Contenu du sommaire : Pratiques transnationales - mobilité et territorialités
Revue | Revue Européenne des Migrations Internationales |
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Numéro | Vol. 24, no 2, 2008 |
Titre du numéro | Pratiques transnationales - mobilité et territorialités |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Transnationalisme des migrants en Europe : une preuve par les faits - Rosita Fibbi, Gianni D'Amato p. 7-22
- Marocains et Sénégalais de France : permanences et évolution des relations transnationales - Thomas Lacroix, Leyla Sall, Monika Salzbrunn p. 23-43 Cet article présente les pratiques transnationales marocaines et sénégalaises dans les sphères politiques, économiques et socioculturelles. En dépit du parallélisme historique des migrations marocaines et sénégalaises, l'étude souligne les différences de contenu qui distinguent les deux champs transnationaux. Par exemple, la confrérie sénégalaise mouride a produit un double dispositif transnational spirituel et économique. Parmi les Marocains, le religieux est un champ de tensions politiques sur lequel s'exerce le contrôle de l'État marocain. Mais plus qu'un simple catalogue, les auteurs mettent à jour les invariants et les voies d'évolution du transnationalisme. L'ancienneté des migrations marocaines et sénégalaises en France est un facteur de diversification des relations transnationales. Les mécanismes d'intégration, les nouvelles générations, les nouveaux profils socioprofessionnels, mais aussi l'évolution des sociétés d'accueil et d'origine, ont profondément marqué les pratiques qui sont de nature de plus en plus ouvertes sur les groupes extracommunautaires.
- Les pratiques transnationales des immigrés chinois et marocains de Belgique - Marco Martiniello, Hassan Bousetta p. 45-66 Cet article s'intéresse aux pratiques économiques, socio-culturelles et politiques transnationales des immigrés marocains et chinois en Belgique. L'objectif central consiste à identifier les caractéristiques et tendances principales des activités menées par ces groupes par-delà les frontières étatiques de leur pays de résidence, de leur pays d'origine et/ou éventuellement d'un pays tiers. Cette contribution s'appuie sur une recherche de terrain et tente d'établir quelques constats comparatifs entre ces deux groupes relativement contrastés. L'article vise ensuite à établir les bases d'une discussion sur la notion de transnationalisme. Les auteurs cherchent à étayer l'idée selon laquelle les conditions structurelles de l'environnement économique, socio-culturel et politique revêtent une importance première par rapport aux variables ethno-culturelles dans l'explication de l'émergence, du maintien et de la reproduction des réseaux transnationaux de ces acteurs issus de l'immigration.
- Some sociological Bases of transnational Practices in Italy - Michael Eve p. 67-90 Les différents groupes de migrants montrent des niveaux de transnationalisme très variables. Si on refuse le « nationalisme méthodologique » il semble nécessaire d'enquêter aussi sur des cas « négatifs » qui devraient faire la lumière sur les conditions nécessaires pour maintenir des unités stables à travers les frontières. L'article s'appuie sur des entretiens avec des migrants roumains et marocains en Italie pour explorer les raisons des niveaux modestes du transnationalisme politique et économique. On compare avec d'autres groupes où certaines pratiques sont plus développées. L'article soutient qu'il faut être plus attentif aux racines spécifiquement sociologiques des pratiques. On discute la logique qui soutient le modèle de mobilité circulaire des Roumains qui travaillent dans le bâtiment, l'agriculture et l'aide à domicile.
- Turkish Migrant Associations in Germany: Between Integration Pressure and Transnational Linkages - Anna Amelina, Thomas Faist p. 91-120 Contrairement à l'affirmation selon laquelle les activités transnationales des organisations migrantes sont surtout déterminées par les cadres institutionnels, cet article part du principe que les pratiques des organisations transnationales des migrants sont aussi marquées par la façon dont ces organisations articulent leur orientation transnationale avec l'impératif de l'intégration. Par conséquent cet article poursuit la question de savoir comment des organisations migrantes orientées de façon transnationale gèrent la pression à l'intégration. Cette problématique a été développée à partir des associations et organisations religieuses, politiques et économiques turques en Allemagne. L'hypothèse est que l'intégration est un champ discursif et complexe, dans lequel les associations migrantes représentent un porte-parole spécifique. Malgré le fait que toutes les associations examinées ont participé aux débats sur l'intégration, il a été constaté qu'elles gèrent de manière très différente cette pression à l'intégration. Les associations religieuses, notamment sunnites, ont des difficultés avec la représentation publique de leur attachement transnational, en raison du terrorisme. Par contre, les associations politiques et économiques peuvent communiquer publiquement leur orientation transnationale et la mettre en avant. En même temps, ces associations relient leurs exigences d'égalité des droits des migrants à leurs liens transnationaux. Ainsi, bien que les associations migrantes turques aient un accès restreint aux processus de définitions sociales, les associations politiques et économiques en particulier, réussissent à interpréter l'impératif de l'intégration de façon nouvelle. Par conséquent elles se positionnent dans la discussion de l'intégration en tant qu'acteurs et elles occupent une double position sociale, en représentant dans la société d'immigration allemande l'« altérité » et en même temps les « non- étrangers ».
- The Shadow of Homeland Politics: Understanding the Evolution of the Turkish Radical Left in the Netherlands - Liza M. Nell p. 121-145 Cet article examine l'évolution des liens transnationaux des organisations migrantes avec les partis politiques de la gauche radicale aux Pays-Bas depuis les années soixante-dix. Il montre la diversité des trajectoires des organisations migrantes orientées de manière transnationale : certaines perdent leur caractère radical contrairement à d'autres qui le maintiennent. Nombre de facteurs déterminent, selon la littérature, l'engagement politique transnational : les raisons à l'origine de la migration, la structure des opportunités politiques dans le pays de résidence et dans le pays d'origine et la durée de séjour des migrants. Toutefois ces facteurs ne permettent guère d'expliquer la diversité des trajectoires, puisqu'ils concernent de la même manière toute la gauche turque et, dès lors, ne peuvent rendre compte des différences à l'intérieur de ce courant politique. Les raisons de ces changements sont à chercher ailleurs. L'analyse montre que les organisations migrantes ne deviennent des véritables organisations de migrants que lorsque leur organisation parallèle au pays d'origine a pris une option politique qui ne rend plus nécessaire un soutien de l'étranger. Au lieu de considérer que les opportunités politiques du pays d'origine concernent tous les groupes, l'on doit s'interroger sur la manière, dont certains groupes, appartenant parfois au même courant politique, sont inclus ou exclus de la participation politique dans le pays d'origine. Enfin l'article montre que contrairement à une opinion largement partagée, il n'y a guère d'indications selon lesquelles un intérêt soutenu dans le devenir politique du pays d'origine est un frein à l'intégration politique et constitue une menace pour la démocratie aux Pays-Bas.
Notes de recherche
- Pratiques transnationales des Capverdiens au Portugal et des Portugais en Suisse - José Carlos Marques, Pedro Góis p. 147-165
- Le transnationalisme en action : le cas des Turcs en Suisse - Bülent Kaya, Simone Baglioni p. 167-191
Hors dossier
- Nouadhibou « ville de transit » ? : Le rapport d'une ville à ses étrangers dans le contexte des politiques de contrôle des frontières de l'Europe - Jocelyne Streiff-Fénart, Philippe Poutignat p. 193-217 On se propose dans cet article de montrer comment, dans le contexte de l'exacerbation des pressions à la fermeture des frontières exercées par les institutions européennes, la qualification de la ville portuaire de Nouadhibou (Mauritanie) comme ville de transit vient mettre à l'épreuve l'image et le sens de l'urbanité propre à cette ville. Les composantes de cette image sont d'abord précisées : son caractère de ville industrielle, en contraste avec les valeurs de la citadinité maure, et de ville commerciale inscrite dans des circuits d'échange globaux mais longtemps isolée du reste du territoire mauritanien. La présence dans la ville des étrangers originaires de la sous-région était jusqu'ici intégrée à cette image, comme une sorte de confirmation supplémentaire de la valorisation de l'esprit d'entreprise. Jusqu'à une date récente, les migrations de transit des « aventuriers » en quête d'un passage vers l'Europe ont pu s'articuler aux différents types de circulation présents dans la ville sans que soit altéré ce fond de représentations partagées. Les mesures mises en place dans le cadre de la politique de surveillance des frontières sont venues néanmoins polariser ce système migratoire fluide sur son dernier segment, en ciblant la catégorie d'émigrant clandestin ou illégal dans un contexte où rien ne différenciait jusque-là ce dernier de l'immigré, nullement clandestin ou illégal. Elles tendent à créer des catégories distinctives d'immigrés (réguliers, permanents, de passage), là où précisément le système migratoire local produisait l'indistinction. Comme toute politique migratoire, la politique de contrôle des frontières de l'Europe implique pour sa mise en oeuvre tout un travail de légitimation des actions entreprises, qui les rende compréhensibles et acceptables par les opinions publiques des pays concernés. L'approche monographique développée dans l'article conduit à considérer que ce travail de légitimation est corrélatif d'un procès en illégitimité des migrants eux-mêmes et de leur présence dans la ville, illégitimité que ces mots (« transit », « clandestin », etc.) viennent précisément souligner.
- Nouadhibou « ville de transit » ? : Le rapport d'une ville à ses étrangers dans le contexte des politiques de contrôle des frontières de l'Europe - Jocelyne Streiff-Fénart, Philippe Poutignat p. 193-217
Notes de lecture
- RASAMOELINA Henri, Madagascar. État, communautés villageoises et banditisme rural : Paris, L'Harmattan, 2007, 250 p., ISBN : 978-2-296-03873-3 - Gilles Ferréol p. 219-220
- SANTELLI Emmanuelle, Grandir en banlieue. Parcours et devenir de jeunes Français d'origine maghrébine : Paris, CIEMI, Collection Planète Migrations, 2007, pp. 300. ISBN : 978-2-916827-00-1 - Julie Garnier p. 220-222