Contenu du sommaire : Au-delà du sujet
Revue | Archives de philosophie |
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Numéro | tome 76, no 3, juillet 2013 |
Titre du numéro | Au-delà du sujet |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Au-delà du sujet, L'impersonnel ?
- Présentation - Julie Casteigt p. 371-374
- Dissolution du sujet et catastrophe écologique chez Lévi-Strauss - Frédéric Keck p. 375-392 Cet article présente une lecture des principaux textes de Claude Lévi-Strauss, de Tristes tropiques aux Mythologiques, en passant par La pensée sauvage. Il part du thème de la dissolution du sujet pour le relier à l'horizon de la catastrophe écologique qui en oriente le développement. La subjectivité est pensée à partir des restes de l'analyse structurale comme un témoignage de sociétés en voie de recomposition.The Dissolution of the Subject and Ecological Catastrophe in Lévi-Strauss's Work
This article presents a reading of the major texts of Claude Lévi-Strauss, from Tristes Tropiques to Mythologics through The savage mind, linking the theme of the dissolution of the subject with the horizon of an ecological catastrophe that orients its development. Subjectivity is described with the remains of structural analysis as a testimony of societies in a process of recomposition. - La théologie négative de Plotin et le neutre de Blanchot - Annick Charles-Saget p. 393-406 Dans la pensée contemporaine, Blanchot et Foucault cherchent à faire surgir une pensée neutre, qui ne soit ni subjective ni objective. Foucault, cherchant un analogue, évoque la théologie négative du Pseudo-Denys. Blanchot, suivant une autre voie, affirme notre dette à l'égard de la langue grecque et de son article neutre, to. Pour nous, la rencontre des deux voies négatives, en langue et en philosophie, s'exprime avec le plus de sens et de force dans la pensée de Plotin. On comparera donc deux forces de la négation, le neutre de Blanchot et l'apeiron de Plotin : quelle est la différence des espaces auxquels ouvrent ces voies ?Negative Theology in Plotinus and Neuter in Blanchot
Nowadays, Blanchot and Foucault try to bring out a neuter, i.e. neither subjective not objective thought. Foucault uses, as an analogon, the negative theology of Pseudo-Denys. Blanchot insists on our debt towards the Greek language, which have the neuter article to. For us, those negatives ways, of which one belongs to language, the other to philosophy, meet best in Plotinus' thought. Therefore, we try to compare two forces of negation, the neuter of Blanchot and the apeiron in Plotinus: what differs in the spaces to which these ways open for us. - Georges Bataille et la question de l'impersonnel. Une expérience néoplatonicienne ? - Sylvain Roux p. 407-423 Cet article prend pour fil directeur une notion peu étudiée mais pourtant fondamentale pour comprendre la pensée de G. Bataille. Il s'agit de la notion d'impersonnel. Celle-ci est présente principalement dans deux textes, l'étude consacrée en 1955 au peintre Manet et l'ouvrage de 1957 consacré à l'érotisme. Bataille y indique que l'expérience picturale ainsi que l'expérience érotique sont impersonnelles. Une telle expérience s'apparente-t-elle à l'expérience néoplatonicienne qui consiste à remonter jusqu'à un principe premier avec lequel l'âme cherche à s'unir ? Celle-ci, en effet, peut aussi être comprise à partir de la notion d'impersonnel. On montrera cependant qu'une telle notion aussi bien que l'expérience qui est pensée à partir d'elle, reçoivent un sens différent dans les deux cas. L'expérience, telle que la conçoit Bataille, se révèle ainsi particulièrement originale.The “Impersonal” according to Georges Bataille. A Neoplatonic Experiment ?
The purpose of this paper is to study the notion of “impersonal” in the works of G. Bataille. This notion appears especially in two books: the first one is about the painter E. Manet (published in 1955), the second one is about eroticism (1957). What Bataille called impersonal is not a thing but a special experience made by a subject, in which he feels himself as a being. Such an experience doesn't receive a significance from something else (like from the aim of the action for example). We try to show that this experience is not the same as the one developed in the neoplatonic philosophy. In that case, man has to be in union with a principle which is something considered as “impersonal”. But, according to Bataille, the experience is not searching for a principle. - « Ni Conrad, ni Henri » : Le fond de la personne est-il personnel, impersonnel ou sans fond dans les sermons allemands de Maître Eckhart ? - Julie Casteigt p. 425-440 Maurice Blanchot voit dans la violence de l'expérience du je un trait commun de la mystique, notamment eckhartienne, et de la pensée contemporaine. Cette violence se manifeste, en particulier, dans la manière dont Eckhart, dans ses sermons allemands 63 à 67, reconduit la personne à un fond impersonnel. Eckhart recourt pour cela à la médiation d'un modèle anthropologique christologique. Selon ce modèle, le fond de la personne qui existe « corps et âme » est un substrat personnel, dans la mesure où je suis identifié à l'être personnel du Christ. Cependant, l'être substantiel de ce substrat personnel est, à son tour, l'un au sens d'un fond originaire, indépendant de toute distinction personnelle. Blanchot reconnaît dans ce fond a-personnel ce qui est, à ses yeux, l'« un des thèmes les plus constants de la philosophie contemporaine » : « une réalité où dans l'intensité de l'immanence est saisie l'absolue transcendance ».“Neither Conrad nor Henry”Maurice Blanchot sees in the violence of the experience of the self a common feature of the mystic, especially Eckhart's, and of the contemporary thought. This violence occurs, in particular, in the way in which Eckhart, in his German sermons 63-67, leads the person to its impersonal ground. Eckhart uses, for this, a christological anthropological pattern. According to this pattern, the ground of the person who exists as « body and soul » is a personal substrate, as far as I am identified to Christ's personal being. But the substantial being of this personal substrate is the one, understood as an originary ground, independant from any personal distinction. Blanchot recognizes in this a-personal ground which he considers as « one of the more constant themes of the contemporary philosophy » : « a reality in which the absolute transcendence is grasped in the intensity of immanence ».
- Aristote et l'invention du désir - Laetitia Monteils-Laeng p. 441-457 Dans les dernières pages du traité De l'Âme, Aristote développe la thèse d'un désir unifié autour d'une seule faculté de l'âme, l'âme désirante. Chez l'homme rationnellement mature, le désir (orexis) est toutefois susceptible d'être rationnel comme irrationnel. De surcroît, ce n'est pas le désir qui se donne à lui-même son propre objet. Qu'invente Aristote avec l'orexis ? Une nouvelle faculté capable de concurrencer la raison ? Ou bien un simple mode opératoire rassemblant des tendances multiples, voire bigarrées ? Une attention particulière accordée à la notion de boulèsis (souhait) permet d'éclairer d'un nouveau jour le problème du désir aristotélicien.Aristotle and the Discovery of Desire
In the last pages of De Anima, Aristotle explores the conception of desire unified around a single psychic faculty, the desiring soul. For the rationally mature man, the desire (orexis) can be both rational and irrational. Furthermore, it's not the desire which gives to itself its own object. What does Aristotle invent with desire? A new faculty able to compete with reason? Or just a modus operandi bringing together some inclinations which are different or even completely heterogeneous? A specific attention to the concept of boulèsis (wish) allows to clarify the problem of Aristotelian desire. - L'intégration de la réflexion logique kantienne dans la Doctrine de l'essence - Jean-Michel Pouzin p. 459-482 Parce que les concepts de réflexion de l'Amphibolie sont intégrés aux déterminations de l'essence de la Logique objective, la réflexion kantienne, en tant que « comparaison logique », trouve une fonction spéculative dans les relations négatives de l'essence à elle-même. Le jugement de Foi et savoir, selon lequel cette réflexion appartient au dualisme d'entendement des « philosophies de la réflexion », ne peut plus alors garder la même signification. Nous nous proposons d'établir la réalité, les raisons et quelques conséquences de cette réinterprétation hégélienne.The Integration of Kantian Logic Reflection into the Doctrine of Essence
Because the concepts of reflection of the Amphiboly are integrated into the determinations of the essence of Objective Logic, Kantian reflection, as a simple « logical comparison », finds a speculative function in negative relations of essence to itself. The judgment in Faith and Knowledge, i. e. that this reflection belongs to the dualism of understanding of the « philosophies of reflection », cannot therefore retain the same meaning. In this article, the reality, the reasons and some consequences of this Hegelian reinterpretation are established. - La cosmologie de Whitehead - Bertrand Saint-Sernin p. 483-495 Bien que les éléments d'une cosmologie soient scientifiques, la vue de l'univers et de l'homme qu'elle propose va au-delà de la science. Construire une telle conception objective de la réalité implique une critique impitoyable de la raison. L'auteur, mathématicien philosophe, pense, comme Platon, que nous devons décider nous-mêmes ce que nous voulons faire de notre « solitude » de sorte que « rien ne soit perdu ».Whitehead's Cosmology
Although the elements of a Cosmology are scientific, this overall view of the universe and humanity goes beyond science. Building such an objective view of reality implies a thorough critic of reason. The author, mathematician and philosopher, think, with Plato, that we have to decide for ourselves what we intend to do of our « solitariness » so that « nothing be lost ». - Hans Jonas ou comment sortir du nihilisme de Heidegger - Avishag Zafrani p. 497-509 L'ontologie est le point d'ancrage de la pensée de Jonas, telle qu'elle lui fût inspirée par Heidegger, son éminent professeur, mais c'est son versant existential, qui donne le primat au Dasein, aux modalités de l'être plutôt qu'à l'être lui-même, qui fera l'objet d'une critique originale de la part de Jonas. Cette originalité réside dans la comparaison qu'il opère entre le nihilisme généré par la gnose antique, et celui impliqué par le nihilisme contemporain de Heidegger de Sein und Zeit. La dualité qui oppose l'homme et Dieu dans la gnose antique aboutit à un isolement de l'individu au sein d'un monde vécu comme étranger et hostile. Elle se retrouve dans un schéma similaire à l'époque contemporaine dans un « existentialisme » définissant l'individu comme un être « jeté » dans ce monde, et dès lors définit par le souci et l'angoisse. C'est cette comparaison qui est étudiée ici dans le but de chercher avec Jonas les racines du nihilisme impliqué par l'analytique du Dasein, qui empêcherait les fondations permanentes et nécessaires d'une éthique prompte à donner un nouvel « impératif catégorique » à la conduite des individus.Jonas or How to Escape from Heidegger's Nihilism
Ontology is fundamental in the thought of Jonas, since his eminent professor Heidegger inspired him. However, the originality of the thought of Jonas relies on the criticism of the existential aspect of Heidegger's work. In fact, this existential aspect gives the primacy to the Dasein, by insisting on the methods of the being rather than on the being itself. He operates the comparison between the nihilism that is generated by the ancient gnosis, and the one implied in the contemporary nihilism of Heidegger in Sein und Zeit. The duality which opposes men and God in the ancient gnosis leads to an individual isolation within a world that is perceived as hostile and foreign. This is found in a similar way in contemporary times in an “existentialism” that defines the individual as a being that has “fallen” into this world, and who is consequently exposed to worry and anxiety. This criticism will allow Jonas to find the roots of nihilism and to develop a new “categorical imperative”.
Bulletin de Philosophie médiévale XV
- Comptes rendus - p. 511-517
- Bibliographie : Ouvrages envoyés à la rédaction - p. 518-520
- Bulletin de Philosophie médiévale XV : Bibliographie de l'année 2011 - p. 521-544