Contenu du sommaire : Penser le politique
Revue | Pôle Sud |
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Numéro | N°21 - 2004 |
Titre du numéro | Penser le politique |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Penser le politique
- La politique, la science politique et Pôle Sud - Paul Alliès p. 3-9
- Comment penser le politique ? Un retour sur l'État, les partis politiques, la démocratie et l'Europe - William Genieys p. 11-14
- Le recul de l'État fort et la nouvelle mobilisation antisémite dans la France contemporaine - Pierre Birnbaum p. 15-29 L'auteur s'interroge sur les causes de l'aggravation des violences antisémites dans un pays où depuis la Révolution française, malgré des poussées de fièvre manifestes comme l'affaire Dreyfus, les Juifs ont inventé un modèle de vie en diaspora en s'intégrant pleinement à un État-nation à la logique universaliste. Une hypothèse majeure est mise en avant ici. La « communautarisation par le bas et par le haut » engagée depuis une vingtaine d'années par les pouvoirs publics porterait atteinte aux milieux juifs obligés désormais de se concevoir comme les autres communautés organisées en privilégiant les logiques de négociations ou d'affrontements horizontaux au détriment des traditionnels liens verticaux avec l'État. Cette perte de centralité fragilise leur statut et les rend plus vulnérables.The author of this article explores the causes of the aggravation of anti-Semitic violence in France, a country where — despite outbreaks of nationalist fever such as the Dreyfus affair — the Jewish community has invented for itself a model of a Diaspora living in complete integration in a nation state characterized by a universalist ideology. A central hypothesis is put forward. The encouragement of« communitarian construction from the bottom and from the top » by public authorities over the past 20 years has impacted Jewish society, forcing it increasingly to conceive of itself as an organized community among others. In this context, the logics of collective negotiation and confrontation with other communities have replaced the traditional vertical links between individuals and the state.
- L'État en action revisité - Pierre Muller p. 31-42 Partant du constat que le modèle d'analyse proposé dans L'État en action est remis en question par « l'effritement du modèle français », l'auteur fait ici le point sur les changements qui conditionnent le regard actuel de la science politique sur l'État : d'abord, l'objet d'étude « État » est concurrencé par l'étude des politiques publiques en raison de l'européanisation de celles-ci, de la décentralisation de l'action publique, et de la transformation des modes mêmes d'analyse de l'État ; ensuite, il remarque que la conceptualisation du référentiel global se situe aujourd'hui « quelque part au-delà » de l'État-nation ; enfin, il propose une « théorie du changement politique », et un questionnement sur les problèmes de citoyenneté que pose l'approche cognitiviste dans son analyse d'une société de plus en plus fragmentée en de multiples secteurs. C'est finalement sur un bilan de la place de l'État dans la société moderne que conclue l'auteur dans cet article qui a vocation à ouvrir de nouvellesBeginning front the observation that the model for analysis put forward in L 'État en Action has partly been overtaken by events, and in particular by the "crumbling away of the French model of policy making, " the author takes stock of changes that influence the actual state of policy analysis in France. He agrees that the state has, to a certain extent, been overtaken as an object of study by the more general notion of public policies, as these are shown to emanate not only from the national but also from the sub-national or the European levels. He goes on to note that the conceptualization of the global "référentiel" must now frequently be situated outside the state itself. Finally, he proposes a theory of political change and a set of questions around the problem posed by the cognitive approach for the study of citizenship in an increasingly fragmented society. The article concludes with a discussion of the place of the state in contemporary society, with a view to opening new avenues for research.
- Une approche dialectique des politiques publiques : l'héritage de L'État en action - Bruno Jobert p. 43-54 L'un des deux auteurs de L'État en action nous propose une manière de bilan de l'ouvrage, en reposant aujourd'hui la question de la pertinence de son questionnement central et de ses implications. Dans un contexte de déclin des États-nations, est-il encore pertinent de s'interroger sur l'articulation entre la construction symbolique des ordres locaux et celle de l'ordre public ? Il semblerait que la définition des politiques publiques reste bel et bien liée à leurs positions dans cet espace public, notamment par le biais des niveaux de gouvernement. De là, l'auteur procède à un rappel théorique des principales notions d'analyse des politiques publiques découlant de l'approche propre à la sociologie des organisations. Les notions de forums, de référentiel ou de coalitions discursives sont replacées dans le cadre d'une approche redonnant toute son importance au rôle des idées dans l'appréhension des politiques publiques.Revisiting « L'État en action », one of its coauthors proposes a re-evaluation of its central research program and implications. In the context of a decline of the nation-state, is the relation between the central and the local symbolic construction of public order still critical ? Answering this question in the affirmative, the author finds that the very definition of public policies remains linked to their position in the public sphere, notably by way of various levels of government. Retracing their origins in the sociology of organizations, the article discusses the notions of forum, « référentiel », and discursive coalitions, resituating them a framework in which the role of ideas regains its full importance for the understanding of public policy.
- Quel avenir pour les partis politiques dans les démocraties contemporaines ? - Juan J. Linz p. 55-68 Juan J. Linz examine dans cet article les causes de l'augmentation des attitudes négatives envers les partis politiques. Il suggère que cette insatisfaction n'est pas attribuable aux comportement des organisations partisanes. Au contraire, ce sont selon lui les attentes irréalistes, les requêtes excessives des citoyens, qui contribuent à créer des situations paradoxales et un mécontentement général. Les partis sont pris dans un filet de désirs contradictoires qui créent de la confusion et de l'incompréhension. Si les citoyens reconnaissent que le fonctionnement des systèmes démocratiques exige des partis politiques un rôle spécifique, ils ne leur reprochent pas moins l'exercice de cette fonction sur la base de valeurs ambivalentes. Mais pour Juan J. Linz, à l'inverse des années trente, ces sentiments antipartis ne sont pas à l'origine d'un renforcement des partis antisystèmes.Juan J. Linz suggests that the increase in negative attitudes towards political parties may be less attributable to the behaviour of parties themselves than it is to inconsistencies or outright contradictions among relevant belief held by citizens, to unrealistic expectations concerning the extent to which parties can achieve a series of demanding objectives, or to increasing number of the functions that parties must play in representative democracies. Citizens acknowledge that democratic systems require that parties perform certain roles, but then criticize them for performing those roles on the grounds that this would conflict with a different and incompatible set of values. But, unlike in the earlier decades of the twentieth century, anti-party attitudes have not been linked to support for anti-system parties.
- Comparaison et aires culturelles régionales : L'Europe du Sud et les modèles de Rokkan - Daniel-Louis Seiler p. 69-80 L'auteur cherche, à partir des théories de Stein Rokkan, à mieux appréhender une aire culturelle problématique : l'Europe du Sud. Deux angles d'attaque sont privilégiés. Il se base, d'une part, sur la carte conceptuelle de l'Europe c'est-à-dire sur un modèle macro analytique tentant de rendre compte des spécificités du processus de construction étatique. D'autre part, il l'envisage en prenant en considération le paradigme des quatre clivages fondamentaux. Le recours à ces grilles d'analyse nous offre une photographie intéressante des bouleversements ayant touché les systèmes partisans sur la longue durée.Finding his starting point in the theories of Stein Rokkan, the author seeks better to conceptualize a problematic cultural area: southern Europe. In doing this, he privileges two lines of attack: On the one hand he bases his approach on a conceptual map of Europe, that is to say a model of macro-analysis that takes note of historical specificities in national state building. Later, he envisages a more general paradigm taking into account four fundamental cleavages. His use of this framework provides an interesting snapshot of the changes that have transformed partisan systems over the long term.
- Est-il toujours temps de penser à la démocratie ? - Guy Hermet p. 81-92 L'auteur revient sur l'acte du « décès » de la démocratie européenne annoncée par le retrait de la référence à Thucydide définissant la démocratie comme le pouvoir du plus grand nombre. Il revient ensuite sur les limites actuelles de la théorie politique en la matière, en montrant comment des élitistes aux tenants de la démocratie procédurale ou encore délibérative, l'objet démocratique est « dynamité ». Cette remise en question de la dynamique démocratique joue aussi par le bas à travers la remise en question de la citoyenneté démocratique. L'affaiblissement des ressorts de la qualité démocratique est imputable à l'action de certains acteurs professionnels de la politique. Il convient alors de réinventer les valeurs de la démocratie libérale.The author revisits the « death certificate » of European democracy, which some saw in the removal from the draft European constitution of the citation from Thucydides defining democracy as the rule of the majority. From this starting point, he considers the limits of contemporary political theory to show that democracy as an object is « dynamited » by observers as varied as the theoriests of elites or those of deliberative or procedural democracy. Democratic citizenship, he notes, is also being reconsidered, creating a challenge from the bottom. He attributes the weakening of the perceived quality of democracy to the action of certain political professionals. What is needed, he concludes, is a reinvention of the values of liberal democracy.
- Europe et défis démocratiques - Philippe C. Schmitter p. 93-99 À rebours des considérations post-modernes et pessimistes sur l'avenir des démocraties européennes, l'auteur propose un modèle de réformes, souple, prospectif et pragmatique. C'est sur le terrain de l'innovation au concret, et de l'initiative expérimentale qu'il ambitionne de dépasser les apories de la théorie démocratique. L'auteur, dans le cadre d'une conceptualisation dynamique des systèmes politiques européens, propose une série de suggestions pour désenclaver la configuration institutionnelle des « démocraties réellement existantes » et ouvrir la perspective d'un renforcement de leur légitimité. De la connaissance des défis et opportunités ouvertes par un environnement social et politique en pleine mutation, entre déclin des États-nations et intégration globale, Philippe C. Schmitter défend les ressources inutilisées d'un réformisme incrémental. Au-delà de considérations tactiques immédiates, il invite tous les politistes à une profonde rupture cognitive. La recherche ne doit plus être séparée d'un souci d'interaction recursive permanent avec la pratique politico-institutionnelle. Cet article se veut le jalon d'un projet scientifique à développer sur l'étude du devenir de la qualité démocratique des régimes politiques occidentaux.Going against the trend of post-modern and pessimistic assessments of the future of European democracies, this article proposes a model of flexible and pragmatic reform. The author's ambition is to surpass the limits of democratic theory through concrete innovation and experimental initiative. In the context of a dynamic conceptualization of European political systems, Schmitter makes a series of suggestion to open up the institutional configuration of« real existing democracies » in order to reinforce their legitimacy. In light of the challenges and opportunities provided by a changing social and political environment, he points to neglected resources for incremental reform. Beyond immediate tactical considerations, he invites political scientists to embrace a new role. Research, in his opinion, must no longer be separated from political and institutional practice.
- De serviteurs de l'État à représentants élus: les parlementaires originaires du secteur public en Europe. - Pedro Tavares de Almeida, Maurizio Cotta p. 101-122 Cet article cherche à tester empiriquement la pertinence de la dichotomie État/société civile (que l'on trouve dans la théorie politique) à travers la question du poids du secteur public dans les élites parlementaires des pays d'Europe en s'appuyant sur la base de données DATACUBE. Elle relativise cette opposition en montrant le poids important du secteur public dans l'élite parlementaire des pays d'Europe sur le long terme, la dynamique de sa présence et introduit les nuances en examinant les variations par pays, sous-catégories du secteur public et partis politiques.This article aims at testing empirically the relevance of the State/civil society dichotomy commonly used by political theorists through the question of the specific weight ofMPs having a public sector background in Europe. It uses the DATACUBE data set in order to show that such an opposition is only relative because of the specific weight of the public sector in the parliamentary elite considered in a long-term perspective. The article focuses on the dynamics of this relevance and introduces nuances regarding variations across countries, sub-categories within the public sector and political parties.
Lectures
- Michel Dobry (dir.) : Le mythe de l'allergie française au fascisme - Benoît Larbiou p. 125-127
- Daniel-Louis Seiler : Les Partis politiques en Occident. Sociologie historique du phénomène partisan - Fabien Nicolas p. 127-129
- Diamanti Ilvo : Bianco, rosso, verde...e azzurro. Mappe e colori dell'Italia politica - Christophe Roux p. 130-132
- Hans-Georg Betz : La droite populiste en Europe. Extrême et démocrate ? - Philippe Secondy p. 132-134
- Venturino Fulvio, Riforma elettorale e cambiamento partitico. Un'analisi delle elizioni maggioritarie in Italia. - Filippo Tronconi p. 134-136
Compte rendu de journée d'étude
- Le XVIIIe Congrès de la Société Italienne de Science Politique. Padoue 15-17 septembre 2004. - Luca Verzichelli p. 137-138
- Le nouveau mode de fonctionnement éditorial Pôle Sud - p. 139-140