Contenu du sommaire : Les frontières du droit d'asile

Revue Hommes et migrations Mir@bel
Numéro no 1238, juillet-août 2002
Titre du numéro Les frontières du droit d'asile
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Les frontières du droit d'asile

    - Dossier coordonné par Catherine Wihtol de Wenden
    • Les indésirables - Philippe Dewitte p. 1 accès libre
    • La crise de l'asile - Catherine Wihtol de Wenden p. 6 accès libre avec résumé
      Les politiques d'asile, si elles restent fondées en droit sur la Convention de Genève de 1951, traitent aujourd'hui le réfugié en tant que membre d'un groupe. L'asile politique devient marginal, et ceux qui fuient des combats en masse envisagent souvent un retour. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) s'efforce de juguler l'immigration à la source en créant sur place des "sanctuaires humanitaires". Mais cela ne suffit pas : la crise se cristallise en Europe dans des "zones grises", où les Etats exercent un pouvoir discrétionnaire.
    • Sangatte, un toit pour des fantômes - Violaine Carrère, membre du Groupe d'information et de soutien des immigrés (Gisti) p. 13 accès libre avec résumé
      Peut-on accueillir humainement des gens que l'on souhaite voir partir ? Le centre de Sangatte (Pas-de-Calais) est un de ces goulets d'étranglement où des réfugiés désireux de migrer en Europe sont victimes de la politique de l'autruche des Etats membres. La France les loge dans un vaste hangar, en attendant qu'ils traversent la Manche - tout en déployant des forces de police pour les en empêcher. Sangatte, placé sous les feux de l'actualité, pourrait fermer. Mais qui héritera alors de ses fantômes ?
    • Zone d'attente de Roissy : à la frontière de l'État de droit - Claire Rodier, membre du Groupe d'information et de soutien des immigrés (Gisti) et de l'Association nationale d'assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé) p. 23 accès libre avec résumé
      En droit, un demandeur d'asile doit pouvoir arriver à l'aéroport de Roissy, être logé et se voir fournir un titre provisoire de séjour si sa requête n'est pas "manifestement infondée". Mais de fait, les conditions de l'accueil sont déplorables, et de trop nombreux réfugiés potentiels voient leur demande rejetée d'emblée. Plusieurs associations demandent un accès plus libre aux zones d'attente (les Zapi), l'ouverture d'enquêtes sur les violences signalées, et la possibilité d'assister les étrangers en détresse. Les témoignages recueillis par ces associations sont alarmants.
    • Le traitement des demandeurs d'asile en zone d'attente, entre théorie et réalités - François Julien-Laferrière, professeur à la faculté Jean-Monnet (université Paris Sud), Institut d'études de droit public p. 32 accès libre avec résumé
      Le fossé qui sépare les principes juridiques de la réalité délimite ce que l'on nomme une zone de "non-droit". L'auteur tente d'en cerner les contours dans l'application du droit d'asile, en prenant l'exemple des zones d'attente dans les aéroports, et tout particulièrement celui de Roissy Charles-de-Gaulle. Soulignant qu'un seul motif légal permet en théorie de refuser d'entendre un demandeur d'asile (le caractère "manifestement infondé" de sa requête), il dénonce les fréquents "dysfonctionnements" constatés aux frontières françaises.
    • La condition du réfugié dans la tourmente de la politique d'asile - Olivier Brachet, directeur de Forum réfugiés, Lyon p. 45 accès libre avec résumé
      Tous les signes d'une crise majeure de la condition du réfugié sont aujourd'hui rassemblés. Plus encore, tous les partenaires concernés semblent en être convaincus. L'augmentation récente des arrivées au titre de l'asile en 2001 a achevé de déborder tous les dispositifs, et la situation concrète du demandeur d'asile s'est fortement détériorée. Cette dégradation des conditions matérielles se développe sur un fond structurel de crise de l'asile depuis 1989-1990. Avec un peu de recul, on peut retracer le cycle relativement court de "construction-déconstruction" du dispositif de l'asile en France.
    • L'accueil des demandeurs d'asile en France : le cas des Kurdes de l'East Sea - Chirine Mohseni, docteur en anthropologie de l'université Paris III p. 60 accès libre avec résumé
      Il y a plus d'un an, un bateau échouait sur les côtes varoises avec à son bord neuf cents Kurdes. Si beaucoup ont choisi de ne pas rester en France, près de cent soixante ont demande' -presque tous avec succès -le statut de réfugié. L'auteur s'est rendue dans le centre d'accueil du Clos d'Orbieu, à Lagrasse (Aude), pour s'interroger sur la façon dont ils ont vécu le temps de leur demande d'asile.
    • Les évolutions dans l‘interprétation du terme réfugié - par Xavier Créac'h, Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, délégation pour la France* p. 65 accès libre avec résumé
      Plus lentement que sûrement la jurisprudence française sur le droit d'asile s'adapte au contexte nouveau de l'après Guerre froide. A l'origine très liée aux engagements politiques des demandeurs d'asile, la reconnaissance du statut de réfugié englobe aujourd'hui des interprétations nouvelles concernant l'appartenance à un "groupe social", ou tend à prendre en compte l'absence de protection d'un Etat lorsqu'une persécution est exercée par un "agent non-étatique". La Commission des recours pour les réfugiés est au cœur de ces adaptations du droit à de nouvelles situations.
    • Quelle protection subsidiaire dans l'Union européenne ? - Daphné Bouteillet-Paquet, coordinatrice du Réseau académique d'études juridiques sur l'immigration et l'asile en Europe, Université libre de Bruxelles p. 75 accès libre avec résumé
      La protection subsidiaire est celle qu'un État accorde à une personne dont la situation ne relève pas stricto sensu de la Convention de Genève, mais dont le renvoi violerait le droit humanitaire. Un statut "à géométrie variable", qu'un projet récent de directive européenne pourrait couvrir en partie. Ce faisant, cette directive améliorerait substantiellement le niveau de protection des réfugiés dans certains pays de l'Union européenne... même si elle comporte par ailleurs des points inquiétants.
  • Hors-dossier

    • Les sans-papiers en Belgique - Marco Martiniello, Andrea Rea p. 89 accès libre avec résumé
      Qui sont ces "exclus de l'intérieur", ces "sans-droits", générés par une Belgique dont la politique d'immigration s'adapte mal aux nouveaux migrants ? Une étude, menée auprès de cent trente sans-papiers et clandestins, rend compte de la précarité de leurs conditions de vie. L'analyse des données recueillies permet de dresser un portrait sociologique précis de cette population, et d'examiner à la loupe la misère des conditions de départ, la clandestinité, le travail au noir. Les auteurs de l'étude expliquent, notamment, pourquoi certains sans-papiers n'ont pas cherché à régulariser leur situation, malgré la vaste campagne lancée par les pouvoirs publics en 2000.
  • Chroniques