Contenu du sommaire : Marxisme et géographie urbaine

La lecture des textes de Marx et Engels sur la ville apporte de bonnes surprises. La description, le classement et l'explication des processus d'urbanisation sont présents, en bonne place, dans de nombreuses œuvres. Ce n'est toutefois pas un concept unique qui est mis en œuvre, mais plusieurs, et en position secondaire dans le système explicatif marxien. Aujourd'hui, la réalité des sociétés et les urgences théoriques ont changé : il est temps d'aller jusqu'au bout dans la critique du «politisme», qui a consisté à assujétir l'héritage de Marx à des projets et à des pratiques politiques et à contester ainsi aux sciences sociales leur autonomie. On peut en revanche trouver dans les textes fondateurs du marxisme une base solide pour une axiomatique de l'ensemble des sciences sociales. Commencent alors les approches disciplinaires : pour la géographie urbaine, le concept, élargi, de production peut être croisé avec la notion spatiale de centralité. Il devient possible d'explorer les différentes expressions réelles et possibles de l'urbanité et, plus généralement, les choix spatiaux qu'une société en mouvement réalise. Par l'option du systémique, particulièrement propice au développement culturel, qu'elle représente, la ville offre un modèle de société très actuel. C'est donc aussi en faisant preuve de vigilance face aux idéologies anti-urbaines que l'on peut construire un concept proprement géographique de ville.

L'analyse de l'essai que P. George publie en 1952 révêle l'attachement de l'auteur à des pistes méthdologiques dérivées du marxisme, qu'il s'agisse de la référence à l'économie politique, à l'analyse historique ou au concept de totalité. Des causes d'ordre politique et théorique, parmi lesquelles figure l'héritage du pos-sibilisme vidalien, s'ajoute à des obstacles épistémologiques pour expliquer l'abandon de ces pistes que géographes et sociologues ont réemment retrouvées.