Contenu du sommaire : Présider l'Union européenne
Revue | Politique européenne |
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Numéro | no 35, décembre 2011 |
Titre du numéro | Présider l'Union européenne |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- La présidence du Conseil : sociologie d'une institution de l'Union européenne - Michel Mangenot p. 7-28 Alors que le Conseil a longtemps été considéré comme un simple organe inter-étatique au sein du système politique européen, sa présidence a fait l'objet d'une opposition assez vaine entre l'école de la responsabilité sans pouvoir et celle de l'opportunité de maximisation des intérêts nationaux. Dans le cadre de la thèse de la communautarisation de la présidence, cet article introductif entend considérer cette fonction comme une institution en tant que telle, même si celle-ci n'en a pas le statut d'un point de vue formel. Elle forme un véritable système de gouvernement permettant de s'interroger sur l'incarnation, la rotation, la délégation et le temps du pouvoir. Cet article présente, enfin, les articles qui composent ce numéro thématique développant une nouvelle sociologie historique et politique du travail présidentiel, replacée dans l'espace des relations interinstitutionnelles et des concurrences entre institutions européennes et plus seulement entre Bruxelles et les capitales.The Council Presidency : sociology of an European Union institution. While the Council has long been considered as a simple interstate body within the European political system, its Presidency has been studied either in terms of « responsibility without power » or as an opportunity for pursuing national interests, an opposition that has proven rather ineffective. Under the thesis of the Europeanization of the Presidency, this introductory paper analyses the function as an institution as such, even though formally it does not have that status. Progressively institutionalised since its modest inception in 1952, it has since the 1980s acted as a system of government in its own right, which raises questions about the incarnation, rotation, delegation and temporality of power. Lastly, this introduction presents the papers that make up this thematic issue, which develop a new historical and political sociology of the Presidential office, placed in the space of the inter-institutional relations and competitions between European institutions, and no longer only between Brussels and the capitals.
- The Reform of the Council Presidency: paving the way for a new synergy with the European Commission? - Ana Mar Fernández Pasarín p. 29-54 Les jalons de la convergence institutionnelle ? La réforme de la présidence du Conseil et ses conséquences sur les relations avec la Commission. La réforme de la présidence exerce une influence sur la dialectique du pouvoir entre la présidence du Conseil et la Commission. Depuis la fin des années 1990, plusieurs innovations majeures ont été introduites dans le système de rotation afin d'améliorer la continuité des travaux du Conseil. Ces réformes telles que la mise en place d'équipes présidentielles ou de présidences stables impliquent une rupture par rapport au profil « national » traditionnel de la présidence. Le but de cet article consiste à retracer ce processus de conversion institutionnelle et à attirer l'attention sur la façon dont il semble affecter les relations avec la Commission. L'hypothèse consiste à soutenir que la réforme du système présidentiel pose les jalons d'un nouveau type de relations avec la Commission. Celui-ci se caractérise par le développement d'une dynamique inter-institutionnelle marquée par la coopération plutôt que la conflictualité.The reform of the presidential system exerts an influence over the dialectic of power between the Council Presidency and the Commission. Since the late 1990s, several key innovations have been introduced to the rotating system in order to improve the continuity of the Council's work. These functional changes such as the new stable, team and super partes presidencies involve a break from the traditional “national profile” of the Presidency. The aim of this article is to analyse this process of institutional conversion and to explore how it seems to affect the relationship with the Commission. The hypothesis rests on the idea that the reform of the presidential system, and in particular the increasing tendency towards communitarisation that it sets in motion, is an intervening variable for the development of co-operative rather than conflictive inter-institutional dynamics.
- L'institutionnalisation de la présidence du Conseil européen : entre dépendance institutionnelle et inflexions franco-allemandes - Yann-Sven Rittelmeyer p. 55-82 Apparue de manière pragmatique, la présidence du Conseil européen a été la composante la plus visible de la présidence tournante jusqu'à l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne. L'analyse de cette fonction met en évidence sa longue dépendance par rapport à l'exercice semestriel. L'institutionnalisation de la présidence du Conseil européen a avant tout été marquée par deux périodes d'inflexion au cours desquelles les comportements des acteurs, notamment les dirigeants français et allemands, ont façonné un rôle présidentiel dissocié de la présidence tournante. L'apparition de ce rôle supranational a induit une tension identitaire accrue dans la mesure où il était investi par des dirigeants nationaux. Par ailleurs, le caractère secondaire de la formalisation juridique par rapport aux réflexions et codifications des acteurs est clairement souligné par cette construction institutionnelle.The Institutionalization of the European Council Presidency : Institutional Dependence and Franco-German Inflections. Following its pragmatic emergence in the EU political landscape, the Presidency of the European Council was the most visible part of the rotating Presidency until the entry into force of the Lisbon Treaty. An in-depth analysis of this function shows its long dependency on the half-year exercise. The Institutionalization of the Presidency of the European Council was primarily marked by two periods of inflection during which the behaviours of the actors, especially French and German leaders, have tailored a presidential role dissociated from the rotating presidency. The emergence of this supranational role has led to heightened tensions over questions of identity, due to its exercise by national leaders. Moreover, the secondary nature of its legal formalization as regards reflections and codifications by the actors themselves is clearly underlined by this institutional construction.
- Sous l'emprise de la présidence : Déplacements structurels, construction des intérêts et stratégies des diplomates au Conseil - Yves Buchet de Neuilly p. 83-113 L'accès à la présidence de l'Union européenne est généralement perçu comme l'opportunité pour un État membre d'occuper le devant de la scène et de faire progresser son agenda. Mais cette approche stato-centrée, homogénéisante, et qui naturalise les intérêts nationaux, ne permet pas de saisir le véritable impact de ce déplacement dans la structure des jeux européens. Les ressources que procure ce statut, mais aussi ses contraintes, modifient la position relative des représentants de l'État, leurs options, leurs aspirations et leurs stratégies. Ce déplacement structurel n'opère pas pour tous les représentants d'un même état (ici la France en 2008) dans une même direction. L'investissement différentiel du rôle de présidence est d'abord tributaire des équilibres, des dynamiques et des arrangements propres à chaque secteur de l'action publique européenne.Under the hold of EU Presidency. Diplomat's structural move, reconstruction of interests and strategies. The access to EU Presidency is usually seen as an opportunity for a member state to put forward his own agenda. But in fact, we cannot understand the effects of EU presidency with such stato-centric, homogenizing approach, which naturalize state's interests. The resources given by this status, and its constraints, change the relative position of Member State's representatives, their options, expectations and strategies. The impact of this structural move is not the same for all representatives of a single Member State (here, the case of France in 2008). The differential holding of the Presidency role depends first on the balances of power, the dynamics and institutions of each field of EU public policy.
- Préparer une présidence : logiques domestiques et transferts de pratiques - Véronique Charléty p. 115-138 La présidence du Conseil, comme opportunité politique est souvent saisie par les États membres pour valoriser le savoir-faire administratif du pays et se traduit par un effort démonstratif tant aux plans national qu'international. Afin de préparer de telles échéances, chaque État membre développe un plan de formation, parfois pluriannuel. Ces plans ont pour premier objectif de renforcer les connaissances et savoir-faire des administrations par un transfert de bonnes pratiques. Ils ont également pour finalité de faire émerger une culture administrative commune. La complexité des missions qui incombent à l'État membre exerçant la présidence du Conseil justifie cet effort de formation et de transfert de pratiques. Elle justifie également l'utilisation de ce « moment présidentiel » comme un outil de légitimation vis-à-vis des opinions publiques nationale et européenne.How to prepare for Presidency ? National Strategy and transfer of Practices. Even after the Lisbon Treaty, the rotating Presidency of the Council is still considered as a political opportunity to be seized by member states as a tool to prove their level of European integration in terms of administrative capacity and efficiency. As a result, the member state concerned by this exercise often makes a demonstrative effort at both national and international levels. With a view to better preparing for Presidency, member states often choose to implement targeted training programs, and sometimes a 3-months to one-year intensive training program. The main objective of these programs is usually to strengthen the administrative capacity of the officials in charge of European affairs by transferring know-how and good practices. Another overall purpose of these programs is to bring to the foreground a common administrative culture. The complexity of the missions incumbent upon the member state exercising the presidency, justifies this effort in training and transfer of expertise. It also makes the use of this « Presidency momentum » as an instrument of legitimization in relation to national and European public opinion.
- The Presidency in EU External Relations: Who is at the helm? - Sophie Vanhoonacker, Karolina Pomorska, Heidi Maurer p. 139-164 La présidence dans les relations extérieures de l'Union européenne : qui est à la barre ? Le traité de Lisbonne change fondamentalement la présidence dans les relations extérieures de l'Union européenne. Dans le domaine de la politique étrangère et de sécurité commune, un nouveau Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (HR) remplace la présidence tournante. Mais d'autres domaines des relations extérieures restent sous l‘autorité de la présidence tournante. Cet article examine tout d'abord le développement historique de la présidence dans les relations extérieures. Dans le cadre de l'objectif spécifique de ce numéro thématique, cet article met particulièrement l'accent sur la position de la présidence vis-à-vis des autres acteurs institutionnels. Par ailleurs, il examine la situation après Lisbonne. La double casquette du Haut représentant affecte radicalement les relations interinstitutionnelles. Si le poste de Haut représentant paraît apporter une plus grande continuité et renforcer le leadership, il n'en soulève pas moins de nouveaux défis en termes de coordination : non seulement au sein du Conseil et entre les diverses institutions, mais aussi entre les différents domaines des relations extérieures.The Lisbon Treaty considerably alters the presidency in EU external relations. In the Common Foreign and Security Policy the rotating chair is replaced by the long-term chairmanship of the High Representative of the Union for Foreign Affairs and Security Policy (HR), while other areas of EU external relations remain with the rotating presidency. This contribution first examines the historical development of the Presidency in EU external relations. In line with the focus of this special issue it pays special attention to the position of the Presidency vis-à-vis other institutional players. Secondly, it examines the post-Lisbon situation. The double hat of the HR as chair of the Foreign Affairs Council and Vice President of the European Commission radically affects inter-institutional relations. While the HR may bring more continuity and leadership, the position also raises new coordination challenges : not only within the Council and amongst various institutions, but also amongst different dimensions of EU external relations.
Varia
- La réponse des autorités nationales à l'européanisation de l'accès aux soins de santé : une approche interactionniste fondée sur les « usages de l'Europe » - Alban Davesne p. 165-195 Suite à la jurisprudence Kohll et Decker sur la libre circulation des patients, les réponses des autorités nationales à l'européanisation de l'accès aux soins ont seulement été analysées à l'aune du niveau de congruence entre institutions nationales et règles européennes. L'étude comparée des réactions des autorités suédoises et françaises aux développements européens en matière de soins transfrontaliers montre les limites d'une telle approche et la nécessité d'adopter une perspective interactionniste pour retracer les processus de mise en œuvre et de négociation des règles de mobilité européennes. Ainsi, il apparaît que ce sont d'abord les usages politiques qui déterminent les stratégies différenciées des autorités nationales.National authorities responding to the Europeanization of health care access : an interactionist approach built on the “usages of Europe”. We only have a patchy knowledge about how national authorities responded to the Europeanization of health care access, following the Kohll and Decker rulings on cross-border patient mobility. National responses have often been portrayed as being related to the level of misfit between national institutions and European law. A comparative study of how Swedish and French authorities reacted to cross-border health care developments shows that a more interactionist approach is needed. This paper therefore retraces the processes of implementation and engagement in European policy-making, showing that domestic usages matter the most in the different making of the French and Swedish EU health policies.
- La réponse des autorités nationales à l'européanisation de l'accès aux soins de santé : une approche interactionniste fondée sur les « usages de l'Europe » - Alban Davesne p. 165-195
Chantiers de recherche
Lectures critiques
- European Stories: Intellectual Debates on Europe in National Contexts - Florence Delmotte p. 205-212