Contenu du sommaire : Mexique, une société sous tension
Revue | Problèmes d'Amérique Latine |
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Numéro | no 87, hiver 2012-2013 |
Titre du numéro | Mexique, une société sous tension |
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Dossier : Mexique, une société sous tensions
- Introduction - Julie Devineau p. 5-11
- Drogues illégales et société : expériences mexicaines - Luis Astorga p. 13-28 Le sociologue Luis Astorga esquisse dans cet entretien les caractéristiques et les évolutions des organisations de trafiquants. Il met notamment en avant l'importance du territoire : les grands groupes se développent sur un terreau d'origine mais contrôlent aussi des villes frontalières, principaux points de passage frontaliers des marchandises illicites vers les Etats-Unis. Après avoir décrit la profondeur de l'ancrage de ces trafics dans la société mexicaine et leur développement à l'ombre du pouvoir, il souligne l'impréparation tant du gouvernement divisé que des différents groupes sociaux (notamment la presse et les élites) pour faire face aux défis du trafic de drogue, au premier rang desquels la violence.Interview with Luis Astorga. Illegal drugs and society : Mexican experiences
Sociologist Luis Astorga sketches in this interview some characteristics and trends of drug trafficking organizations. He stresses the importance of the territory for their development, not only as a “soil' from which they grow, but also the control of the border crossings which are the main gates for the introduction of illicit goods into the United States. After describing the anchor of drug trafficking in Mexican society and how it developed subordinated to political power, he stresses the lack of preparation of a divided government as well as Mexican elites (including the press) to face the challenges drug trafficking has created, among which violence is top priority. - Images de lieux, stigmates et représentations de la pauvreté urbaine à Mexico - María Cristina Bayón, Etienne Jezioro p. 29-48 Les relations entre les dimensions sociale, spatiale et symbolique de la pauvreté et les inégalités urbaines sont étudiées à partir d'une perspective qui analyse la pauvreté comme un phénomène socialement construit et complexe. Cet article explore, à partir des récits des résidents d'une localité périphérique de la ville de Mexico, la manière dont la société se représente les pauvres et la pauvreté et comment elle entre en relation avec eux. On y remarque que les expériences, les perceptions et les images de lieux sont marquées par des stigmates territoriaux et par des conceptions qui tendent à rendre les pauvres coupables de leur situation. L'auteur souligne la naturalisation des inégalités et le niveau élevé de leur acceptation dans la société mexicaine, et met en relief les conséquences négatives de cette situation sur le vivre ensemble.Images of places, stigma and representations of urban poverty in Mexico
The relations between the social, spatial and symbolic dimensions of deprivation and urban inequality are analyzed from a perspective that understands poverty as a complex and socially constructed phenomenon. Through the narratives of the residents of a peripheral locality of Mexico City, this article explores how society understands poverty and the poor and how it relates to them. It is argued that experiences, perceptions and images of places are marked by territorial stigma and conceptions that tend to blame the poor for their situation. The article highlights the naturalization of inequality and its high levels of acceptance in Mexican society, emphasizing its negative consequences for social coexistence. - Changements démographiques récents et perspectives futures au Mexique - Marta Mier y Terán y Rocha, Victor Manuel García Guerrero, Etienne Jezioro p. 49-78 La population mexicaine se trouve actuellement dans une étape avancée du processus de transition démographique. Elle se concentre dans les tranches d'âge de la population active, en conséquence de la réduction du poids de la population infantile ; le processus de vieillissement n'en est, quant à lui, qu'à ses débuts. Durant plus de trente ans, jusqu'en 2005, la mortalité et la fécondité ont suivi au Mexique une tendance à la baisse, tandis que l'émigration vers les Etats-Unis augmentait. La population croissait à un rythme de plus en plus faible. De 2005 à 2010, un changement inhabituel de ces tendances s'est produit. La mortalité a augmenté, une tendance en lien avec le nombre croissant d'homicides. La baisse de la fécondité s'est arrêtée, en particulier parmi les jeunes. L'émigration a diminué, et de nombreux migrants résidant aux Etats-Unis sont revenus au Mexique avec leur famille. Ces changements récents concernant la fécondité et la mortalité sont difficiles à inverser à court terme, tandis que la migration internationale dépendra en grande mesure de l'évolution de l'économie nord-américaine. Les scénarii futurs prévoient qu'il est fort probable que la population poursuive sa croissance et se concentre dans les âges d'activité au moins dans les 25 prochaines années.Recent demographic changes and future perspectives in Mexico
The Mexican population is now in an advanced stage of the demographic transition process ; a high proportion of the population is concentrated in productive ages, mainly because of the decline in the population of infants and children ; the aging process is just starting. During the years 2005-2010 there was an unexpected change in these trends : mortality increased due to the growing number of homicides and fertility decline stalled, especially amongst young people. Emigration to the United States is less frequent and there is an unanticipated return of migrants and their families. In the short run, these recent changes in fertility and mortality cannot be easily reversed ; international migration will greatly depend on the evolution of the American economy. Future scenarios contemplate the strong possibility of a growing population, mainly working age groups, at least for the coming 25 years. - Horizons du mariage et critères de légitimité sur trois générations : établir, retenir et consentir - Irene Ramos Gil p. 79-102 Cet article présente des récits de mariages d'hommes et de femmes vivant dans un village de la Costa Chica du Guerrero, recueillis au cours d'une recherche ethnographique. Leurs récits font transparaître des unions de différentes formes sur trois générations ainsi que la transformation des rapports d'autorité entre parents et enfants. L'autorité des parents qui prévalait dans la génération des grands-parents a été critiquée de façon persistante et par conséquent fragilisée, donnant lieu à l'acceptation de l'initiative des enfants pour choisir le moment, la façon et la personne avec qui ils se marieront. Cette transformation de la hiérarchie familiale est intelligible au travers des critères qui guident le jugement des acteurs de chaque génération quant à la légitimité du mariage : établir, retenir et consentir.Marriage horizons and criteria of legitimacy in three generations: establishing, retaining and agreeingThis article presents the marriage stories of men and women who live in a small town in the Costa Chica of the state of Guerrero. The stories were gathered in an ethnographic research and tell us about the different forms of union throughout three generations, letting us see the transformation of the authority relationship among parents and children. The authority that was prevalent in the time of their grandparents has been common object of criticism ; therefore it has been debilitated and has given place to the acceptance of the children's choice about the time, person and manner to get married. This transformation of the family hierarchy can be understood through the different criteria that individuals in each generation use to evaluate the legitimacy of marriage: establishing, retaining and agreeing.
- Les ingénieurs et le partage des eaux au Mexique, politique au long cours - Claude Bataillon, Arsenio González p. 103-112
Varias
- Rente et révolution : L'économie politique vénézuélienne pendant les présidences d'Hugo Chávez - José Manuel Puente, Julie Devineau p. 113-123 Cet article présente l'évolution des variables macro-économiques fondamentales du Venezuela au cours de la période 1999-2011, de façon à démontrer que la politique économique mise en œuvre et l'importante rente pétrolière reçue pendant la présidence d'Hugo Chávez ont exacerbé le modèle d'économie rentière hérité des gouvernements précédents. On soutiendra en particulier qu'au cours de cette période, la dépendance envers la rente pétrolière s'est accrue, le taux de change s'est fortement apprécié (le « mal hollandais »), ce qui a provoqué un affaiblissement de la production exportable, spécifiquement des biens industriels et agro-industriels, un boom des importations qui a accentué le caractère mono-exportateur et rentier de l'économie, et l'accroissement du pouvoir discrétionnaire de l'Etat dans l'utilisation de la rente pétrolière.Rent and Revolution
This article aims to analyse some of Venezuela's fundamental macroeconomic variables during the period 1999-2011 in order to illustrate how the economic policies and large oil rents received during Hugo Chávez's government have exacerbated the rentier development model implemented in previous decades. In particular, it argues that during this period, growing dependency on oil rents, the over-valuation of the exchange rate (“Dutch Disease”), which has weakened the domestic tradeable sector - especially the industrial and agro-industrial sectors, and a boom in imports, have aggravated the mono-export and rentier character of the economy and increased the control and discretion of the state in managing oil rents. - Crime, respect et jeux de pouvoir dans les Maras salvadoriennes : Le rôle de la violence dans la circulation et la régulation des hiérarchies du gang - Juan Martinez, Benjamin Moallic p. 125-137 L'article décrit la relation entre la violence et le pouvoir à l'intérieur des pandillas du Salvador. Il met en évidence le rôle qu'occupe la violence dans leur système hiérarchique, et l'importance fondamental de celle-ci pour les pandilleros qui cherchent à escalader la hiérarchie. L'entretien du système d'agressions réciproques entre les pandillas fait partie de la logique de fonctionnement des gangs, et c'est précisément ce système qui permet la rotation des hiérarchies à l'intérieur des cellules (clicas). D'autre part, bien que la violence et la brutalité avec laquelle elle est exercée soit fondamentale pour escalader les positions de pouvoir, d'autres ressources permettent également ce mouvement ascendant, telles que les capacités administratives et le réseau de contacts. Les pandillas sont des groupes complexes qui articulent un ensemble d'éléments culturels et symboliques en marge de l'État et de la société.Crime, respect and power games in the Salvadoran maras
This article describes the relationship between violence and power inside Salvadorian gangs. By doing this, the author explains the role that the exercise of violence plays within the hierarchical gang system and how this violence role becomes a fundamental challenge for the newcomers who seek to gain power in the gang. The mutual aggression system between the gangs creates a logic of gang behavior that allows the rotation of the members to grow in the gang cells or “clicas”. On the other hand, even though the violence and the high brutality used in their acts is fundamental for the gang members to climb up the hierarchy, another set of dynamics will allow this upward movement such as administration capabilities, knowledge and a contact network. The study of these processes enables us to understand the gangs as complex groups with patterns which articulate a set of symbolic behaviors and cultural elements on the fringe of state policies and society.
- Rente et révolution : L'économie politique vénézuélienne pendant les présidences d'Hugo Chávez - José Manuel Puente, Julie Devineau p. 113-123
Brève d'actualité
- Argentine : "l'approfondissement" du modèle kirchnériste - Maristella Svampa, Marie-France Schapira p. 139-145
Lecture
- Verushka Alvizuri, Le savant, le militant et l'aymara - Histoire d'une construction identitaire en Bolivie (1952-2006) - Jean-Pierre Lavaud p. 147-156