Contenu du sommaire : Varia 2010

Revue Revue française d'administration publique Mir@bel
Numéro no 135, 2010/3
Titre du numéro Varia 2010
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Les objectifs et les indicateurs de la LOLF, quatre ans après... - Jean-René Brunetière p. 477-495 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Un premier article du même auteur dans le no 117 de la RFAP consacré à la LOLF, en juin 2006, analysait un échantillon aléatoire de 32 indicateurs du Programme annuel de performance de la Loi de finances initiale 2006. Peu d'entre eux pouvaient être considérés comme satisfaisant au regard des principes énoncés lors de la mise en œuvre de la LOLF, la moitié d'entre eux pouvant même être regardés comme perturbateurs, voire dangereux pour l'action publique. En 2010, la vie de ces indicateurs (et la mort de quinze d'entre eux) au long de quatre exercices budgétaires, puis la comparaison avec deux exercices similaires (les Programmes de qualité et d'efficience des Projets de loi de financement de la sécurité sociale et les indicateurs de la Stratégie nationale du développement durable) permettent de tirer de nouvelles conclusions, plus éclairantes sur les conditions de réussite de ces exercices inspirés par la « nouvelle gestion publique ».
    – The objectives and indicators of the Constitutional Bylaw on Budget Acts (LOLF), four years on – In a previous article, published in the June 2006 issue (No. 117) of the Revue française d'administration publique, devoted to the Constitutional Bylaw on Budget Acts (LOLF), the author analysed a random sample of 32 of the indicators introduced in the Programme to assess the annual performance of the 2006 Budget Act. Few of these were considered satisfactory with regard to the principles stipulated when the LOLF was implemented, and half of them were seen as not relevant or even misleading in terms of public action. In 2010, an analysis of the continued use of these indicators (and the abandonment of 15 of them) over four budget periods, and a comparison with two similar exercises (the Quality and Efficiency Programmes introduced by the Social Security Finance Bills and the indicators of the National Sustainable Development Strategy) allow new conclusions to be drawn which shed further light on the pre-requisites for the success of these “new public management” exercises.
  • La donnée n'est pas un donné : Pour une analyse critique de l'évaluation chiffrée de la performance - Robert Salais p. 497-515 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La rhétorique de la performance a occulté les enjeux politiques, éthiques et normatifs des réformes de la gestion publique (LOLF, RGPP) relativement au rôle de l'État et à son action. Une dérive essentielle réside dans le fait que, du haut en bas, les acteurs sont incités, non plus à améliorer les résultats des politiques menées vis-à-vis de leurs objectifs fondamentaux, mais à accroître directement, par tous les moyens, leur score sur les indicateurs selon lesquels ils sont évalués. L'article rappelle que l'objectivité du chiffre repose sur des conventions de mesure et reste subordonnée à l'usage politique qui en est fait. Il met en lumière les problèmes soulevés : conciliation entre performance et justice sociale ; comparabilité ; normativité cachée (et donc non débattue) au sein des indicateurs ; risque de fabrication politique des chiffres. Un registre politique nouveau apparaît, celui de la représentation cognitive des situations, trop peu investi par la recherche.
    – Statistics do not stand alone : critical analysis of the quantitative assessment of public sector performance – Discourses about performance have hidden the political, ethical and normative stakes of public management reforms, with regard to the State's role and action. The basic problem is that actors from the top to the bottom are given incentives, not to achieve the fundamental objectives of public policies, but to directly improve, whatever the means employed, their scores along the performance indicators with which they are evaluated. The paper stresses that data objectivity relies upon measurement conventions that are not immune against political purposes. Questions are raised on : how to conciliate performance and social justice ; comparability issues ; norms imbedded in technical matters, hence without public debate ; political fabrication of data. Research should invest the emergence of a new political register, that of the cognitive representation of situations.
  • Contribution au débat sur la mesure de la performance de la gouvernance - Wouter Van Doren, Zsuzsanna Lonti p. 517-532 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Contrairement à d'autres secteurs de l'espace public comme la santé et l'éducation, il n'existe pas, pour l'administration publique, de tradition d'indicateurs comparatifs de performance. Ces outils manquent aussi bien aux scientifiques qu'aux dirigeants. Dans la présente étude, nous tenterons tout d'abord de démêler certains concepts. Nous proposerons ensuite quelques indicateurs permettant d'évaluer les performances pour la gestion des ressources humaines, les pratiques et procédures budgétaires et l'application des principes de transparence. Le but de cet article synthétique est de relancer le débat sur les indicateurs permettant de mesurer la performance de gouvernance. Nous estimons de cette manière contribuer à doter de bases plus solides les futures études comparatives des administrations publiques.
    – Contribution to the debate on measuring governance performance – Unlike other policy sectors such as education and health, public administration has no tradition of comparative performance indicators. From a scientific as well as a managerial point of view, this is a missed opportunity. This article first attempts to clarify certain conceptual issues and then proposes a number of potential indicators for human resources management, budgeting and open government – three dimensions of public governance. The aim of this summary article is to stimulate debate on indicators for measuring governance performance. It is hoped that this will help provide a more solid basis for future comparative studies of public administration.
  • Donner sens aux méthodes de modernisation de l'administration - Sylvie Trosa p. 533-548 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La politique de modernisation de l'administration a été marquée par la mise en place d'outils ou de méthodes telles que la démarche de qualité, le contrôle de gestion, l'évaluation... qui sont souvent présentées comme la solution à l'ensemble des problèmes de management de l'administration publique. Or une méthode devient stérile quand elle est une finalité en elle-même et qu'elle prétend à être applicable de manière universelle, car l'administration n'est pas une machine fermée sur elle-même mais ouverte et en lien avec le politique, la société, l'économie. Il est donc nécessaire de donner sens aux méthodes de modernisation de l'administration : non seulement de les mettre explicitement au service d'une finalité politique et sociale plus large que la seule recherche d'efficience, mais aussi de permettre aux cadres et personnels de s'en approprier réellement la signification. De la sorte, la méthode peut alors devenir une « démarche » au sens d'une culture de progrès partagé, clef de sa réussite.
    – Ensuring that methods for modernising the administration serve a real purpose – An important feature of modernisation policy has been the introduction of tools or methods such as quality, management control, evaluation and so on. These are often presented as the solution to all management problems in public administration. However, a method becomes unproductive when it is an end in itself and when it claims to be universally applicable. The administration is not a self-sufficient machine, closed on itself ; it is open and it has links with the political sphere, society, and the economy. It is necessary therefore to ensure that methods used for modernising the administration serve a real purpose : not only to put them explicitly at the service of a political and social goal that is broader than a basic efficiency drive, but also to actually enable managers and staff to buy into it. In this way, the method can become an “approach” in the sense of a shared culture of progress, and this is a key to its success.
  • La gouvernance des systèmes multi-organisationnels : L'exemple des services sanitaires et sociaux au Québec - Alain Dupuis, Luc Farinas p. 549-565 accès libre avec résumé
    –The governance of multi-organisational systems – The example of the health and social services system in Quebec – This article looks at the overall coordination of multi-organisational health and social services systems, and examines the specific case of Quebec. Written from the standpoint of organisational science and inspired mainly by Anglo-Saxon research, it analyses the hierarchical and formal “integration” of systems, which is a central principle in many structural reforms. This idea does not appear to have a great deal of support, and this article makes a critical analysis of it. It goes on to highlight some operational mechanisms based on mutual adjustment which serve to ensure the overall coordination of multi-organisational health and social services systems.
  • Le représentant territorial de l'Etat et le fait régional dans les Etats européens - Gérard Marcou p. 567-582 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'article aborde d'un point de vue de droit et d'administration comparés la question de la place et du rôle de l'administration régionale de l'État et de son responsable (le représentant territorial de l'État) au sein des évolutions que connaissent aussi bien les Etats centralisés que les Etats à autonomie régionale ou même les Etats fédéraux. Dans les États centralisés, il met en lumière la tendance que les États ont à privilégier leurs administrations au niveau régional au détriment de celles longtemps prépondérantes au niveau départemental (pour utiliser la terminologie française). Dans les États fédérés ou à autonomie régionale, il montre que les administrations de l'État au niveau régional, sans forcément disparaître, sont fortement redimensionnées et qu'elles n'existent pas auprès des niveaux infra régionaux ; c'est la collectivité régionale ou l'État régional qui organise ses propres représentations aux niveaux infra-régionaux. L'article analyse également comment les administrations de l'État au niveau régional et leurs responsables dialoguent avec les régions en tant que collectivités publiques ou États à autonomie régionale (et avec les collectivités infra-régionales) et participent au rapport qu'elles entretiennent avec l'Union européenne.
    – The State's regional representative and the regional dimension in European States – Based on a comparison of the different legal and administrative systems, this article addresses the question of the place and role of the State's regional administration and its representative, and looks at the changes that have taken place not only in centralised States but also in States in which there is regional autonomy or even have federal system. The article highlights the tendency, in centralised States, for the State to privilege its own regional level administration to the detriment of the administration at Department level (to use the French terminology) which had previously played a more dominant role. It shows that in federal States or States with autonomous regions, the State administrations at regional level, although they have not completely disappeared, have been significantly downsized. They do not exist at sub-regional level ; at this level, the regional authority or state organises its own representation. The article also looks at what form of dialogue exists between the State administrations and its representatives at regional level, and the regions as public authorities or regional State (and with the sub-regional authorities) and in what way the former participate in the latter's relations with the European Union.
  • Le nombre des fonctionnaires : le débat autour du fonctionnarisme (1877-1914) - Luc Rouban p. 583-599 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La question du nombre des fonctionnaires est un des grands thèmes de la vie politique française. Ce débat s'est organisé lors de l'instauration d'un régime républicain entre 1877 et 1914 et renaît désormais chaque fois que l'économie est en crise. L'analyse historique montre cependant que ce débat ne s'est pas appuyé sur des études financières ou économiques mais bien plutôt sur des prises de position intellectuelles et politiques. L'argument selon lequel il y a trop de fonctionnaires en France est apparu sans que l'on dispose des données nécessaires pour arriver à cette conclusion. La dénonciation du trop grand nombre de fonctionnaires a permis de développer une critique de la République mais aussi une analyse de la société française et notamment de la place des classes moyennes. Les fonctionnaires dérangent la classe politique, de droite comme de gauche, car leur nombre signifie l'instauration d'un État difficile à contrôler.
    – The number of civil servants : the debate on “fonctionnarisme” (1877-1914) – The question of the number of civil servants is a recurring theme in French political life. It is a debate that first arose with the introduction of a republican regime between 1877 and 1914, and regularly resurfaces with each economic crisis. However, an historical analysis shows that the debate is based not on any financial or economic research, but rather on academic and political positions. The argument that there were too many civil servants in France was put forward, without any of the necessary statistics required to reach such a conclusion. The claim that there were too many civil servants encouraged the development of a critical view of the Republic and an analysis of French society, in particular the place of the middle classes. Civil servants are a thorn in the side of the political class, right or left, because their number means the establishment of a State that is diffıcult to control.
  • Pour une sociologie législative du pouvoir des parlementaires en France - Marc Milet p. 601-618 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La faiblesse du parlement français sous le régime de la Cinquième République est considérée comme une réalité indépassable bien qu'elle n'ait cependant guère fait l'objet d'une évaluation rigoureuse, et que la sociologie de l'action publique et la sociologie législative, laquelle est encore faiblement développée en France, s'ignorent mutuellement et font du temps législatif un véritable trou noir au sein du processus de décision. L'article se propose de contribuer à remédier à cette carence en posant les jalons d'une méthodologie empirique de réévaluation de la capacité législative. Après avoir discuté la pertinence des modalités d'évaluation quantitative de la contribution des parlementaires à la fabrique de la loi, l'article présente l'apport d'une approche processuelle fondée sur le suivi par observation participante d'études de cas – en l'espèce la loi « Urbanisme et habitat » de 2003 –, dont les prémices ont été établis dans des recherches nord-américaines et qu'il s'agit de transposer au cas français afin de caractériser cette marge de manœuvre. Une telle démarche permet alors de vérifier l'hypothèse selon laquelle la capacité d'amendement des projets de lois gouvernementaux pour les députés se révèle plus grande sur des textes techniques qui offrent une plus faible potentialité de polarisation idéologique et donc de politisation.
    – Developing legislative sociology of the power of members of parliament in France – The weakness of the French parliament under the regime of the Fifth Republic is considered an impenetrable reality, despite the fact that it has not been the subject of any rigorous assessment and in the absence of any interaction between the sociology of public action and legislative sociology, still under-developed in France. Both these disciplines have moreover virtually ignored the question of the passage of legislation through parliament in the overall decision-making process. The article aims to help remedy this deficiency by preparing the ground for an empirical methodology for reassessing legislative capacity. After discussing the pertinence of methods for a quantitative assessment of MPs'contribution to lawmaking, the article presents a process-based approach which uses participatory observation of case studies, taking the example of the 2003 Planning and Environment Act. The premises of such an approach are established in North American research and are here transposed to a French example in order to characterise this room for manœuvre. This approach enables us to test the hypothesis that MPs'capacity to amend bills is greater in the case of technical texts, since these have less potential for ideological polarisation and politicisation.
  • Le point sur...

    • Comment réduire les lourdeurs bureaucratiques : l'application du modèle des coûts standards en Allemagne - Henrik Brinkmann, Tobias Ernst, Frank Frick, Alexander Koop, Henrik Riedel p. 619-642 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Réduire la bureaucratie est un sujet majeur dans l'agenda politique en Allemagne depuis la fin des années soixante. Après des décennies de mesures non systématiques et donc peu couronnées de succès, la Grande coalition rassemblant démocrates-chrétiens et sociaux-démocrates suit maintenant une success story néerlandaise pour réduire les charges administratives dans le secteur privé, en utilisant le « modèle des coûts standards » ou Standard Cost Model (SCM). Ce modèle permet de mesurer les charges administratives en euros et de les réduire systématiquement : « ce qui est mesuré est fait ». Mais quelle est la ratio de cette démarche ? Comment l'approche modèle des coûts standards peut-elle contribuer à une augmentation de la compétitivité des entreprises allemandes ? Quelles sont les phases d'une évaluation modèle des coûts standards et comment utiliser la méthode ex-post et ex-ante ? Est-il aussi possible de contrôler les charges administratives qui pèsent sur les citoyens et les agents publics ? L'article décrit la mise en œuvre du modèle des coûts standards en Allemagne et montre comment cette méthode peut s'adapter à une stratégie globale d'amélioration de la réglementation.
      – How to reduce bureaucratic burdens : using the standard cost model in Germany – Eliminating bureaucracy has been a major issue on Germany's political agenda since the end of the 1960s. After decades of non-systematic and thus less successful measures, the Grand Coalition of Christian and Social Democrats is now copying the successful Dutch approach to reducing administrative burdens in the private sector by using the Standard Cost Model (SCM). This model makes it possible to reduce administrative burdens systematically by measuring them in euros (“if you can measure it, you can cut it”). But how does this work ? How can the SCM approach help increase the competitiveness of German businesses ? What are the different SCM evaluation phases and how can ex-post and ex-ante methods be used ? Is it also possible to audit administrative burdens on citizens and public officials ? The article describes how the SCM has been applied in Germany and shows how this method can be adapted for use in an overall strategy for improving the regulatory environment.
    • Le régime juridique du conflit d'intérêts éléments comparés - Bernardo Giorgio Mattarella p. 643-654 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Étudiant la manière dont divers pays, et notamment l'Italie, tentent de résoudre les problèmes de conflit d'intérêts que peuvent être amenées à connaître les personnes exerçant des fonctions publiques, l'auteur propose une synthèse ainsi qu'une typologie des diverses conceptions et différents régimes juridiques pouvant exister en la matière. Il analyse ainsi successivement la question de la définition du conflit d'intérêts, celle du champ d'application des personnes concernées, celle des solutions choisies pour le prévenir ou le surmonter, et celle du contrôle et des sanctions mises en place.
      – Comparison of legal systems governing conflict of interest – By studying the way in which various countries, in particular Italy, attempt to solve conflict of interest problems that may be encountered by those holding public office, the author proposes a summary and a typology of the various conceptions and existing legal systems. He analyses the definition of the notion of conflict of interest, the field of application of those concerned, the solutions chosen to avert or overcome conflict of interest, and the control methods and penalties that have been introduced.
  • Chroniques