Contenu du sommaire : Trente ans d'économie industrielle
Revue | Revue d'économie industrielle |
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Numéro | no 129-130, 1e-2e trimestre 2010 |
Titre du numéro | Trente ans d'économie industrielle |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Trente ans d'économie industrielle : réalisations et perspectives - Marco Bellandi, Sandrine Labory, Christian Longhi, Sylvie Rochhia p. 21-30
Modes de coordination, réseaux et politiques industrielles
- What I learned, as an economist, from managing a business - George B. Richardson p. 31-42 Cet article porte sur les enseignements qu'un économiste peut tirer du management d'une entreprise d'édition, Oxford University Press. Premièrement, alors que les décisions prix et produit sont importantes, elle ne sont en aucun cas la seule ou même la principale préoccupation du management. Elles s'abstraient des décisions concernant les activités que la firme devrait ou non entreprendre, ou bien le choix d'une organisation interne adequate. Ainsi, en dirigeant une entreprise, on apprend que l'allocation efficace des ressources n'est plus seulement une question de logique de choix mais une question d'organisation sociale. Deuxièmement, les modèles du système économique basés sur des hypothèses de connaissance parfaite n'ont aucun sens. C'est précisément parce que la connaissance est divisée et imparfaite que l'on a besoin des systemes économiques pour faciliter l'utilisation efficace des ressources. En général, l'expérience dans le business nous aide à comprendre comment les firmes, tout en faisant partie des systèmes économiques, sont elles aussi des systèmes économiques.This paper presents the lessons learnt by an economist from managing a publishing firm, Oxford University Press. Firstly, although decisions about pricing and output are important, they are by no means the only or even the chief concern of management. They abstract from decisions regarding the activities the firm should or should not be undertaking or the choice of an appropriate internal organisation. Thus, in managing a firm one learns that efficient resource allocation is no longer just a question of the logic of choice but a question of social organisation. Second, models of the economic system based on assumptions about perfect knowledge make no sense. It is precisely because knowledge is fragmented and imperfect that we require economic systems to further the efficient use of resources. In general, experience in business helps one to understand how firms, as well as being part of economic systems, are economic systems in themselves.
- Solving the « selective intervention » puzzle - Jacques Crémer p. 43-56 L'objet de l'article est de survoler la façon dont la littérature économique a résolu le « puzzle » de l'intervention sélective, posé par Williamson: comment se fait-il que l'intégration verticale ne soit pas toujours plus profitable que la séparation, alors qu'elle donne à l'entreprise qui a acheté l'autre plus de moyens de contrôle? Je défends la thèse suivant laquelle tous les modèles qui ont essayé d'illuminer le problème partagent un trait commun: dans les contrats qui décrivent les relations entre les différents agents, le principal prend des décisions et agit après que le contrat soit signé. En conséquence, le plus grand contrôle que lui donne l'intégration verticale peut changer son comportement ex post, d'une façon qui peut ex-ante être contraire à ses intérêts.This paper discusses the way in which the economic literature has solved Williamson's selective intervention puzzle: why is that vertical integration, which gives the purchasing firm more control over its trading partner, not always more profitable than vertical separation? I argue that all the models which tackle this problem share a common feature: in the contracts which describe the relations between agents, the principal still makes decisions and acts after the contract is signed. As a consequence, the greater control provided by vertical integration can affect the principal's ex-post behavior in ways which are ex-ante point of view detrimental to its profits.
- Les théories de la firme entre « contrats » et « compétences » : Une revue critique des développements contemporains - Benjamin Coriat, Olivier Weinstein p. 57-86 Cet article propose une lecture critique des développements de la théorie de la firme, depuis la redécouverte, durant les années 1970, de l'article de Coase de 1937 sur la « nature de la firme ». Il aborde tout d'abord la vision contractuelle dominante qui dérive des questions soulevées par Coase, et qui s'est structurée autour de trois grandes théorisations : la théorie des couts de transaction de Williamson, la théorie de l'agence, qui, avec la théorie (ancienne) des droits de propriété offre la nouvelle vision néo-classique de la firme, et la théorie des contrats incomplets et des droits de propriété qui tente de reformuler la théorie des couts de transaction. Il considère ensuite la théorisation alternative de la firme comme « nœud de compétences », à partir de trois sources majeures : l'approche behavioriste, développée par Cyert, March et Simon et la vision de la firme comme « processeur d'information » ; les apports de Edith Penrose, puis de Chandler sur les conditions de création et gestion de ressources intangibles ; et enfin les développements évolutionnistes sur l'économie des routines et des connaissances.The paper surveys in a critical manner the recent development in firms theories. It is organized around two directions. The first one analyses the contributions recently proposed around the vision of the firm envisaged as a “nexus of contracts”, focusing on the different recent variants of the theories of property rights and of imperfect contracts applied to the firm. The second – starting from Cyert, March and Simon – passing by the contributions of Edith Penrose, Chandler and evolutionary theorists, analyses the theories of the firm conceived as a processor of information and knowledge and finally as a “nexus of competencies”. The strength but also the limits of both approaches are highlighted.
- How to design institutional frameworks for markets : New institutional economics meet the needs of industrial organization - Éric Brousseau, Antonio NICITA p. 87-118 L'influence des institutions sur les performances économiques est désormais largement reconnue en économie. Cet article cherche à mettre en évidence les principales leçons de politique économique que l'on peut tirer de la Nouvelle Economie Institutionnel (NEI) quand il s'agit d'organiser des marchés. Nous examinons tout d'abord les domaines dans lesquels la NEI identifie des effets des outils institutionnels sur les performances économiques; à savoir l'établissement des droits de propriété, la gestion des externalités et la maintenance du processus concurrentiel. En second lieu, nous mettons en lumière les principaux arbitrages analysés. Cela nous amène à considérer les avantages et inconvénients de la coordination hiérarchique par opposition aux transactions marchandes, de la gouvernance publique comparée à la privée, de la centralisation par rapport à la décentralisation, des ordres formels ou informels. Nous concluons en évoquant les difficultés auxquelles les décideurs politiques doivent faire face lorsqu'il s'agit de gérer des réformes institutionnelles.The key role of institutions for economic performance has recently been acknowledged in the economic policy debate. This paper aims at pointing out the main policy lessons and the recommendations to be drawn from New Institutional Economics (NIE), when considering the organization of markets. We examine, first, the domains – namely the establishment of property rights, the management of externalities and the maintenance of the competitive process – on which NIE identifies the potential impact of institutional tools on market performance. Second, we highlight the tradeoffs identified in the literature regarding the organization of an institutional system. This leads us to consider the respective virtues and drawbacks of hierarchical vs. transactional, public vs. private, centralized vs. decentralized and formal vs. informal ordering. Finally, we conclude by showing how NIE draws attention to the difficulties faced by political or economic decision-makers when they attempt to enhance market efficiency by reforming institutional frameworks.
- Propriété intellectuelle et régulation des marchés des biens informationnels : le cas du nommage sur l'Internet - Philippe Barbet, Isabelle Liotard p. 119-138 Nous assistons depuis plusieurs décennies à un renforcement généralisé des droits de propriété intellectuelle. Cet environnement cristallise les tensions autour des brevets, du droit d'auteur et des marques. Nous présentons les différents facteurs qui ont contribué à cette situation, nous portons notre attention sur le monde numérique et en particulier l'Internet. Dans ce domaine, des solutions tentent d'être apportées, soit pour appliquer des outils juridiques classiques à ces objets informationnels (classiques ou complètement nouveaux) soit pour faire évoluer le droit en créant de nouveaux outils de protection. Dans ce contexte numérique, le développement du réseau internet a conduit à l'émergence d'un marché primaire et secondaire des noms de domaine. Nous examinons les modalités de régulation économiques de ces deux marchés et leurs évolutions. Nous montrons en particulier que les conflits autour de la propriété intellectuelle de ces noms sont de plus en plus fréquents et que des modalités spécifiques de règlement des conflits ont été mises en place pour y répondre.We observe for several decades a general strengthening of intellectual property rights. This environment crystallizes the tensions around patents, copyright and trademarks. We present the various factors that have contributed to this situation with a focus on the digital world and especially the Internet. In this area, solutions pass through the application of traditional legal tools to information goods (traditional or completely new) or by changing the law and the creation of new protection tools. In this context, the development of Internet has led to the emergence of a first and second market of domain names. We examine the economic regulation of these two markets and their recent developments. We show in particular that conflicts involving intellectual property are frequent and specific rules for the resolution of these conflicts are implemented.
- The innovative firm: nexus of communities and creativity - Patrick Cohendet, Patrick Llerena, Laurent Simon p. 139-170 Cette contribution propose d'analyser les sources de la créativité dans une firme hautement innovante, abordée ici comme « fait stylisé», qui ne s'appuie pas sur les sources traditionnelles d'innovation (importantes unités de R&D, accords de coopération de recherche, contrats de R&D avec des centres universitaires, etc.). Nous montrons que les théories de la firme innovante doivent être couplées à une compréhension des processus innovants locaux. Nous considérons les communautés (et en particulier les communautés de connaissance) comme les unités d'analyse pertinentes pour développer notre compréhension de l'organisation innovante et pour approfondir l'analyse des firmes comme une écologie complexe de communautés (communautés de spécialistes internes et intermédiaires) en lien avec l'environnement externe (au sein d'espaces et de lieux promoteurs et porteurs d'innovation).The following contribution aims to analyze the sources of creativity in a modern, highly innovative and “stylised” company that does not rely on traditional sources of innovation (large R&D units, research cooperative agreements, R&D contracts with university centres, etc.). We show that the theories of the innovative firm have to be coupled with the understanding of local innovative processes. We consider communities (and in particular knowing communities) as relevant units of analysis to tackle our understanding of the innovative organization and to further analyze firms as a complex ecology of communities (inside and in-between communities of specialists) within the external environment (in “spaces and places” fostering and supporting innovation).
- Dynamique des réseaux sociaux et stratégies d'encastrement social - Michel Ferrary p. 171-202 La sociologie économique et les sciences économiques convergent pour mettre en évidence le rôle des réseaux sociaux dans la coordination marchande des agents. Les liens sociaux interviennent dans la circulation de l'information, ils constituent un capital social pour les agents qui les détiennent et leur densité favorise l'émergence de normes sociales qui contribuent à la régulation des échanges économiques. L'origine de la structure des réseaux sociaux et leur dynamique restent peu explorées. Cet article fait l'hypothèse que la dynamique des réseaux sociaux relève de l'intentionnalité stratégique des agents qui saisissent les opportunités offertes par la structure du réseau mais qui vont également détourner des dispositifs institutionnels (contrats et organisations) pour accumuler intentionnellement du capital social. L'accumulation de capital social et l'encastrement entrainent l'émergence de normes sociales extra-économiques qui modifient la nature de la maximisation des agents pour y faire intervenir des dimensions sociologiques telles que le besoin d'appartenance à un groupe et le besoin de reconnaissance. À cet égard, l'analyse sociologique des réseaux sociaux se révèle complémentaire aux développements récents de l'économie comportementale (Benabou et Tirole, 2006).Economic sociology and economics converge to highlight the role of social networks in the market coordination of agents. Social ties are involved in the flow of information. They constitute social capital for agents who hold them. Their density promotes the emergence of social norms that contribute to the regulation of economic relationships. The origin of the structure of social networks and their dynamics remain unexplored. This article assumes that the dynamics of social networks is due to the intentionality of strategic agents who seize the opportunities offered by the network structure but will also divert institutional devices (contracts and organizations) to intentionally build social capital. The accumulation of social capital and the embedding process lead to the emergence of extra-economic social norms that change the nature of maximization by agents by involving sociological dimensions such as the need to belong to a group and need of recognition. In this regard, the sociological analysis of social networks complements recent developments in behavioral economics (Benabou and Tirole, 2006).
- « L'économie industrielle depuis 30 ans : réalisations et perspectives ». Innovation et espace ? des externalités aux réseaux - Corinne Autant-Bernard, Pascal Billand, Nadine Massard p. 203-236 Axés initialement sur la mesure de la dimension géographique des externalités de connaissances à des niveaux spatiaux agrégés, les travaux en économie géographique de l'innovation sont progressivement amenés à se tourner vers l'analyse des mécanismes sous-jacents à la diffusion de connaissances dans l'espace (capacité d'absorption, échanges en face à face, mobilités professionnelles…). La mise en évidence de ces mécanismes justifie à son tour les perspectives de recherche orientées vers la compréhension des comportements individuels de coopération en matière d'innovation. Ces comportements fondent en effet la dynamique des réseaux d'acteurs qui caractérise aujourd'hui les phénomènes d'innovation collective et qui cumule des dimensions locales et globales. Une meilleure compréhension des déterminants de la configuration spatiale de ces réseaux apparaît aujourd'hui essentielle à une bonne appréciation des rapports innovation-espace. Cet article se donne pour objectif de retracer la logique des recherches menées dans ce domaine ces dernières décennies.Leading on from the measurement of the geographical dimension of knowledge externalities at aggregated spatial levels, the works carried out in the economic geography of innovation have gradually turned towards the analysis of the mechanisms underlying the spatial diffusion of knowledge (absorption capacity, face-to-face exchanges, professional mobility). Bringing these mechanisms to the fore has justified new researches which have been directed at understanding individual behavioural patterns in terms of cooperation for innovation. Indeed, the dynamics of the networks of actors who nowadays characterise collective innovation phenomena and combine local and global dimensions is based upon such behaviour. Thus, it would appear that a better understanding of the factors determining the spatial configuration of these networks has become necessary in order to fully grasp the relationships between innovation and space. The objective of this article is to go back over the logic of the researches carried out in this field during the last decades.
- Technology and technology policy in the postwar UK : « market failure » or « network failure » ? - Nick von Tunzelmann p. 237-258 A la fin du 20ème siècle, au Royaume-Uni, l'intervention du gouvernement via la politique technologique était justifiée par des arguments relevant des défaillances du marché. Premièrement, cet article propose une analyse des évolutions technologiques qui montre que des défaillances ne relevant pas du marché, et de nature principalement systémique et dynamique, ont été une source plus fondamentale des échecs britanniques en matière technologique. Deuxièmement, une analyse des orientations de politique technologique suggère que des conceptions étroites de l'économie ont trop souvent entravé les bonnes intentions de réformer la politique de façon plus appropriée, et ont restreint le développement de toute capacité sérieuse d'apprentissage relatif aux politiques dans ce domaine. L'argumentation repose sur une application du modèle de capacités réseaux de Richardson-Sen au domaine gouvernemental/politique. Il s'ensuit une discussion sur l'apprentissage des politiques dans un contexte de défaut d'alignement des réseaux et d'échec de système sur le long terme de la politique technologique britannique, bien que des efforts encourageant le dépassement de ces problèmes sont apparus récemment. Le papier conclut que les défaillances de marché sont au mieux une simplification des problèmes auxquels se confronte la politique technologique Britannique dans ce domaine, et souvent une obstruction dans la façon de mettre en œuvre des politiques orientées réseaux plus constructives.The case for government intervention via technology policy in the UK in the later 20th century was typically justified by « market failure » arguments. In this paper I argue firstly that an analysis of technology trends indicates that non-market failures, mainly systemic and dynamic in nature, were a more basic source of British technological shortcomings. Secondly, an analysis of trends in technology policy suggests that narrowly economics-based views too often hampered good intentions to reform policy along more appropriate lines, and restricted development of any serious capabilities for « policy learning » in the field. The main line of argument represents an application of the Richardson-Sen model of capabilities and networking to the government/policy field. There follows a discussion of policy learning in a context of network misalignment and systemic failure over the longer term of British technology policy, although there have been more encouraging efforts to overcome some of these problems in recent times. The paper concludes that « market failure » is at best a gross simplification of the issues confronting British technology policy in this era, and often an obstruction in the way of applying more constructive network-oriented policies.
- Towards a framework for the evaluation of policies of cluster upgrading and innovation - Marco Bellandi, Annalisa Caloffi p. 259-276 Aujourd'hui, un nombre important et croissant de politiques de développement local et de modernisation incorporent directement l'idée d'innovation comme un processus systémique, encastré dans des contextes socioculturels et institutionnels spécifiques, et entremêlé à des challenges, opportunités et stratégies internationales. Ces politiques conduisent à de nouveaux challenges pour les activités d'analyse et d'évaluation : en dépit de la diffusion d'une approche systémique à la fois pour la théorie et les politiques d'innovation, un cadre d'analyse adéquat pour l'analyse et l'évaluation de ces politiques est loin d'être réalisé (Bellandi and Caloffi, 2010). Pour avancer dans cette perspective, on propose différents exemples dans le cadre de contextes précis, ceux des districts industriels (italiens en particulier), caractérisés par des clusters composés de PMEs confrontés à la globalisation contemporaine. Centré sur les politiques d'innovation visant à promouvoir la modernisation de districts et clusters confrontés à des filières et chaînes de valeurs internationales en mutation, cet article discute la signification des politiques industrielles quand une perspective systémique est considérée. Sur ces bases, des exemples aident à comprendre les caractéristiques des méthodes d'évaluation adéquates. Les aspects méthodologiques relatifs aux évaluations sont finalement discutés.In the current scenario, a large and growing number of policies for local development and cluster upgrading explicitly incorporate the idea of innovation as a systemic process, embedded in specific socio-cultural and institutional contexts and intermingled with international challenges, opportunities, and strategies. These policies bring new challenges to the activities of analysis and evaluation: despite the diffusion of a systemic approach both in innovation thinking and in innovation policies, a proper system-based framework for the analysis and evaluation of these policies is far from being achieved (Bellandi and Caloffi, 2010). Trying to advance our reflection on this field, we propose some exemplifications on a quite delimited set of contexts, i.e. those of industrial districts (Italian, in particular), characterized by SMEs clusters facing contemporary globalization challenges. Focusing on innovation policies aimed at supporting functional upgrading of districts and clusters soaked in changing international filières and value chains, the paper discusses the meaning of evaluation of industrial policies when a systemic perspective is considered. On such premises a couple of exemplifications are illustrated some features of appropriate evaluation methods. Finally, some methodological aspects concerning the design process of evaluation activities are discussed.
- Divergences transatlantiques en matière d'application de la théorie des facilités essentielles aux actifs immatériels - Frédéric Marty, Julien Pillot p. 277-300 Alors qu'à travers son jugement dans l'affaire Trinko la Cour suprême américaine réitère son rejet de la doctrine des facilités essentielles, la jurisprudence européenne semble opérer un glissement de son application depuis les infrastructures physiques vers les actifs intangibles. Ces deux visions diamétralement opposées répondent de deux conceptions différentes de la concurrence, qu'il s'agisse de l'importance accordée à la structure des marchés ou de l'analyse des incitations à l'innovation. À ce titre, l'affaire Microsoft constitue un exemple évocateur des divergences transatlantiques en matière de politiques de concurrence. Cet araticle expose les fondements des décisions prises par les autorités de concurrence européenne et américaine dans les affaires relatives à des refus de cession de licence et propose un éclairage à travers les doctrines économiques dominantes de part et d'autre de l'Atlantique.While the US Supreme Court, throughout its judgment in Trinko, rejects the essential facilities doctrine, in the European Union it is not only accepted but even extended to intangible assets. Two contradictory conceptions of competition prevail on either sides of the Atlantic, with regard to the importance of market structures and the question of incentives to innovate. As a pertinent illustration of these different conceptions of competition policies, the Microsoft case seems very eloquent. This article sets out the grounds of the US and EU antitrust authorities' decisions in regard to refusal to deal litigations. In this way, we will spotlight the dominant economic doctrines on both sides of the Atlantic.
- Economic Crisis and Industrial Policy - Patrizio Bianchi, Sandrine Labory p. 301-326 Dans cet article, nous discutons les implications de la crise financière pour la politique industrielle. Nous montrons qu'en dépit des discours officiels, la politique industrielle a continué d'exister pendant les années libérales, essentiellement les années 90, afin d'accompagner les changements structurels importants que les firmes devaient affronter. La crise a impliqué une intervention massive de l'Etat dans l'économie, pour fournir des liquidités et pour sauver certaines banques très endettées. L'intervention a été si forte que les débats regardent maintenant les stratégies de sortie de l'intervention directe. Ceci ne signifie pas, cependant, que la politique industrielle est entrée dans une nouvelle phase interventionniste. Nous soulignons dans l'article qu'en fait la crise risque de faire passer au second plan l'important débat sur la politique industrielle qui a eu lieu depuis le début des années 2000. Ce débat portait sur le rôle de la politique industrielle comme vision ou stratégie, comme programme de développement industriel de long-terme qui doit être appliqué avec un consensus politique. Nous soutenons que ce débat doit continuer après et au-delà de la crise.In this paper, we discuss the implications of the financial crisis for industrial policy. We show that despite official discourse, industrial policy has continued to exist during the liberal years of essentially the 1990s, in order to accompany important structural changes firms had to face. The crisis has implied a massive intervention in the economy, States pouring money into markets in order to provide liquidity and rescuing heavily indebted banks. Intervention has been so strong that now the discussion is about the « exit strategy ». This does not mean, however, that industrial policy has entered a new phase of return to direct intervention in markets. In fact, the risk of the crisis is that the important debate about industrial policy that started at the beginning of the years 2000 be put in the back stage. The debate prior to the crisis was on the role of industrial policy as a long-term programme, a vision of industrial development that has to be implemented through political consensus. This important debate must continue after and beyond the crisis.
- What I learned, as an economist, from managing a business - George B. Richardson p. 31-42
Évolution des publications en économie industrielle
- L'économie industrielle, telle qu'en elle-même : À la recherche de l'objet perdu ? - Jacques de Bandt p. 327-348 Me faisant l'avocat du diable, je voudrais parler de ce que je considère comme étant disons le grand échec ou la grande vanité de l'économie industrielle. Les économistes industriels sont restés, hélas, très loin de la compréhension des logiques de fonctionnement et dynamiques des systèmes productifs. Or entre-temps ces systèmes productifs, qui constituaient l'objet même de l'économie industrielle, ont été à ce point transformés qu'ils ont pour ainsi dire disparu. Dans une première partie, j‘ai essayé de montrer que nous n'avons pas vraiment réussi à appréhender les logiques et dynamiques en jeu dans nos systèmes industriels, pour des raisons tenant en particulier à nos relations au réel et à nos méthodes. Nous n'avons bien réussi ni à expliquer ni à prévoir. Mais ceci tient aussi –c'est l'objet de la seconde partie - au fait que les systèmes industriels ont été pris, et en fait coincés dans un tourbillon de transformations profondes auxquelles nous n'avons pas voulu ou su porter suffisamment d'attention. Tandis que (sauf exceptions bien entendu) nous continuions à nous occuper, comme si de rien n'était, des réalités stylisées d'avant, le système a en quelque sorte glissé entre nos doigts. C'est de moins en moins au niveau de l'industrie proprement dite que les choses se passent.This paper is about what is considered to be the failure of industrial economics. Industrial economists have generally been unwilling or unable to build a clear understanding of the logics and dynamics of industrial systems. As Industrial economists have attached much more importance to rather static, partial problems, their contributions to the way complex systems are evolving over time have remained rather poor. Industrial Economics is, whatever the reasons, very far from having succeeded in satisfying some basic epistemological requirements up to a satisfactory level and thus in building some comprehensive understanding of the way the industrial system function and perform. If you look at industrial economics as it has developed over the years and more so in recent years, you don't find any explicit acknowledgment or analytical integration of the major, inescapable fact that the world or the realities which are the subject matter of industrial economics have dramatically changed. While things have very fundamentally changed, this doesn't seem to have affected the way we raise the issues and solve the problems in industrial economics.
- Industrial Policy in Italy viewed through the journal L'Industria - Patrizio Bianchi, Sandrine Labory, Enzo Pontarollo p. 349-370 The aim of this paper is to review the articles published in the journal L'Industria over the last 30 years, focusing on issues related to industrial policy. Articles published in the journal have both analysed the characteristics of Italian industry and discussed industrial policy implications. Attention has never been exclusively turned to the Italian case: industry in other countries has been considered, not only in Europe but also elsewhere in the world, in Asia and America. Foreign cases are used as examples to follow or as analyses of partners of or markets for Italian firms. Regarding industrial policy, three phases can be identified in this review. The first 10 years (in the 1980s) discussed the « dirigiste » or « interventionist » type of industrial policy, whereby governments directly intervened in markets by command-and-control and by buying also producers. The second decade, that of the 1990s, saw the adoption of a new approach to industrial policy, whereby governments no longer directly intervene in markets but rather induce behaviour by appropriate incentives and, in terms of structural policy, provide the conditions for competitiveness. These phases correspond to the phases of industrial policy implemented in Italy and the EU. The 21st century starts with a new phase of industrial policy, that this paper tries to characterise by looking at the papers published in L'Industria. The main conclusion is that the new industrial policies are still in the process of being defined in the real world, perhaps waiting for industrial economists to provide guidance. Economists and policy-makers writing in the journal stress that in the current context new models have to be built and new solutions have to be suggested. We add that a number of issues has to be examined for solutions to be proposed.
- Économie industrielle et droit économique dans la Revue d'économie industrielle - Michel Rainelli p. 371-380 Cet article fait un bilan de la place occupée dans les 122 premiers numéros de la Revue d'Économie Industrielle par les contributions concernant les relations entre Économie industrielle et Droit économique, en particulier celles relatives à la politique de la concurrence.This paper studies how the 122 first issues of the Revue d'Économie Industrielle are concerned with the links between Industrial Economics and Law, especially in the yield of competition policy.
- Permanence et évolution dans la Revue d'économie Industrielle : trente ans de publications - Richard Arena, Cindy Navarro p. 381-401 L'objet de cette contribution est d'utiliser le support des contributions parues dans la Revue d'Économie Industrielle pendant trente années (1977-2007) pour offrir au lecteur un panorama de l'évolution en France de l'économie industrielle comme discipline durant la période considérée. Deux thèmes majeurs sont ici privilégiés : la différenciation des principaux domaines de recherche qui composent l'économie industrielle et la pluralité des approches théoriques qui ont été mobilisées par les auteurs des travaux recensés. Le résultat principal obtenu est que l'évolution des publications de la Revue reflète la diversification des approches théoriques qui se font aujourd'hui concurrence au sein de la discipline.The purpose of this contribution is to consider the set of contributions published in the Revue d'Économie Industrielle within the thirty years (1977-2007) in order to offer to the reader an overview of the evolution of industrial organization in France during the period. Two main themes are successively investigated: the variety of the main research areas which prevail in the field of industrial organization and the plurality of the theoretical approaches utilized by the contributors to the Revue. The main result of the paper is that the evolution of publications of the Revue reflects the diversity of the theoretical approaches which are to-day competing within the field of industrial organization.
- L'économie industrielle, telle qu'en elle-même : À la recherche de l'objet perdu ? - Jacques de Bandt p. 327-348