Contenu du sommaire : Sociologie des combattants
Revue | Pôle Sud |
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Numéro | no 36, 2012/1 |
Titre du numéro | Sociologie des combattants |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Thema
- Sociologie des combattants - François Buton, Laurent Gayer p. 5-8
- Pourquoi les normaliens sont-ils morts en masse en 1914-1918 ? Une explication structurale - Nicolas Mariot p. 9-30 L'École Normale Supérieure de la rue d'Ulm est toujours mentionnée quand il s'agit de résumer les ravages de la Grande Guerre : l'institution incarne l'engagement des intellectuels au feu. L'article propose une interprétation des taux de mortalité de l'École qui permette de comprendre pourquoi ce sont d'abord les élèves en cours de scolarité (promotions 1910-1913) qui sont massivement touchés. Plutôt que de faire reposer l'interprétation sur la seule hypothèse du sacrifice consenti, il avance des arguments explicatifs relevant de l'histoire de l'École dans l'immédiat avant-guerre, notamment l'institution d'une préparation militaire après la réforme du service de 1905, la concurrence avec l'École Polytechnique pour conserver les meilleurs étudiants du concours scientifique, enfin l'engagement obligé des normaliens dans l'infanterie.
- Une « génération du feu » ? : Perspectives de recherche sur les appelés de la guerre d'Algérie - François Buton p. 31-48 L'article dégage des perspectives de recherche sur les appelés de la guerre d'Algérie à partir d'une discussion de l'historiographie existante et d'un inventaire des sources disponibles. Il interroge l'évidence de l'idée de la « génération des appelés » et la force du facteur générationnel dans l'historiographie, et propose plusieurs pistes alternatives pour une enquête socio-historique sur les appelés, en insistant tout particulièrement sur l'intérêt d'une biographie collective des soldats ayant publié leur témoignage de l'expérience de guerre.
- Liberation and containment: The Ambivalent Empowerment of Sikh Female fighters - Laurent Gayer p. 49-65 De 1984 à 1995, l'Etat indien du Pendjab s'est trouvé confronté à une insurrection séparatiste à coloration religieuse, animée par des groupes armés sikhs. Si la majorité de ces combattants irréguliers étaient des hommes, quelques centaines de femmes ont également participé à cet épisode de lutte armée. Et si la plupart de ces recrues féminines se sont trouvées cantonnées à un soutien en seconde ligne (renseignement, transport d'armes et de messages ...), une minorité d'entre elles ont tenu un rôle de combattante active, participant, voire planifiant des opérations contre des cibles civiles ou policières. De surcroît, toutes ces recrues ont été formées au maniement des armes et confrontées à l'épreuve du feu, à l'occasion d'accrochages avec les forces de sécurité. Cette contribution retrace les parcours de vie d'une dizaine de ces ex-« combattantes », en s'intéressant à la généalogie familiale de leur engagement politique, à leurs socialisations primaire et secondaire, à leur expérience concrète de la clandestinité et de la lutte armée puis à leur processus de démilitarisation. A rebours des analyses en termes d'agency, l'étude de ces carrières militantes vient relativiser la portée explicative des motivations et des croyances individuelles, pour souligner la surdétermination des questions de genre et des procédures d'assujettissement dans ces parcours de radicalisation.
- Militaires, combattants, citoyens, civils : les identités des soldats français en 1914-1918 - André Loez p. 67-85 Les combattants français de 1914-1918 font l'objet de très nombreuses publications dont beaucoup alimentent une controverse centrée autour de leur longue ténacité dans les conditions terribles du front. Ce texte entend contribuer à ces débats à travers une approche sociologique, d'abord en proposant une étude de la condition sociale de ces soldats, puis en soulignant la complexité de leur statut et de la construction de leurs identités : on peut les caractériser à la fois comme des militaires, des combattants, des civils, et des citoyens. Cette quadruple identité explique aussi bien les ressources multiples dont ils disposent pour endurer la guerre que les formes prises par leur action collective pour refuser la guerre lors des mutineries de 1917.
Arena
- Devenir un descendant des vaincus de la guerre d'Epagne. Rupture mémorielle et rapport au politique - Juan E. Serrano-Moreno p. 87-106 Depuis la fin des années 1990, une mémoire saturée de la guerre civile (36-39) traverse l'espace public espagnol. Cette situation est provoquée en partie par des « mouvements pour la récupération de la mémoire historique », une nébuleuse associative qui revendique le devoir de mémoire des vaincus. L'étude sur le terrain des actions, des représentations et des souvenirs des individus qui participent à ces mobilisations permet d'examiner de près les mécanismes et les effets de la transmission d'un passé douloureux et d'éclaircir ainsi les relations entre mémoires officielles et mémoires individuelles. Les socialisations plurielles et diachroniques subies par ces militants seront examinées en prêtant une attention spéciale à ceux qui n'ont commencé à connaître les détails de la guerre civile qu'à l'âge adulte. Le concept de rupture mémorielle permettra alors d'analyser comment ces derniers expérimentent une redéfinition de leurs représentations du passé qui bouleverse leurs rapports au politique.
- Institutional Reform in Portugal: From the Perspective of Deputies and Voters Perspectives - André Freire, Manuel Meirinho p. 107-125 La réforme du système électoral a fait l'objet de longs débats au Portugal, en particulier depuis 1997. Cependant, bien que plusieurs propositions pour changer le système du scrutin de liste à celui de la proportionnelle aient été exposées et débattues par les principaux partis, notamment au Parlement ? la constitution elle-même ayant été modifiée pour le permettre ? en fin de compte cette réforme n'a jamais été adoptée. Après une vue d'ensemble historique très brève des propositions tendant à réformer le système électoral depuis la transition démocratique (1974) jusqu'en 2008, cet article aborde tout à la fois les deux niveaux de cohésion d'élite à l'intérieur et au travers des partis, et aux niveaux de la congruence de l'élitemasse (ou de sa carence) autour des thèmes de la réforme institutionnelle, en insistant plus particulièrement sur la réforme du système électoral. Il tente de saisir dans quelle manière les niveaux de la cohésion d'élite et de la congruence de l'élite-masse peuvent nous aider à expliquer pourquoi il n'y a pas eu de changement du système électoral, malgré les multiples propositions qui ont été abordées à partir de 1997.
- Devenir un descendant des vaincus de la guerre d'Epagne. Rupture mémorielle et rapport au politique - Juan E. Serrano-Moreno p. 87-106
Chronique électorale
- Les élections législatives du 20 novembre 2011 en Espagne - Joan Marcet, Robert Liñeira p. 127-139 L'ampleur de la victoire du Parti Populaire lors des élections législative du 20 novembre 2011 dans tous les secteurs et les territoires, accentue l'entrée dans un cycle long conservateur à presque tous les niveaux de gouvernement en Espagne. Le Parti populaire n'a jamais eu autant de pouvoir concentré dans ses mains. Il règne en maître dans une grande majorité de métropoles, dans treize des dix-sept communautés autonomes et dispose d'une confortable majorité dans les deux chambres des Cortès pour gouverner l'Espagne sans le soutien d'autres forces parlementaires. Notre analyse partira d'une description de ce qui s'est passé au cours du dernier mandat du gouvernement Zapatero, pour ensuite proposer une explication du contexte politique dans lequel ces élections sont intervenues, et une interprétation des résultats. La nouvelle carte politique espagnole consacre le PP comme parti dominant la scène politique espagnole.
- Les élections législatives du 20 novembre 2011 en Espagne - Joan Marcet, Robert Liñeira p. 127-139
Lectures
- Lectures - p. 141-149