Contenu du sommaire : France-USA [Agir contre la discrimination] I - Philosophies et politiques

D'abord négligée, la lutte contre la discrimination devient depuis peu une priorité de l'Etat français. La première loi est promulguée en 1972. Peu efficace, elle a le mérite de l'interdire officiellement et de donner une base d'action juridique. Le véritable tournant a lieu à la fin des années quatre-vingt-dix, quand l'État crée des agences et des organisations dévolues à l'intégration des minorités. Cela contribue à faire de la France l'un des pays européens les plus actifs en la matière.

La République française, "une et indivisible", s'est construite sur l'opposition à des classes dominantes, et sur des principes forts d'égalité universelle. Mais à partir de ces principes, les institutions ont du mal à prendre en compte les différenciations ethniques à l'embauche, et les politiques éprouvent des difficultés à évoquer publiquement cette question. Les preuves même de discriminations restent, quant à elles, difficiles à collecter.

Les programmes dits à' Affirmative action, créés dans les années soixante, ont contribué à la déségrégation de la société américaine avec un certain degré d'efficacité jusque dans les années quatre-vingt. L'application de ses mesures, élaborées par des hommes, Blancs, qui n'ont eux-mêmes cédé aucune place aux Noirs et aux femmes, régresse depuis à grands pas. La discrimination reste omniprésente aux États-Unis et son éradication ne figure plus dans les priorités des gouvernements.

La France se définit comme une société sans "races", ce qui conduit souvent à une occultation du racisme et de ses effets. En adoptant une stratégie d'indifférenciation. la politique française compromet l'observation et l'analyse des ségrégations. Dans ce domaine, aucune statistique ne cible la situation sociale ou professionnelle des populations "issues de l'immigration", ni même des victimes de discriminations ethniques et raciales.

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les catégories ethniques victimes de racisme ont changé aux Etats-Unis. Désormais, les Arabo-Américains sont exposés au "délit de faciès" au même titre que les Hispaniques, et le "ciblage racial" est devenu pour certains un acte patriotique. Dès lors, l'idée de renforcer la citoyenneté par le refus de la discrimination semble plus éloignée que jamais.

Critiquée dès ses premiers pas, car perçue comme un obstacle à l'efficacité économique, l'Affirmative action n'a été suivie avec assiduité que dans les années soixante-dix, et surtout dans les sociétés en contrat avec le gouvernement fédéral. Elle fut néanmoins un moteur indéniable d'ascension sociale pour les Afro-Américains, jusqu'au début des années quatre-vingt. Ce faisant, une nouvelle forme de ségrégation dans le travail s'est développée aux États-Unis, les cadres Noirs étant souvent affectés à l'encadrement d'autres Noirs.

Solution participative expérimentale contre remède administratif national. Chacune exemplaire dans son pays, les expériences de Baltimore (Maryland) et de Grigny (Essonne) mettent en évidence deux politiques opposées de revitalisation des quartiers pauvres. Dans le cas américain, le programme d 'Empowerment zones cherche à impliquer la population dans le développement du site. Dans le cas français, la politique des Grands projets de ville place le destin des habitants sous l'aile protectrice des institutions publiques, qui décident entre elles et expliquent ensuite.

L'impératif de mixité sociale a contribué à occulter l'objectif du droit au logement, droit fondamental. Analysant et critiquant les déséquilibres du marché de l'habitat en France, les auteurs s'interrogent et proposent. Pour eux, il est urgent d'encadrer le marché, de maîtriser les formes urbaines, de revoir l'accès au logement social, et d'inventer de nouvelles logiques assurantielles globales.

Cette enquête réalisée dans le Nord-Pas-de-Calais indique que, à des degrés divers et selon des modes parfois contrastés, les femmes maghrébines s'émancipent. Le travail, l'éducation, les valeurs de concertation au sein du couple ont ébranlé la tradition du patriarcat. Et si certains tabous restent tenaces, comme la virginité avant le mariage ou l'union avec un non-musulman, les témoignages décrivent ici une société dans laquelle le modèle traditionnel du père tout-puissant appartient de plus en plus au passé.