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Revue Revue d'études comparatives Est-Ouest Mir@bel
Numéro vol 21, no 4, décembre 1990
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • La coopération des super-puissances en Europe de l'Est - Roger E. Kanet p. 5 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Entre le milieu et la fin des années 50, un système de sécurité stable, opposant deux blocs politiques et militaires, a émergé en Europe. Malgré les effets de manche de leurs dirigeants respectifs et les poussées de fièvre périodiques, ce système de sécurité a apporté la paix et une réelle stabilité politique en Europe durant près de quatre décennies. L'article est consacré aux relations de concurrence-coopération entre les superpuissances en Europe de l'Est et se divise en quatre grandes parties. La première examine la nature des enjeux aussi bien soviétiques qu'américains dans la région. La seconde retrace l'évolution du système de sécurité est-européen. Elle insiste particulièrement sur l'évidente « coopération » des super-puissances et sur l'évolution de cette composante de leurs relations tout au long des quarante dernières années. La troisième partie fait ressortir les particularités du système européen de sécurité et des règles de comportement (ou « code opérationnel ») qui se sont instaurés au cours de cette période. L'auteur se demande dans quelle mesure la « coopération » est devenue un facteur actif des relations soviéto-américaines en Europe de l'Est et tente d'y répondre. La dernière partie recense les causes des changements révolutionnaires récemment survenus en Europe de l'Est, leur place dans la relation de concurrence-coopération entre superpuissances et les perspectives d'un développement et d'un renforcement de la coopération soviéto-américaine en Europe de l'Est.
    Superpower cooperation in Eastern Europe At least by the middle to end of the 1950s there emerged in Europe a stable security regime consisting of two political-military blocs. Despite much rhetorical posturing and periodic increases in political tension, the security regime brought peace and substantial political stability to Europe for almost four decades. The essay focuses on the competitive-cooperative relationship between the superpowers in Eastern Europe and is divided into four major sections. The first examines the nature of the interests of both the Soviet Union and the United States in the region. The second part traces the evolution of the East European security regime. Special attention is given to the evidence of superpower "cooperative" arrangements as they evolved over the course of the past forty years. The third part of the paper delineates the specific nature of the European security system and the rules of behavior (or "operational code") that emerged during that period. The discussion responds to the question, to what extent has "cooperation" become an operative element in Soviet-American relations as they concern Eastern Europe. The final section of the essay outlines the reasons for the recent revolutionary changes in Eastern Europe, including their relationship to superpower competition-cooperation, and the prospects for the expansion and strengthening of U.S.-Soviet cooperation concerning Eastern Europe.
  • L'abîme yougoslave - Daniel N. Nelson p. 35 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La Yougoslavie est au bord du gouffre. Les rivalités ethniques et l'effondrement économique sont exacerbés par l'immobilisme politique. Au niveau républicain, la vie politique est dorénavant dominée par le nationalisme ethnique tandis que la Ligue des communistes yougoslaves a perdu son unité au niveau fédéral. Cette accumulation de graves problèmes a perturbé la réalisation des authentiques réformes économiques entreprises en 1989-1990 par le premier ministre Ante Markovic. Pourtant c'est lui qui a les meilleures chances d'interrompre la course à l'abîme de la Yougoslavie et qui a obtenu les succès économiques les plus probants depuis la disparition de Tito. L'Occident ne doit pas méconnaître ses intérêts en Yougoslavie et admettre sa responsabilité historique à l'égard de cet État-nation. L'intensification de l'aide économique, l'allégement du fardeau de la dette et l'apport d'un soutien diplomatique à Markovic pourraient être décisifs pour empêcher la Yougoslavie d'éclater.
    The Yugoslav precipice Yugoslavia has reached a precipice. Ethnic schisms and economic disasters are exacerbated by political immobilisme. At the republican level, political life is now dominated by ethno-nationalism, while the League of Yugoslav Communists has ceased to be a federal entity. The combination of these intense difficulties has dissipated Prime Minister Ante Markovic's serious economic reforms in 1989-90. Yet, Markovic has a better chance than anyone else to arrest the Yugoslav demise and has, indeed, made greater economic strides than any other post-Tito government. The West must quickly attend to its interests in Yugoslavia, acknowledging an historic responsibility for this nation-state. Heightened economic assistance, debt relief, and diplomatic support for Markovic may be critical in Yugoslavia's search for an alternative to dissolution.
  • Les communistes polonais et l'élection de juin 1989. Analyse d'une prise de décision - Martin David-Blais p. 55 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les dirigeants communistes polonais avaient-ils des raisons valables d'accepter d'appeler des élections semi-démocratiques en juin 1989 ou faut-il, au contraire, y voir un geste de démission plus ou moins déguisée d'un régime à bout de souffle ? La démarche de l'auteur repose sur le postulat suivant : avant de conclure à la démission du régime face aux exigences de l'Histoire (au sens historiciste du terme), voire à son « suicide politique », tâchons plus modestement d'analyser cette décision en termes de décision rationnelle. La présente étude est élaborée à partir de principes de base du paradigme sociologique du « Rational Choice ». Il s'agira, dans un premier temps, de montrer qu'il est possible de prêter de l'extérieur aux dirigeants du PZPR de « bonnes raisons » de penser que l'élection serait non seulement sans danger en ce qui concerne leur maîtrise du pouvoir mais qu'elle serait en outre profitable politiquement dans un contexte conjoncturel très contraignant. Dans un second temps, on tentera d'identifier les principales erreurs stratégiques que ces dirigeants ont commises, lesquelles erreurs, malgré leurs conséquences catastrophiques, n'en étaient pas moins « compréhensibles ». Ces erreurs consistent, d'une part, en une mauvaise évaluation du comportement ultérieur de Pélectorat polonais et, d'autre part, en une méprise sur les effets des nouvelles procédures électorales.
    The Polish communists and the June 1989 election. Analysis of a decision Should we say that Polish Communist leaders had several "good reasons" to call semi-democratic elections in June 1989 or should we suppose, on the contrary, that this gesture was in fact the implicit resignation of an exhausted regime ? The author's assessement is based on the following postulate : it is worthwile to study carefully this decision in terms of "rational decision" before concluding in the resignation of the Communist regime facing History's (in its historicist meaning) requirements. This paper is constructed around some simple principles belonging to the "Rational Choice Paradigm". In a first step, the author argues that is is theoritically possible to accord to the communist leaders from an outsider point of view some very "good reasons" to believe that the election would not endanger their power and that even it could provide some concrete political profit in a rather constraining context. In a second step, he will try to single out the major strategic errors the PZPR leaders committed, although those errors were, in context, very « comprehensible ». There were errors of two types : 1 — a bad evaluation of the voters' future behavior ; 2 — a wrong understanding of the concrete effects the new election mechanics would bring.
  • Les politiques de stabilisation du FMI : une tentative d'évaluation pour l'Amérique latine et l'Europe de l'Est - Paul H. Dembinski et Jacques Morisset p. 75 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article montre que les politiques de stabilisation proposées par le FMI sont mal adaptées aux économies des pays d'Amérique latine et d'Europe de l'Est. D'une part, nous mettrons en évidence que le cadre théorique du FMI ignore l'interdépendance entre les objectifs de court terme (inflation et balance des paiements) et les objectifs de moyen terme (croissance économique) même s'il est aujourd'hui reconnu que ces économies ne sauraient être stabilisées durablement sans un taux de croissance économique satisfaisant. D'autre part, nous suggérons que la stratégie proposée par le FMI devrait être de mettre d'abord en place des réformes structurelles pour ensuite stabiliser ces économies, alors que la démarche inverse est actuellement adoptée. En effet, nous constaterons que le déséquilibre entre l'offre et la demande globales est généralement d'origine structurelle et systémique tant dans les pays d'Europe de l'Est que dans ceux d'Amérique latine.
    A tentative assessment of the IMF's stabilization policies in respect of Latin America and Eastern Europe This article shows that the IMFs proposed stabilization policies are ill-adapted to the economies of Latin America and Eastern Europe. On the one hand, our aim is to show that the IMFs theoretical frame of reference takes no account of the interdependence between short term objectives (inflation and balance of payments) and middle- term objectives (economic growth) even though it is nowadays recognized that these economies cannot be effectively stabilized without a satisfactory growth rate. Also, we shall suggest that the strategy proposed by the IMF should begin with structured reforms, and then proceed with the stabilization of the economies, whereas their current policy is the reverse of this procedure. Indeed, our contention will be that the imbalance between global supply and demand is generally structural and systemic in origin, just as much in the countries of Eastern Europe as in those of Latin America.
  • Le marché des devises en Pologne en 1988-1989 - Elzbieta Chravonszczewska p. 95 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La nouvelle Loi sur les devises, entrée en vigueur le 15 mars 1989, crée la possibilité d'un marché monétaire libre en Pologne. Les anciens mécanismes régissant jusque-là les cours des devises sont déréglés, tandis que les nouveaux n'ont pas encore trouvé leur efficacité. La notion de marché monétaire a changé et on a vu apparaître un nouvel éventail de cours des devises. L'auteur analyse les facteurs déterminant les cours des devises en Pologne et les étapes de la politique de l'État face au marché monétaire. Elle présente également la nouvelle Loi sur les devises.
    The currency market in Poland, during 1988-1989 The new law relating to currency, which came into force on 15th March 1989, opens the way to a free currency market in Poland. The old mechanisms which had heretofore governed exchange rates were dismantled, while the new ones were not yet fully efficacious. The concept of the money market altered, and a new range of exchange rates made its appearance. The author analyses the factors governing exchange rates in Poland, and the evolution of the State's policy toward the money market. She also gives an account of the new currency law.
  • L'évolution de la politique de la science et du développement technologique et ses modes de financement en Hongrie - Agota Gueullette p. 111 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Dans le système centralement planifié, la politique de la science et du développement technologique était entièrement subordonnée aux objectifs politiques — une croissance économique rapide et autarcique — sans trop se préoccuper des critères économiques. La concurrence nationale ou internationale ne jouait guère. Avant 1970, la recherche se concentrait dans des instituts de l'Académie des sciences et était coupée de tout le processus d'application. Les équipes de recherche ont été supprimées dans les universités qui se cantonnaient à l'enseignement. Des instituts de l'Académie travaillaient pour les divers ministères de branche. Les entreprises avaient également certaines activités de recherche qu'elles finançaient avec leur propre fonds de développement technique. La quasi totalité de la recherche de l'Académie et des ministères de branche était financée par le Budget. Ce système a été modifié dans les années 1970 en conséquence de l'introduction du Nouveau Mécanisme Économique. De nombreux instituts de recherche appliquée se sont mis à travailler sur contrat. Les ministères ont vu leur rôle s'accroître. Le financement par le Budget a été gelé à son niveau de 1969 d'où un ralentissement de la recherche fondamentale financée par le Centre. Ensuite, le processus de réforme a connu un temps d'arrêt et il y avait toujours aussi peu de concurrence : l'innovation et la propension des entreprises à innover en ont évidemment été affectées. Si un « marché de la science » n'a pas pu se développer, ce fut également en raison de la position de monopole dont bénéficiaient les instituts de recherche spécialisés. Après 1978, les mesures restrictives découlant de la crise de la balance des paiements n'ont pas épargné la recherche scientifique dont les moyens financiers ont été réduits. Mais beaucoup d'instituts ont réussi à accroître leurs ressources grâce à des contrats et des commandes. Depuis 1985, le financement est accordé à des projets plutôt qu'à des instituts. Mais la part de la recherche fondamentale continue à diminuer et de nombreux projets ont été suspendus, faute de moyens. En théorie, les sources de financement de la R.-D. n'ont rien de mystérieux : elles proviennent du Budget, du Fonds centralisé de développement technique et des entreprises. Mais en pratique, c'est la confusion qui règne. En outre, la coordination des programmes de recherche laisse sérieusement à désirer.
    The evolution of science policy and technological development in Hungary, and their financing Under the centrally planned system, science policy and technological development were wholly subordinated to policy goals, designed to achieve rapid autarkic growth with minimum attention paid to economic criteria. There was little competition, domestic or international. Before 1970, research was concentrated in institutes of the Academy of Sciences and cut off from its application. Research teams were abolished while universities were confined to teaching. The various branch ministries were linked with specific research institutes of the Academy. Some research was also conducted at enterprise level and financed out of its own technical development fund. The Academy and the branch ministries were almost wholly budget-financed. The system was modified in the 1970's as part of the introduction of the New Economic Mechanism. Many institutes of applied research began to work on contract. The ministries played an increased role. The budget financing was frozen at its 1969 level so that centrally financed fundamental research was scaled down. However, the economic reform process was halted, there was little real competition, and this affected innovation and the willingness of enterprises to innovate. A "science market" failed to develop also because of the monopoly position of specialized research institutes. After 1978, restrictive measures linked to the balance of payments crisis hit scientific research, which financial means were cut. But many institutes succeeded to increase their revenue from contracts and commissions. From 1985 on, financing came to be based rather on specific projects than on specific institutes. However, the share of fundamental research continued to fall and many projects could not be financed at all. The financial sources of R&D are seemingly clear : the Budget, the Centralized Technical Development Fund and enterprises. But in practice, the various financial means have become intricate and confusing. Furthermore, there is a notable lack of coordination of research programmes.
  • Quelles perspectives pour la Coopération Industrielle Tripartite Est-Ouest-Sud ? - Patrick Gutman p. 127 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    A travers la Coopération Industrielle Tripartite (CIT), les pays de l'Est sont devenus pendant les années soixante-dix et quatre-vingt co-réalisateurs d'ensembles industriels dans les pays en développement. L'inclusion de prestations effectuées par les centrales de commerce extérieur socialistes dans les soumissions occidentales permet en effet d'abaisser le coût global des projets que veulent réaliser les pays hôtes. C'est une pratique particulièrement originale de la part des firmes occidentales que d'aller chercher à l'Est l'appui nécessaire pour enlever les appels d'offres internationaux. La CIT souligne aussi la volonté des pays de l'Est de jouer un rôle accru dans la Division Internationale du Travail. Mais, en même temps, peuvent apparaître des contradictions entre les intérêts micro-économiques des entreprises occidentales et les intérêts géopolitiques de leurs États-Nations d'appartenance. En effet, la CIT constitue pour l'Est un moyen d'étendre sa sphère d'influence dans le Tiers-Monde pro-occidental (en particulier avec l'aide des firmes occidentales chefs de file qui donnent l'occasion aux centrales de commerce extérieur socialistes de diversifier leur mode de présence et d'engagement au Sud). En relation avec le nouveau contexte, l'article a un double objectif : a/ apprécier dans quelle mesure les bouleversements de 1989 ont altéré ou non la nature politique et géopolitique du mécanisme tripartite ; b/ vérifier si les déterminants économiques de la CIT sont encore valables au début des années 1990. En d'autres termes, la rationalité micro-économique de la CIT — qui jusqu'à maintenant s'articulait autour de la fixation du prix d'offre des complexes industriels — est-elle toujours à l'œuvre dans le contexte actuel ?
    Cooperation ? What are the prospects for East- West-South Tripartite Industrial During the seventies and the eighties, through Tripartite Industrial Cooperation (TIC), the countries of the East have become partners in the building of industrial complexes in developing countries. The participation of socialist Foreign Trade Organizations in the Western bidding on developing country contracts made it possible to lower the total cost of the projects. It is an especially creative practice on the part of the Western firms to look to the East for the support necessary for answering invitations for international bidding. TIC also underlines the desire of the East to play an increased role in the International Division of Labour. But at the same time, conflicts between the micro-economic interests of Western companies and the geopolitical interests of Western Nation-States might result. In fact, TIC is for the East an indirect means to extend its sphere of influence in the pro- West Third World (it is particularly the case when Western firms acting as leading partners gave the socialist FTOs the opportunity to diversify their mode of presence and involvement in the South). In connection with the new emerging context, this paper has a twofold aim : a/ to appreciate to what extent the 1989 events have altered or not the geopolitical and political nature of the tripartite mechanism ? b/ to check if the economic determinants of TIC are still valid at the beginning of the 1990s. In other words, is the micro-economic rationality of TIC — which up to now revolved around the setting of a supply price for industrial complexes — still at work in the present context ?
  • Revue des livres