of autonomy on the factory level, introduction of the incentive system, transformation of the system of price formation ; most important of all it has established the joint venture, the movement to gain hard currency, and also a slight change in the trade concept. It is true that the greater part of the North Korean governmental elite has a radical character. But in spite of this general phenomenon, we can find some favourable tendencies toward reform. One of the most important signs of reforms is the gradual involvement of the moderate and practical technocrats in the policy-making process. Another sign is the peaceful environment in Far Eastern Asia in international political circumstances. Lastly, the economic difficulties of North Korea will inevitably force them to change their strategy to choose an open door policy and a reform policy.
    • Crise des nationalités et crise du système politique en Yougoslavie - Marie-Paule Canapa p. 81 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La période de l'après-Tito a vu réapparaître de graves conflits de nationalités en Yougoslavie (conflit albano-serbe, antagonismes entre Slaves du Sud). La crise des nationalités a été attisée par la déstabilisation de la structure de pouvoir instaurée dans le cadre du socialisme autogestionnaire : décentralisation au niveau des républiques et des communes et consensus pouvoir/population. Ayant des fondements économiques, cette structure a été mise à mal par la crise économique. La déstabilisation a contribué au développement des nationalismes qui couvaient depuis des années compte tenu de la politique menée par la Ligue des communistes de Yougoslavie. La recherche par les ligues de Serbie et de Slovénie d'un nouveau consensus avec la population, fondé cette fois sur la défense des intérêts de la nation, a également eu son rôle à jouer. L'expansion du mouvement national serbe et la revendication de souveraineté de la Slovénie, insatisfaite de la place qui lui était réservée en Yougoslavie, ont provoqué un conflit entre Serbie et Slovénie (sans oublier la Croatie) sur le système et le fédéralisme. Au total, la conception même et l'existence de l'État yougoslave sont remis en cause. Les problèmes des nationalités, du droit à l'autodétermination et du sens de la communauté yougoslave ont été ouvertement posés. On a pu se demander également si le nationalisme ne risquait pas de freiner l'évolution vers la démocratie, pourtant entamée dans chaque république depuis les élections libres de 1990. La situation comme on le sait a dégénéré et à l'heure actuelle ce sont les armes qui parlent.
      Yugoslavia : the nationality crisis, and the crisis in the political The post-Tito period in Yugoslavia saw the re-appearance of serious discord among the nationalities (the Albano-Serbian conflict, and antagonism among the South Slavs). The nationalist clash was inflamed by the destabilization of the power structure set up in the context of socialist self-management : decentralization at republic and commune level, and consensus between the leadership and the population. This structure, having an economic basis, was damaged by the economic crisis. Destabilization encouraged the growth of nationalist sentiments, which had been smouldering for years, given the policy favoured by the Yugoslav league of communists. The desire of the Serbian and Slovene leagues for a new consensus with the population, based this time on the defence of national interests, also played its part. The growth of the Serbian nationalist movement, and the demand for sovereignty from Slovenia, dissatisfied at the position alloted to it in Yugoslavia, led to conflict between Serbia and Slovenia (not to speak of Croatia) over the system and federalism. In all, the entire concept and the very existence of the Yugoslavian state were called in question. The problems of nationalities, the right to self-determination and the Yugoslav sense of community were openly raised. People also wondered wether nationalism might not act as a brake on the democratic mouvement, which had only been set in motion in each the republics after the free elections of 1990. As we now know, the situation has deteriorated, and at the present moment, it is the voice of the guns which is heard.
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