Contenu du sommaire : Perspectives économiques 2011-2012
Revue | Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) |
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Numéro | no 119, octobre 2011 |
Titre du numéro | Perspectives économiques 2011-2012 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Partage du risque interrégional : Une étude des canaux budgétaires et financiers aux États-Unis et en Europe - Mickaël Clévenot, Vincent Duwicquet p. 5-33 Le risk-sharing doit permettre d'amortir des chocs asymétriques au sein d'une zone monétaire. Trois canaux d'ajustement peuvent jouer : les transferts publics, les crédits, et les revenus financiers entre les régions/pays. La littérature souligne la faiblesse actuelle de ce mécanisme en Europe, tandis qu'elle tend généralement à lui prêter un rôle majeur aux États-Unis. Dans ce travail, nous montrons que pour les États-Unis le canal financier est généralement surestimé. Le manque de données adéquates conduit à attribuer à tort les phénomènes induits à l'existence d'une zone monétaire optimale. Nous reproduisons les travaux au niveau européen où les données sont plus précises en montrant que l'impact du canal d'ajustement financier est réduit. Finalement, ces résultats conduisent à réévaluer le rôle du budget fédéral.
Perspectives 2011-2012
- Retour en enfer ? : Perspectives 2011-2012 pour l'économie mondiale - p. 35-79 L'économie mondiale se relève avec difficultés du traumatisme de la récession de 2008/2009. Bien sûr, les plans de relance et les stabilisateurs automatiques ont évité l'enclenchement d'un processus dépressif comme dans les années 1930 et les plans de soutien au secteur financier ont empêché les faillites bancaires en cascade et l'anéantissement du système financier. Mais la mobilisation de l'ensemble des moyens de la politique économique, conventionnels et non conventionnels, a conduit à la socialisation de dettes privées insoutenables, a laissé les budgets des États lourdement déficitaires et accru les dettes publiques dans des proportions importantes. Dans cette situation, les États européens s'alarment d'une possible dégradation de leur note souveraine. Les menaces de défaut gagnent certains grands pays de la zone euro en plus de la Grèce et les primes de risque pour les pays déjà en en difficulté montent en flèche. Les politiques économiques prennent donc le tournant de la rigueur en Europe pour tenter de redresser les finances publiques, au risque de faire replonger les économies dans la récession si les objectifs annoncés par les gouvernements étaient tenus coûte que coûte.
- Zone euro : déni de réalité : Perspectives 2011-2012 pour l'économie européenne - p. 81-124 Après un début d'année 2011 placé sous les meilleurs auspices, le dynamisme de la demande interne européenne s'est essoufflé au deuxième trimestre, où la croissance n'a pas dépassé 0,2 %. Ce tassement s'explique par le recul de la consommation des ménages, sous l'effet d'un regain d'inflation, et par la progressive mise en oeuvre de politiques d'austérité généralisées, qui se sont globalement traduites par une baisse de 0,2 % des dépenses publiques au deuxième trimestre. Alors que certains pays avaient encore pu bénéficier en 2010 de politiques budgétaires expansionnistes (Allemagne, Finlande, Autriche), l'orientation pour le début d'année 2011 a été clairement restrictive dans tous les pays. En effet, non seulement les pays fragilisés (Grèce, Irlande, Portugal) ont lancé de vastes plans de consolidation budgétaire dès 2010, pour bénéficier des plans de sauvetage conditionnels de l'Union européenne et du FMI, mais en outre, par crainte d'une contagion de la hausse du coût du refinancement et pour satisfaire aux exigences du Traité de Maastricht, l'ensemble de la zone euro mène aujourd'hui une politique budgétaire axée sur la réduction des déficits. Nous excluons de notre scénario l'hypothèse d'un défaut de la Grèce ou d'une sortie de la Grèce de la zone euro, et privilégions celle d'une consolidation budgétaire entravant la croissance mais ne débouchant pas sur une récession. Sous l'effet de l'austérité de restriction budgétaire généralisée, le ralentissement de la croissance dans la zone euro se poursuivrait fin 2011 et en 2012. Les plans d'ajustement se répercuteraient d'abord sur les dépenses de consommation publique dont la croissance serait nulle au cours des quatre prochains trimestres, mais également sur la consommation des ménages dont la croissance annuelle ne serait que de 0,6 % en 2011 et 0,5 % en 2012. Enfin, le ralentissement généralisé de la demande intérieure et des importations réduirait la demande adressée à chaque pays de la zone euro et donc in fine leurs exportations.
- France : austérité consolidée : Perspectives 2011-2012 pour l'économie française - p. 125-194 En moyenne annuelle, l'économie française devrait croître de 1,6 % en 2011 et de 0,8 % en 2012. Cette performance est particulièrement médiocre et très éloignée du cheminement normal d'une économie en sortie de crise. Trois ans après le début de la crise, le potentiel de rebond de l'économie française est important : il correspondrait à une croissance spontanée moyenne de près de 3,8 % l'an au cours des années 2011 et 2012, permettant de rattraper, 5 ans après le début de la crise, l'écart de production accumulé. Mais cette reprise spontanée va être freinée principalement par la mise en place de plans d'économies budgétaires en France et dans l'ensemble de ses pays partenaires européens. Cette stratégie de consolidation budgétaire, imposée par la Commission européenne face à la forte dégradation des finances publiques au cours de la crise, devrait amputer de près de 2 points de PIB l'activité en France au cours des années 2011 et 2012. Un second choc, lié à l'envolée des prix des matières premières, limitera le rebond de croissance : absorbé principalement par les ménages, ce choc inflationniste pèsera sur leur pouvoir d'achat et limitera leurs dépenses. Ce mécanisme, également à l'oeuvre dans les autres pays occidentaux provoquera un ralentissement de leur économie et donc de leur demande adressée à la France. Au total et en cumulé, le choc inflationniste coûtera 1,3 point de croissance à l'économie française au cours de la période 2011-2012. En s'établissant à un rythme éloigné de son potentiel, la croissance attendue accentuera le retard de production accumulé depuis 2008 et continuera à dégrader la situation sur le marché du travail. Le taux de chômage augmenterait régulièrement au cours des six prochains trimestres, pour s'établir à 9,3 % fin 2011 et à 9,7 % fin 2012, après 9,1 % au deuxième trimestre 2010. Par ailleurs, le gain budgétaire attendu par le gouvernement de la mise en place de la stratégie de consolidation ? objectif de déficit des APU à 4,5 % de PIB en 2012 ? sera en partie rogné par le manque à gagner du côté des recettes fiscales en lien avec cette faible croissance. Le déficit des administrations publiques devrait s'établir respectivement à 5,8 % du PIB et 5,2 % en 2011 et 2012, après 7,1 % en 2010, portant la dette publique à 85,6 % du PIB en 2011 et à 89 % en 2012, contre 82,3 % en 2010.
- Fiche thématique et Fiches pays - p. 195-221
- Retour en enfer ? : Perspectives 2011-2012 pour l'économie mondiale - p. 35-79
Études spéciales
- Politiques monétaires : l'histoire sans fin - p. 223-246 Les banques centrales sont toujours confrontées au problème de la trappe à liquidité qui freine la transmission de la politique monétaire à l'ensemble des marchés financiers. Malgré les doutes subsistant sur l'efficacité des actions prises jusqu'ici, de nouvelles mesures ont été annoncées en septembre et en octobre 2011. Au sein de la zone euro, la recrudescence des tensions sur les marchés interbancaires de la zone euro ont poussé la BCE à renouveler les opérations exceptionnelles de refinancement à long terme et à lancer un second programme d'achats d'obligations sécurisées. Ces annonces font notamment suite à celle de la Banque d'Angleterre le même jour prévoyant une nouvelle vague d'achats d'obligations publiques pour un montant de 75 milliards de livres sterling. Quant à la Réserve fédérale, elle a maintenu son engagement de laisser le taux directeur entre 0 et 0,25 % au moins jusqu'en milieu d'année 2013. À travers l'opération twist, la Réserve fédérale prévoit également de modifier la structure en augmentant la maturité des titres publics qu'elle détient. Enfin, la Banque du Japon continue également poursuit ses achats de titres publics. Ces décisions marqueraient également la volonté de la Banque d'Angleterre, de la Réserve fédérale et de la Banque du Japon de continuer à faire pression sur les conditions de financement à long terme. Or, l'évolution des taux d'intérêt à long terme conditionne l'efficacité de la politique budgétaire, en réduisant d'une part les effets d'éviction financière et en assurant la soutenabilité des trajectoires de dette publique qui dépend crucialement de l'écart entre le taux de croissance du PIB et le taux d'intérêt. De fait, ces mesures d'assouplissement quantitatives mises en oeuvre aux États-Unis et au Japon accompagnent la mise en oeuvre de nouveaux plans de relance budgétaire et garantissent ainsi une meilleure coordination des politiques économiques. Si le gouvernement britannique a fait le choix d'une forte restriction budgétaire, il bénéficierait cependant des actions entreprises par la Banque d'Angleterre pour atténuer l'impact récessif des plans d'austérité. Comparativement à ses homologues, la zone euro disposerait alors de marges de manoeuvre à la fois en termes de baisse des taux d'intérêt mais également afin d'améliorer la coordination entre politiques monétaire et budgétaire. La BCE pourrait renforcer et élargir sa politique d'achats de titre pour faire pression à son tour sur les taux longs. En intervenant sur les marchés pour acheter des titres grecs ou italiens, la BCE a avant tout cherché à préserver la stabilité financière eu égard à la forte exposition du système bancaire européen sur les titres de dette souveraine et à assurer, dans l'attente d'une solution pérenne, la viabilité de la zone euro. La BCE pourrait donc à l'image des autres banques centrales amplifier sa politique d'achat de titres afin de peser plus largement sur les taux d'intérêt publics à long terme de l'ensemble de la zone euro.
- La multiplication de la rigueur : The multiplication of austerity - p. 247-279 En 2011, l'ensemble des pays développés a mis en oeuvre des plans d'austérité budgétaire pour réduire les déficits publics et limiter l'accroissement du taux d'endettement. Indépendamment des mesures adoptées, le respect des engagements pris par les autorités nationales est étroitement lié au contexte économique. Vouloir réduire les déficits alors que la reprise de l'activité est fragile pourrait s'avérer douloureux. D'après la littérature, une politique budgétaire a un impact d'autant plus fort sur l'activité que la politique monétaire et le taux de change ne peuvent pas jouer leur rôle d'amortisseur et que l'écart entre la production effective et la production potentielle est négatif. Malgré la baisse de la croissance potentielle pendant la crise, les écarts de production sont toujours largement négatifs, indépendamment de la méthodologie utilisée. À l'effet restrictif de la politique budgétaire nationale, s'ajoute l'impact de l'austérité chez les partenaires commerciaux. Sous des hypothèses de multiplicateurs nationaux compris entre 0,6 et 0,9 point, le multiplicateur total est compris entre 0,8 et 1,3 point une fois la restriction des partenaires prise en compte. De ce fait, la plupart des pays européens ne pourront pas respecter leur engagement de réduction du déficit car le coup de frein sur la croissance limitera l'amélioration attendue. Pour que les gouvernements atteignent coûte que coûte leur objectif, ils devraient durcir une politique budgétaire déjà pro-cyclique, au risque de faire basculer leur économie dans la récession. Or, si des mesures de restriction supplémentaires peuvent se justifier à moyen terme pour réduire le ratio dette publique/PIB, à court terme ce n'est pas le cas : avec les impulsions prévues, la plupart des pays de la zone euro devraient stabiliser ce ratio au plus tard en 2013. Hors effet conjoncturel, la dette publique est donc soutenable dans la zone euro.
- Les perspectives économiques en débat - p. 291-304
- Politiques monétaires : l'histoire sans fin - p. 223-246