Contenu du sommaire : Les politiques de sortie de crise
Revue | Revue d'économie financière |
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Numéro | no 103, octobre 2011 |
Titre du numéro | Les politiques de sortie de crise |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Les politiques de sortie de crise
- Introduction - Jean-Michel Charpin, Jean-Paul Pollin p. 9
Particularités et conséquences de la crise
- Quelques éléments empiriques sur la crise financière récente - Virginie Coudert, Valérie Mignon p. 21 L'objet de cet article est de fournir quelques éléments empiriques concernant la récente crise financière mondiale en comparaison avec les crises précédentes. Premièrement, cette analyse comparative est menée au niveau financier en évaluant l'ampleur de la contagion internationale entre les principaux marchés boursiers lors des épisodes récents de turbulences financières. Deuxièmement, nous examinons l'impact réel des crises, en comparant notamment les pertes de PIB au cours des grandes crises récentes dans les pays avancés. Nos résultats montrent que la récente crise financière diffère des autres crises par l'ampleur de la contagion internationale et la puissance avec laquelle elle a frappé les économies réelles des pays avancés. Classification JEL : G01, G15, E44.This article provides some empirical evidence on the recent global financial crisis in comparison with previous crises. First, this comparison is done through an assessment of the international contagion effects between several countries' stock markets during previous episodes of financial turmoil. Secondly, we analyze the real impact of crises, in comparing the losses in GDP during the main financial crises in advanced countries. The results show that the recent global financial crisis stands out relatively to the other crises by the magnitude of the international contagion effects and also the strength of its impact on the real economy in the advanced countries. Classification JEL: G01, G15, E44.
- La crise : quelles conséquences durables sur la croissance, l'emploi et les finances publiques ? - Étienne Debauche, Éric Dubois, Pierre Leblanc p. 41 L'examen des crises bancaires passées enseigne que la perte d'activité occasionnée par la crise financière et bancaire de 2008-2009 risque d'être durable. Dans un scénario central, la perte de 7 points enregistrée par rapport à la tendance antérieure à la crise pourrait ainsi être définitive. L'un des mécanismes par lequel cette perte pourrait se révéler durable est à rechercher aujourd'hui du côté de la faiblesse de la productivité pendant et en sortie de récession. C'est ce que retrace la bonne tenue de l'emploi, par rapport à ce qu'on pouvait attendre au regard de la perte d'activité. Enfin, la crise aura accéléré la tendance longue de dégradation des finances françaises enregistrée depuis 30 ans et porté nos finances publiques aux limites de ce qu'un pays comme la France peut se permettre. Classification JEL : E32, E37, G01, O47.A review of the past financial crises suggests that the 2008-2009 crisis could lead to a durable loss of activity. In the main scenario, the French economy might suffer a permanent loss of 7 points of GDP compared to the pre-crisis trend. The weakness of productivity is one of the mechanisms that could account for this permanent loss. This loss of productivity is related to the unexpectedly good performance of the French labour market during the crisis, regarding the loss of activity. The crisis has also accelerated the old tendency of debt increase the French economy has been facing for 30 years. At this point, the debt level becomes problematic. Classification JEL: E32, E37, G01, O47.
- Politiques macroéconomiques : retour à l'orthodoxie ? - Jacques Le Cacheux p. 59 La crise financière de 2007-08 a conduit au retour des politiques économiques actives pour éviter une récession généralisée dans les grands pays industriels. Mais cet épisode aura été de courte durée face aux craintes des marchés financiers suscitées par l'endettement public et celle d'un retour de l'inflation. Les gouvernements se sont rapidement engagés dans des processus de consolidation budgétaire. Désormais face au ralentissement de l'économie mondiale, les États semblent aujourd'hui à court de moyens d'action. Et la tentation est grande de restaurer l'orthodoxie des politiques macro-économiques sur la base d'une théorie qui n'a pourtant pas fait la preuve de son efficacité. Classification JEL : E52, E66.The 2007-2208 financial crisis led to the return of active economic policies in order to avoid a general collapse of the world economy. But facing the fears of financial markets due to an excessive public debt and to a revival of inflation, the governments have soon entered a fiscal consolidation process. Today with an ailing economic activity, they seem to be powerless. The temptation is great of restoring conventional macroeconomic policies whose foundations lie on the main stream of macroeconomic theory whose weakness has appeared in broad daylight. Classification JEL: E52, E66.
- Quelques éléments empiriques sur la crise financière récente - Virginie Coudert, Valérie Mignon p. 21
Rétablir l'équilibre des finances publiques
- Quel objectif pour la dette publique à moyen terme ? - Patrick Villieu p. 79 Avec la crise financière, les gouvernements des pays industrialisés ont lancé d'importants programmes de stimulation de la demande et ont été contraints à recapitaliser les banques et à prendre à leur compte une grande partie des dettes des institutions financières défaillantes. En conséquence, les niveaux de dette publique ont fortement augmenté, et ils vont probablement continuer à le faire dans un futur proche dans les pays de l'OCDE. Cependant, il n'y a pas de consensus sur les effets d'une dette publique, même élevée, sur l'économie. Cet article examine les contributions théoriques à ce débat. Nous nous interrogeons d'abord sur l'éventuelle existence d'une cible souhaitable de dette publique, puis nous nous intéressons aux deux plus grands risques associés à la dette publique à long terme : son impact sur la croissance et sur la stabilité du policy mix.Classification JEL : E62, E63.Following the financial crisis, governments of industrialized countries have undertaken major programs to stimulate demand and to recapitalize banks. As a result, levels of public debt rose sharply, and they will probably continue to do so in the near future in the OECD countries. However, there is no consensus on the effects of public debt on the economy. This article examines the theoretical contributions to this debate. First, we question the possible existence of a desirable public debt target, and then we focus on two major risks associated with long-term indebtedness: its impact on growth and the stability of the policy mix. Classification JEL: E62, E63.
- Quelles règles pour sortir de la crise des dettes souveraines ? - Philippe Marini p. 99 Pour les pays de la zone euro, la sortie de crise passe par une sortie de la crise de la dette souveraine. Elle nécessite une action sur tous les leviers disponibles tant de l'Union européenne que de chacun des pays membres. L'UE doit agir à deux niveaux : la mise en place de mécanismes de solidarité (Fonds européen de stabilité financière et le futur mécanisme européen de stabilité financière) et une réforme de la gouvernance économique de la zone euro. L'auteur plaide pour la mise en œuvre de mécanismes efficaces et responsables. Pour ce qui est de la France en particulier, il préconise également la mise en œuvre de mécanismes institutionnels contraignants lui permettant de respecter les décisions du Parlement en matière de finances publiques, en cohérence avec ses engagements vis-à-vis de la zone euro. Classification JEL : F55, H63.For euro zone countries, exiting the crisis implies exiting the sovereign debt crisis. That means acting on different control levers both at the EU level and at the countries' level. Using strong and efficient mechanisms, the EU must establish financial solidarity and has to reform the euro zone governance. As what regards France in particular, restricting institutional mechanisms must be put into force so that this country will have to follow its Parlement's decisions on public finance in a way consistent with the country commitments towards the euro zone. Classification JEL: F55, H63.
- Quel objectif pour la dette publique à moyen terme ? - Patrick Villieu p. 79
Réparer le système monétaire et financier
- La BCE : quel(s) scénario(s) de sortie de crise ? - Christian Bordes, Laurent Clerc p. 117 Dans cet article, nous examinons la stratégie de sortie de crise, qui correspond dans la terminologie de la BCE à l'abandon des mesures non conventionnelles décidé indépendamment de l'orientation donnée à la politique de taux d'intérêt. Nous étudions les différents scénarios envisageables selon que le maintien de mesures non conventionnelles ou la sortie de crise coïncident avec la prolongation d'une politique de taux accommodante ou avec un changement de son orientation. Nous montrons que l'action de la BCE depuis la fin 2009 correspond à l'enchaînement de deux de ces scénarios, avec dans un premier temps une sortie de la politique dite de « de soutien renforcé du crédit » accompagnée d'un statu quo de la politique monétaire. Toutefois le déclenchement de la crise souveraine dans la zone euro a contraint la BCE à changer de tactique, avec l'entrée en vigueur du programme d'achat de titres (SMP) accompagné, un peu plus tard, d'un relèvement des taux directeurs. La situation actuelle reste tendue, avec d'une part des systèmes bancaires qui restent très dépendants de l'Eurosystème pour leur refinancement et des États confrontés à une situation budgétaire difficile. Cette situation illustre le difficile arbitrage entre le risque d'une sortie trop rapide et celui d'une sortie trop tardive de dispositifs exceptionnels dans une situation de crise financière qui dure depuis l'été 2007. Classification JEL : E43, F34, G01.This article examines the exit strategy, which in the ECB's terminology is to be understood as the unwinding of the various non-standard measures decided independently of the interest rate policy stance. We study the different possible scenarios depending on whether the continuation of non-standard measures or the crisis exit coincide with the extension of an accommodative interest rate policy or a change in its stance. We show that the action of the ECB since the end of 2009 corresponds to a succession of two of these scenarios, first with the unwinding of the so-called “enhanced credit support policy” followed by a monetary policy status quo. However, the emergence of the sovereign debt crisis in the euro area forced the ECB to change tactics, with the implementation of the Securities market programme (SMP) followed, a little later, by the raising of key rates. The current situation remains tense with, on the one hand, banking systems that are still very dependent on the Eurosystem for their refinancing and, on the other, governments that are faced with difficult fiscal positions. This situation illustrates the difficult trade-off between the risk of a premature exit and that of exiting exceptional measures too late, against the backdrop of a financial crisis that has now lasted since the summer of 2007. Classification JEL: E43, F34, G01.
- La nouvelle régulation bancaire microprudentielle : principes, incidences et limites - Jean-Paul Pollin p. 145 Cet article se propose de présenter rapidement et d'évaluer les nouvelles dispositions du système de régulation micro-prudentielle, résultant des accords de Bâle III. On décrit d'abord les fondements et les grandes lignes de ces accords destinés à tirer les leçons de la crise financière. On cherche ensuite à en apprécier les coûts et avantages, d'un point de vue théorique puis empirique. Enfin on évoque trois questions qui devraient faire l'objet de traitements complémentaires pour permettre à la réforme d'atteindre sa pleine efficacité. Classification JEL : E42, F34, G01.This article intends to give a short presentation and assessment of the new rules of banking regulation initiated by Basel III. We first describe the motivations and key breakthroughs of the reform. Then we try to estimate, from a theoretical and empirical point of view, the costs and benefits of this new framework. Lastly we focus on three complementary questions which have to be dealt with to give Basel III its full efficiency. Classification JEL: E42, F34, G01.
- Stratégies et instruments d'une régulation macroprudentielle - Laurence Scialom p. 171 La crise financière globale de 2007-08 souligne l'impératif d'aller au-delà de la régulation micro-prudentielle pour assurer la stabilité financière globale en instaurant une politique macro-prudentielle. Celle-ci doit prendre en compte les différentes dimensions des risques financiers globaux, en particulier la procyclicité du système financier et les questions relatives aux institutions trop importantes ou trop inter-connectées pour faire faillite. Cet article fait le point sur les différents instruments pouvant être mobilisés pour renforcer la résilience du système financier global à la fois dans sa dimension temporelle et transversale. Classification JEL : G28, G18.The 2007-08 global financial crisis highlights that the preservation of financial stability requires going beyond the micro-prudential regulation by promoting a macro-prudential policy. This latter has to cope with the different dimensions of the global financial risks, especially the procyclicality of the financial system and the problems related to interconnectedness and “too big to fail” financial institutions. This paper reviews the different tools which could be dedicated to the strengthening of the resilience of the global financial system both in its time and cross-sectional dimension. Classification JEL: G28, G18.
- La BCE : quel(s) scénario(s) de sortie de crise ? - Christian Bordes, Laurent Clerc p. 117
Réduire les déséquilibres à l'origine de la crise
- La crise et l'étirement des inégalités : quels liens ? quels enseignements ? - Jean-Michel Charpin p. 187 Depuis une vingtaine d'années, les inégalités s'étirent vers le haut dans l'ensemble du monde. Cet étirement est d'autant plus marqué que l'on monte dans la hiérarchie des revenus. L'article examine les liens entre ces évolutions et l'éclatement de la crise financière récente. Dans ce cadre, il relie l'endettement des ménages pauvres à la stagnation des revenus des classes moyennes et populaires. Mais il ne va pas jusqu'à faire de l'atténuation des inégalités une condition de la sortie de crise. Une inflexion dans la formation des revenus ne peut s'engager que par la conjonction de politiques nationales allant globalement dans une direction commune. Ces politiques pourraient concerner la réduction des rentes, le retour vers le plein emploi, l'augmentation des qualifications et la fiscalité. Classification JEL : E64, H2.Over the last twenty years, income inequality has been stretching upwards all around the world. This movement has been particularly significant at the top of the income scale. The article examines the links between the changes in the income distribution and the outburst of the recent financial crisis. It relates the increasing debt of the poor to the stagnation of their income as well as the income of the middle class. But it does not conclude that a change of trend of inequality is a necessary precondition for a recovery. A new path can result only from simultaneous national policies aiming at similar objectives. They could deal with reductions in rents, return to full employment, an increase in education and skills and a new tax policy. Classification JEL: E64, H2.
- Est-ce réellement une bonne idée de vouloir réduire les déséquilibres globaux en temps de crise ? - André Cartapanis p. 197 Est-ce réellement une bonne idée de faire de la réduction des déséquilibres globaux une priorité, comme l'ont proposé les participants au G20 Finances de Washington, les 13 et 14 avril 2011, en adoptant des lignes directrices indicatives afin de remédier aux déséquilibres courants majeurs et persistants ? Pour répondre à cette question, plusieurs interrogations doivent être abordées : Quel a été le rôle des déséquilibres globaux dans la montée des fragilités financières d'avant-crise ? Quels sont les fondements analytiques d'une telle limitation des surplus et des déficits externes ? Est-ce là un objectif intrinsèque de politique économique, ou plutôt une cible intermédiaire de nature à mieux coordonner les politiques économiques et les dynamiques de change parmi les pays du G20 ? Et surtout, est-il opportun de s'y atteler en temps de crise ? Classification JEL : E61, F32, F42.Is it really a good idea to consider that reduction of global imbalances is a priority, as proposed by the participants at the G20 Finance in Washington on 13 and 14 April 2011, adopting a set of indicative guidelines to address major and persistently large imbalances? To answer, several questions must be addressed. What was the role of global imbalances in the rise of financial fragility before the crisis? What are the theoretical foundations of such a limiting external surpluses and deficits? Is it an intrinsic objective of economic policy, or rather an intermediate target in the way to more coordination in economic policies and exchange-rate dynamics? And above all, is it appropriate in times of crisis? Classification JEL: E61, F32, F42.
- Le rôle des évolutions de change dans la sortie de crise - Anton Brender, Florence Pisani p. 211 La nature des régimes de change en vigueur explique la montée des déséquilibres à l'origine de la crise. Les pays ayant accumulé des réserves à partir de la fin des années 1990 ont un régime de change fixe, la devise du principal pays déficitaire, le dollar, flotte librement et les pays déficitaires de la zone euro ont un régime de change fixe avec leurs principaux partenaires alors leur monnaie flotte au gré de la situation de l'ensemble de la zone. Toutes les conditions étaient réunies pour une crise financière suivie d'une guerre des monnaies. Toutefois, une meilleure sortie de crise est possible si le rééquilibrage en cours des échanges internationaux et la poursuite de la croissance intérieure des économies émergentes se traduit par une appréciation de leurs taux de change réels. Classification JEL : F14, F32, F40.The nature of the present exchange rate regimes explains the global imbalances lying at the heart of the financial crisis. Most of the countries that have accumulated foreign exchange reserves since 1990 have a fixed exchange rate system. The currency of the main debtor – the US – is floating and the European countries bearing a deficit have a fixed exchange rate system with their main commercial partners along with a floating one with the others. Such conditions had to lead to a financial crisis and pave the way for a currency war. Nevertheless, a better exit of the crisis is possible if the present rebalancing of the international trade and the continuation of the emerging countries growth lead to an appreciation of their real exchange rates. Classification JEL: F14, F32, F40.
- La crise et l'étirement des inégalités : quels liens ? quels enseignements ? - Jean-Michel Charpin p. 187
La coordination internationale des sorties de crise
- Pays émergents, pays de l'OCDE : les politiques mises en place seront-elles coopératives ou non coopératives ? - Patrick Artus p. 229 Dans les pays émergents, la croissance est forte et l'inflation s'accélère avec les coûts salariaux en forte augmentation ; la politique économique vise donc à freiner la hausse des prix avec des politiques monétaires restrictives. Dans les pays de l'OCDE, la croissance est molle et ralentie, tandis que l'inflation ne vient que des prix des importations ; la politique budgétaire ne pouvant plus être expansionniste, la politique monétaire va rester expansionniste. La forte appréciation induite des devises des pays émergents n'est, contrairement au consensus, pas favorable pour les pays de l'OCDE, dont les prix des importations augmentent et dont les productions sont peu substituables à celles des émergents ; elle est par contre favorable aux pays émergents en raison de son effet sur l'inflation. Classification JEL : F31, F32, F41.In the emerging countries, growth is strong and inflation accelerates with fast-growing labour costs; the aim of economic policies is therefore the slowdown inflation with restrictive monetary policies. In the OECD countries, growth is disappointing and inflation only results from higher import prices; fiscal policy cannot remain expansionary, hence the persistence of monetary stimulus. The strong implied appreciation of the currencies of emerging countries is not a favourable development for OECD countries, which is not the common view: it is leading to higher import prices and not to a stimulation of production, which is little substitutable to the one in emerging countries; however, it benefits emerging countries because of its effect on inflation. Classification JEL: F31, F32, F41.
- Coordination internationale et sortie de crise - Quel rôle pour le G20 ? - Bruno Cabrillac, Pierre Jaillet p. 237 Le G20 a joué un rôle clé dans la coordination internationale des politiques économiques, pendant la première partie de la crise. D'une part, l'ampleur de la crise a aligné les préférences des grandes économies, d'autre part, la communauté internationale a rapidement dû trouver une instance de coopération adaptée dont le mode de fonctionnement par consensus, la couverture géographique étendue aux grands émergents et le niveau le plus élevé de représentation étaient adaptés aux enjeux. Dans la phase de sortie de crise et en régime de croisière, les conditions de la coopération internationale sont moins favorables, car les fortes divergences structurelles au sein du G20 engendrent mécaniquement un désalignement des préférences. En outre, séquelle de la crise, les marges de manœuvre de la politique économique, singulièrement de la politique budgétaire, sont aussi très différentes. Pour autant, cet embryon de coordination internationale engendré par la crise a des raisons de survivre car (1) il y a une demande des marchés mais aussi des populations, (2) l'approche holistique adoptée par le G20, associant coordination macro-économique, renforcement du système monétaire international et réforme de la régulation financière peut faciliter les compromis globaux et (3) la formalisation de la coordination des politiques économiques au sein du G20 (« cadre pour la croissance ») en est un facteur de pérennisation. Classification JEL : F33, F42, F55.The G20 has played a key role in the international coordination of economic policies during the first phases of the crisis. On one hand, the magnitude of the crisis has aligned the preferences of the main economies and on the other hand, the international community has quickly found a relevant forum of cooperation: the G20 whose way of functioning by consensus, inclusion of the main emerging economies and the highest level of representation made it suited to the stakes. For crisis exit as in normal times, the background of international cooperation is less favorable, as the structural differences inside the G20 generate automatically a misalignment of preferences. In addition, as a legacy of the crisis, the room of maneuver of budgetary policies is also very different. However, this embryo of international coordination generated by the crisis could survive as (1) there is a demand by the markets and also the people, (2) the holistic approach of the G20, combining macroeconomic coordination, strengthening of the international monetary system and financial regulation reform can facilitate global compromises and (3) the formalization of the coordination within the G20 (“Framework for growth”). Classification JEL: F33, F42, F55.
- Coordination des politiques économiques en Europe - Laurence Boone p. 257 La crise financière de 2008, la crise économique qui a suivi et la crise de la dette souveraine dans la zone euro créent une obligation de réforme de la gouvernance économique en zone euro. À la naissance de l'euro, une coordination véritable des politiques économiques a été écartée : le choix a été fait de mettre en place un système de garde-fous contre des comportements individuels qui nuiraient à la stabilité de la zone. Ce système a montré ses limites et dans l'urgence, les pays de la zone ont réformé le cadre de politique économique de l'union monétaire. Il est indéniable que les gouvernements de la zone euro ont progressé dans la gouvernance économique. Les règles sont renforcées et surtout l'appropriation des contraintes européennes au niveau national devrait accroître le respect des règles. Néanmoins le choix assumé d'une décentralisation forte des politiques économiques porte des faiblesses. Celles-ci sont notamment une moindre transparence au niveau européen et une évaluation plus limitée des risques. En outre, le refus de permettre à la Banque centrale d'établir une distinction entre les dettes souveraines nuit à la solidité de son indépendance. La solidification de l'édifice européen passe par une délégation de l'évaluation des actions nationales par une entité commune européenne, indépendante ; la publicité de ses évaluations renforcerait le pouvoir de discipline, naturellement régulateur, du marché. Classification JEL : F33, F36.The 2008 financial crisis, the ensuing economic crisis, and the euro zone sovereign debt crisis make reform of economic governance in the euro zone a necessity. When the euro was created, it was decided to not fully coordinate economic policies – instead the decision was made to set up a system of safeguards against national behavior that would be detrimental to the zone's stability. This system showed its limitations and, faced with an emergency, the zone's nations have reformed the framework of the monetary union's economic policy. It is indisputable that euro zone governments have made progress in their economic governance. The rules have been strengthened and especially the acceptance on a national level of European constraints should lead to countries better following the rules. Nevertheless, the conscious choice of largely decentralizing economic policy raises problems, in particular less transparency on a European level and making it more difficult to evaluate risk. Moreover, the refusal to allow the central bank distinguish between sovereign debts detracts from the robustness of its independence. Reinforcing the European system requires delegating the evaluation of its national actions to a common, independent European body. Making these evaluations public would strengthen the market's disciplinary power, which is naturally regulatory. Classification JEL: F33, F36.
- Pays émergents, pays de l'OCDE : les politiques mises en place seront-elles coopératives ou non coopératives ? - Patrick Artus p. 229
Articles divers
- Les grandes entreprises françaises face aux fonds souverains - Thibaut Sartre p. 277 L'arrivée encore modeste de capitaux de fonds souverains ces dernières années dans l'économie française doit être considérée de façon globalement positive. D'une manière générale, l'enjeu aujourd'hui est moins de se protéger contre un afflux d'investissements que de se prémunir contre le risque d'un relatif désintérêt des fonds originaires de pays émergents. Les grandes entreprises françaises présentent des atouts majeurs pour les attirer et les associer à leur croissance. La stratégie à mettre en œuvre pour attirer les fonds souverains doit reposer principalement sur les acteurs économiques mais aussi sur l'affirmation d'une diplomatie politico-économique ciblée sur les fonds. L'influence de la France dans les équipes de gestionnaires de fonds devrait également être activement recherchée. Classification JEL : F30, G21, G28.The appearance of sovereign funds in the French economy – though still small – must be considered as a positive fact. The main concern should be the risk of a lack of their interest in the investment opportunities of the French economy rather than that of a massive inflow of funds. The big French companies own major assets to attract them and have them associated to their growth. On the whole, the attractiveness strategy to implement must rely first on the main economic agents but also on a sound politico economic diplomacy targeting these funds. Another important point is trying to have a French influence in these funds' management teams. Classification JEL: F30, G21, G28.
- La restructuration des dettes souveraines européennes : un plan Brady à l'européenne - Xavier Lépine p. 297 Face à la crise persistante de la dette souveraine de certains pays européens, l'auteur avance que la mise en œuvre d'un plan « Brady » pourrait permettre de trouver une issue acceptable financièrement et économiquement. Bien que les situations du Mexique des années 1980 et de l'Union européenne ne soient pas directement comparables, l'exemple et les résultats du plan Brady mis en œuvre en 1990 montrent clairement que des solutions techniques existent. Cela suppose néanmoins que les décideurs politiques européens optent clairement pour plus de fédéralisme. Classification JEL : F34, F36.A financial restructuring of the sovereign debts of some European countries would be a sound financial and economic solution to the persistent crisis. Despite the differences between 1980's Mexico and the present EU, the results of the Brady plan implemented in 1990 highlight that technical solutions are available. Nevertheless, such an implementation requires that the European policy makers make a clear choice for increased federalism.
- Les grandes entreprises françaises face aux fonds souverains - Thibaut Sartre p. 277