Contenu du sommaire : Villes secondaires d'Afrique
Revue | Villes en parallèle |
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Numéro | no 22, décembre 1995 |
Titre du numéro | Villes secondaires d'Afrique |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
La petite ville
- La petite ville : initiation ou illusion d'urbanité ? - Guy Burgel p. 11 Étudiées dans le tiers monde ou les pays développés, les villes secondaires présentent toujours un certain nombre d'invariants. Mais les observateurs apparaissent partagés entre l'analyse de leurs faiblesses (étroites se du marché économique et des sociabilités) et la valorisation de leurs forces (meilleure résistance du corps social aux crises collectives et individuelles). Cette ambivalence renvoie en fait au débat entre égalitarisme territorial, où globalement l'efficacité des villes est liée à leur taille, et l'équité, où chaque cité peut reprendre sa place dans l'apprentissage du profit matériel et de la citoyenneté politique.Studied in the third world or in the developed countries, the secondary towns always display a certain number of invariants. But observers seem divided between the analysis of their weaknesses (narrowness of the economic market and sociabilities) and the valorization of their forces (greater resistance of the social body to collective and individual crises). This ambivalence refers to the debate between territorial egalitarianism, where globally the town's efficiency is linked to their size, and the equity, where each city can regain its place in apprenticeship of material profit and political citizenship.
- Développement et autonomie des villes secondaires dans le tiers monde - Jean-Claude Barbier, Bernard Delpech, Frédéric Giraut p. 17 Dans la plupart des pays du tiers monde, la macrocéphalie des armatures urbaines au profit des capitales d'État, en général ports et métropoles économiques, occulte très souvent les villes secondaires. C'est notamment le cas en Afrique, alors que ce continent est riche d'anciennes cités marchandes, de villes-terroirs, de petites capitales ethniques, de marchés au point de contact de régions économiques contrastées, de localités frontalières, du semis de plus en plus dense des petits centres administratifs, d'agglomérations nouvelles liées à l'économie de traite ou situées au centre de gravité de zones de colonisation agricole, à proximité de complexes industriels où à la périphérie de grandes métropoles. Quel sera le destin de ces localités, dans un contexte mondial de plus en plus déterminant, dominé par une forte métropolisation ? Disposent-elles d'une suffisante autonomie dans un espace-monde qui s'uniformise rapidement au bénéfice des mégapoles ? Et ne faudrait-il pas que les élites locales sachent en valoriser les atouts pour mieux entrer dans la compétition interurbaine ? Ne sont-elles pas, en définitive, le seul moyen d'empêcher l'exode rural de se déverser dans le tout petit nombre des très grandes villes ? Villes en Parallèle ouvre le dossier de la capacité des villes secondaires d'Afrique à survivre, à jouer un rôle moteur dans un développement économique à l'interface du rural et de l'urbain.In most third world countries, the macro-cephaly of the urban framework to the profit of the state capitals, in general economic metropolises and ports, very often obscures the secondary towns. This is especially so in Africa, a continent rich in trading towns, rural towns, small ethnic capitals, markets at the contact points of contrasting economic regions, frontier localities, the ever increasing number of small asministrative centers, new agglomerations linked to the trading economy or located at the center of gravity of agricultural colonization zones, near to industrial complexes, or on the periphery of large metropolises. What will the destiny of these localities be, in a more and more determining world context, dominated by high metropolization ? Do they have sufficient autonomy in a world-space that rapidly becomes uniorm to the benefit of the megapolises ? Would not the local elite need to know how to valorize the advantages to participate better in interurban competition ? Finally, are they not the only means of preventing the rural exodus from pouring into the very few large towns ? Villes en Parallèle opens the file on the capacity of African secondary towns to survive, to play a driving role in economic development at the interface o the rural and the urban.
- La petite ville : initiation ou illusion d'urbanité ? - Guy Burgel p. 11
Villes secondaires et urbanisation mondiale
- Villes secondaires et métropoles du tiers monde - François Moriconi-Ebrard p. 39 À partir des données comparables et exhaustives sur les agglomérations de 10 000 habitants et plus réunies dans la base de données GÉOPOLIS couvrant le monde entier, cet article propose un point sur la situation générale de la croissance urbaine dans le tiers monde de 1950 à 1990. Les chiffres relatifs à cette zone sont confrontés avec les processus observés dans les pays développés et une catégorie de «villes secondaires», définies sur un continuum de distribution statistique, est confrontée à celle des «grandes villes». La notion de hiérarchie urbaine n'en apparaît que plus fondamentale et, avec elle, la nécessité de lier la croissance des villes à celle des systèmes urbains de différentes échelles auxquels elles appartiennent.Using the GÉOPOLIS harmonized world database on all urban agglomerations having at least 10,000 inhabitants, this paper considers the situation of the urbanization at the beginning of the 1990s, after 40 years of a dramatic growth. Data concerning the developing countries are compared to those of the developed zone. By using the rank size model, and eliminating metropolitan cities in the following analyses, it is possible to define a category of «second order» towns. Linked to the concept of urban system, the concept of urban hierarchy appears like a basic notion which needs to be taken in account in the studies of urban growth.
- La petite ville face au procès de mégapolisation - Philippe Haeringer p. 59 I1 n'est pas suffisant d'opposer la petite ville à la grande ville, ou la ville secondaire à la ville capitale. À s'en tenir à cette distinction hiérarchique, on risque de limiter la comparaison à une opposition de taille, de fonction et de bien-être. Et de renvoyer dos à dos les amoureux de la vie provinciale et ceux de la vie métropolitaine. Il n'est malheureusement plus temps d'opter pour les vertus de la sous-préfecture et de se convaincre que «small is beautiful». L'ensemble de la planète est entré dans un processus de "mégapolisation" et toutes les agglomérations, grandes ou petites, sont embarquées dans cette tourmente. Cela veut dire qu'une conception de la ville s'éloigne et qu'une nouvelle réalité citadine arrive. C'est dans ce contexte qu'il faut analyser la situation des petits centres urbains, y compris ceux d'une Afrique en panne de développement et dont la ruralité fait encore illusion.It is not sufficient to compare the small town with the large, nor the secondary town with the capital. Keeping to this hierarchic distinction, there is a danger of limiting the comparison to only size, function and well-being. And to set lovers of provincial life and those of metropolitan life against each other. Unfortunately, it is too late to opt for the virtues of the sub-prefecture and to convince oneself that «small is beautiful». The whole planet is involved in a «mégapolisation» process, and all agglomerations, big and small, are caught up in this torment. This means that the idea of the town is disappearing, and that a new urban reality is on its way. It is within this context that the situation of the small urban centres must be analysed, including those of an Africa where development has stopped and rurality is still an illusion.
- Villes secondaires et métropoles du tiers monde - François Moriconi-Ebrard p. 39
Trois approches pour une question
- Gestion municipale sous tutelle au Cameroun - Bakulay Briltey p. 69 Après une présentation de la législation relative aux institutions municipales, l'auteur analyse leurs conditions réelles de fonctionnement. Il s'attache à dégager les relations entre le pouvoir administratif et le pouvoir municipal, concluant à la nécessité pour l'Etat d'accorder une plus grande autonomie aux collectivités territoriales.After a presentation on the legislation concerning municipal institutions, the author analyzes their true operating conditions . He endeavors to show the relationships between the administrative power and the municipal power, concluding in the necessity for the State to grant wider autonomy to municipalities.
- Organisations communautaires et institutions traditionnelles dans la gestion des villes secondaires en Afrique sub-saharienne - Corinne Rocher p. 87
- Petites et moyennes villes d'Afrique noire : autonomie des problématiques ? - Monique Bertrand p. 107 Depuis une dizaine d'années, l'analyse des petites et moyennes villes d'Afrique noire intègre des questionnements pluridisciplinaires plus denses. Toutefois, les villes dites secondaires ou intermédiaires restent fortement liées aux problématiques régionalistes et développementalistes. En ce sens, elles se sont vues plaquer des slogans et expertises souvent extérieurs à leurs contradictions propres. Elles orchestrent, aujourd'hui, la dérive des interprétations du développement extraverti, puis autocentré, vers de nouveaux modèles gestionnaires. Les dynamiques démographiques et économiques endogènes marquent pourtant un réel apprentissage «par le bas» du fait urbain africain ; une dialectique de ruptures, de seuils et de continuités — du rural à l'urbain, des petites aux moyennes villes — l'articulation des échelles d'espace et de temps dans lesquelles se construisent des stratégies sociales et institutionnelles de plus en plus variées, telles sont les quelques pistes qui peuvent désormais consacrer une lecture transversale, en termes de processus, de ces localités.Over the last ten years or so, analysis of the small and medium sized towns in black Africa involves deeper multi-disciplinary questioning. Nevertheless, the so-called secondary or intermediate towns remain strongly connected to regionalist and developmentalist problematics. In this respect, they were attributed labels and expertise often alien to their own contradictions. They organise, today, the shift in interpreta¬ tions of extrovert, then auto-centred development, towards new management models. The endogenous demographic and economic dynamics mark, however, real apprenticeship «from the bottom up» of African urban reality : a dialectic of ruptures, thresholds and continuities — from rural to urban, from small to middle sized towns — bending the space and time scales in which are built up more and more varied social and institutional strategies, these are some of the themes which now constitute a synopsis, in terms of process, for these places.
- Gestion municipale sous tutelle au Cameroun - Bakulay Briltey p. 69
Des villes à la conquête de l'autonomie
- Dadja ou l'usine aux champs : industrialisation et émergence du fait urbain au Togo - Yves Marguerat p. 131 Une usine implantée en rase campagne suffit-elle à créer une ville ? L'exemple du complexe textile de Dadja — 150 km au nord de Lomé, 1 500 ouvriers en 1980, venus de tout le Togo — montre que le village a fortement grandi en surface et en population — jusqu'à 7 000 habitants — , et l'habitat nettement progressé en qualité. Mais la population ouvrière ne s'est pas enracinée à Dadja : elle n'y fait que ses achats les plus quotidiens, elle cultive elle-même une bonne partie de son alimentation, elle réexpédie au village d'origine ses économies et ses investissements. Il n'y a donc accumulation sur place ni de population stable, ni de capitaux, ni de fonctions urbaines. Dadja n'est plus un village et n'est pas devenu une ville mais un troisième type d'établissement humain : un «camp».Is the simple establishment of a factory in a rural area sufficient to create a city ? The example of the textile plant of Dadja (150 km north of Lomé ; with 1 500 workers, deriving from all parts of Togo) shows that the little village has strongly grown (up to a population of 7 000 inhabitants), and the buildings have improved qualitatively like-wise. But this population is not deeply rooted in Dadja : the labourers of the factory do only their daily shoppings here ; they grow large quantities of food for themselves and send all their savings back to there home-town, and even invest there. Therefore, urbanity doesn't exist at Dadja neither with regards to a stable population, nor to the accumulation of capital, nor the development of urban functions. Dadja isn't anymore a village, and isn't yet a city, but represents a third type of human settlement, namely the «camp».
- Les villes "nouvelles" d'Egypte : la conquête du désert entre le mythe et la réalité - Galila El Kadi, Magdi Rabie p. 159 En 1979, une loi créa en Égypte 17 «villes nouvelles», prévues pour abriter une population de 6 145 000 habitants. Toutes ces nouvelles agglomérations devaient être obligatoirement situées en zone désertique. Ce choix est justifié par la nécessité de décongestionner le Delta et la Vallée, de préserver les terres agricoles contre l'urbanisation et de désengorger la capitale. Ce projet vise, à long terme, au rééquilibrage de la répartition de la population et des activités sur l'ensemble du territoire national. La politique des villes nouvelles, inéluctable dans un pays où 94 % de la population et des activités sont concentrées sur moins de 4 % du territoire, s'est soldée, pour l'instant, par un semi-échec : le peuplement des villes nouvelles demeure largement au-dessous des prévisions alors que les zones d'emploi se remplissent convenablement. À travers l'analyse des politiques d'aménagement du territoire élaborées au cours des vingt dernières années, les auteurs s'interrogent sur la pertinence du choix des villes nouvelles comme unique outil d'aménagement.In 1979 a law was passed creating 17 «new towns» in Egypt, designed to house a population of 6,145,000 inhabitants ; all of these new agglomerations had to be located in desert regions. This choice is justified by the necessity of decongesting the Delta and the Valley, preserving the agricultural land from urbanisation, and unblocking the capital. The project planned, in the long term, to re-balance the distribution of population and activities throughout the national territory. The policy of the new towns, inescapable in a country where 94% of the population and activities are concentrated in less than 4% of the territory, has ended, for the moment, in stalemate : populating the «new towns» remains well under the forecasts, whilst the work zones are filling up correctly. Through analysis of the territorial development policies made over the last twenty years, we must ask ourselves whether the new towns are a pertinent choice as a tool for planning.
- Six-Octobre : ville secondaire ou banlieue du Caire ? - Bénédicte Florin p. 179 Une enquête directe auprès des habitants de la ville nouvelle de Six-Octobre a permis de reconstituer quelques-unes des trajectoires qui ont conduit les migrants à résider dans un espace urbain implanté ex nihilo en site désertique. L'analyse des pratiques résidentielles, en particulier celle de la circulation entre les lieux, révèle l'ampleur des liens entre la ville nouvelle et la métropole, ainsi que le décalage qui sépare les politiques d'aménagement des comportements individuels et collectifs.An enquiry amongst the inhabitants of the new town of October-Sixth was used to reconstitute some of the residential trajectories which lead the migrants to live in an urban space implanted ex nihilo in a desert site. Analysis of residential practices, in particular that of circulation between places, reveals the amplitude of the connections between the new town and the metropolis, as well as the shift which separates the planning policies from the behaviour of individuals and groups.
- Dadja ou l'usine aux champs : industrialisation et émergence du fait urbain au Togo - Yves Marguerat p. 131
Convergences et déterminismes
- Entre rural et urbain dans les milieux de plantation ouest-africains - Bernard Delpech p. 201 En Afrique de l'Ouest, s'est développée une arboriculture d'exportation — cacao et café — pratiquée dans le cadre de petites exploitations villageoises. Si les revenus sont en majeure partie absorbés par les besoins familiaux, l'accès au numéraire stimule l'esprit d'entreprise de certains cultivateurs à la recherche d'un niveau de vie meilleur. Tirant parti de la proximité urbaine et des solidarités traditionnelles, ils tentent de multiplier leurs sources de profits. Ils y parviennent parfois au point que les bénéfices tirés de la plantation ne représentent plus qu'un complément à ceux réalisés en ville. Lorsqu'ils ont réussi à consolider leur assise économique, ces «planteurs-citadins» reportent leurs profits en milieu rural, sous forme d'opérations visant à la valorisation de leurs succès selon les modèles coutumiers. Ces dynamismes témoignent du rôle que jouent, au niveau local, les centres urbains qui parsèment les régions de plantation d'Afrique de l'Ouest. Souvent présentés comme de simples relais migratoires vers les grandes villes, ils constituent aussi des points de mire de réussite pour de modestes agriculteurs. Domiciles alternatifs en prolongement du village, ils permettent à ceux-ci de développer des stratégies d'ascension sociale.Export arboriculture — cocoa and coffee — has developed in West Africa, carried out in small village farms. Whilst revenues are mostly absorbed by family needs, using money has stimulated the spirit of enterprise in some fanners searching for a better standard of living. Making the most of urban proximity and traditional solidarity, they attempt to multiply their sources of profit — sometimes managing so well that the profits from the plantation become only a complement to the profits made in town. Once the financial base is consolidated, these "town planters" reinvest their profit in rural areas as operations aiming to improve their success along customary models. These dynamisms bear witness to the role played, at a local level, by the urban centres which are scattered in the West-African plantation regions. Often presented as simple migratory relays towards the big towns, they are also the cynosures for these small farmers. Alternative dwellings, an extension of the village, they allow them to develop strategies for social climbing.
- Les petites villes du Sahel : un système social à l'épreuve des crises régionales - Frédéric Giraut p. 215 Les petites villes se multiplient dans le Sahel comme dans l'ensemble de l'Afrique noire. Si nombre d'entre elles font office de refuges lors des crises écologiques et politiques, leurs origines, leurs fonctions, leurs dynamiques et leurs formes sont variées. Néanmoins, les monographies qui leurs sont consacrées et les travaux de l'auteur au Niger montrent qu'il existe un système social commun à ces petites villes. Trois sphères y cohabitent : -les nouveaux venus à la recherche d'un centre intermédiaire accueillant, -les agents étrangers du changement vers l'urbain, -les autochtones marginalisés ou réagissant aux mutations. Ces traits relèvent d'un modèle général élaboré par l'auteur à l'échelle de l'Afrique de l'Ouest.The number of small towns in Sahel, as all of Black Africa, has increased considerably over the last few years. Whilst many serve as a refuge during times of ecological and political crisis, their origins, functions, dynamics and aspects are varied. However, monographs written on this subject, and our research work in the Niger demonstrate the existence of a social system common to these small towns. Three spheres cohabit : -the immigrants, searching for an intermediate situation, -the outside agents responsible for changes towards urbanity, -the autochtonous, pushed out of the system, or meeting the changes.
- Entre rural et urbain dans les milieux de plantation ouest-africains - Bernard Delpech p. 201