Contenu du sommaire : Les écologies politiques. (5) Chine
Revue | Ecologie & politique |
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Numéro | no 47. 2013 |
Titre du numéro | Les écologies politiques. (5) Chine |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Éditorial
- L'avatar socialiste du néolibéralisme - Jean-Paul Deléage p. 5-13
Dossier : Les écologies politiques aujourd'hui. (5) Chine
- L'écologie politique en Chine - Jean-Paul Maréchal p. 15-25
- L'éveil vert de la société chinoise ? - Marie-Hélène Schwoob p. 27-37 Dans le contexte actuel de transition politique, la Chine cherche la voie à suivre pour la recomposition des relations entre l'État et la société civile. Cette évolution est rendue nécessaire par les mouvements de frontières des rôles joués par les différents acteurs, en particulier dans le secteur de l'environnement : des enceintes confinées d'activisme environnemental encouragées et contrôlées par le gouvernement depuis les années 1990, la société civile est aujourd'hui passée à un modèle d'expression plus indépendante, comme en a été témoin l'actualité médiatique de ces deux dernières années. Cependant, et ce même après la chute de Bo Xilai – qui pouvait laisser supposer une « victoire » des politiques libérales de la province du Guangdong –, les débats qui opposent la montée des revendications réformatrices aux relents de conservatisme sont toujours vifs.China's current political transition raises questions about which path should the new leadership take in the process of reshaping relationships between the State and society. This evolution is made necessary by the moving frontiers of roles played by stakeholders, particularly in the field of environmental protection : from limited circles of environmental activism, encouraged as well as controlled by the government since the 1990s, the civil society is today moving towards more independent ways of demonstrating its environmental awareness, as recent events have shown. However, even after the fall of Bo Xilai—which led people to believe in a “victory” of the Guangdong's liberalist model—vigorous debates opposing claims for reform and resilient conservatism are still taking place in China.
- L'irruption de la nature à Canton : Entre ONG, État et normes globales - Monique Selim p. 39-49 Cet article a pour objet l'analyse des représentations de la nature et des pratiques qui les entourent dans la Chine actuelle. Il est fondé sur des investigations anthropologiques menées à Canton, la capitale de la province du Guangdong, la plus ouverte aux influences extérieures avec la proximité de Hongkong et la plus loin du pouvoir de l'État-parti. L'auteure montre comment s'initient des petits groupes d'écophiles et étudie les rapports politiques qui se développent à partir de ce nouveau tropisme. Entre l'emprise de l'État-parti et les logiques subversives qui sous-tendent l'idée d'une conservation de la nature, une gamme d'attitudes et de conceptions très diverses se donne à voir, montrant l'entrée de la Chine dans le monde global.This article seeks to analyze the representations of nature and the practices related to these representations in contemporary China. It is based on an anthropological research conducted in Guangzhou, capital of the Guangdong province, a city rather opened to outside influences due to its proximity with Hong Kong and therefore rather less affected by the control of the party-state than the rest of the country. The author shows how small groups of environmentalists appear, and study the political relations that develop from this new tropism. Between the control of the party-state and the subversive logic that underlie the very idea of nature conservation, a very diverse rank of attitudes and conceptions showing the entrance of China into a global world can be grasped.
- L'écologie, Confucius et la démocratie : Critique de la rhétorique chinoise de « civilisation écologique » - Gwennaël Gaffric, Jean-Yves Heurtebise p. 51-61 L'usage récurrent ces dernières années en Chine du concept de « civilisation écologique », dans les cercles politiques comme académiques, interpelle sur la signification véritable de cette notion. Basée sur une interprétation culturaliste et nationaliste de la « pensée traditionnelle chinoise », et présentée comme l'antidote à « la pensée occidentale », elle participe d'un mouvement plus vaste de récupération d'une tradition textuelle philosophique pour servir des intérêts du pouvoir autant au niveau interne (paix sociale) qu'externe (géopolitique environnementale). Notre article s'attachera à faire la critique d'un tel discours, en essayant, à travers le cas de la Chine, de repenser les liens fondamentaux entre écologie politique et démocratie.In the last past years, the catch-phrase “ecological civilization” flourished in China and became widely used by both academic and politicians. This article aims at addressing the underlying (philosophical and political) reasons of its growing use. We contend that this notion, based on a culturalist and nationalist interpretation of “traditional Chinese thought” (presented as the very antidote to “Western thought”), plays an instrumental role in China's discursive strategy of power consisting in using Chinese philosophical textual tradition to support national and international interests. This paper's goal is to critically analyze this discourse in order to rethink the fundamental relationship between ecopolitics and democracy.
- La justice environnementale comme équité : La politisation des conflits environnementaux en République populaire de Chine - Richard Balme p. 63-75 Cet article explore les développements de la politique de l'environnement en République populaire de Chine sous l'angle de la justice environnementale. Alors que l'étendue des atteintes à l'environnement et leurs impacts économiques et sociaux sont relativement bien renseignés, les implications politiques des conflits environnementaux sont moins précisément connues. L'article montre que les développements de la législation, des mobilisations protestataires, des procédures de consultation publique et des actions en justice ont introduit des évolutions significatives dans les procédures de l'action publique environnementale en Chine au cours de la dernière décennie. Même si ces innovations restent locales et sont loin de renverser la situation de l'environnement en Chine, elles représentent des changements significatifs dans les interactions entre les parties prenantes de la politique environnementale.This paper explores developments in environmental policy-making in China under the angle of environmental justice. While the extent of environmental damages and their social impacts are relatively well known, the political implications of environmental conflicts are less documented. The paper shows that the developments of legislation, collective action, public participation and litigation, served as converging factors to allow for some significant improvements in environmental policy-making procedures over the last decade. Although these innovation remained local, and far from reversing the general state of the environment in China, they introduced significant changes in the patterns of interaction among relevant policy stakeholders.
- La Chine face au changement climatique : quelle(s) politique(s) ? - Giulia C. Romano p. 77-87 La Chine est devenue le premier contributeur au réchauffement climatique. Pour autant, elle adopte une posture plutôt réticente envers la possibilité d'un engagement dans un accord international contraignant de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cependant, avec l'acceptation de la « plate-forme » de Durban, elle a montré un changement partiel d'orientation. Comment expliquer cette évolution ? Pour traiter cette question on examinera le contexte intérieur et on se posera, au préalable, une autre question : la Chine a-t-elle adopté une politique climatique ? À cette dernière interrogation, la réponse semble positive.In the global warming issue, China now covers the record of the first world polluter. Moreover, by far the country has shown a reticent attitude towards the possibility of engaging in an international accord stipulating concrete targets for emissions reduction. But how could we explain the partial change occurred in Durban, where China finally accepted the EU-proposed “platform ?” We try to answer this question by observing the internal context and asking another preliminary question : has China adopted a climate change policy ? The answer seems to be positive.
- Pékin face au défi de l'élaboration d'un nouveau régime climatique mondial - Jean-Paul Maréchal p. 89-101 L'objet de cet article est double. Il est tout d'abord de faire le point sur le rôle que joue la Chine dans le réchauffement climatique actuel ainsi que celui qu'elle pourrait y jouer dans l'avenir. Il est ensuite d'analyser la position de Pékin dans les négociations climatiques et donc de mieux comprendre la difficulté à élaborer un régime climatique « post-Kyoto ».This article evaluates China's contribution to the global warming phenomenon and the role she can be expected to play in the future. It also analyzes Beijing's attitude in the international negotiations concerning global climate change, in order to understand the difficulties to conceive and implement a “post-Kyoto” climate regime.
- La Chine et les technologies vertes : vers un dilemme de sécurité ? - Emmanuel Meneut p. 103-114 Les niveaux élevés de pollution et d'émissions de gaz à effet de serre de la Chine sont des défis pour le Parti communiste et son régime. La pollution de l'air alimente désormais un mécontentement croissant des citoyens. Par ailleurs, la position de seconde économie mondiale ne permet plus à la Chine d'invoquer son statut de pays en voie de développement pour retarder son engagement à réduire ses émissions. Ce défi requiert un changement structurel de la production et de la consommation d'énergie. Ainsi, la Chine est devenue un acteur important de la transition énergétique. La volonté politique exprimée à travers les deux derniers plans quinquennaux se traduit par des investissements importants dans de nouvelles chaînes de conversion d'énergie. La diffusion rapide d'une nouvelle chaîne de conversion d'énergie propre peut néanmoins induire un processus de sécurisation de matières premières critiques en rupture avec les interdépendances existantes. D'où des tensions avec les pays occidentaux.The pollution and the high Chinese level of emitted greenhouse gas are a challenge for the Communist Party and the Chinese political regime. The internal challenge is coming from the consequences of pollution on the population and the large discontent it fuels. The external challenge is due to the international stage position of the first greenhouse gas producer and the second GDP of the world economy. This major challenge requires a structural change of the energy production and consumption of the country. As a consequence, China became one of the main actors of the energy transition through its two last five-year plans. The huge investment level in clean tech energy conversion chains is the translation of the Chinese political will. This situation creates tensions with Western countries.
Variations
- Les marxistes, Marx et la question naturelle : Notes sur l'improbable écomarxisme - Michel Barrillon p. 115-143 Nombre d'auteurs marxistes ou néomarxistes contemporains admettent « l'immense retard théorique » du marxisme dans l'appréhension de la question naturelle. Ils le déplorent d'autant plus que le paradigme marxien leur paraît parfaitement en mesure d'intégrer la dimension socio-écologique dans la critique ordinaire du mode de production capitaliste. En marxistes conséquents, ils s'interrogent sur les raisons historiques de ce « rendez-vous manqué » avec l'écologie politique. Certains poussent l'analyse jusqu'à revenir aux écrits fondateurs de Marx et Engels. J. B. Foster a ainsi défendu la thèse d'un « Marx écologiste »... Cette thèse ne résiste pas à l'épreuve d'un examen critique du mode de traitement de la nature chez Marx. Rétrospectivement, Marx et la plupart de ses épigones apparaissent comme des théoriciens demeurés fidèles au projet baconien et cartésien inscrit dans l'imaginaire de la modernité ; prisonniers d'une vision progressiste de l'histoire, ils n'ont pu, en fait de critique radicale du capitalisme, que « le reproduire comme modèle ».A number of contemporary Marxist or Neo-Marxist authors concede how far Marxism is theoretically behind in terms of its understanding of the natural issue. They find it regrettable especially as they think that the Marxian paradigm is perfectly able to integrate the socio-ecological dimension into the ordinary criticism of the capitalist mode of production. As consistent Marxists, they wonder about the historical reasons of this “missed meeting” with political ecology. Some even go back to the founding writings of Marx and Engels, like J. B. Foster who defends the idea that Marx was an ecologist. But this theory does not withstand a critical examination of the way Marx dealt with nature. In retrospect, Marx and most of his epigones appear as theorists who remain true to the Baconian and Cartesian project that fall within the imaginary of modernity; trapped in a progressive vision of history, they couldn't help but reproduce as a model the system they were radically criticizing.
- Les marxistes, Marx et la question naturelle : Notes sur l'improbable écomarxisme - Michel Barrillon p. 115-143
Sources et fondements
Notes de lectures
- Notes de lectures - p. 177-192