Contenu du sommaire : Varia

Revue Cahiers d'études africaines Mir@bel
Numéro no 176, 2004
Titre du numéro Varia
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Morgues et prise en charge de la mort au Sud-Bénin - Joël Noret p. 745-767 accès libre avec résumé
    Cet article s'efforce de saisir les transformations de la prise en charge de la mort liées à l'apparition et au développement de morgues dans les zones urbanisées de plusieurs parties de l'Afrique subsaharienne. Redistribution du travail funéraire, allongement potentiel de l'intervalle entre le décès et l'enterrement, modifications éventuelles des rituels familiaux : la morgue s'impose comme une institution centrale lorsque l'on cherche à comprendre certains changements des pratiques funéraires au Sud-Bénin et, plus largement, dans les régions d'Afrique subsaharienne qui connaissent des évolutions comparables à ce niveau. D'autres aspects du phénomène, comme ceux qui montrent l'intégration partielle de la morgue à l'ordre rituel des funérailles, ou qui font de celle-ci un lieu central d'expression de l'idéologie funéraire, sont également abordés.
  • Eldridge Mohammadou - Claude-Hélène Perrot, Thierno Bah p. 741-744 accès libre
  • The Critical Reception of Modern African Poetry - Oyeniyi Okunoye p. 769-791 accès libre avec résumé
    La réception critique de la poésie africaine moderne. Cet article analyse la production de savoir critique dans les études consacrées à la littérature africaine, et plus particulièrement à la poésie africaine moderne. Nous nous pencherons sur les principaux paradigmes et méthodes, en explorant les différentes possibilités qui permettent de lire la tradition. La poésie africaine moderne dans cet article fait référence à la poésie africaine telle qu'elle est reçue dans les langues européennes ? anglais, français et portugais ? mais, pour des raisons pratiques, l'objet d'étude de cet article se limitera à la poésie africaine francophone dans sa traduction anglaise. Nous mettrons en relief les efforts significatifs mis en oeuvre par les critiques africains et non africains pour définir la tradition de la poésie africaine moderne. De ce fait, la notion de réception critique dans cette étude est tellement large qu'elle accommode des pratiques aussi diverses que l'élaboration de canons, la formulation de critères critiques et la construction d'une géographie littéraire africaine.
  • La littérature orale comme production coloniale : Notes sur quelques enjeux postcoloniaux - Kasereka Kavwahirehi p. 793-813 accès libre avec résumé
    Cet article part du contexte colonial d'invention ou production de la littérature orale grâce à des transcriptions en langues africaines « normalisées » par les agents de l'entreprise de conversion culturelle, ou des traductions en langues européennes, pour savoir comment approcher ces corps de textes transcrits ou traduits en contexte postcolonial. L'on envisage la nécessité d'une approche dé-constructrice : il s'agit précisément d'une ré-écriture ou re-traduction de ces textes pour y inscrire l'hétérogénéité combattue par l'essentialisme du discours colonial. Ainsi d'une herméneutique monotopique enracinée dans la seule tradition occidentale du discours sur les mythes ou les épopées, on passerait à une herméneutique pluritopique adaptée à un objet qui est lui-même hétérologique, lieu de négociation ou de conflit entre plusieurs traditions.
  • Les poètes-musiciens éthiopiens (azmari) et leurs constructions identitaires : Des marginaux qui aspirent à la normalité - Anne Bolay p. 815-839 accès libre avec résumé
    Les azmari sont des musiciens professionnels des hauts plateaux éthiopiens. Ils circulent généralement seuls ou en couple, accompagnant leur voix d'un instrument monocorde, le masinqo. Cet article tente de cerner les fondements de l'identité azmari et ses procédés d'élaboration. À l'aide d'enquêtes généalogiques, d'interviews et de divers types de littératures orales concernant les azmari, il montre comment, malgré une ouverture possible du groupe à la société civile, celui-ci reste fermé et très fortement lié. Phénomène qui semble pourtant en contradiction avec le discours que tiennent les azmari sur eux-mêmes et le statut qu'ils revendiquent dans la société éthiopienne : dépositaires d'un instrument divin, le masinqo, leurs paroles s'en trouvent valorisées, protégées et les propulsent au coeur même de la société des hauts-plateaux.
  • Politique et démocratie au Togo : 1993-1998 : de l'espoir à la désillusion - Alain Macé p. 841-885 accès libre avec résumé
    De 1993 à 1998, le général-président E. G. Eyadéma expérimente de nouvelles techniques de pouvoir ayant pour objectif manifeste son maintien au sommet de l'État togolais. Bien qu'exerçant l'une et l'autre des pressions constantes, ni la population ni la communauté internationale ne parviennent à infléchir de manière définitive une situation née en 1967. Pareil immobilisme suggère, d'une part, d'examiner la méthode de la présidence et, d'autre part, de rechercher une expression de la politique au niveau du peuple. À travers cet exemple en tout point singulier, il s'agit de s'interroger sur ce que désigne la démocratie au sens le plus large du terme. Ici, l'enquête doit tenir compte d'un paramètre essentiel : le jeu auquel se livrent l'autorité et une écrasante majorité de la population avec les schémas ancestraux. Malgré l'intervention de divers membres de la communauté internationale afin d'influer sur le politique, il semblerait que le bras de fer risque de durer quelque temps encore si l'on en juge par la réélection du général-président le 1er juin 2003.
  • Baghayogho: A Soninke Muslim Diaspora in the Mande World - Andreas W. Massing p. 887-922 accès libre avec résumé
    Baghayogho, une diaspora soninké dans le monde mandé. Cet article retrace le rôle et l'implication d'une seule famille ? dont les membres se réclament les derniers des Wangara aujourd'hui ? dans la réformation de l'islam suite au pèlerinage du roi Askia Mohammed et dans l'introduction de la loi islamique aux villes maliennes du XVIIe. Aussi semble-t-il que la « mission » auprès des chefferies des zones aurifères des régions forestières ? dans des zones aussi diverses que le Gabu, le Konyan de la Guinée, le Worodougou, les royaumes mossi et dagomba ? est basée sur un dessin conscient de la part de la dynastie songhay et de ses conseillers musulmans de convertir, à partir d'une famille de savants de Tombouctou, les animistes du Sud à un islam qui abandonne les traditions maraboutiques de la première vague de l'islamisation, et fondée sur les anciennes connections commerciales des Wangara avec les zones de production d'or et de kola. Le mythe du pèlerinage de savants de plusieurs dyamou ? tous d'origine soninké ? indique que chaque famille de savants a choisi une « aire de mission » et celle des Baghayogho s'est concentrée sur les axes fluviaux le long du Bani et de la Volta pour réformer l'islam chez des peuples aussi divers que les Bambara (païens), les Senoufo, les Mossi, et les Dagomba. Des recherches restent à faire afin d'établir les liens concrets entre les fondateurs des branches dans la diaspora avec la branche principale à Tombouctou.
  • Les musées africains en ligne. Du public local au public mondial - Roberta Cafuri p. 923-936 accès libre avec résumé
    Ce travail est une réflexion autour des représentations des cultures africaines et du nouveau rapport entre musée et visiteurs sortant de la visite d'un musée virtuel. Le scénario multimédia possède, en effet, une structure particulière : tout en ne remplaçant pas le parcours dans l'espace-musée ou le contact physique avec les objets, le musée en ligne donne cependant naissance à différents modèles de visite virtuelle : par imitation, par immersion, par substitution et par analogie. Ces types de remodelage de l'espace muséal s'inscrivent dans le processus par lequel les individus et les groupes sociaux organisent et modifient les espaces où ils vivent. Ce faisant, ils transforment les hiérarchies et les frontières qui les séparent et qui les structurent en distances, articulations et connexions. Tout comme le territoire, internet et les sites web des musées africains sont le scénario d'une politique de l'espace qui non seulement oppose des intérêts économiques, mais négocie aussi des réseaux de solidarité interethniques ou rend évidente l'exclusion raciale.
  • Analyses et comptes rendus - p. 937-985 accès libre