Contenu du sommaire : La Belgique
Revue | Pouvoirs |
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Numéro | no 136, 2011/1 |
Titre du numéro | La Belgique |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Principaux partis et dernières élections en Belgique - Vincent de Coorebyter p. 5-8
- La Belgique existe-t-elle ? - Francis Delpérée p. 9-19 La Belgique voit le jour en 1830. Elle se construit progressivement comme un État-nation. Cette situation aurait pu perdurer n'eût été la poussée du mouvement flamand – contenue un temps, puis consacrée dans l'aménagement des institutions. L'organisation d'un État fédéral, à partir de 1970, prolonge cette évolution. Eu égard à l'apparition d'une nation flamande, la préservation de l'État belge réclame de ses dirigeants politiques qu'ils parviennent à élaborer un nouveau « pacte des Belges ».Does Belgium Exist ?
Belgium was created in 1830 and developed gradually as a nation state. Such a situation could have lasted if it were not for the growth of the Flemish movement, which remained restrained for some time but then was sanctioned in the institutional arrangements. The setting up of a Federal state since 1970 has prolonged this evolution. In view of the emergence of a Flemish nation, the preservation of the Belgium state requires that its political leaders manage to draft a new “agreement of the Belgian people”. - Le fédéralisme consociatif belge : vecteur d'instabilité ? - Dave Sinardet p. 21-35 Le succès des partis nationalistes flamands aux élections fédérales de juin 2010, ainsi que les trois années de crise politique qui ont précédé ces élections, amène à se demander si le modèle fédéral belge de consensus n'est pas dans une crise fondamentale. Cet article analyse le noyau de cette machinerie de consensus en se penchant sur la théorie de la démocratie consociative qui a largement été institutionnalisée en Belgique. Puis il pose la question de savoir si c'est ce système qui ne fonctionne plus, ou bien si les problèmes ne peuvent pas, au moins en partie, être expliqués par cette logique consociative.Is Belgian Consociational Federalism a Vector of Instability ?
The success of the Flemish nationalist parties in the Federal elections of June 2010, following three years of major political crisis, leads the author to wonder whether the Belgian model of federalism and consensus has entered a terminal crisis. The article analyzes the core of the consensus machinery by looking at the theory of Consociational democracy which has by and large been institutionalized in Belgium. Then he raises the following question : is it the system that has ceased to function or can the problems be at least partly explained by the Consociational logic itself ? - La question linguistique en Belgique dans une perspective historique - Els Witte p. 37-50 La Belgique est un excellent laboratoire d'analyse socio-linguistique. À partir du XIXe siècle, le français n'est pas seulement la langue parlée en Wallonie, c'est aussi la langue de l'élite belge. Les fondateurs de l'État belge en font la langue dominante dans la vie publique belge et le néerlandais, parlé en Flandre, devient une langue au statut social inférieur. Toute forme d'équivalence des deux langues est rejetée. La stratégie du Mouvement flamand consiste alors dans un premier temps à obtenir des lois destinées à la protection de leur langue en Flandre. Les francophones refusant le bilinguisme pur et simple, le principe selon lequel la territorialité devient l'alternative pour les deux communautés est accepté en 1932. Les néerlandophones veulent donc se retrancher derrière des frontières sûres. Mais dans les communes des zones frontalières où les locuteurs de la langue « de prestige » sont en forte concentration, ceux-ci exigent des droits linguistiques. Dans la capitale, lieu de rencontre des deux communautés mais où les néerlandophone forment une minorité, la lutte pour une place équivalente se fait également sentir. Jusqu'à ce jour, les stratégies des deux communautés restent divergentes.The Linguistic Question in Belgium in Historical Perspective
Belgium is an excellent socio-linguistic laboratory. From the nineteenth century onward, French has not only been the spoken language of the Walloon region but also the language of the Belgian élite. The founders of the Belgian state chose it as the dominant language of Belgian public life and the Dutch language, spoken in Flanders, was given an inferior social status. Any form of equivalence between the two languages was rejected. The strategy of the Flemish movement consisted, at first, in gaining legal protection for their language in Flanders. As the French-speaking people refused straightforward bilingualism, it was decided in 1932 that territoriality would become the alternative for both communities. The Dutch-speaking people wanted to be protected by secure linguistic boundaries. But in the borderland municipalities where the speakers of the “prestigious” language have strong numbers they demand linguistic rights. In the capital, the meeting place of the two communities where the Dutch-speaking people represent a minority, they too demand an equivalent recognition of their language. To this day, the strategies of the two communities have followed divergent paths. - Chronique d'une législature maudite. Réflexions sur l'instabilité politique de la Belgique - Marc Uyttendaele p. 51-69 La question de la stabilité gouvernementale est analysée sous la forme d'une chronique des crises successives qui ont marqué la législature 2007-2010. Pendant six mois, il s'est avéré impossible de constituer un gouvernement en raison des divergences profondes existant entre francophones et Flamands sur la manière de réformer l'État. Au nord du pays, un approfondissement du fédéralisme est vivement souhaité alors qu'au sud la tentation de maintenir un statu quo institutionnel prédomine. Dans la suite de la législature, ce contentieux a encore, à plusieurs reprises, fragilisé le gouvernement au point de provoquer sa chute en avril 2010. L'instabilité politique n'est donc pas inhérente au régime politique belge, mais est la conséquence d'une absence de consensus national sur ce que doit être l'évolution des institutions.History of a Cursed Legislature. Reflexions on the Political Instability of Belgium
The question of government instability is analyzed through an account of the successive crises that have affected the 2007-10 Legislature. For six months, it proved impossible to form a government because of the deep differences between the French-speaking and Flemish groups regarding state reform. In the North of the country a strengthening of Federalism was strongly desired while in the South the temptation to maintain the existing status quo predominated. In the following months, on several occasions this dispute further undermined the government and eventually led to its fall in April 2010. Political instability is therefore not inherent in the Belgian political system, but rather the consequence of the lack of a national consensus about the evolution of the institutions. - Le roi - Philippe Lauvaux p. 71-85 Partant du constat d'un rôle encore très actif de la royauté en Belgique, cet article analyse successivement les causes, la nature, les modalités et les limites de cette persistance exceptionnelle de la fonction royale dans l'ordre politique, et met en évidence la relation entre cette singularité et la crise décisive que subit l'État-nation.The King
Keeping in mind the still very active role of the monarchy in Belgium, the article successively analyzes the causes, the nature, the modalities and the limits of the exceptional persistence of the royal function within the political system ; it also highlights the relationship between this peculiarity and the crucial crisis experienced by the nation state. - La Belgique entre compromis et ambiguïté - Vincent de Coorebyter p. 87-96 La Belgique est fière de son sens du compromis, qui lui a permis de surmonter des crises profondes. Mais elle peine, ces derniers temps, à dégager un accord pour une nouvelle réforme de l'État, et elle bute toujours sur certains différends linguistiques. Il semble qu'aujourd'hui les compromis belges, par leurs ambiguïtés, soient autant des facteurs d'instabilité que de stabilité. Mais nul ne sait comment dissiper ces ambiguïtés au bénéfice de tous.Belgium between Compromise and Ambiguity
Belgium is proud of its sense of compromise that has allowed it to overcome serious crises. But lately it has found it difficult to reach an agreement regarding a new reform of the state and it is still stumbling over linguistic differences. Nowadays, it seems that the Belgian compromises, because of their ambiguities, are as much factors of stability as of instability. But nobody knows how to clear up these ambiguities to the benefit of all. - Bruxelles-Hal-Vilvorde, couronne d'épines de l'État fédéral belge ? - Bernard Blero p. 97-123 L'auteur retrace les tenants de la crise politique suscitée par la circonscription électorale de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Il examine les réalités cachées derrière ce nom, la façon dont elles ont pris corps dans le droit positif belge, comment la zone en question est devenue un objet de crise politique majeure, ainsi que les enjeux sous-jacents de cette discussion. En conclusion, l'auteur s'interroge sur le caractère insoluble ou non de ce dossier.Brussels-Hal-Vilvorde : Crown of Thorns of the Belgian Federal State ?
The author reconstructs the elements of the political crisis provoked by the electoral district of Brussels-Hal-Vilvorde. He examines the realities concealed by this name, the way they have been recognized by Belgian positive law, the reason why this district has become the object of a major political crisis and the stakes of the current debate. To conclude, the author wonders whether this crisis can or cannot be resolved. - Le melting pot belge - Jean-Pierre Stroobants p. 125-135 Longtemps terre de « bâtardise exemplaire », la Belgique est aujourd'hui rattrapée par un nationalisme ethno-culturel qui pousse la Flandre politique à prôner, au mieux, « l'évaporation » du pays. La leçon est rude pour une Europe communautaire qui voit l'un des pays qui l'ont fondée remettre en cause certains principes de son propre projet. Dans la crise belge, les notions de consensus, de tolérance réciproque et de cohabitation des cultures sont en jeu.The Belgian Melting Pot
For a long time a land of “exemplary hybridity”, Belgium has been caught up by an ethno-cultural nationalism that is leading Flanders' political leaders to call for the “dissipation” of the country. This is a tough lesson for the European Community that is witnessing one of its founding countries question certain principles of its own project. What is at stake in the Belgian crisis is the notion of consensus, mutual tolerance and cultural co-existence. - Bruxelles, capitale de l'altérité - Marc Uyttendaele p. 137-149 Bruxelles était originellement une ville flamande. Devenue capitale de la Belgique, elle va progressivement se franciser, tout comme d'ailleurs sa périphérie. Les Flamands ont dès lors eu peur que cette francisation ait pour effet de se développer plus encore et ont obtenu que soit tracée une frontière linguistique. Bruxelles s'est de ce fait trouvée enserrée dans un carcan territorial qui ne correspond pas à sa réalité sociologique. Cette Ville-Région, cinq fois capitale, est aujourd'hui objet de reconquête pour la Communauté flamande, un pôle d'indifférence pour les Wallons et un lieu paradoxal, capitale de toutes les altérités, qui est à la fois l'une des causes du mal belge et un facteur d'explication de la pérennité du pays.Brussels as Capital of Alterity
Originally, Brussels was a Flemish city. As it became the capital of Belgium, it was gradually Frenchified and so was its periphery. The Flemish people then feared that this Frenchification would intensify and they obtained the recognition of clear linguistic boundaries. Brussels found itself caught into a territorial straitjacket that does not correspond to its sociological reality. The city-region, five times capital, has become a target for reconquest by the Flemish community, a factor of indifference for the Walloons and a paradoxical place, a capital of numerous alterities, which is both one of the causes of the Belgian crisis and an element of explanation for the durability of the country. - Repères étrangers : (1er juillet ? 30 septembre 2010) - Pierre Astié, Dominique Breillat, Céline Lageot p. 151-169
- Chronique constitutionnelle française : (1er juillet ? 30 septembre 2010) - Pierre Avril, Jean Gicquel p. 171-198